Révoltes de la faim dans le monde: La bourgéoisie compradore congolaise va-t-elle résister?
mardi 15 avril 2008, 09:41 Freddy Mulongo Lien permanent
Bientà´t les Congolais n'auront même plus droit aux poissons importés "Chinchards" surnommés "Mpiodi" ou "Thomsons"
Haiti est insurgée. Les émeutes de la faim sautent d'un continent à l'autre. un jour en Egypte, au Maroc ou au Burkina Faso, le lendemain en Mauritanie, en Cà´te d'Ivoire, au Mexique, en Thaïlande, au Sénégal, à Madagascar. Le prix moyen d'un repas a augmenté de 40% dans le tiers-monde et des dizaines de millions de personnes ont basculé dans la misère. La République Démocratique du Congo qui a abandonné depuis de lustre, l'agriculture comme priorité des priorités pour son autonomie alimentaire et se contente de 5 chantiers va-t-elle résister? Le pouvoir d'achat étant inexistant pour la majorité des congolais, le taux journalier du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) qui est à 500 Fc passera à 1680 Fc soit moins de 3 dollars au premier semestre 2009. 75% des 60 millions des Congolais vivent avec moins d'un dollar par jour et le plus bas salaire dans l'administration publique est d'environ 20 dollars par mois. La misère se lit sur les visages de nos compatriotes. La bourgeoisie de prédation, issue de la seigneurie de guerre, d'un partage équitable-équilibré entre composantes et entités, de 1+4=0 où encore des élections de Louis Michel, va-t-elle résister aux bourrasques qui ont touchés les autres grandes villes de la planète?
En quelques semaines, le coà»t de la vie a triplé pour les populations les pauvres des nos pays en voie de développement. Des centaines de milliers de personnes risquent de mourir de faim à cause de la flambée des prix alimentaires. Un "choc alimentaire se profile, moins visible que le choc pétrolier mais avec l'effet potentiel d'un vrai tsunami économique et humanitaire en Afrique" disent les spécialistes. La République Démocratique du Congo a le pouvoir d'achat le plus faible au monde comparativement à ses ressources. Le salaires dans ce pays y est inexistant. Les autorités Congolaises ont-ils pris les dispositions nécessaires pour que le Tsunami alimentaire n'emporte pas une bonne partie de la population Congolaise déjà appauvrie, chosifiée? La flambée de prix touche les Congolais de plein fouet, la grogne sociale y est perceptible, pour exemples:
Le petit pistolet coà»te 100 FC au lieu de 50 Fc,
Le sac de braise est à 8000 Fc au lieu de 4000 Fc;
Le sac de ciment est à 25$
Le trajet Yolo-Ezo-Place de Victoire revient à 250 FC au lieu de 150 FC
Le sac de riz de 25 kg coà»te 13$
Est-il normal et urgent alors que la majorité des congolais sont contraint de sauter les trois repas par jour, plus de 600 jeeps neuves de Marque Nissan Patrol et Prado commandées pour les députés sont déjà arrivées à Kinshasa. Chaque Jeep coà»te plus de 44.000$. Ces véhicules sont achetés à crédit au moyen d`un financement privé accordé par deux banques de Kinshasa, sur fonds propres des députés. Connaissez- vous une banque dans la capitale Congolaise capable d' accorder des crédits aux médecins, avocats, professeurs, journalistes où au citoyen lambda? Pourquoi les députés eux peuvent-ils bénéficier des crédits pas les autres Congolais? N'est-ce pas que l'on appelle le favoritisme voire le clientélisme? Députés qui estiment les 4.500$ par mois sont insuffisants et réclament une augmentation à 7000$ par mois.
Avez-vous entendu un seul parlementaire y compris de l'opposition hausser le ton dénoncer cette prédation? Avantla fin de la transition pour mieux voter de la Constitution alambiquée de l'équipe Louis Michel, Olivier KAMITATU, alors président du parlement de Transition, avait offert des jeeps de marque X-trails aux parlementaires dont la majorité issue des composantes et entités n'avaient pour seul mérite que d'avoir pris un jour pris la Kalachnikov. Interdiction a été faite aux parlementaires de la Transition de se retrouver au Rond-point Ngaba ( près de l'Université de kinshasa) avec leurs jeeps.Certains parlementaires étaient contraints de se faire accompagner des policiers pou éviter les mauvaises surprises; les moins téméraires avaient simplement décidé de vendre leurs X-trail. De moins en moins visible dans les artères de Kinshasa.
