Elections Municipales 2008: Ces femmes qui osent défendre la diversité !
mardi 19 février 2008, 09:32 Freddy Mulongo Lien permanent
Mais à quelques jours de l'ouverture de la campagne officielle pour les élections municipales des 9 et 16 mars 2008, le Conseil Représentatif des Associations Noires (le Cran), dans un communiqué qui nous est parvenu, a tiré la sonnette d'alarme :" l'UMP n'a annoncé que 15 têtes de liste dans les 426 villes qui comptent 20.000 habitants. Le PS , pour sa part, en a annoncé 20. Ce qui représente des taux pour les candidats de la diversité de 3,5 % et 4,7 %. Sur les 520.000 conseillers municipaux de France, il devrait y avoir au soir du 16 mars moins de 1000 conseillers municipaux de la diversité (arabo-berbères, noirs, asiatiques, handicapés...) soit moins de 0,2 % des élus ".
Nous avons décidé de vous présenter une grande militante: Mariam Seri Sidibe.
MARIAM SERI SIDIBE, Candidate aux municipales à Pantin
Mariam Seri Sidibé, la candidate de la diversité
Enfin, elle se lance dans la bataille électorale. Depuis plusieurs années, celle qui est maintenant plus connue sous son nom africain, luttait auprès des " sans voix, sans logis, sans papiers, bref ces gueux que la République ne saurait voir ".
Elle a accepté de répondre favorablement aux sollicitations de ses concitoyens Pantinois pour figurer sur la liste du parti de Besancenot ,la LCR.
Militante panafricaniste convaincue et résolue
Cette originaire de la Guadeloupe, d'un père Guadeloupéen anticolonialiste, d'une mère et grand-mère allemandes résistantes au nazisme, est connue depuis 20 ans pour son engagement aux cà´tés des plus démunis, mais aussi pour faire connaître les cultures africaines et afrocaraibéennes. Elle continue en cela l'oeuvre entamée par son père ,et dont malheureusement il n'a pu voir l'aboutissement.
Egalement militante Panafricaniste, Mariam, s'engage à réunir les peuples d'Afrique et de la Diaspora Africaine aux travers des "chantiers de solidarités en Afrique" , faisant découvrir à des jeunes afro-karayibéens le continent de leurs ancêtres. Comme elle le dit si bien " Nous sommes des fils et filles d'Africains déportés et esclavagisés, et il est important de retrouver nos origines, nos croyances, nos traditions, afin de savoir qui nous sommes et non pas qui ont veut que nous soyons" adoptant en cela la théorie de Marcus GARVEY du retour en Afrique, qu'il soit physique ou spirituel.
Son engagement auprès des mouvements de libération en Afrique lui a valu quelques appels téléphoniques menaçants et autres intimidations dont elle ne tient pas compte. Loin d'elle l'idée d'un communautarisme renfermé, elle estime "qu'il faut tout de même nous retrouver entre nous pour parler de nos difficultés et trouver en nous les solutions pour y remédier ".
Au sein de la LCR, j'ai trouvé des gens avec qui parler franchement des rapports franco-africains. Je peux enfin exprimer mon idée de la rupture claire et nette des relations françafriques telles qu'elles sont actuellement, afin que les Africains choisissent enfin leurs dirigeants sans que n'intervienne aucune puissance coloniale et étrangère.
La rupture sans concession permettrait enfin de construire des rapports politiques et économiques d'égal à égal. Je peux exprimer tout cela sans qu'on me juge ou qu'on émette une idées de " redéfinition des partenariats franco-africains " ce qui est le cas dans les autres partis politiques qui se disent de gauche ,mais qui, concernant l'Afrique, ont exactement le même programme que la droite, sauf que c'est une version hypocrite,light. Et le light, j'aime pas ça. C'est pourquoi, je n'ai pas accepté l'idée de taxer le capitalisme et reverser la taxe aux pays du tiers monde. Je combats le système capitaliste, donc grand mal me ferait en le reconnaissant au travers d'une taxe misérable dont on reverserait les miettes aux pays en voie de développement.
Ce qu'il faut c'est précisément l'abattement de ce système impérial et esclavagiste et la répartition équitable des profits des richesses produites dans le monde et particulièrement en Afrique. C'est pourquoi je mène également une lutte sans merci contre les APE, ces nouveaux accords de partenariats économiques qui vont encore plus étrangler les peuples africains".
