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5 questions à  l'Unicef sur la Malnutrition en République démocratique du Congo !

L'enfant n'est pas un adulte en miniature. C'est pourquoi il (elle) a droit à  la protection. La malnutrition a plusieurs conséquences néfastes, dont le blocage du développement du pays et la baisse de productivité à  l`à¢ge adulte. Le Grand Congo n'est pas un pays pauvre mais bien pourvue des inommbrables ressources et richesses. Malgré son fabuleux potentiel agricole, la RDC présente le taux de malnutrition le plus élevé du monde. Parents impayés, vivant de la débrouillardise, la majorité des familles congolaises n`arrivent pas à  nouer les deux bouts du mois. Ce qui ne leur permet pas de varier les aliments dans les ménages. La République démocratique du Congo, qui a ratifié la Convention internationale des droits de l`enfant, elle est très loin de respecter Cette convention universelle : qui concerne tous les enfants du monde, dans tous les pays. Elle reconnaît à  l`enfant des droits spécifiques comme le droit à  l`identité, le droit à  la santé, le droit à  l`éducation, le droit à  la protection... La République démocratique du Congo est un État où il n`est pas bon d`être un enfant surtout si ses parents ne sont des apparatchicks du régime d'imposture qui y règne ou des seigneurs de guerre qui sévissent un peu partout. La situation des enfants en RDC est dramatique : malnutrition, violences sexuelles, enfants soldats, déplacements d`enfants, enfants shégués…Le Congo de demain c'est avec les enfants d'aujourd'hui. Si la RDC veut se relever et assurer son avenir, elle doit prendre en compte la situation des enfants qui y vivent.

Nous remercions Christophe Boulierac porte-parole de l'Unicef à  Genève qui a transmis nos questions à  l'Unicef RDC.

1. Réveil FM International : 2 millions d'enfants congolais ont souffert de malnutrition d'après l'Unicef en 2016, depuis y-a-t-il eu évolution ou involution ?

Unicef-RDC : En 2017, on estime le nombre d`enfants de moins de cinq ans qui souffrent de malnutrition en RDC en : - 6 millions d`enfants qui souffrent de malnutrition chronique ou retard de croissance

- 1.9 millions d`enfants qui souffrent de malnutrition aigue sévère

- 1.5 millions d`enfants qui souffrent de malnutrition aigue modère

Ces estimations sont faites sur base des données des enquêtes nationales qui donnent les informations sur les prévalences de différents types de malnutrition. La dernière enquête nationale date de 2013-2014. Néanmoins il existe dans le pays un système de surveillance nutritionnelle, de sécurité alimentaire et d`alerte précoce qui de manière trimestriel analyse la situation et déclare des alertes de nutrition dans le pays. Les alertes de nutrition sont définies dans une zones de santé, quand la proportion des enfants de moins de cinq ans avec malnutrition aigà¼e est élevé, quand il y a une augmentation du nombre d`admission de cas de malnutrition aigue dans les centres de santé, etc. Ces informations qui sont triangulés avec des informations relatives aux incidences des maladies, des problèmes de disponibilité alimentaire et augmentation de prix sont à  la base pour déclarer une zone en alerte nutritionnelle, qui requiert d`une réponse rapide.

En 2016, il y a eu 64 alertes nutritionnelles dans le pays dans 36 zones de santé (7% de toutes les zones de santé) du pays.

2.Réveil FM International: Si La province du Sud-Kivu semble particulièrement touchée par la malnutrition chronique qui affecte 53 % d`enfants, 10 % de plus que la moyenne nationale cela est-il dà» aux affres de la guerre ?

Unicef-RDC : 6 provinces sur 26 en RDC ont des prévalences de ce type de malnutrition au-delà  de 50%, ce qui est considéré comme un seuil d`urgence et 14 provinces sur 26 des seuils de plus de 40%. C`est un problème assez répandu sur tout le territoire du pays.

Parmi les déterminants de ce type de malnutrition, en plus du contexte socio- économique du pays, on sait que fondamentalement, la malnutrition est une conséquence de la maladie et d'un apport alimentaire inadéquat, mais beaucoup d'autres éléments entrent aussi en jeu. La pauvreté et la discrimination et la violence à  l'égard des femmes sont des causes majeures de malnutrition. Chez les enfants et les femmes, une alimentation inadéquate (monotone, peu diversifié, et de faible qualité - c`est- à  dire - qui ne contient pas les vitamines et minéraux nécessaires au moment qu`il faut), les maladies récurrents (diarrhées, paludisme…), l`environnement insalubre, l'insécurité alimentaire des ménages, l'insuffisance des services de santé et d`assainissement, et la mauvaise qualité des soins apportés aux enfants et aux femmes sont des causes.

L`index mondial de la faim (Global Hunger Index) montre qu`il existe une forte concentration des personnes souffrant de la malnutrition dans les pays en conflits ou les pays émergeants des conflits comme la RD Congo. De plus, l`insécurité alimentaire est plus prononcée. Lorsque des habitants sont forcés de fuir leurs villages ils abandonnent leurs terres et biens, mais aussi leur capital social. En plus il y a souvent une dégradation et une exploitation irrationnelle des ressources naturelles.

3. Réveil FM International: 43% d'enfants congolais souffrent de la malnutrition chronique pourquoi ce taux très élévé ?

Unicef-RDC : Presque un enfant sur deux souffre de malnutrition chronique en RDC, et ceci représente 6 millions d`enfants de moins de cinq ans. La RDC est un des 34 pays au monde avec une plus grande charge (>90%) d`enfants malnutris chroniques. Les causes de la malnutrition sont multisectorielles (alimentation, santé, pratiques de soins). Ces causes sont classées en causes immédiates (niveau de l'individu), sous-jacentes (niveau du foyer ou de la famille) et fondamentales (niveau de la société), l'influence des facteurs à  un niveau se faisant sentir aux autres niveaux aussi. Les deux causes immédiates principales sont l`inadéquation de la ration alimentaire et la maladie, qui proviennent elles-mêmes de l`insécurité alimentaire des ménages, de l`insuffisance des services de santé et d`assainissement et de la mauvaise qualité des soins apportés aux enfants et aux femmes y compris les mauvaises pratiques d`alimentation du nourrisson et du jeune enfant. La mauvaise qualité des services de santé, chers, non existants, peu accessibles, entraînent de faibles taux des soins et une prise en charge inadaptée des enfants malades et malnutris. Tous les efforts des familles pour assurer une bonne nutrition peuvent être annulés par des facteurs politiques, juridiques et culturels, comme le degré de protection par la loi, les coutumes, les croyances et enfin, le contexte global comme les crises alimentaires, économiques, financières, ainsi que les changements climatiques.

Les conséquences négatives des conflits sur les perspectives de développement humain et économique sont dévastatrices et les populations sont plus exposées à  la malnutrition et à  la pauvreté.

Selon une analyse secondaire des données de l`enquête démographique et de sante 2013-2014, la malnutrition chronique est plus présente chez les garçons que les filles (même si la différence n`est pas significative), chez les enfants de plus de 24 mois d`à¢ge, vivant en milieu rural, issue des ménages pauvres ou moyens, et n`ayant pas accès à  des toilettes améliorés, avec une mère non instruite et n`ayant pas reçu une alimentation de complément adéquate. Dans certaines provinces, le fait d`avoir été mis au monde par une mère de jeune à¢ge est un déterminant de ce type de malnutrition.

4. Réveil FM International : Certaines femmes congolaises assimilent la malnutrition à  la sorcellerie ou à  la maladie alors qu'il faut simplement donner à  manger aux enfants, est-ce que c'est un problème d'instruction ?

Unicef-RDC : Effectivement, des croyances font penser qu`il s`agit de la sorcellerie. Il est clair que la malnutrition chronique est plus frequente chez les enfants des mères sans instruction. Un enfant d`une mère qui a atteint le niveau d`instruction secondaire a 20 pourcent de risque en moins d`être malnutri qu`un enfant d`une mère sans instruction (MICS 2010). Mais il ne s`agit pas seulement d`un problème d`instruction. La faible connaissance en général des parents des pratiques de soins des enfants est un facteur important. Les parents non instruits peuvent acquérir des bonnes connaissances sur les pratiques de soin et de nutrition et assurer une bonne nourriture aux enfants ainsi que des autres pratiques familiales essentielles.

5. Réveil FM International: Que fait l'UNICEF? Le gouvernement de la RDC pour pallier à  la malnutrition ?

Unicef-RDC : Il est donc important agir. Il faut prévenir les cas de malnutrition chronique et traiter les enfants victimes de la malnutrition aigà¼e sévère, pour réduire la mortalité des enfants (48% des décès des enfants de moins de cinq ans en RDC ont comme cause sous-jacente la malnutrition) et pour garantir le développement social et économique du pays (la malnutrition cause une perte en productivité du PIB de 3-11%).

L`UNICEF travaille à  cà´té du Gouvernement afin de rendre des interventions simples a plus haut impact prouvés dans la lutte contre la malnutrition, accessibles au plus grand nombre d`enfants congolais et ce malgré les nombreux défis.

Les programmes mis en œ“uvre par le Gouvernement, l`UNICEF et leurs partenaires ont permis de promouvoir efficacement certaines bonnes pratiques d`alimentation du nourrisson et du jeune enfant et de prendre en charge un nombre croissant d`enfants souffrant de malnutrition aigà¼e sévère :

- La pratique de l`allaitement maternel exclusive jusqu`à  l`à¢ge de six mois a doublé au niveau national de 24% en 2001 à  48% 2014. La pratique de l`allaitement maternel constitue une des interventions clés les moins couteuses pour la prévention et la réduction de la malnutrition chronique.

- La supplémentation en vitamine A, a augmenté de 11% à  70% les en 15 ans. Cette intervention nutritionnelle a un impact très important sur la réduction de la mortalité infantile.

- Le nombre d`enfant souffrant de malnutrition aigà¼e sévère traité dans les centres de nutrition a augmenté, passant de 4,3 à  15%. Ceci a contribué à  réduire la prévalence de la malnutrition aigà¼e globale parmi les enfants de moins de cinq ans de 16% en 2001 à  8% en 2014.

Cependant, faute de moyens financiers suffisants la couverture des interventions à  haut impact prouvé reste globalement très limitée en RDC et le progrès réalisé à  ce sujet les dix dernières années est trop faible pour générer une diminution générale et durable des taux de malnutrition auprès des enfants de moins de cinq ans. La survie et le développement de millions d`enfants en RDC et le capital humain du pays sont compromis si les investissements pour la généralisation de l`accès aux interventions a haut impact prouve visant à  réduire la malnutrition, n`augmentent pas de manière significative.

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