Elus au second degré, une majorité des sénateurs doivent encore des vélos et argent promis aux députés provinciaux pour leur élection. Payés 5.500 $ par mois, ils se sont auto-augmentés , d'ici-là chaque Sénateur aura 8000 $ par mois. Mauvaise foi manifeste, les Sénateurs ne payent pas leurs assistants. Les 106 assistants dont la majorité sont les membres de famille qui réclamaient le paiement de leur émolument 250.000 FC, l'équivalent avant l'hyperinflation de 500 $, ont eu pour consolation droit à un séminaire de deux jours du 10-12 avril dernier au Palais du peuple. Le discours du rapporteur AMP du Sénat, Modeste MUTINGA à la cérémonie de clà´ture à l'égard des assistants aux parlementaires, est infantilisant. Certes les assistants ne sont pas des élus, c'est une raison pour eux de ne pas réclamer leur droit d'être payé? Les Sénateurs en engageant comme assistants, leur frères, filles, cousines et tantes ne s'attendaient certainement pas d'une grogne venant d'eux. Le tribalisme dont Modeste MUTINGA n'est pas exempté a-t-elle sa place au Sénat? Discours endormeur pour se donner bonne conscience alors que le malaise est là . Et ce séminaire qui ne change rien à la situation des assistants familiaux a eu comme orateur principal Bob Kabamba, le fameux congolo-belge qui avait rédigé la Constitution de la Troisième République, tout seul dans son studio de Liège en Belgique. IL se dit député du parti des verts en Belgique, au fait Bob Kabamba n'est que le colistier de Louis Michel. Leur Constitution contient des cookies de la Balkanisation de la République Démocratique du Congo, du faiblissement du Congo en tant qu'Etat-Nation au profit des multinationales... la République Démocratique du Congo ne regorge-t-elle pas des constitutionnalistes compétents qui connaissent les us et coutumes de notre pays, pour laisser à un homme seul écrire la Constitution des 60 millions de personnes dans un studio de liège? Signalons au passage que Mme Ségolene Royal, ex-candidate aux élections présidentielles de 2007 vient d'être condamné par le tribunal pour n'avoir pas payer ses deux assistants.
Toutes les études établissent que l`Afrique a énormément reculé dans la réflexion stratégique du développement et de l`indépendance. Les résultats atteints par le Brésil, l`Inde et la Chine voire la Corée du Sud aujourd`hui, proviennent d`un travail en profondeur qui a permit de concevoir des stratégies gagnantes à long terme. Ces pays ont exécuté un programme qui de façon cohérente et patiente a impliqué au moins trois générations.
A l`inverse, les idéologues de l`indépendance et d`un développement réel de l`Afrique ont disparu pour laisser la place à une idéologie de prédation générée par une bourgeoisie compradore et soutenue par des régimes corrompus et obscurantiste.
Ni les Etats-Unis, ni la France, ni la Belgique ni aucune autre puissance mondiale, ne peut se poser en sauveur de la République Démocratique du Congo, si les Congolais eux-mêmes ne se prennent pas en charge. L`expérience a démontré que les peuples libres qui ont pu se développer, doivent tout, d`abord à leurs propres efforts, à leurs intelligences, et à leurs déterminations.
Dans leurs activités au Congo-Kinshasa, les multinationales miniers illustrent clairement un processus de socialisation des pertes et de privatisation et capitalisation des profits. Au-delà du pillage systématique des ressources naturelles et même halieutiques du Congo-Kinshasa , les multinationales ont une habitude dévergondée de s'inviter dans la politique congolaise. Cette immixtion des multinationales - comme des règles de la mondialisation économique - dans la sphère publique africaine a provoqué un amalgame entre droit public et droit privé.
La plupart des chefs d'Etat africains ne se conçoivent pas comme des présidents de la République, garants de l'intérêt général, mais agissent plutà´t comme des présidents de conseil d'administration.La République Démocratique du Congo n'échappe à la règle. La gestion du pétrole, de l'or ou du diamant, la vente des produits agricoles et des ressources naturelles (minerais, bois) donnent lieu à des comportements claniques, voire d'allégeance féodale, de la signature des contrats d'exploitation des matières premières (commissions) jusqu'à la répartition des fortes valeurs ajoutées dégagées lors des ventes sur le marché mondial. Sur ce continent, jamais il n'y a eu autant de `` batailles », de pathologies, de pillage de l'économie et du sous-sol. Ces multinationales post-coloniales se sont mises en tête de contrà´ler tout le secteur productif et de commercialisation des pays en voie de développement.
Le bradage minier de la période de Transition congolaise, et qui n'a-t-il pas porté sur 64 % des sites miniers et 300 milliards de dollars américains des réserves de la Gécamines? Comment oserait-on parler de pillage pour des ressources naturelles, qui seraient des biens sans maîtres, que le Nouveau Code Minier distribue gratuitement, et dont la valeur échappe aux habitants Congolais peu instruits et dont les besoins de vie sont très modestes et sans rapport avec l` immensité des richesses sur lesquelles ils sont installés?