Mais consciente que la lutte se mène aussi dans nos quartiers, Mariam ne conçoit pas la politique comme une fin en soi. "Je dis à ceux qui veulent qu'on porte leur voix, qu'ils ne votent pas pour une personne mais pour un programme. Le bulletin de vote n'est en aucun cas un chèque en blanc. Si les concitoyens estiment qu'un élu ne fait pas son boulot, ne les satisfait pas, ils sont en droit d'exiger en mi-mandat par exemple, qu'il démissionne, et laisse la place à quelqu'un qui défendra ses concitoyens. Cela évitera la professionnalisation de la politique, le cumul des mandats et autres abus de ce genre".
" La politique de la France actuelle est ignoble, envers les travailleurs de ce pays, et envers les plus démunis, notamment ceux qui sont privés d'emploi, de logement, de papiers. Elle vise à tous nous criminaliser si on aide notre prochain en créant le délit de solidarité et en emprisonnant ceux qui ont aidé des sans-papiers. Elle responsabilise les malades en les faisant payer cette fameuse franchise médicale comme si par exemple, un ouvrier atteint du cancer de la plèvre, parce qu'il a été exposé à l'amiante durant toute sa vie professionnelle, était responsable de son sort, alors que c'est son employeur qui devrait l'être.
Sur le plan local, nous avons un maire qui n'hésite pas à mettre en place la loi contre les rassemblement des jeunes dans les halls d'immeuble. Il est pourtant socialiste, mais cela ne le dérange pas lorsque la police contrà´le uniquement au faciès. C'est aussi ce double discours qui fait qu'aujourd'hui les gens rejettent la Politique. Tous pourris me disent-ils, " la gauche et la droite c'est pareil ". Comme on dit aux Antilles " Même bête, même poil ".
Une miltante très politique
Mariam Sidibe, par son engagement politique, veut démontrer qu'il y a une vraie gauche, celle qui précisément ne fait pas de concession avec la gauche gestionnaire, et encore moins avec la droite.
" Par exemple, je suis pour le jugement des élus qui ne respectent pas la loi des 20% de logements sociaux. Ils sont quelque part, criminels envers ceux qui bientà´t, n'auront même plus une tente quechoa pour dormir et c'est déjà le cas. Ceux là ne doivent plus avoir le droit d'être éligibles".
Que pense-t-elle pouvoir apporter à Pantin ?
"Mon domaine de prédilection c'est la culture. Toutes les cultures. Je tiens cela de ma famille. Etant née dans le bassin caraïbéen, foisonnement multiculturel d'Afrique ,d'Amérique Latine, je ne pouvais pas être le fruit d'une monoculture. J'ai été élevée aux discours de Malcolm X, Martin Luther King, Gandhi, Bolivar, et du Ché entre autre.
Son père,dit-elle, féru de musique, " nous inondait de J. Brown, de la Tamla Motown, et aussi du jazz karayib, des grands orchestres afro-karayibéens. Sans compter la littérature riche que nous produisons aux Antilles. A tel point que petite, je pensais que tout ce beau monde était de ma famille . Et c'est cela qui m'a formée, m'a amenée en Afrique ou j'ai vécu de fortes expériences spirituelles mais aussi m'a rééduquée dans mes traditions afrokarayibéennes ". " ce sont toutes ces cultures que j'ai envie de partager avec les pantinois."
"Actuellement, la saison culturelle à Pantin est monoculturelle et élitiste s'adressant à une certaine catégorie de la population, plutà´t BoBo. Et pas à la majorité de la population pantinoise en ce sens qu'elle ne les représente pas.
Il faudrait par exemple, réinstaurer le " Mois des Cultures du Monde " qui chaque année est consacré à un pays ou à un continent au travers du Cinéma, du théà¢tre, de la danse, de la musique, des arts plastiques, de la littérature et de la cuisine. On pourrait instaurer des ateliers autour de ces arts qui impliqueraient les personnes de différentes origines.
Nous avions déjà fait cela et ça marchait. Cela permettait l'interculturalité, la cohésion sociale et la compréhension entre les différentes communautés, car chacun apprenait et transmettait à son prochain." " J'ai aussi dans l'idée d'organiser tous les mois de Novembre-Décembre un festival intitulé " Le Père Noel Vert " ou le Père Noel est ... soit un rocker, soit un zoukeur, soit un salsero, un rappeur, un reggaeman, un africain ... selon les artistes que nous aurons au programme. Tout au long de ce mois, nous organiserions des concerts dont le prix d'entrée serait un jouet que chacun apportera. Soit d'occasion mais en état neuf, soit neuf et issu du commerce équitable. Ces jouets seraient remis aux enfants des familles défavorisés pour qu'eux aussi aient un Noà«l, comme les autres ".