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jeudi 9 juillet 2020

LE CONSEIL DÉBAT DES SOCIÉTÉS TRANSNATIONALES ET DES DROITS DE L’HOMME, AINSI QUE DE LA SOLIDARITÉ INTERNATIONALE

LE CONSEIL DÉBAT DES SOCIÉTÉS TRANSNATIONALES ET DES DROITS DE L’HOMME, AINSI QUE DE LA SOLIDARITÉ INTERNATIONALE


Freddy Mulongo-Conseil des droits de l'homme 20.jpg, juil. 2020

 

 

Il achève également son dialogue avec l’Expert indépendant sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre

 

 

 

Cet après-midi, le Conseil des droits de l’homme a entendu la présentation des rapports de l’Expert indépendant sur les droits de l’homme et la solidarité internationale, M. Obiora Chinedu Okafor, et de la Présidente du Groupe de travail sur la question des droits de l’homme et des sociétés transnationales et autres entreprises, Mme Anita Ramasastry – deux titulaires de mandat avec lesquels il a ensuite eu un dialogue.  Auparavant, le Conseil a entendu plusieurs délégations* achever le débat avec l’Expert indépendant sur la protection contre la violence et la discrimination en raison de l'orientation sexuelle et de l'identité de genre, M. Victor Madrigal-Borloz, qui a une nouvelle fois appelé à l’éradication de la « thérapie de conversion ».

 

Présentant son rapport, M. Okafor a estimé que la pandémie de COVID-19 avait mis en évidence notre vulnérabilité mutuelle, une réalité qui souligne la nécessité d'intensifier la solidarité et la coopération internationales pour optimiser la jouissance des droits de l'homme.  Il a notamment plaidé pour un financement international et pour des transferts de technologie afin d’aider les pays en développement à s'adapter au changement climatique. 

 

L’Expert indépendant a également rendu compte de sa visite au Qatar.  Ce pays a fait une déclaration avant que les délégations** n’engagent le dialogue avec M. Okafor.

 

Présentant le rapport du Groupe de travail qu’elle préside, Mme Ramasastry a notamment insisté sur la nécessité pour les États de garantir que les entreprises préviennent activement la corruption et veillent au respect des droits de l'homme, comme le préconisent les Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme.  Elle a ensuite rendu compte de ses visites en Géorgie et au Honduras.  Ces deux pays ont fait des déclarations avant que les délégations*** n’entament avec Mme Ramasastry un dialogue qui se poursuivra demain après-midi. 

 

En fin de séance, l’Iran, le Brésil, le Burkina Faso, l’Arabie saoudite et le Mexique ont exercé leur droit de réponse.

 

 

Demain matin à 10 heures, le Conseil continuera le dialogue engagé ce matin avec le Rapporteur spécial sur les droits à la liberté de réunion pacifique et à la liberté d’association, avant d’examiner le rapport de la Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme au Bélarus.

 

Les séances de la quarante-quatrième session du Conseil sont retransmises sur le site UN Web TV.

 

 

Fin du dialogue avec l’Expert indépendant sur la protection contre la violence et la discrimination fondées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre

 

Aperçu du dialogue

 

Une délégation a souligné que la pandémie de COVID-19 touche toutes les régions et représente une menace pour la population, plus particulièrement les groupes les plus marginalisés comme la communauté LGBTI, victime de multiples discriminations. 

 

Ont par ailleurs été dénoncées les violences à l’encontre des personnes LGTBI et plusieurs intervenants se sont inquiétés des thérapies de conversion – en particulier lorsqu’elles visent des enfants – et les ont condamnées.  Une organisation a expliqué que ce type de thérapie pouvait s’apparenter à un traitement cruel, inhumain et dégradant et être la cause de suicides.  Cette thérapie est une forme de discrimination, a-t-il été affirmé.  Certains pays ont indiqué avoir interdit de telles pratiques. 

 

L’homophobie et la transphobie sont considérées comme une forme de racisme, a souligné une délégation.  Ont par ailleurs été présentées des mesures prises au niveau national pour protéger les personnes LGBTI.

 

Réponses et conclusion de l’Expert indépendant

 

M. VICTOR MADRIGAL-BORLOZ a précisé que son rapport se basait sur des réponses reçues des États et de la société civile ainsi que des personnes qui ont subi des violences fondées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre.  Il permet d’assurer une visibilité aux souffrances auxquelles sont confrontés les membres de la communauté LGBTI. 

 

M. Madrigal-Borloz a indiqué que son mandat visait à déconstruire la violence basée sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre en s’appuyant sur les idées de «dépathologisation» et de dépénalisation.  L’Expert indépendant a de nouveau plaidé pour une éradication mondiale – par interdiction – de la pratique de la « thérapie de conversion ».  Il a rappelé que les thérapies de conversion sont inhumaines, cruelles et dégradantes et peuvent s’apparenter à de la torture.  Il faut un engagement politique pour mettre fin à cette pratique, a-t-il insisté, appelant à une coalition mondiale pour s’attaquer à ce défi. 

 

M. Madrigal-Borloz a regretté que le présent dialogue se soit étendu sur plusieurs jours, ce qui a empêché beaucoup de membres de la société civile d’y participer.  Il a affirmé ne pas comprendre la raison d’être de cette situation.  Beaucoup de gens se sont investis pour proposer leur contribution et se sont vus empêchés de parler en raison de cette organisation des choses, a-t-il insisté. 

 

*Liste des intervenants : Malte, Brésil, Géorgie, Islande, Italie, Stichting CHOICE for Youth and SexualityFederatie van Nederlandse Verenigingen tot Integratie Van Homoseksualoteit, Association lesbienne et gay internationale - Europe, Asociacion HazteOir.orgInternational Lesbian and Gay AssociationSwedish Federation of Lesbian, Gay, Bisexual and Transgender Rights, Right Livelihood Award Foundation, et International Humanist and Ethical Union.

 

Dialogue avec l’Expert indépendant sur les droits de l'homme et la solidarité internationale

 

Présentation du rapport

 

Le Conseil était saisi du rapport de M. OBIORA CHINEDU OKAFOR, Expert indépendant sur les droits de l'homme et la solidarité internationale (A/HRC/44/44), intitulé « Solidarité internationale et changements climatiques ».  Un additif au rapport relate la visite de l’Expert indépendant au Qatar en septembre 2019 (Add.1).

 

Présentant son rapport thématique, M. Okafor a indiqué qu’il était nécessaire et urgent d'apporter un soutien beaucoup plus important aux États et aux peuples les plus pauvres et les plus vulnérables de la planète.  Il faut un engagement en faveur de la justice par-delà les frontières internationales, ainsi qu’un financement international et des transferts de technologie pour aider les pays en développement à s'adapter au changement climatique, a-t-il affirmé. 

 

L’Expert indépendant a estimé que la pandémie de COVID-19 avait mis en évidence notre interconnexion en tant qu'êtres humains et en tant que sociétés, de même que la profondeur de notre vulnérabilité mutuelle.  Cette réalité souligne avec force l'absolue nécessité d'intensifier la solidarité et la coopération internationales, entre les acteurs tant étatiques que non étatiques, si l'on veut optimiser la jouissance des droits de l'homme dans le monde entier, a déclaré M. Okafor. 

 

Rendant compte de sa visite au Qatar, l’Expert indépendant a affirmé que ce pays avait pris d'importantes mesures pour remédier à de nombreuses inégalités touchant la population des travailleurs migrants, mais qu’il devrait redoubler d'efforts pour atteindre les Objectifs de développement durable et pour prendre en compte le changement climatique dans ses pratiques de développement.  M. Okafor a souligné l’appui robuste accordé par le Qatar à la coopération internationale.

 

Pays concerné

 

Le représentant du Qatar a remercié M. Okafor de sa visite et de son rapport qui rappelle les mesures positives prises par le Gouvernement pour favoriser la solidarité et la coopération internationales.  Le Qatar est le premier pays du Golfe à avoir lancé des invitations ouvertes aux mécanismes du Conseil des droits de l’homme, a rappelé le représentant.  Il a évoqué d’autres mesures prises par le pays pour remédier aux effets négatifs du changement climatique et pour contribuer à la réalisation des Objectifs de développement durable par le biais de l’aide internationale.  S’agissant des droits des migrants, le représentant qatarien a fait savoir que la kafala avait été abolie pour être remplacée par un régime de contrat.

 

Aperçu du débat

 

Plusieurs délégations ont souligné que la solidarité internationale était plus que jamais nécessaire dans le contexte de la lutte contre la pandémie de COVID-19, afin, notamment, de favoriser la production de médicaments et l’aide technique aux États.  Une délégation a insisté sur les effets délétères, dans un tel contexte, des sanctions économiques et autres mesures coercitives unilatérales.

 

Un groupe de pays a recommandé de dédommager les populations qui ne sont pas responsables du changement climatique mais qui en subissent le plus durement les effets – le « principe de responsabilité commune mais différenciée » ayant été évoqué à ce propos.  Il a été souligné que les femmes subissent des répercussions comparativement plus graves du changement climatique. 

 

Le retrait des États-Unis – pourtant un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre – de l’Accord de Paris a été critiqué comme étant clairement contraire à la solidarité internationale. 

 

Certaines délégations ont cité les initiatives prises par leurs pays pour donner effet à la solidarité internationale, mentionnant notamment la mise à disposition de personnels médicaux pour les pays touchés par la COVID-19.

 

Une délégation a demandé à l’Expert indépendant ce qui pouvait être fait de plus pour protéger les défenseurs des droits de l’homme quand les États ne respectent pas leur devoir de protection envers eux, voire quand les États eux-mêmes sont responsables des violations des droits humains de ces personnes. 

 

Une ONG a estimé que les débats devraient se concentrer sur la protection des territoires indigènes et des ressources naturelles adjacentes : les peuples autochtones ne sont pas seulement victimes du changement climatique, a souligné l’organisation, mais aussi des agents du changement ; et leurs modes de vie apportent des enseignements importants au modèle économique dominant.

