Francophonie : Mélenchon "Français et Africains ne nous tournons pas le dos"!
mardi 27 juillet 2021, 20:51 Freddy Mulongo Lien permanent
Francophonie : Jean-Luc Mélenchon "Français et Africains ne nous tournons pas le dos"!
Freddy Mulongo Mukena, Réveil FM International
Engagé dans la campagne pour la présidentielle de 2022 en France, Jean-Luc Mélenchon de la France Insoumise s'était rendu au pays des hommes intègres. Le mercredi 21 juillet 2021, Mélenchon donnait une conférence à l’université Ki-Zerbo de Ouagadougou, au Burkina-Faso, autour de la question : « Y a-t-il un avenir en commun pour la francophonie » devant une salle bondée.

En visite au Burkina Faso, Jean-Luc Mélenchon, le député de la France Insoumise, s’est rendu sur le site du mémorial Thomas Sankara le dimanche après-midi 18 juillet. Jean-Luc Mélenchon a déposé une gerbe de fleur au pied de la statue géante du capitaine Thomas Sankara, il s’est incliné devant le bâtiment où il a été assassiné le 15 octobre 1987 et a planté un arbre sur le site du mémorial.
Le chef de file de La France insoumise (LFI) ne s’en cache pas : arrivé en quatrième position lors de la dernière élection présidentielle française, il compte rempiler en 2022. Et comme en 2017, la droite et l’extrême droite françaises seront favorites du scrutin. Dans une France très influente en Afrique, Mélenchon représente, à première vue, la voix la moins néo-colonialiste. Le fondateur de LFI a également un regard empreint de démocratie sur le continent : lors de la présidentielle togolaise de 2020, il avait dézingué le régime Faure Gnassingbé. Il a également fustigé Alpha Condé, alors candidat à un troisième mandat en Guinée.

Le député insoumis a d’abord détaillé le point de vue depuis lequel il parlait : celui de la France qui s’est toujours opposée au colonialisme, à l’impérialisme, au paternalisme et aux rapports de domination entre les peuples. Il a donné son point de vue sur la question brûlante de la sécurité au Sahel et a rappelé la question qu’il avait posée à la tribune de l’Assemblée nationale française : qui finance les terroristes ? Il a dit de nouveau qu’il ne pouvait y avoir de solution militaire à des problèmes politiques.
Jean-Luc Mélenchon a ensuite dénoncé les « usages politiciens et les pratiques prébandières » de la Francophonie officielle actuelle. Il a expliqué ce que l’on pourrait faire de cette « langue commune », dans une période où le monde entier fait face aux enjeux posés par le néolibéralisme et le changement climatique. Il a ainsi proposé de faire une francophonie d’opinion et de projets autour de plusieurs grands enjeux : la levée des brevets sur les vaccins, la lutte contre les élevages intensifs, la reconquête de la souveraineté alimentaire, la riposte à mener face au changement climatique ou encore l’exploration en commun des nouvelles frontières de l’humanité.
Jean-Luc Mélenchon a en particulier détaillé la question de la souveraineté alimentaire, expliquant qu’elle posait des sujets transversaux allant de la production au protectionnisme solidaire en passant par la relocalisation des industries de transformation. Il a expliqué qu’à l’heure où le climat français se « tropicalisait », les échanges dans la langue commune pourraient être renforcés afin que les Français puissent apprendre de l’expérience des pays comme le Burkina-Faso, qui connaissent déjà ce type de climat et ont appris à y faire face, notamment pour ce qui concerne la préservation de l’eau.

À propos des nouvelles frontières de l’humanité, le président du groupe « La France insoumise » a développé trois dimensions : la mer, l’espace et le numérique, donnant des exemples précis de ce qui pouvait être accompli en commun. Concernant la mer, il a évoqué la dépollution des océans des plastiques que l’humanité y a répandus, ou encore la question des grands fonds marins, biens communs mondiaux. Sur l’espace, Jean-Luc Mélenchon a rappelé que les États-Unis avaient décidé qu’il était désormais possible d’y créer de la propriété privée là où les traités internationaux l’interdisaient jusqu’à il y a peu. Il a en particulier proposé la création d’une « Université de la langue commune de l’espace » pour partager les savoirs sur le sujet entre francophones. Il a fait le lien, également, entre cette question et la question des réseaux numériques qui pourraient être mis en place depuis l’espace à l’heure où les GAFAM installent leurs propres réseaux privés en Afrique.

Jean-Luc Mélenchon a repris, pour conclure, les mots de Thomas Sankara qui affirmait que « la francophonie peut-être un instrument de notre libération ». Il a expliqué que c’était précisément parce que Sankara parlait français qu’il était plus facile pour les francophones en général, et pour les insoumis en particulier, de « devenir sankaristes ». Après sa conférence, le député insoumis a ensuite répondu à une dizaine de questions des étudiants portant notamment sur la souveraineté, la décolonisation, la monnaie et le Franc CFA, la présence militaire française au Sahel, ou encore la réalité numérique de la francophonie.
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