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RDC: Les " Faiseurs de Paix" au Congo

La République Démocratique du Congo se trouve dans une situation non avouée de tutelle internationale. Le confrère du nouvel observateur, René Lefort, sur notre pays, avait titré son article du 24 juin 2006 "un protectorat international". Alors que l'Est de la Rdc connaît un regain de l'insécurité, le livre du belge Jean-Claude Willame est sans complaisance, ni envers les Nations unies,dont les velléités pacificatrices sont trop teintées d'intérêts divers pour être honnêtes; ni envers le monde politique congolais, qui fait trop souvent primer ses avantages individuels et immédiats sur l'intérêt général; ni pour les parrains occidentaux de la transition, Belgique en tête, dont les politiques sont dévoyés par les ego des uns et l'affairisme des autres.

L'auteur parle de 10 ans de guerre, plus de 3 millions des morts ( la majorité de statistiques parlent de 4 millions des morts). La République Démocratique du Congo est un pays devasté par des armées régulières et rebelles. Le Comité d'accompagnement de la transition (CIAT) composé des cinq pays membres permanents du conseil de sécurité, de la belgique, du canada, de l'Afrique du sud, de l'Angola, du Gabon, de la zambie, de l'Union européenne, de l'Union africaine,tirant sa base juridique de l'Accord global et inclusif signé par toutes les parties en conflit le 17 décembre 2002. le CIAT devrait soutenir le programme de la transition incluant notamment l'organisation d'élections dans un environnement sécurisé.

Mais le CIAT était une véritable instiution de la transition congolaise et s'était dotéd'un pouvoir d'influence , voire d'injonction considérable. Héritier des Accords de Lusaka conclus en 1999, le CIAT est responsable de dysfonctionnement dans le rétablissement de la paix et de la sécurité en RDC.

Pour Jean paul Willame, il est tout à  fait inhabituel de conditionner le retrait de troupes étrangères- qui se trouvent dans un pays où ils sont considérés comme des agresseurs- à  un règlement politique intérieur, qui devait prendre la forme d'un dialogue entre toutes les parties congolaises. La communauté internationale voulait que les congolais trouvent un accord politique entre eux avant que les troupes du Rwanda et de l'Ouganda soient obligées de se retirer. On peut imputer aux " grands chefs blancs" la responsabilité partielle de plusieurs "brouillages" apparus tout au long de la période dite de transition.

Le premier est le chevauchement, dans le système politique de la transition, de la ligne de démarcation entre le sphère du système politique et celle de la socièté civile,cette dernière faisant une entrée remarquée dans le système de pouvoir congolais, ce qui ne manqua pas d'entrainer une crise dans cette socièté civile.

Le second chevauchement fut l'instauration d'un système politique où il n'y avait plus ni opposition ni majorité: pas une démocratie politique mais un système " inclusif" où tout le monde est partie prenante du pouvoir - le système 1+4. Certains parrains du Congo iront jusqu'à  prà´ner une prolongation de cette expérience d'un gouvernement post-transition qui soit lui aussi "inclusif" , sous le label de "large union nationale".

Ce brouillage devrait entrainer une paralysie institutionnelle, chaque composante du pouvoir neutralisant l'une l'autre. La quasi- imposition par les faiseurs de la paix d'une architecture institutionnelle post- transitoire d'où tout risque de présidentialisme deveait être exclu, alors que le présidentialisme demeurait de mise dans les pays voisins.

L'organisation, elle aussi quasi imposée, d'un processus électoral lui aussi "inclusif" dans un paysage politique totalement éclaté-plus de 300 partis politiques, 33 candidats-présidents de la République- laissa trop apparaîtreque le processus étant avant tout conditionné, voire déterminé par l'extérieur.

Les faiseurs de paix échouèrent de l'inclusion dans le système électoral d'un parti politique historique, l'udps du vieux leader Etienne Tshisekedi. La mise sous tutelle de la République Démocratique du Congo n'a donc pas été productive. La tenue d'élections libres, démocratiques et transparentes" n' a pas garantie des lendemains qui chantent aux congolais. Jean-Claude Willame met en exergue trois faiseurs de paix: louis Michel, Joseph Kabila et les Nations unies.

L'omniprésent commissaire européen Louis Michel

IL a le mérite d'avoir remis le congo à  l'agenda international et il a appuyé le processus de paix. Sauf par esprit paternaliste pour certains,teinté du colonialisme pour d'autres: Louis Michel a fait de la République Démocratique du Congo son "affaire personnelle" au point d'entrer en conflit ouvert avec l'intelligentia congolaise, ainsi que d'autres intervenants. La presse progressiste congolaise à  plusieurs reprises n'a pas hésité de tirer à  boulets rouges sur le commissaire européen, le belge Louis Michel. Accusé d'être "un Léopold II qui voudrait faire de la RDC un protectorat au profit des requins étrangers", "de rouler pour JK"," de faire rattrapper le temps perdu à  la Wallonie en misant sur les richesses congolaise". Dans son traitement du dossier RDC pendant la transition, Louis Michel a commis plusieurs maladresses: ll a voulu par exemple imposer aux parlementaires congolais d'opter pour les listes bloquées pour les élections. Quelques semaines avant le premier tour des élections présidentielles, au cours d'une émission télévisée, il déclara que" l'actuel président Joseph Kabila était une chance que le Congo devait saisir". Louis Michel intervenait à  tout propos sur la RDC dans une matière comme les élections qui regardait avant tout les congolais eux-mêmes. N'oublions pas que c'est une socièté belge qui a remporté le plus gros marché dans la fabrication des kits électoraux.

Joseph Kabila

En prenant la sucession de son père assassiné en 2001, Joseph Kabila a reussi à  changer l'échancier de la communauté internationale. D'apès l'auteur , JK aurait fait beaucoup des concessions, il aurait ouvert les voies du dialogue intercongolais. Il aurait réussi à  obtenir le départ des troupes étrangères et c'est sous Kabila que la transition s'est mise en place qui nous mena aux élections.

La Monuc

Lancée en aoà»t 1999, la Mission de l'Organisation des Nations unies au Congo est désormais la doyenne des opérations de mainien de la paix en Afrique sub-saharienne. En sept ans d'existence, la Monuc est passée d'une miniscule mission d'observation -90 militaires chargés de surveiller le cessez-le feu-au plus grand déploiement de casques bleus existant aujourd'hui sur la planète.17.000 en 2007 et la réduction de ses brigades ne dervat commencer que lorsque des progès importants auront été enregistrés dans la restauration de l'autorité de l'Etat, particulièrement en Ituri, dans les kivus et au Katanga. Chez beaucoup d'observateurs , l'image de la Monuc détestable, il ya quelques années, s'est fortement appréciée. Sa réputation auprès de la population qui souffre encore les affres de la guerre est mitigée. Et les perspectives ne sont guère rassurantes pour la RDC que l'on dit "trop riche" pour être en paix. L'ouvrage montre aussi que le schéma onusien clasique: instauration de la paix(peace making), maintien de la paix(peace keeping), auquel s'est ajoutée le renforcement de la paix ( peace enforcement), est théoriquement cohérent mais sa mise en oeuvre sur un terrain spécifique comme la RDC se revèle délicate.

On aurait souhaité que le livre nous parle du rà´le qu'à  jouer la Commission électorale Indépendante (CEI) et son président l'abbé Malu Malu dans la paix et les élections au Congo. Pourquoi, la commission Vérité et réconciliation n'a jamais fonctionnée?. Elle qui devrait permetre aux congolais de se réconcilier entre eux, après la reconnaissance des faits des uns et autres. Pourquoi les seigneurs de guerre ont été sécurisé par la Monuc alors que la population qui a légitimée les élections, a été abandonner à  elle-même?. Les enfants soldats, qui ne sont pas seulement des victimes de guerre-recrutés de force et initiés à  la terreur et violence- mais des acteurs, faut-il continuer à  les considerer comme " les cadets sociaux"?. C'est sous la barbe des "faiseurs de paix" que les violences et les atteintes aux droits humains ont été bafoués voir fouler aux pieds.

LES" FAISEURS DE PAIX" AU CONGO, Gestion d'une crise internationale dans un Etat sous tutelle.-Jean Claude Willame GRIP-Complexe, Bruxelles, 2007, 217 pages,15,90 euros.

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