 

Une autre organisation a appelé la communauté internationale à respecter son devoir de solidarité envers les peuples palestinien et yéménite.

 

Réponses et conclusion de l’Expert indépendant

 

M. OKAFOR a jugé essentiel de redoubler de solidarité dans le contexte actuel de pandémie, a-t-il affirmé.  Il a d’autre part insisté sur les responsabilités «communes mais différenciées» qui doivent effectivement être assumées en raison des asymétries qui marquent notre monde – asymétries dans les effets subis mais aussi dans agents causals du changement climatique.

 

M. Okafor a par ailleurs plaidé en faveur d’une assistance financière et de transferts de technologie pour aider les plus pauvres à s’adapter aux changements climatiques.  La création de coalitions transnationales entre acteurs non étatiques est une autre dimension de la solidarité internationale, a-t-il en outre rappelé.

 

L’Expert indépendant a enfin mis en avant le rôle indispensable du Rapporteur spécial sur les défenseurs des droits de l’homme, parallèlement aux activités des tribunaux et de la société civile. 

 

**Liste des intervenants : Union européenne, Burkina Faso (au nom du Groupe africain), ONU Femmes, Saint-Siège, Togo, Cuba, Fédération de Russie, Djibouti, Angola, Libye, Chine, Équateur, Malaisie, Venezuela, Tunisie, Philippines, Jordanie, Indonésie, Maroc, Iraq, Égypte, Nigéria, Bahamas, Algérie, Tchad, EarthjusticeTerra de DireitosAssociazione Comunita Papa Giovanni XXIIIChina Society for Human Rights StudiesConselho Indigenista MissionárioInternational Youth and Student Movement for the United NationsSouth Youth OrganizationAmericans for Democracy and Human Rights in Bahrain Inc.Iraqi Development Organization et Institut international pour les droits et le développement.

 

Dialogue avec le Groupe de travail sur les sociétés transnationales

 

Présentation du rapport

 

Le Conseil était saisi du rapport thématique du Groupe de travail sur la question des droits de l’homme et des sociétés transnationales et autres entreprises (A/HRC/44/43, version préliminaire en anglais), accompagné d’additifs relatifs, notamment, aux visites du Groupe de travail en Géorgie (Add.1) et au Honduras (Add.2).

 

Présentant ce rapport, MME ANITA RAMASASTRY, Présidente du Groupe de travail, a indiqué qu’il se concentrait sur la manière dont le programme sur les entreprises et les droits de l'homme et les efforts de lutte contre la corruption, lorsqu'ils sont liés, peuvent améliorer le respect des droits de l'homme.  Le Groupe de travail souligne la nécessité pour les États de garantir que les entreprises préviennent activement la corruption et veillent au respect des droits de l'homme, comme le préconisent les Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme

 

La pandémie montre que la corruption liée à l'activité des entreprises peut avoir de graves répercussions sur les droits de l'homme, a observé la Présidente du Groupe de travail.  Les gouvernements qui cherchent à obtenir des médicaments essentiels pour traiter les patients atteints de la COVID-19 doivent en même temps se prémunir contre la fraude et la corruption dans les chaînes d'approvisionnement des soins de santé. 

 

Le Groupe de travail, qui s'est rendu en Géorgie en avril 2019, est encouragé par les efforts déployés dans ce pays pour appliquer les Principes directeurs et par l'inclusion d'un chapitre sur les entreprises et les droits de l'homme dans le plan d'action national sur les droits de l'homme 2018-2020, a poursuivi Mme Ramasastry.  Toutefois, le Groupe de travail a observé que les politiques économiques de la Géorgie consistent toujours à attirer les investissements, sans que l'on attende clairement des entreprises qu'elles respectent les droits de l'homme par le biais de processus de diligence raisonnable. 

 

Pour ce qui concerne le Honduras, où il s'est rendu en août 2019, le Groupe de travail a aussi salué l'engagement du Gouvernement hondurien à appliquer les Principes directeurs, a indiqué la Présidente du Groupe.  Mais l'absence d'un cadre juridique et institutionnel solide pour la protection contre les violations des droits de l'homme liées aux entreprises reste un problème majeur, a-t-elle ajouté.  En outre, des acteurs de la société civile et des représentants du secteur privé ont affirmé que la corruption généralisée avait érodé la confiance dans les institutions publiques et entravé une croissance économique saine et durable.

 

Pays concernés

 

La délégation de la Géorgie a remercié le Groupe de travail de sa visite, pendant laquelle des réunions fructueuses ont eu lieu avec plusieurs interlocuteurs.  Le Gouvernement géorgien va se doter d’une nouvelle stratégie sur les droits de l’homme couvrant également les activités des entreprises – une sensibilisation aux Principes directeurs est à l’étude – tandis que des mesures de protection des travailleurs handicapés sont prévues, a ajouté la délégation.  Le Code du travail contient plusieurs dispositions relatives au recours en justice, a-t-elle en outre indiqué.  Elle a enfin fait état d’une forte baisse des accidents de travail – y compris la contamination à la COVID-19 – grâce à la vigilance du service d’inspection du travail.

 

Le Honduras a remercié le Groupe de travail de son rapport, dont il a dit apprécier les recommandations, qui constituent un guide pour la mise en œuvre des Principes directeurs.  Le Honduras avait invité le Groupe de travail en mai 2019 en signe d'ouverture aux mécanismes spéciaux des Nations Unies, a rappelé la délégation hondurienne.  Elle a en outre fait savoir qu’en vertu d’un accord entre le Secrétariat hondurien aux droits de l'homme et le Haut-Commissariat aux droits de l'homme, un nouveau bureau sur les entreprises et les droits de l'homme avait été créé.  La délégation a par ailleurs remercié l'Union européenne de son soutien à travers le programme Proderechos, destiné à encourager l’application des Principes directeurs. 

 

Aperçu du débat

 

Il faut prévenir l’impact de la corruption sur les droits de l’homme, ont plaidé plusieurs délégations, soulignant que l'impact négatif de la corruption sur la jouissance des droits de l'homme est indéniable.  La corruption est un fléau mondial qui a une incidence pour l’ensemble de la population mondiale et qui touche aussi bien les pays développés que ceux en voie de développement, a-t-il été rappelé. 

 

Des délégations ont dit soutenir l'approche de la lutte contre la corruption fondée sur les droits de l'homme, telle que préconisée dans le rapport du Groupe de travail.  Une délégation a constaté avec satisfaction que le Groupe de travail était devenu expert dans l’application des Principes directeurs.  Elle a ajouté que la pandémie de COVID-19 avait révélé la nécessité d'organiser les chaînes d'approvisionnement mondiales d'une manière qui soit centrée sur l'homme et qui soit respectueuse de l'environnement et des normes internationales. 

 

Les sociétés transnationales ont été appelées à respecter les recommandations du Groupe de travail. 

 

Il a en outre été rappelé que la corruption minait les institutions démocratiques, ralentissait le développement économique et contribuait à l'instabilité administrative.  Le Groupe de travail a été prié de dire s’il entrevoit une possibilité d'élaborer un outil destiné aux entreprises opérant à l'étranger, équivalent au guide de bonnes pratiques associé à la Convention sur la lutte contre la corruption d'agents publics étrangers dans les transactions commerciales internationales de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE).

 

Réponses de la Présidente du Groupe de travail

 

MME RAMASASTRY a plaidé pour que les plans de sauvetage des entreprises par les pouvoirs publics soient assortis de conditions très strictes relatives aux droits de l’homme et à l’application des Principes directeurs des Nations Unies. 

 

La Présidente du Groupe de travail a déclaré que le Groupe était prêt à proposer aux entreprises des mesures très concrètes pour lutter contre la corruption et améliorer la promotion et la protection des droits de l’homme. 

 

Il relève de la responsabilité des entreprises de contribuer aux Objectifs de développement durable et de n’infliger aucun dommage aux personnes – ou, dans le cas contraire, d’y remédier –, a conclu Mme Ramasastry. 

 

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LE CONSEIL DES DROITS DE L’HOMME SE PENCHE SUR LA PROTECTION DES DROITS DES PERSONNES HANDICAPÉES FACE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES

LE CONSEIL DES DROITS DE L’HOMME SE PENCHE SUR LA PROTECTION DES DROITS DES PERSONNES HANDICAPÉES FACE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES



 Freddy Mulongo-Conseil des droits de l'homme 131.jpg, juil. 2020

 

Il poursuit son dialogue avec l’Expert indépendant sur la protection contre la violence et la discrimination fondées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre

 

 

 

Le Conseil des droits de l’homme a tenu, cet après-midi, une réunion-débat consacrée aux droits des personnes handicapées dans le contexte des changements climatiques. De nombreuses délégations** ont ensuite poursuivi le dialogue engagé hier après-midi avec l’Expert indépendant sur la protection contre la violence et la discrimination fondées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre, M. Victor Madrigal-Borloz.

 

Présentant la réunion-débat de cet après-midi, Mme Nada Al-Nashif, Haute-Commissaire adjointe aux droits de l’homme, a fait remarquer que les personnes handicapées risquent de subir les effets du changement climatique différemment et plus gravement que d'autres.  Elle a ajouté qu’une action en faveur du climat véritablement inclusive dépendait de la participation des personnes handicapées et des organisations qui les représentent.

 

La réunion-débat a compté avec la participation des panélistes suivants : Mme Catalina Devandas Aguilar, Rapporteuse spéciale sur les droits des personnes handicapées ; Mme Amalia A. Decena, Présidente de l’association Handicapables (Cagayan, Philippines) ; M. Sébastien Jodoin, professeur assistant à la faculté de droit de l’Université McGill (Canada) ; Mme Deborah Iyute Oyuu, chargée de programmes à l’Union nationale des personnes handicapées de l’Ouganda.

 

Pendant la discussion, à laquelle ont participé de nombreuses délégations*, il a été relevé que les changements climatiques avaient des répercussions disproportionnées sur les personnes handicapées. Une délégation a fait observer que 80% des personnes handicapées ne seraient pas évacuables en cas de catastrophe naturelle.  Au nombre des mesures à prendre, a notamment été soulignée la nécessité d’assurer la participation régulière des personnes handicapées aux exercices de préparation aux situations d'urgence, de manière à prévenir ou minimiser les risques et dommages pour ces personnes. De même, des infrastructures physiques aménagées en fonction des besoins des personnes handicapées amélioreraient les chances de sécurité et de survie, a-t-il été relevé. Il a été recommandé d’interdire par la loi toute forme de discrimination fondée sur le handicap, ainsi que le refus d'aménagement raisonnable.

 

En fin de séance, l’Arménie et l’Azerbaïdjan ont exercé leur droit de réponse.

 

 

Demain matin, à 10 heures, le Conseil doit achever le débat ouvert ce matin avec la Rapporteuse spéciale sur les droits des personnes déplacées à l’intérieur de leur pays. Le Conseil examinera tiendra ensuite ses dialogues avec la Rapporteuse spéciale sur les exécutions extrajudiciaires et avec le Rapporteur spécial sur les droits à la liberté de réunion pacifique et à la liberté d'association. Il doit par ailleurs achever dans l’après-midi son dialogue avec M. Madrigal-Borloz.

 

Les séances de la quarante-quatrième session du Conseil sont retransmises sur le site UN Web TV.

 

 

Réunion-débat : promotion et protection des droits des personnes handicapées dans le contexte des changements climatiques

 

Le Conseil était saisi d’une Étude analytique sur la promotion et la protection des droits des personnes handicapées dans le contexte des changements climatiques, réalisée par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme (A/HRC/44/30).

 

Remarques d’introduction

 

La réunion-débat a été ouverte par M. JURAJ PODHORSKÝ, Vice-Président du Conseil des droits de l’homme.

 

MME NADA AL-NASHIF, Haute-Commissaire adjointe aux droits de l’homme, a rappelé que les personnes handicapées représentent 15 % de la population mondiale, soit environ un milliard d'individus qui pourraient subir les effets du changement climatique différemment et plus gravement que d'autres. 

 

L'augmentation des températures et du niveau de la mer, les inondations et les glissements de terrain, la perte de biodiversité et les événements climatiques extrêmes de plus en plus fréquents compromettent l’accès des personnes handicapées à l'alimentation et à la nutrition, à l'eau potable et à l'assainissement, aux services de soins de santé et aux médicaments, à l'éducation et à la formation, à un logement adéquat et à un travail décent, a poursuivi la Haute-Commissaire adjointe.

 

Il est clair qu’une action en faveur du climat véritablement inclusive dépend de la participation des personnes handicapées et des organisations qui les représentent. Cette approche fondée sur les droits de l’homme, appliquée aux mesures pour faire face au changement climatique, contribue à une action plus efficace et, en fin de compte, plus durable, a souligné Mme Al-Nashif, avant de fournir des exemples de l’application de cette approche dans plusieurs pays.

 

Après la pandémie de COVID-19, il sera impossible de faire comme si rien ne s’était pas passé et le slogan « reconstruire en mieux » ne devra pas rester lettre morte, a affirmé la Haute-Commissaire adjointe. Dans le cadre des mesures prises au titre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, Mme Al-Nashif a recommandé aux États de veiller à ce que leurs efforts tiennent compte du handicap et soient fondés sur les droits.

 

Exposés des panélistes

 

MME CATALINA DEVANDAS-AGUILAR, Rapporteuse spéciale sur les droits des personnes handicapées, a déclaré que l'une des principales menaces qui pèsent sur l'humanité, à savoir le réchauffement climatique, affecte de manière disproportionnée les personnes handicapées, qui courent un risque élevé d'être laissées pour compte en cas d'urgence, de catastrophe naturelle, de déplacement interne ou de migration, en raison d'obstacles structurels tels que le manque d'accessibilité et la pauvreté. Cependant, les personnes handicapées ont été largement absentes dans les discussions sur ces questions et peu d’études s’intéressent à l’impact des changements climatiques sur leurs droits.

 

La discrimination multiple et intersectionnelle peut rendre certaines personnes handicapées plus vulnérables aux effets néfastes du changement climatique et donc à la restriction de leurs droits, a poursuivi la Rapporteuse spéciale.  Le changement climatique peut sérieusement affecter leur accès à l’alimentation, à l'eau et à l'assainissement, à la santé, à un logement convenable, ou encore à un travail décent, a-t-elle précisé.

 

L’article 11 de la Convention relative aux droits des personnes handicapées impose pourtant aux États parties de prendre toutes les mesures nécessaires pour «assurer la protection et la sûreté des personnes handicapées dans les situations de risque, y compris les conflits armés, les crises humanitaires et les catastrophes naturelles», a rappelé Mme Devandas-Aguilar.  Cette disposition est essentielle pour garantir que l'ensemble du cycle politique relatif au changement climatique – de la prévention et la planification à la réponse et à l’évaluation – soit inclusif et tienne compte des droits des personnes handicapées, a-t-elle ajouté.

 

Il faut donc adopter une approche fondée sur les droits de l'homme. Cette approche exige de reconnaître toutes les personnes handicapées en tant que titulaires de droits, a souligné la Rapporteuse spéciale. Il faut également s’assurer de la participation active et de la consultation des personnes handicapées et de leurs organisations représentatives dans la planification de l'action climatique et dans les processus de prise de décision et d'examen.

 

Nous devons reconnaître que le changement climatique et ses effets néfastes ne sont pas un accident de la nature, mais le résultat de décisions prises par des êtres humains, a insisté Mme Devandas-Aguilar.  Nous devons donc reconnaître que des actions nouvelles et différentes doivent être prises, a-t-elle ajouté. Le défi des environnements changeants dus à des phénomènes comme le changement climatique ou la COVID-19 est l'occasion de proposer des solutions inclusives et durables, a conclu la Rapporteuse spéciale.

 

MME AMALIA A. DECENA, Présidente de l’association Handicapables (Cagayan, Philippines), a déclaré qu’en tant que défenseuse des personnes handicapées dans la région, l'un de ses objectifs était de gérer et de réduire les risques de catastrophe en tenant compte du handicap. On sait que les personnes handicapées sont plus exposées à des risques supplémentaires de décès, de blessures et de déficiences, en raison de leur exclusion des politiques, plans et programmes de réduction des risques de catastrophe, a-t-elle rappelé. Malheureusement, les annonces de service public sont souvent publiées dans des formats et un langage qui ne sont pas accessibles aux personnes handicapées, entre autres lacunes, a-t-elle regretté.

 

Entre autres mesures, la participation régulière des personnes handicapées aux exercices de préparation aux situations d'urgence et à d'autres mesures de réduction des risques de catastrophe pourrait prévenir ou minimiser les risques et dommages, a poursuivi Mme Decena. De même, des infrastructures physiques et d'information aménagées en fonction des besoins des personnes handicapées amélioreraient les chances de sécurité et de survie, a-t-elle ajouté.

 

M. SÉBASTIEN JODOINprofesseur adjoint à la Faculté de droit de l'Université McGill (Canada), a déclaré que le changement climatique a des effets disproportionnés sur les personnes handicapées et menace leurs droits fondamentaux. Il a relevé que la grande vulnérabilité des personnes handicapées face aux conséquences du changement climatique découle en fin de compte des multiples barrières économiques, sociales et politiques qui entravent leur pleine participation à la société. Les personnes handicapées sont généralement parmi les plus marginalisées au sein d'une communauté et font face à un accès disparate à l'éducation, aux soins de santé, à l'emploi, aux transports et à d'autres biens et services de base. Leurs droits et perspectives sont souvent négligés dans la conception des efforts d'adaptation au climat et d'intervention en cas de catastrophe.

 

En raison de l'inaccessibilité aux services d'urgence et de secours, les personnes handicapées connaissent des taux de mortalité disproportionnellement élevés lors d'événements météorologiques violents alimentés par le changement climatique, tels que les cyclones, les inondations ou les vagues de chaleur, a poursuivi M. Jodoin.

 

Les États ont l’obligation d'adopter et de mettre en œuvre des mesures d'atténuation et d'adaptation au changement climatique qui peuvent efficacement prévenir et minimiser les impacts du changement climatique pour les personnes handicapées. Cette obligation s'étend au domaine international et exige que les États accordent la priorité aux droits des personnes handicapées dans leurs programmes sur le climat. Plus largement, en vertu du droit international ainsi que de la majorité des systèmes juridiques nationaux du monde, les gouvernements sont tenus de respecter, protéger et réaliser les droits des personnes handicapées dans l'élaboration, la mise en œuvre, le suivi et l'évaluation des politiques et programmes climatiques.

 

Les personnes handicapées devraient être reconnus comme des agents qui peuvent apporter de précieuses contributions aux efforts du monde pour atteindre la neutralité carbone et s’adapter à notre planète en mutation. Les personnes handicapées sont des experts en résilience et en innovation, a conclu M. Jodoin.

 

Enfin, MME DEBORAH IYUTE OYUU, chargée de programmes à l’Union nationale des personnes handicapées de l’Ouganda, a fait observer qu’en reconnaissant les personnes handicapées comme des sujets de droits, la Convention relative aux droits des personnes handicapées donnait des orientations pour la formulation de politiques d'action climatique incluant le handicap et pour l'autonomisation des personnes handicapées en tant qu'agents de changement. En outre, la Convention propose une approche basée sur les droits de l'homme et centrée sur les personnes pour rendre l'action climatique efficace, en s'attaquant aux causes profondes de la marginalisation et de l'exclusion, en favorisant la justice sociale ainsi qu’une participation et une consultation significatives, et en luttant contre la discrimination.

 

Mme Iyute Oyuu a recommandé aux États que leurs lois intègrent une interdiction claire de toutes les formes de discrimination fondée sur le handicap, ainsi que du refus d'aménagement raisonnable. Les États devraient aussi consulter activement les personnes handicapées et les faire participer à toutes les décisions relatives à la prévention et à l'atténuation du changement climatique.  Il importe aussi que les droits et les opinions des femmes et des filles handicapées soient pris en compte dans les politiques relatives au changement climatique.

 

Aperçu du débat

 

Une délégation a relevé que l’année 2020 était d’ores et déjà appréhendée comme l’année la plus chaude jamais enregistrée, avec des répercussions disproportionnées sur les personnes vulnérables, notamment les personnes handicapées. 

 

Plusieurs délégations ont regretté l’impact sévère des changements climatiques sur les personnes handicapées et ont souligné que la discrimination à l’encontre des femmes handicapées est plus importante que celle subie par les hommes handicapés.

 

Les groupes les plus vulnérables sont souvent ceux qui trouvent les solutions les plus novatrices, basées sur leur situation concrète, a fait remarquer une délégation.

 

Les effets du changement climatique doivent être analysés par une évaluation des risques et donner lieu à un programme de renforcement des capacités, a-t-il été souligné.  Une délégation a insisté sur l’importance de la coopération régionale et internationale pour aborder les changements climatiques et leur impact sur les populations. Il faut augmenter le financement des programmes alloués à la lutte contre les changements climatiques, a insisté une autre délégation.

 

Environ 80% des personnes handicapées ne seraient pas en mesure d’être évacuées en cas de catastrophe naturelle, a déploré une délégation. Il faut sensibiliser la communauté internationale à la nécessité d’impliquer les personnes handicapées dans l’élaboration des programmes relatifs à la gestion des catastrophes, a-t-elle insisté.

 

*Liste des intervenants : Finlande (au nom des pays nordiques et baltes), Union européenne, Burkina Faso (au nom du Groupe africain), Azerbaïdjan (au nom du Mouvement des non-alignés), Viet Nam (au nom de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est), Nauru (au nom d’un groupe de pays), Mexique (au nom d’un groupe de pays), Bangladesh (au nom d’un groupe de pays), Népal, Équateur, ONU-Femmes, Fidji, Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), Sierra Leone, Chine, Pakistan, Sénégal, Arménie, Venezuela, Iran, Chili, Cuba, Indonésie, Iraq, Commission nationale des droits de l’homme de la Nouvelle-Zélande, Center for International Environmental Law, Associazione Comunita Papa Giovanni XXIIISouth Youth OrganizationEarthjustice, et Institut international pour les droits et le développement.

 

Réponses et conclusions des panélistes

 

Pour MME DEVANDAS AGUILAR, l’enseignement principal du débat est que, dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques, il faut toujours avoir pour objectif de faire respecter les droits de l’homme des personnes handicapées, conformément aux dispositions de la Convention relative aux droits de ces personnes et aux autres instruments internationaux qui contiennent une stratégie d’intégration. La Rapporteuse spéciale a insisté sur le fait que l’inclusion des personnes handicapées dépendait de l’élimination des inégalités qui les frappent et de leur participation aux prises de décision.

 

M. JODOIN a insisté sur les obligations des pays au titre de la Convention relative aux droits des personnes handicapées, en vertu de laquelle ils doivent appliquer des politiques d’intégration et d’adaptation des personnes handicapées. Il existe depuis plusieurs années déjà des initiatives pour veiller à ce que les personnes handicapées bénéficient d’une meilleure accessibilité ; aussi, les compétences sont-elles disponibles dans ce domaine parmi les personnes handicapées, compétences que les États doivent utiliser, en sus de celles des experts. Le professeur Jodoin a recommandé que le Conseil nomme un rapporteur spécial sur la question du changement climatique et des personnes handicapées.

 

Pour finir, MME IYUTE OYUU a elle aussi insisté sur la nécessaire inclusion des personnes handicapées à tous les niveaux. Elle a décrit la collaboration de son association avec le Gouvernement ougandais pour pallier les déficiences de l’action contre les effets du changement climatique sur les personnes handicapées. Les personnes handicapées doivent jouir des mêmes droits, dans tous les pays, a plaidé Mme Iyute Oyuu.

 

Fin du dialogue avec l’Expert indépendant sur la protection contre la violence et la discrimination fondées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre

 

Aperçu du dialogue

 

Un groupe de pays a déploré que les personnes LGBTI soient victimes de discriminations aggravées dans leur vie quotidienne pendant la pandémie de COVID-19, les jeunes LGBTI en particulier étant exposés à la violence. Les États doivent éradiquer toute forme de discrimination et lutter contre les inégalités pour instaurer des sociétés inclusives, ont souligné plusieurs délégations.  Toute personne a le droit d’être qui elle est et d’aimer qui elle veut, a insisté un groupe d’États, ajoutant qu’il est « triste que certains croient que les droits humains ne sont pas pour tout le monde ».

 

Des délégations ont fait état des lois que leurs pays ont adoptées pour garantir le respect des droits des personnes LGBTI. Nombre d’intervenants ont recommandé de décriminaliser les relations entre personnes du même sexe et d’interdire les « thérapies de conversion », vu leur caractère discriminatoire, leur inefficacité et leurs dangers, surtout quand elles visent des jeunes. L’orientation sexuelle n’est pas une maladie et l’OMS a retiré l'homosexualité de la liste des maladies mentales il y a trente ans déjà, a-t-il été rappelé.

 

Plusieurs pays ont cité les mesures qu’ils ont prises pour changer l’image des personnes LGBTI, instaurer en leur faveur des mesures de protection contre la violence et l’exclusion, ou encore faire respecter leurs libertés et la pleine jouissance de leurs droits fondamentaux. Une délégation a mentionné l’adoption d’un plan national de mobilisation contre la haine et les discriminations anti-LGBTI.

 

Un intervenant a insisté sur l’importance de respecter également les coutumes nationales.

 

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mardi 7 juillet 2020

LE CONSEIL DES DROITS DE L’HOMME DIALOGUE AVEC LE RAPPORTEUR SPÉCIAL SUR L’EXTRÊME PAUVRETÉ

LE CONSEIL DES DROITS DE L’HOMME DIALOGUE AVEC LE RAPPORTEUR SPÉCIAL SUR L’EXTRÊME PAUVRETÉ

 

 ONU-Geneve.jpg, juil. 2020

 

Il achève par ailleurs son dialogue avec la Présidente-Rapporteuse du Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles

 

 Le Conseil des droits de l’homme a tenu ce matin un dialogue interactif avec le Rapporteur spécial sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme, M. Olivier De Schutter, après avoir achevé son dialogue – entamé hier – avec Mme Elizabeth Broderick, la Présidente du Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles. 

 

Présentant le rapport de M. Philip Alston, son prédécesseur au mandat de Rapporteur spécial sur l’extrême pauvreté, M. De Schutter a indiqué que dans son rapport final, le professeur Alston livre trois messages sur les causes structurelles de l'extrême pauvreté.  D’abord, nous devrions cesser de nous concentrer sur la croissance économique pour réduire la pauvreté et nous concentrer plutôt sur la réduction des inégalités et la redistribution des richesses.  À ce propos, M. De Schutter a indiqué qu’il travaillerait, pendant son propre mandat, sur la création d’un fonds mondial pour la protection sociale.  Ensuite, la philanthropie ne doit pas se substituer au rôle protecteur des gouvernements.  Enfin, le professeur Alston appelle à la justice fiscale, à l'approfondissement de la démocratie et à l'adoption d'une gouvernance participative, a indiqué M. De Schutter. 

 

Officiellement, nous aurions réussi entre 1990 et 2015 à réduire le nombre de personnes vivant dans l'extrême pauvreté de 1,9 milliard à 736 millions.  Mais ce chiffre, remarque le professeur Alston dans son rapport, est basé sur une mesure insatisfaisante de la pauvreté – à savoir le seuil international de pauvreté utilisé par la Banque mondiale, qui est fixé à 1,90 dollar des États-Unis par jour.  Or, si l'on exclut la Chine, le nombre de personnes vivant avec moins de 2,50 dollars par jour aurait à peine changé au cours de cette période, et même augmenté de 140 millions de personnes en Afrique subsaharienne et au Moyen-Orient.  Le professeur Alston nous appelle donc à adopter une mesure de la pauvreté plus réaliste, basée sur la satisfaction des besoins fondamentaux et des capacités des individus.

 

La Malaisie et l’Espagne, pays faisant l’objet d’additifs au rapport de M. Alston pour avoir reçu des visites de l’ancien Rapporteur spécial, se sont ensuite exprimés en tant que pays concernés, ainsi que le Défenseur du peuple espagnol.  De nombreuses délégations** ont ensuite pris part au dialogue interactif avec M. De Schutter.  Les intervenants ont appelé à une plus grande coopération internationale pour faire face à l’extrême pauvreté, soulignant qu’une réponse uniquement économique ne suffira pas à cet égard.  Il a été recommandé d’adopter une approche de la lutte contre la pauvreté extrême qui soit fondée sur les droits de l’homme.

 

À l’occasion du dialogue avec Mme Broderick – auquel ont pris part de nombreuses délégations* - plusieurs intervenants ont appelé à mettre l’accent sur la lutte contre la discrimination structurelle et systémique, qui constitue une source d’inégalité en matière d’emploi et de rémunération et résulte notamment de la persistance des stéréotypes de genre.  Concluant le dialogue, la Présidente-Rapporteuse du Groupe de travail a indiqué que la pandémie de COVID19 avait bien exacerbé les inégalités, les discriminations et les violences à l’encontre des femmes. 

 

Cet après-midi à 15 heures, le Conseil doit terminer son dialogue entamé hier avec la Rapporteuse spéciale sur l’élimination de la discrimination à l’égard des personnes touchées par la lèpre et des membres de leur famille, avant de tenir un dialogue avec Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes, ses causes et ses conséquences et avec l’Expert indépendant sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre.

 

Les séances de la quarante-quatrième session du Conseil sont retransmises sur le site UN Web TV.

 

 

Suite du dialogue interactif avec le Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles

 

Aperçu du dialogue

 

Une délégation a indiqué que des facteurs protéiformes limitent encore considérablement la participation des femmes à la vie économique sur le même pied d’égalité que les hommes, notamment pour ce qui est du respect du principe de rémunération égale pour un travail égal.  Plusieurs délégations ont regretté la prédominance des hommes dans les secteurs de pointe.

 

Il faut mettre l’accent sur la lutte contre la discrimination structurelle et systémique, qui constitue une source d’inégalité en matière d’emploi et de rémunération et résulte notamment de la persistance des stéréotypes de genre, ont insisté plusieurs délégations. 

 

Une délégation a par ailleurs dénoncé le harcèlement sexuel dans le domaine du travail. 

 

Plusieurs délégations se sont inquiétées des répercussions de la COVID-19 sur l’autonomisation des femmes et leur accès au marché du travail. 

 

Une organisation a plaidé pour la dépénalisation du travail de sexe afin de protéger les travailleuses du sexe contre les discriminations et les violences. 

 

Il faut par ailleurs reconnaître le travail non rémunéré comme celui lié à l’éducation des enfants, a plaidé une autre délégation.

 

Réponses et conclusion de la Présidente-Rapporteuse

 

MME ELIZABETH BRODERICK, Présidente-Rapporteuse du Groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles, a expliqué que dans le domaine de la lutte contre les stéréotypes sur les lieux de travail, il est important de rappeler aux États de respecter les obligations découlant de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et de la Convention n°190 de l’Organisation internationale du Travail sur la violence et le harcèlement. 

 

Il faut adopter des mesures temporaires spéciales en faveur des femmes dans les nouveaux secteurs de l’économie afin d’y accélérer la présence des femmes, a d’autre part affirmé la Présidente-Rapporteuse du Groupe de travail.  Il faut aussi encourager les hommes à prendre des congés parentaux, afin de lutter contre les stéréotypes, a-t-elle ajouté. 

 

S’agissant la pandémie de COVID19, le Groupe de travail a établi qu’elle avait bien exacerbé les inégalités, les discriminations et les violences à l’encontre des femmes, a poursuivi Mme Broderick.  Il faut modifier en profondeur l’économie, en privilégiant les femmes et leur autonomisation.  Un monde du travail qui réalise les droits des femmes sera positif pour les femmes mais aussi pour tout le monde, a conclu la Présidente-Rapporteuse. 

 

*Liste des intervenants: Djibouti, Slovénie, Uruguay, Géorgie, Myanmar, Ghana, Japon, Paraguay, Australie, Israël, Éthiopie, Cambodge, Syrie, Kenya, Action Canada pour la population et le développement, Make Mothers Matter, Fédération des femmes et de la planification familiale, VIVAT InternationalCenter for Reproductive RightsRight Livelihood Award Foundation, Association lesbienne et gay internationale - Europe, Federatie van Nederlandse Verenigingen tot integratie van homoseksualiteit, Ingénieurs du monde, Global Institute for WaterEnvironment and Health

 

Dialogue avec le Rapporteur spécial sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme

 

Présentation du rapport

 

Le Conseil était saisi du dernier rapport préparé par M. Philip Alston, précédent Rapporteur spécial sur l’extrême pauvreté – rapport intitulé «The Parlous State of Poverty Eradication» (L'état alarmant de l'éradication de la pauvreté) et publié sous la cote A/HRC/44/40 (en l’état actuel, il s’agit d’une version préliminaire en anglais).  Présenté par le nouveau Rapporteur spécial sur l’extrême pauvreté, M. OLIVIER DE SCHUTTER, le rapport est accompagné de deux additifs qui relatent également les visites de M. Alston en Malaisie (Add.1) et en Espagne (Add.2)

 

Dans sa présentation, M. De Schutter a relevé qu’officiellement, nous aurions réussi entre 1990 et 2015 à réduire le nombre de personnes vivant dans l'extrême pauvreté de 1,9 milliard à 736 millions.  Mais ce chiffre, remarque le professeur Alston dans son rapport, est basé sur une mesure insatisfaisante de la pauvreté, à savoir le seuil international de pauvreté utilisé par la Banque mondiale, qui est fixé à 1,90 dollar des États-Unis par jour.  Or, si l'on exclut la Chine, le nombre de personnes vivant avec moins de 2,50 dollars par jour aurait à peine changé au cours de cette période, et même augmenté de 140 millions de personnes en Afrique subsaharienne et au Moyen-Orient.  Le professeur Alston nous appelle donc à adopter une mesure de la pauvreté plus réaliste, basée sur la satisfaction des besoins fondamentaux et des capacités des individus. 

 

Dans son rapport final, le professeur Alston livre trois messages sur les causes structurelles de l'extrême pauvreté.  D’abord, nous devrions cesser de nous concentrer sur la croissance économique pour réduire la pauvreté et nous concentrer plutôt sur la réduction des inégalités et la redistribution des richesses, plaide-t-il.  À ce propos, M. De Schutter a indiqué qu’en ce qui le concerne, il travaillerait, pendant son propre mandat, sur la création d’un fonds mondial pour la protection sociale.  Ensuite, la philanthropie ne doit pas se substituer au rôle protecteur des gouvernements, poursuit le professeur Alston dans son rapport.  Enfin, ce dernier appelle à la justice fiscale, à l'approfondissement de la démocratie et à l'adoption d'une gouvernance participative. 

 

Lors de sa visite en Malaisie, le professeur Alston a constaté d’«immenses progrès réalisés en matière de lutte contre la pauvreté».  Toutefois, le professeur Alston souligne que le seuil national de pauvreté est encore fixé à un niveau trop bas (moins de 2 dollars par jour) pour être significatif.  Selon ce seuil officiel, à peine 0,4% des Malaisiens vivraient dans l'extrême pauvreté, soit 25 000 familles seulement.  Le rapport souligne que les pauvres urbains, les autochtones, les migrants, et les non-citoyens, en particulier les femmes migrantes employées comme domestiques, sont particulièrement exposés au risque de passer entre les mailles du filet de protection sociale en Malaisie.

 

Enfin, dans son rapport concernant l'Espagne, qu'il a visitée entre le 27 janvier et le 7 février 2020, le professeur Alston s'intéresse à un pays riche qui, cependant, compte encore plus d'un quart de sa population menacée de pauvreté ou d'exclusion sociale, et qui est confronté à une crise du logement de grande ampleur, ainsi qu'à un niveau structurellement élevé de chômage des jeunes. 

 

S’agissant de ce dernier pays, M. De Schutter a toutefois salué l'introduction en Espagne du régime de revenu minimum, qui bénéficie à quelque 1,6 million de personnes en situation d'extrême pauvreté, tout en appelant à la suppression de tout obstacle bureaucratique susceptible de réduire le taux de participation à ce régime.  Plus récemment, le nouveau Rapporteur spécial a exprimé son inquiétude quant à la situation des travailleurs saisonniers migrants employés dans l'industrie de la cueillette des fraises en Espagne, qui travaillent dans des conditions d'exploitation et vivent dans des logements insalubres. 

 

Pays concernés

 

Le représentant de la Malaisie a remercié le Rapporteur spécial d'avoir reconnu les immenses progrès réalisés par le pays en matière de lutte contre la pauvreté.  La Malaisie apprécie aussi les principales recommandations du Rapporteur spécial.  Le représentant malaisien a fait savoir que les autorités malaisiennes étaient en train de réévaluer le revenu correspondant au seuil de pauvreté.  D’autre part, pour lutter contre la pauvreté, encore aggravée par la pandémie de COVID-19, le Gouvernement a mis en place un plan de relance économique d'une valeur de 260 milliards de ringgits [soit environ 50 milliards d’euros].  Un fonds de sécurité alimentaire d'un milliard de ringgit a en outre été alloué pour assurer un approvisionnement alimentaire suffisant et continu, a ajouté le représentant malaisien. 

 

Le représentant de l’Espagne a pris note de la présentation du rapport du Rapporteur spécial et a rappelé que celui-ci avait bénéficié de l’invitation ouverte lancée par le pays à tous les titulaires de mandats au titre des procédures spéciales.  Pendant douze jours, M. Alston s’est ainsi entretenu avec des responsales nationaux et locaux, de même qu’avec la société civile, a indiqué le représentant espagnol.  L’Espagne, a-t-il ajouté, ne souscrit pas à toutes les préoccupations du Rapporteur spécial mais elle n’en examinera pas moins toutes les recommandations qu’il a adressées au pays.

 

Pendant sa visite, a poursuivi le représentant espagnol, le Rapporteur spécial a relevé des problèmes structurels mais a aussi reconnu que les autorités espagnoles partageaient les mêmes préoccupations que lui – même si partiellement – et qu’elles étaient prêtes à engager des réformes pour y remédier ; or, le rapport contient relativement peu de propositions à cette fin, a regretté le représentant espagnol.

 

Alors que le Rapporteur spécial constate que certains groupes sont particulièrement frappés par la pauvreté extrême, les autorités espagnoles sont conscientes du problème et agissent pour y remédier, a par ailleurs assuré le représentant espagnol, faisant en particulier valoir l’instauration du revenu minimum qui profitera à quelque 3,5 millions de personnes.

 

Le Défenseur du peuple de l’Espagne a affirmé que rares sont les avancées enregistrées dans le domaine de la lutte contre la pauvreté.  L’accès au logement est un problème significatif en Espagne, notamment pour les jeunes et les familles vulnérables, qui devraient pouvoir compter de toute urgence sur des aides publiques pour se loger, a souligné le Défenseur.  L’offre de logement public doit augmenter pour régler ce problème, a-t-il ajouté. 

 

S’agissant les lieux où vivent les travailleurs migrants, le Défenseur souscrit aux recommandations contenues dans le rapport du Rapporteur spécial.  Les municipalités doivent agir pour lutter contre ce problème de santé publique ; il faut mettre en place des nouveaux programmes qui n’existent pas encore dans ce domaine, a plaidé le Défenseur du peuple espagnol. 

 

Aperçu du dialogue

 

Les intervenants ont appelé à une plus grande coopération internationale pour faire face à la pauvreté extrême ; une réponse uniquement économique ne suffira pas à cet égard, a-t-il été relevé.  L’approche de la lutte contre la pauvreté extrême devrait être fondée sur les droits de l’homme et encadrée par le Programme de développement durable à l’horizon 2030, ont recommandé de nombreux intervenants.  La protection sociale universelle, en tant que droit humain, est un outil essentiel contre la pauvreté extrême, ont aussi estimé plusieurs pays. 

 

La crise liée à la COVID-19 aggravera la pauvreté partout dans le monde, a-t-il en outre été souligné.  La maladie touche en premier lieu les personnes en situation d’extrême pauvreté, a-t-il été observé.  Il convient donc dans ce contexte de combattre toute marginalisation due à l’extrême pauvreté, s’agissant notamment de l’exercice des droits à la santé et au travail et des droits civils et politiques ; il faut veiller à ce que la pandémie ne renforce pas durablement les inégalités existantes, a-t-on insisté.

 

Une délégation a mis en garde contre le risque d’éclatement d’une crise de la dette en Afrique du fait de la pandémie.

 

Pour remédier à la pauvreté, les délégations ont par ailleurs préconisé de lutter contre le chômage, de favoriser la création de petites entreprises, de venir en aide aux personnes employées dans le secteur informel ou encore d’appuyer les petits exploitants agricoles. 

 

Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a estimé que la mesure actuelle de la pauvreté, insuffisante, devrait tenir compte de davantage de critères. 

 

Une organisation non gouvernementale a estimé que, comme la crise climatique, les pandémies sont la conséquence de la destruction de la nature par l'homme, à grande échelle.  Les pandémies et catastrophes climatiques futures ne peuvent être évitées qu'en adoptant de nouveaux systèmes qui respectent la planète, a souligné l’ONG.

 

Un groupe de pays a dit soutenir la mission très difficile du Rapporteur spécial, surtout dans le contexte actuel de pandémie.  Le titulaire du mandat a été appelé à se pencher sur l’effet des mesures coercitives unilatérales sur le niveau de pauvreté dans les pays visés par de telles mesures. 

 

Plusieurs questions ont porté sur le fonds social mondial évoqué dans la présentation de M. De Schutter.

 

Réponses et conclusion du Rapporteur spécial

 

M. DE SCHUTTER a dit partager la préoccupation exprimée par les délégations face aux conséquences de la COVID-19 sur la pauvreté extrême.  La pandémie est un « tsunami » qui va détériorer encore la situation des personnes déjà précaires et vulnérables.  Les travailleurs manuels, qui ne peuvent pas travailler de chez eux, ainsi que les personnes actives dans le secteur informel, sont particulièrement à risque d’appauvrissement dans le contexte actuel, a souligné l’expert.  De même, les pays en voie de développement sont dans une situation plus difficile que les pays riches face à la COVID-19, les effets de la pandémie ayant déjà effacé une partie des progrès enregistrés par certains États, sans compter la perte d’une grande partie des transferts de fonds par les diasporas.

 

À ce jour, 168 pays ont pris mesures temporaires de protection sociale pour atténuer les effets de la crise de COVID-19, a indiqué M. De Schutter.  Il a demandé aux États de pérenniser ces mesures et de les étendre également aux travailleuses et travailleurs du secteur informel, soit 400 millions de personnes dans le monde.  L’expert a lui aussi appelé à une plus grande solidarité internationale contre la pauvreté. 

 

Le Rapporteur spécial a ensuite présenté ses quatre prochains thèmes de travail : une transition écologique juste et compatible avec la lutte contre la pauvreté ; la création d’un mécanisme international pour financer les filets de protection sociale ; la transmission intergénérationnelle de la pauvreté et la discrimination vécue par les personnes vivant dans la pauvreté ; et enfin l’avenir de la protection sociale. 

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lundi 6 juillet 2020

LE CONSEIL SE PENCHE SUR LES DROITS DES MIGRANTS ET SUR L’ÉLIMINATION DE LA DISCRIMINATION A L’ÉGARD DES PERSONNES TOUCHÉES PAR LA LÈPRE

LE CONSEIL SE PENCHE SUR LES DROITS DES MIGRANTS ET SUR L’ÉLIMINATION DE LA DISCRIMINATION A L’ÉGARD DES PERSONNES TOUCHÉES PAR LA LÈPRE

 

 Freddy Mulongo-Conseil des droits de l'homme 18.jpg, juil. 2020

 

Le Conseil des droits de l’homme a entendu, cet après-midi, la présentation des rapports du Rapporteur spécial sur les droits de l'homme des migrants, M. Felipe González Morales, et de la Rapporteuse spéciale sur l'élimination de la discrimination à l'égard des personnes touchées par la lèpre et des membres de leur famille, Mme Alice Cruz. 

 

Présentant son rapport, qui contient une étude sur le droit à la liberté d'association des migrants et de leurs défenseurs, ainsi que le compte rendu des visites qu’il a effectuées en Hongrie et en Bosnie-Herzégovine, M. González Morales a déploré l’apparition dans de nombreux pays d’un discours toxique sur le rôle des organisations de la société civile qui aident les migrants.  Il a en outre jugé urgent d’agir pour protéger les droits syndicaux des migrants, l’exercice du droit d’association étant essentiel pour les sortir de la marginalisation.

 

S’agissant de la Hongrie, le Rapporteur spécial s’est dit heureux d'apprendre que les autorités avaient, après sa visite, fermé les zones de transit pour migrants et transféré toutes les personnes qui y étaient détenues dans des établissements ouverts ou semi-ouverts.  Il s’est néanmoins dit préoccupé par l'utilisation d'une rhétorique discriminatoire à l'encontre des migrants et demandeurs d'asile par des fonctionnaires hongrois.  Pour ce qui est de la Bosnie-Herzégovine, M. González Morales a notamment accueilli avec satisfaction la fermeture, après sa visite, du site de Vucjak – les migrants qu’abritait ce site ayant été transférés vers un nouveau lieu d'accueil près de Sarajevo. 

 

Suite à cette présentation, la Hongrie est intervenue en tant que pays concerné et de nombreuses délégations* ont ensuite pris part au dialogue avec le Rapporteur spécial.  La protection des droits de l’Homme et des libertés fondamentales des personnes migrantes, quel que soit leur statut, doit rester une priorité pour les États, y compris dans le contexte du coronavirus, ont déclaré plusieurs délégations. 

 

Présentant son rapport, Mme Cruz a quant à elle regretté que, dans un contexte où la lèpre – à travers le monde – est toujours synonyme de mort civile, neuf des dix pays dans lesquels elle a souhaité effectuer une visite ne l'aient pas invitée.  Elle a estimé que les leçons tirées de la lèpre peuvent éclairer utilement les ripostes de santé publique dans la lutte contre la pandémie de Covid-19.

 

La Rapporteuse spéciale a par ailleurs rendu compte des visites qu’elle a effectuées au Brésil - deuxième pays au monde pour le nombre absolu de nouveaux cas de maladie de Hansen (dénomination officielle de la lèpre au Brésil) – et au Japon – où la maladie de Hansen est aujourd'hui rare, mais où, jusqu'à la dernière décennie du XXe siècle, l’histoire de la lèpre s’est caractérisée par de nombreuses violations des droits de l’homme, pour lesquelles l'État a d’ailleurs présenté des excuses officielles. 

 

Le Brésil et le Japon ont ensuite fait des déclarations en tant que pays concernés, avant que plusieurs délégations** n’engagent le débat avec la Rapporteuse spéciale.  Avant toute chose, la déshumanisation et les stéréotypes visant les personnes touchées par la lèpre et les membres de leur famille doivent cesser pour que les autres outils d'intervention soient efficaces, a-t-il notamment été souligné.  Le débat avec Mme Cruz se poursuivra demain après-midi

 

À la fin de la séance, l’Iran a exercé son droit de réponse.

 

 

Demain matin, à 10 heures, le Conseil examinera les rapports des Rapporteurs spéciaux sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme et sur la violence envers les femmes, après avoir achevé le dialogue – entamé ce matin – avec le Groupe de travail sur la discrimination contre les femmes en droit et dans la pratique.

 

Les séances de la quarante-quatrième session du Conseil sont retransmises sur le site UN Web TV.

 

 

Dialogue avec le Rapporteur spécial sur les droits de l'homme des migrants

 

Présentation du rapport

 

Le Conseil était saisi du rapport de M. FELIPE GONZÁLEZ MORALES, Rapporteur spécial sur les droits de l'homme des migrants (A/HRC/44/42), qui contient une étude sur le droit à la liberté d'association des migrants et de leurs défenseurs, ainsi que des deux additifs au rapport contenant les comptes rendus des deux visites que le Rapporteur spécial a effectuées en Hongrie (Add.1) et en Bosnie-Herzégovine (Add.2). 

 

Présentant son rapport, M. González Morales a indiqué que le droit international des droits de l'homme garantissait aux migrants le droit à la liberté d'association et que les pays qui ont des associations de migrants actives ont constaté des améliorations en matière de droits des migrants.  Mais des obstacles juridiques et pratiques à l'organisation des migrants existent partout, notamment pour ce qui concerne l’activité syndicale, a souligné le Rapporteur spécial. 

 

D’autre part, a déploré M. González Morales, un discours toxique sur le rôle des organisations de la société civile qui aident les migrants est apparu dans de nombreux pays.  Or, la solidarité joue un rôle crucial dans le soutien aux migrants en situation périlleuse, a-t-il rappelé.

 

Rendant ensuite compte de la visite qu’il a effectuée en Hongrie en juillet 2019, le Rapporteur spécial s’est dit heureux d'apprendre que les autorités avaient, après sa visite, fermé les zones de transit pour migrants et transféré toutes les personnes qui y étaient détenues dans des établissements ouverts ou semi-ouverts.  M. González Morales s’est néanmoins dit préoccupé par l'utilisation d'une rhétorique discriminatoire à l'encontre des migrants et demandeurs d'asile par des fonctionnaires hongrois. 

 

Rendant également compte de la visite qu’il a effectuée en Bosnie-Herzégovine, toujours en 2019, le Rapporteur spécial a constaté avec satisfaction que la détention des immigrants y est utilisée en dernier recours et qu’ils ont généralement accès aux services de base.  Il a accueilli avec satisfaction la fermeture, en décembre 2019, après sa visite, du site de Vucjak, les migrants qu’abritait ce site ayant été transférés vers un nouveau lieu d'accueil près de Sarajevo.  M. González Morales a par ailleurs déploré que des migrants aient été repoussés avec violence par des policiers croates à la frontière avec la Bosnie-Herzégovine.  Il a demandé que les autorités croates enquêtent sur ces faits.

 

Pour conclure, le Rapporteur spécial a fait observer que la pandémie de COVID-19 avait considérablement aggravé les conditions de vie des migrants, notamment parce qu’ils n'ont pas accès aux principaux services publics, y compris les services de santé, et que certains d'entre eux travaillent sans mesures préventives suffisantes.

 

Pays concerné

 

La représentante de la Hongrie a dit avoir pris note de la différence qu’établit le Rapporteur spécial entre migrants en situation régulière et migrants en situation irrégulière, une distinction qui importe aussi à l’État.  Le Rapporteur spécial a obtenu une coopération totale de la part des autorités et a pu, pendant sa visite, rencontrer toutes les personnes qu’il a souhaité, a-t-elle ajouté. 

 

La représentante a cependant regretté que le rapport contienne des erreurs factuelles sur les conditions de vie dans les camps de transit, sur le nombre exact de demandes d’asile en Hongrie et sur le cadre législatif relatif à l’immigration – un cadre adopté au plus fort des flux migratoires, en 2015, a-t-elle précisé.  Dans tous les cas, a ajouté la représentante, la Hongrie a toujours appliqué les normes européennes pour le traitement des dossiers des immigrés et aucune mesure ne vise les personnes qui viennent en aide aux migrants.

 

Aperçu du dialogue interactif

 

La protection des droits de l’Homme et des libertés fondamentales des personnes migrantes, quel que soit leur statut, doit rester une priorité pour les États, y compris dans le contexte du coronavirus, ont déclaré plusieurs délégations, en expliquant que la COVID-19 touche de manière disproportionnée les personnes vulnérables et notamment les migrants.

 

Plusieurs délégations ont défendu le droit d’association pour les migrants, rappelant qu’il s’agissait là d’un droit pour tous.  Les libertés fondamentales doivent être garanties pour les personnes migrantes, a-t-on insisté.  Pour assurer que leur voix soit entendue, il faut aussi garantir la liberté d’expression des migrants et lutter contre les obstacles linguistiques auxquels ils se heurtent, a souligné une délégation. 

 

Certains intervenants ont mis en exergue l’apport positif des migrants pour l’économie tant du pays d’accueil que du pays d’origine.  Plusieurs délégations ont partagé la préoccupation du Rapporteur spécial concernant la situation des femmes migrantes et des travailleurs domestiques. 

 

La flexibilisation croissante et le manque de réglementation aboutissent à une précarisation générale dans le monde du travail, a-t-il été rappelé.  Un traitement inégal des travailleurs migrants impacte de manière négative leurs conditions de vie, de salaires et de travail sur les marchés nationaux, a souligné une délégation. 

 

Plusieurs délégations ont dénoncé les discours de haine et le racisme à l’encontre des migrants dans certaines régions du monde, notamment en Europe et aux États-Unis.  Un grand nombre d’intervenants ont rendu hommage aux organisations de la société civile qui prennent en charge les migrants ; il faut que les organisations qui aident les migrants puissent travailler en toute autonomie et transparence, ont-elles plaidé, tout en condamnant les actes d’intimidation et les représailles à l’encontre de ces organisations et de leurs membres. 

 

Réponses et conclusion du Rapporteur spécial

 

M. GONZÁLEZ MORALES a indiqué que dans le cadre de sa visite «très efficace» en Hongrie, la question s’est posée, avec les autorités hongroises, de la capacité du mandat de traiter ou non le domaine de l’assistance judiciaire aux migrants.  Le Rapporteur spécial estime à cet égard que les migrants ont le droit de faire appel des décisions concernant leur statut migratoire.

 

D’une manière plus générale, le Rapporteur spécial a insisté sur le fait que l’exercice du droit d’association est essentiel pour les migrants, afin qu’ils puissent sortir de la marginalisation dans laquelle ils sont plongés.  La liberté syndicale est essentielle pour que les migrants ne soient pas confondus avec les délinquants, a-t-il insisté.  Quant aux femmes migrantes, qui n’ont aucun ou très peu de droits syndicaux, elles courent davantage de risque d’être exploitées, a fait observer M. González Morales.

 

Le Rapporteur spécial a jugé urgent d’agir pour protéger les droits syndicaux des migrants et les personnes qui les défendent.  Les États pourraient commencer par mettre leurs lois en conformité avec le droit international s’agissant du droit d’association et du droit syndical.  En outre, des enquêtes devraient être réalisées – et des sanctions prises – au sujet des véritables campagnes organisées de harcèlement contre les défenseurs des droits de l’homme, a ajouté M. González Morales.

 

*Liste des intervenants: Union européenne, Burkina Faso (au nom du Groupe africain), Mexique (au nom d’un groupe de pays), Équateur (au nom d’un groupe de pays), Fonds des Nations Unies pour l’enfance, ONU Femmes, Togo, Fédération de Russie, Équateur, Thaïlande, Libye, Chine, Croatie, Venezuela, Tunisie, France, Pakistan, Sénégal, Arménie, Inde, Philippines, Portugal, Syrie, Iran, Bangladesh, Indonésie, Maroc, Afghanistan, Iraq, Irlande, Turquie, Égypte, Maldives, Népal, Uruguay, Îles Marshall, Serbie, Algérie, Albanie, Niger, Myanmar, Éthiopie, Sri Lanka, Liban, Pays-Bas, Bolivie, Tchad, Women’s international League for Peace and Freedom, Comité consultatif mondial de la Société des amis, Organisation mondiale contre la torture - OMCT, Franciscans InternationalGlobal Institute for Water, Environment and HealthComision Mexicana de Defensa y Promocio de los Derechos Humanos, CIVICUS – Alliance mondiale pour la participation des citoyens, Human Rights Watch, Mouvement international de la réconciliation, et China Family Planning Association.

 

Dialogue avec la Rapporteuse spéciale sur l'élimination de la discrimination à l'égard des personnes touchées par la lèpre

 

Présentation du rapport

 

Le Conseil était saisi du rapport de la Rapporteuse spéciale sur l'élimination de la discrimination à l'égard des personnes touchées par la lèpre et des membres de leur famille, MME ALICE CRUZ (A/HRC/44/46, à paraître en français), ainsi que des deux additifs au rapport concernant les visites qu’elle a effectuées au Brésil (Add.2) et au Japon (Add.1, version préliminaire en anglais).  Le rapport contient notamment des recommandations pour aider les États à préparer « un cadre stratégique pour l’élaboration de plans d’action fondés sur les droits visant à garantir que les personnes touchées par la lèpre et les membres de leur famille soient effectivement traités dans des conditions d’égalité avec les autres ».

 

MME CRUZ a indiqué s’être rendue en mai 2919 au Brésil, qui est le deuxième pays au monde pour le nombre absolu de nouveaux cas de maladie de Hansen (dénomination officielle de la lèpre au Brésil).  Les obstacles structurels à la jouissance de leurs droits par les personnes touchées par la maladie sont de puissants déterminants de l'incidence de la maladie de Hansen, a souligné la Rapporteuse spéciale.  Le Brésil devrait remédier aux désavantages socioéconomiques subis par ces personnes en adoptant des mesures de redistribution qui assurent un niveau de vie minimum, ainsi que des stratégies contre la stigmatisation basées, notamment, sur l'éducation et la formation professionnelle. 

 

La maladie de Hansen est aujourd'hui une maladie rare au Japon, a par ailleurs indiqué Mme Cruz, rendant compte de la visite qu’elle a menée dans l’archipel en février 2020.  Cependant, jusqu'à la dernière décennie du XXe siècle, l’histoire de la lèpre au Japon s’est caractérisée par de nombreuses violations des droits de l’homme, pour lesquelles l'État a d’ailleurs présenté des excuses officielles, a-t-elle observé.  La Rapporteuse spéciale a souligné que dans son rapport sur sa visite au Japon, elle identifie plusieurs bonnes pratiques en cours et fait au Gouvernement des recommandations en ce qui concerne les programmes de réparation, les droits des personnes âgées touchées par la maladie de Hansen et les immigrants atteints. 

 

Au niveau global, dans un contexte où la lèpre – à travers le monde – est toujours synonyme de mort civile, Mme Cruz a regretté que neuf des dix pays dans lesquels elle a souhaité effectuer une visite ne l'aient pas invitée.  Deux États, qui sont des pays prioritaires pour la lèpre, ont accepté sa demande mais n'ont pas confirmé les dates malgré plusieurs rappels, a-t-elle précisé.  Enfin, la Rapporteuse spéciale a estimé que les leçons tirées de la lèpre peuvent éclairer utilement les ripostes de santé publique dans la lutte contre la pandémie de Covid-19. 

 

Pays concernés

 

Le Brésil a indiqué que Mme Cruz avait rencontré, pendant sa visite, plusieurs responsables ministériels et autres experts de la maladie de Hansen parmi la société civile.  L’éradication de la maladie de Hansen et la stigmatisation qui frappe ses victimes est une priorité du Gouvernement brésilien, a assuré la délégation brésilienne.  Les personnes isolées et détenues de force par le passé recevront des dédommagements, a-t-elle précisé.  Les diagnostics et les soins aux personnes touchées sont gratuits, a d’autre part fait valoir la délégation, assurant que l’objectif des autorités est aussi de diminuer le fardeau de la maladie.  La stratégie nationale dans ce domaine est conforme aux recommandations de la Rapporteuse spéciale, a-t-elle ajouté.  La Rapporteuse spéciale dispose de connaissances étendues et fait preuve pour son sujet d’une passion remarquable, a souligné la délégation brésilienne, appelant les États à répondre de manière positive aux demandes de visite de Mme Cruz.

 

Autre pays concerné, le Japon a expliqué que le rapport de la Rapporteuse spéciale était excellent et rendait dûment compte des efforts déployés par le pays pour lutter contre les discriminations à l’encontre des personnes atteintes de la lèpre et des excuses du pays pour les violations des droits de l’homme commises par le passé.  Les efforts devant être menés dans le monde pour éliminer ces discriminations ne sont pas encore terminés et c’est pourquoi le Japon va proposer au Conseil de prolonger le mandat de la Rapporteuse spéciale pour trois ans supplémentaires, a ajouté la délégation japonaise.  Le Japon s’est en outre enquis auprès de la Rapporteuse spéciale des mesures que les États devraient prendre pour éviter que les personnes touchées par la lèpre ne soient touchées de manière disproportionnée par la COVID-19

 

Aperçu du dialogue

 

Les délégations ont largement mis en avant la nécessité d’éliminer les stéréotypes qui entourent encore les personnes touchées par la lèpre afin qu’elles soient traitées à égalité avec les autres.  De même, il importe de combattre la stigmatisation des victimes, car elle les dissuade de demander des soins dès l’apparition des symptômes, ce qui a des conséquences néfastes sur la suite du traitement. 

 

Un groupe de pays a ainsi estimé qu’avant toute chose, la déshumanisation et les stéréotypes visant les personnes touchées par la lèpre et les membres de leur famille doivent cesser pour que les autres outils d'intervention soient efficaces.  À cet effet, le cadre politique proposé par la Rapporteuse spéciale peut servir de point de référence, a-t-il été affirmé.  A par ailleurs été saluée l'approche de Mme Cruz qui, simultanément, protège les principes et normes universels des droits de l'homme tout en prenant en compte les spécificités des contextes nationaux et locaux et est fermement ancrée dans l’expérience des personnes touchées et de leurs familles. 

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vendredi 5 juin 2020

RDC: Conseil des droits de l'homme de l'ONU, environ 1 300 civils ont été tués en 8 mois !

RDC: Conseil des droits de l'homme de l'ONU, environ 1 300 civils ont été tués en 8 mois !

Freddy Mulongo, Réveil FM international

Freddy Mulongo-Bachelet 1.jpeg, juin 2020

C'est un rapport du Conseil des droits de l'homme de l'ONU, qui vient de nous parvenir. Le temps de la grâce pour Tshilombo est révolu.

Environ 1 300 civils ont été tués dans un certain nombre de conflits distincts impliquant des groupes armés et des forces gouvernementales en République démocratique du Congo au cours des huit derniers mois. Certains des incidents impliquant des meurtres et d'autres abus et violations peuvent constituer des crimes contre l'humanité ou des crimes de guerre.

Le nombre de victimes a grimpé en flèche ces dernières semaines à mesure que les conflits séparés dans trois provinces orientales - Ituri, Nord-Kivu et Sud-Kivu - se sont propagés. Des groupes armés ont commis des massacres et d'autres atrocités, et les forces de défense et de sécurité sont également responsables de graves violations des droits de l'homme dans ces provinces - ainsi que dans d'autres parties du pays.

«Je suis consterné par l'augmentation des attaques brutales contre des civils innocents par des groupes armés - en ce qui concerne les graves violations commises par les forces militaires et de sécurité, y compris les meurtres et les violences sexuelles, ce ne sont pas seulement des actes répréhensibles et criminels, mais ils brisent également la confiance entre les gens et les représentants de l'Etat, à la fois de sécurité et politiques », a déclaré Bachelet.

Dans la province d'Ituri , la violence s'est propagée dans de nouvelles zones à mesure que les groupes armés se sont multipliés. Les attaques et la nature des violences commises par les groupes armés sont de plus en plus horribles, notamment les violences sexuelles, les décapitations et les mutilations de cadavres. Entre le 1er octobre 2019 et le 31 mai 2020, au moins 531 civils ont été tués par des groupes armés en Ituri - 375 d'entre eux depuis mars. Les Forces armées congolaises (FARDC) et la police (PNC) auraient également tué 17 civils au cours de la même période.

Au Nord-Kivu - le lancement d'opérations militaires par les forces gouvernementales en novembre 2019 conduit à des attaques de représailles contre des civils par le principal groupe armé, les ADF. Au 31 mai, les ADF avaient tué au moins 514 civils à l'aide de machettes, de haches et d'armes lourdes, et enlevaient des enfants et attaquaient des écoles et des hôpitaux. Les forces de défense de l'État ont également été fortement impliquées, les FARDC ayant tué 59 civils et la PNC 24.

La protection des civils relève de la responsabilité de l'État, et lorsque l'État laisse un vide, d'autres ont tendance à le combler. En RDC, l'expérience passée montre que cela peut avoir des résultats catastrophiques. La nature généralisée et systématique de certaines des attaques contre des civils en Ituri et au Nord-Kivu peut constituer des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre », a-t-elle ajouté.

Un communiqué de presse du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet a été publié plus tôt dans la journée contenant plus de détails sur la situation en Ituri et au Nord-Kivu, ainsi que des informations sur des homicides de civils dans d'autres parties de la RDC, à savoir le Sud-Kivu, Kongo Central et Kinshasa.

https://vimeo.com/425945032

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dimanche 3 mai 2020

Liberté de la presse: L'impunité pour les crimes commis contre des journalistes?

Liberté de la presse: L'impunité pour les crimes commis contre des journalistes? 

"Lorsque des journalistes sont pris pour cible, c’est la société tout entière qui en paie le prix. Si nous ne parvenons pas à les protéger, il nous sera extrêmement difficile de rester informés et de contribuer à la prise de décisions. Si les journalistes ne peuvent pas faire leur travail en toute sécurité, le monde de demain sera marqué par la confusion-désinformation"-A.Guterres, SG de l'ONU.

Freddy Mulongo-Liberté de presse 20.jpg, mai 2020

freddy-mulongo-liberte-de-presse-20

La sécurité des journalistes et la question de l'impunité

Au cours des douze dernières années, plus de 1 000 journalistes ont été tués pour avoir voulu couvrir des événements et informer le public. Dans neuf cas sur dix, les meurtriers restent impunis. L'impunité entraîne un plus grand nombre d'assassinats et représente souvent un facteur d'aggravation de conflit et d'effondrement des systèmes de droit et de justice. L'Organisation des Nations Unies pour l"éducation, la science et la culture (UNESCO ) s’inquiète de cette situation car l'impunité cause des dommages aux sociétés entières en dissimulant de graves violations des droits de l'homme, de la corruption et de la criminalité.

En décembre 2013, lors de sa 68e session, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté une résolution intitulée « La sécurité des journalistes et la question de l’impunité » (A/RES/68/163), qui a proclamé à la date du 2 novembre la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes. Cette résolution a exhorté les États Membres à prendre des mesures précises pour combattre la culture actuelle d’impunité. La date de cette journée internationale a été choisie en mémoire de deux journalistes français, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, assassinés le 2 novembre 2013 au Mali.

Cette résolution historique condamne toutes les attaques et violences perpétrées contre des journalistes et des travailleurs des médias. Elle exhorte également les États Membres à faire tout leur possible pour prévenir cette violence, en faire rendre compte, traduire en justice les auteurs des crimes commis contre des journalistes et des travailleurs des médias, et veiller à ce que les victimes disposent de recours appropriés. 

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vendredi 1 mai 2020

ONU: Criminalisation du journalisme à travers le monde doit se terminer maintenant!

Criminalisation du journalisme à travers le monde doit se terminer maintenant, selon  expert des Nations Unies

 Freddy Mulongo-Liberté de presse.jpg, mai 2020

freddy-mulongo-liberte-de-presse

GENÈVE ( du 1er mai 2020) - Le Rapporteur spécial de l' ONU sur la liberté d'expression, David Kaye, a exhorté les États à libérer tous les travailleurs des médias détenus en raison de leur travail et arrêter l'intimidation et la répression de la presse indépendante. Il a publié aujourd'hui la déclaration suivante pour marquer la Journée mondiale de la liberté de la presse le dimanche 3 mai.

« Une presse libre donne aux gens l' accès à l' information de toutes sortes, particulièrement critique lors d' une crise de santé publique. Ces derniers mois, le journalisme indépendant a été un levier essentiel pour l' information du public, découvrant des histoires de tromperie du gouvernement tout en aidant les gens à comprendre dans le monde entier la nature et la portée de la crise de la santé publique , nous sommes tous confrontés.

Journalistes Détenir assure une liaison directe à l' encontre de l'obligation de l'Etat d'assurer un environnement favorable pour les médias. A une époque où les épidémies se propagent dans les centres de détention, la cruauté de la détention est exposée, en imposant une peine plus excessive qui porte avec elle le risque de maladie et de décès. 

Des centaines de journalistes ont été arrêtés en raison de leur travail. Le Comité de protection des journalistes estime 250 journalistes sont en prison. