
1994, en prenant l'avion de la compagnie israélienne EL AL à Orly pour Tel-Aviv, le guide nous avait prévenu : ce voyage ne vous laissera jamais indifférent. Plus de treize années après, Israël ne m'a pas laissé indifférent, bien au contraire ce pays m'a marqué à vie. Nous étions une quinzaine dans le groupe et j'avais pris soin d'inscrire deux de mes compatriotes Zaïrois à l'époque, nous étions donc trois dans la délégation. Ce voyage a influencé une partie de ma vie. L'accueil était chaleureux,simple et bien: un verre de jus d'orange à chaque fois qu'on franchissait le perron de l'hôtel. En Israël, un pays qui manque cruellement l'eau, j'ai vu de mes yeux les oranges poussaient sur les pierres, notamment à Hébron. A cause de brumes et brouillards, les voiturent roulent les phares allumés. Les bédouins qui veillent leur troupeau des ovins en dormant au clair de la lune. Qumran, ce site magnifique où en 1947, un bédouin découvrit une série de parchemins et de fragments de papyrus qui contenaient le rouleau du prophète Isaïe. la plage de Netanya où je me suis baigné un soir. Le mur de Jérusalem dans lequel kippa à la tête j'avais introduit une prière qui fut exaucée. Nous devrions traverser le lac Tibériade par bateau, arrivé en plein milieu du lac brumeux, le moteur s'arrêta et le guide demanda au groupe s'il y avait un volontaire pour marcher sur l'eau comme l'avait fait l'apôtre Pierre: personne n'osa et de l'autre côté de la rive ,les restaurants sevaient un bon plat de poisson dénommé Saint Pierre. L'aéroport David-Ben Gourion où les européens étaient plus fouillés que nous les africains. Mais de tous ces souvenirs enfouis , trois me reviennent assez constamment: Massada, rencontre avec les Falachas et les Kibboutz.
Massada, haut lieu de la Résistance !
En 70, les Romains avaient pris le pays et Jérusalem était tombé entre leurs mains.Il ne restait plus que Massada qui résistait. La Résistance aura durée trois années. Et cela se passait au mois d'avril de l'an 74 à Massada. Massada est le dernier bastion de la résistance des rebelles, le symbole même de la rébellion. Massada résistait contre l'occupation romaine alors que toutes les autres villes et places étaient tombées. A quatre cents mètre d'altitude , en surplomb de la mer Morte sur ce pont de navire de 1.100 mètres de long et de 500 mètres de large taillé à même le roc qui enfonçait sa proue dans le désert de Juda. Les Zélotes, ces desperados de l’insurrection nationale juive résistait à tout surtout au fait établi de l'impérialisme romain. Ils étaient regroupés autour de leur chef Eli Ezer Ben Yehouda. En contrebas, commandée par Flavius Silva, les soldats romains sont quatre légions pour s'occuper des rebelles juifs. Les légions romaines étaient munis d'un matériel de guerre redoutable qui enserrait les rebelles, le siège avait commencé un an plutôt. Massada n'était plus défendu que par un petit millier d'insurgés, de tous âges , de tous sexes, épuisés, affamés... mais confrontés à la meilleure armée du monde : l'armée romaine. Les Romains avaient ériges avec du remblai une rampe d'attaque qui leur permettaient de hisser leurs catapultes jusqu'au pied de leurs fortifications. Pas de fuite possible , le dernier assaut de puissance impériale romaine ne pouvait qu'être vainqueur. Ces juifs de Massada avaient dit "Non " à la reddition et avaient décidés de mourir débout et libre. Lorsque les Romains entrèrent dans la forteresse, ils ne trouvèrent que sept survivants: deux femmes et cinq enfants cachés dans un puits. Les Zélotes avaient décidés de se donner la mort plutôt que de se faire esclaves de Romains. Plus de 930 morts!
Falachas, les juifs Noirs
Arrivés en Israël, les rabbins Falachas se considéraient comme les vrais puisqu'ils avaient gardé "l'Arche d'Alliance". Ils étaient très fiers d'avoir sauvegardé la tradition judaïque en terre africaine. Les Falachas sont les " Beta Israël " (maison d'Israël). Et le jeune homme à côté du blindé que j'avais rencontré m'explique qu'une bonne partie d'entre eux étaient dans l'armée. La légende voudrait que les Falachas soient les descendants de Ménelik 1er, fils du roi Salomon et de la reine de Saba. Fondamentalistes, ils ne considèrent comme authentique que le Pentateuque et non la Bible dans son ensemble. Les enfants de la reine de Saba sont ceux qui ont refusé de se convertir au christianisme lorsqu'il a été introduit à Axoum au IV siècle. La judaïte des Falachas n'a été reconnue qu'en 1973 par le grand rabbin Séfarade d'Israël, puis en 1974 par le grand rabbin ashkenaze, enfin par le gouverneemnt d'Israà«l en 1975. Ce qui leur donna la possibilité de néneficier de la loi du retour, autorisant tout individu reconnu comme juif à immigrer en Israël. L'opération Falachas dont le nom de code est d'ailleurs en anglais"Opération Moses" (Opération Moïse) a commencé en 1981, dans le plus grand secret, mais l'opinion publique n'en a été informée qu'au début de 1985: 7.700 Falachas ont été évacués du camp de réfugiés au Soudan. A l'origine , l'exode devait s'écouler par un port de la mer Rouge. Mais la rébellion du Tigré puis la famine rendirent impossible l'évacuation de plusieurs milliers de personnes par bateau. On pensa à l'avion et l'on utilisa tout d'abord les aéroports du Sud-Soudan sur lesquels Nimeiri n'avait pas de contrôle. Ils se révélèrent impropres au véritable pont aérien qui devenait nécessaire. Il fallait utiliser l'aéroport de Khartoum, au moins pour la phase finale. Une opération de cette envergure ne pouvait se dérouler sans la connivence du pays d'origine: l'Ethiopie et la participation active du pays de départ: le Soudan. Lorsque le secret fut éventé fin 1984, les présidents Mengistu de l'Ethiopie et Nimeiri du Soudan jouèrent de concert et sans convaincre grand monde , la comédie de l'indignation allant jusqu'à demander " le retour" des personnes "enlevées". L'opération Salomon, elle dura du 24 au 25 mai 1991. Le régime de Mengistu était sur le point de s'effondrer: 14.200 Falachas ont été évacués en 36 heures vers Tel-Aviv grâce à des avions Hercules C-130.
Les Kibboutz ou la valorisation de la vie communautaire
Le Kibboutz est un village collectif,une communauté délibérément formée par ses membres,à vocation essentiellement agricole, où il n'existe pas de propriété privée et qui est censée pourvoir à tous les besoins de ses membres et de leurs familles. Les membres de Kibboutz ne perçoivent aucun salaire pour leur travail mais tout ce dont ils ont besoin leur est fourni par le Kibboutz. L'unité de peuplement dont les membres sont organisés en collectivité sur base de la propriété commune des biens,préconisant le travail individuel, l'égalité entre tous et la coopération de tous les membres dans tous les domaines de la production,de la consommation et de l'éducation. La vie sociale se déroulait au réfectoire où tous les membres se retrouvaient pour prendre leurs repas et discuter. les décisions étaient prises par l'assemblée générale au vote majoritaire. Au cours des débats, les membres décidaient de l'attribution des travaux quotidiens , des corvées de cuisine et d'autres, et et traitaient également des problèmes d'actualité. Les pères fondateurs du Kibboutz étaient arrivés essentiellement de Russie fin 19 ème siècle, imbus des idéaux socialistes et de l'esprit d'une époque. Ils préconisaient le retour au pays d’Israël«l,leurs initiatives exprimaient leur visée politique: l'établissement de colonies juives en Palestine. Le Kibboutz est l’accomplissement de 4 générations: les fondateurs, les motivés par des convictions fortes et une idéologie distincte, ont formé une société avec un mode de vie unique. Au départ les Kibboutz étaient essentiellement agricole puis certains on opté pour les produits industrielles.
Trois leçons à tirer
Des hommes, des femmes...doivent savoir dire "Non". Un peuple a le droit de dire non à l'imposture, non à la didacture, non aux pillages de ses richesses, non aux seigneurs de guerre au pouvoir, non à la paupérisation voulue et imposée, non à la confiscation de nos libertés notamment celle de s'exprimer, non aux pouvoirs féodaux...Non, Non, Non. Le cas de Massada en Israël peut nous inspirer. Certes personne n'a trouvé la clé pour élucider la question de Massada. Ni même Flavius Josèphe, l'auteur de ce récit. S'agissait-il d'un acte d'Héroisme? ou de fanatisme?. Une chose est sûre les juifs de Massada n'ont jamais acceptés que les Romains prennent leur territoire. Pourquoi nous congolais devront-nous accepter que notre pays soit dépecer par les pays voisins sans réagir?. Pourquoi, acceptons -nous la mise sous tutelle de notre pays au banc de la communauté internationale?. Une véritable recolonisation de notre peuple et une balkanisation se font en douce,devrons nous continuer à demeurer dubitatif,aphone ou complice en nous taisant ou sans agir ou réagir?. That is the question.
Le gouvernement Israélien n'a pas hésité de chercher les Falachas sur les terres africaines parce qu'il les considère comme leur. Pour nous c'est plutôt le contraire qui se fera. Avec ou sans l'accord du gouvernement, c'est la diaspora congolaise qui dynamisera ce pays: géant au pieds d'argile. Le budget du gouvernement Gizenga est six fois moins que les petites contributions que chaque congolais envoi dans son pays pour aider sa famille: soins médicaux, rentrées scolaires,aides familiales etc. Cette diaspora on l'a privée des élections mais on créée pour elle, le ministère des congolais de l'étranger: c'est paradoxal. Voter est toujours un droit civique pour chaque citoyen. Aucun membre des Nations Unies ne se privent des compétences de ses ressortissants de l'extérieur. Nous n'avons pas encore assimiler les principes de l'Etat-Nation.
Nos villages se vident et se meurent conséquence de l'exode rural. Le dépeuplement de nos villages sont une calamité. Nos vraies valeurs se perdent surtout celle de la solidarité et de la vie commune. Donner de l'électricité et de l'eau potable à nos villages, construire des écoles non pas dans une vision électoraliste mais plutôt dans l'encouragement de l'accès civilisationnel de nos populations. Le Mualimu Nyerere en Tanzanie avait au moins essayé ses villages " Ujama", sorte des coopératives villageoises dans lequel ces derniers se prenaient en charges.