Le ministre de l'Economie et du Commerce, André Philippe Futa a relevé dernièrement que la contribution du secteur minier était bien inférieure aux attentes, ne dépassant pas 6% du budget national, contre 30% en 2002, dans un contexte de guerre et de croissance négative !
Cette faible contribution est d'autant plus scandaleuse qu'au Katanga qui connaît un véritable boom économique, 1644 titres miniers ont été délivrés, et que le cours du cuivre, qui était de 4000 dollars la tonne voici quatre ans, dépasse aujourd'hui les 8000 dollars. En plus de ces contrats inégaux, la fraude pure et simple prive le pays d'importantes ressources financières, plus de 90% des exportations de la République Démocratique du Congo étant illégales ou incontrà´lées. Quant au ministre des Mines, M. Martin Kabwelulu a déclaré qu'au total, 4.542 titres miniers avaient été octroyés à 642 sociétés sur l'ensemble du territoire national, et que les concessions couvertes par ces titres couvraient 33% du territoire du pays. Autrement dit, durant la période de Transition, un tiers du Congo a littéralement été vendu, le scandale des contrats miniers éclabousse tout le monde. Certes, durant la période de Transition qui a précédé les élections, les ressources de la République Démocratique du Congo ont été bradées par les autorités en place, impliquées à tous les niveaux : des conseillers de Kabila sont cités, mais ils avaient l'aval de Jean Pierre Bemba en charge de l'Economie et des Finances, les ministres des Mines successifs ont fermé les yeux, les fonctionnaires ont laissé faire et ont touché leur commission. La transition-prédation de trois années ont eu à succéder à huit années de guerre et d'occupation et deux décennies d'affaiblissement de l'Etat,
Est-il normal que les populations congolaises vivent de poissons importés, communément appelés "Thomsons"? Est-il logique que les maisons se construisent sans boiseries locales? Que les toitures soient en tà´les galvanisées à l` étranger mais jamais en cuivre ou en tuiles cuites avec l` argile locale ?. Les ressources naturelles sont exportées en échange de biens de consommation importés. C'est un remake parfait de l'économie coloniale. Aucun carat de diamant, aucun gramme de cobalt ne sont consommés localement. Tout ce qui est ramassé, récolté ou extrait est destiné aux marchés extérieurs qui en déterminent les volumes et les prix.
Le rà´le des multinationales demeure prédominant parce que l` exploitation des richesses naturelles nécessite des capitaux et des technologies dont la République Démocratique du Congo est démuni. La tentation du bradage est énorme avec nos populations qui vivent dans la misère et une économie de subsistance et qui pourraient se satisfaire d` aumà´nes. Les multinationales deviennent vite des pilleurs lorsqu'ils traitent avec un Etat inexistant, sans une véritable administration de ses finances, mais aux mains d`une classe de dirigeants qui mettent dans la balance des contrats à caractère économique leurs propres intérêts immédiats, au préjudice de revenus publics et à long terme. De là il n` y a qu` un pas pour faire porter et maintenir au pouvoir une bourgeoisie `` compradore », heureuse et prospère sur la misère des populations et dont les intérêts sont intimement liés au pillage structurel. L`abus inévitable par les investisseurs des faiblesses institutionnelles congolaises, le recours à la corruption, à des structures de contrats qui organisent l` évasion fiscale au travers de sociétés écrans, bref l`appropriation d`avantages anormaux, dépasse la légalité des conventions et interpelle la moralité, et l` éthique.
Le pillage des richesses naturelles de la République Démocratique du Congo:Le cuivre, le cobalt, le zinc, le germanium, l'or, l'argent, l'étain, le tantale, le niobium, le diamant, le pétrole, le Bois, le Coltant.. se fait à l`opposé d`une `` exploitation légale, dans des termes commerciaux équitables et pour l` intérêt du Congo et de ses populations. La République Démocratique du Congo a été vendu à vil prix aux multinationales, c'est ce qui prouve la disproportion des avantages accordés aux investisseurs par rapport au bénéfice final pour le Congo et ses populations.
Les autorités ont pris l'habitude de justifier la hausse du coà»t de la vie, au prix du baril de pétrole qui atteint la fatidique de 114$. A force de pratiquer la politique de l'autruche on oublie de balayer devant sa porte. Qui sont les bénéficiaires des contrats léonins miniers? Ces contrats ont-ils bénéficier aux populations Congolaises? La vie chère que déplore la population Congolaise sans savoir à quel saint se vouer ne devrait interpeller ceux là qui se disent "légitimes" pour se parer des oripeaux de la République sans se soucier de ceux qui les ont fait "Rois".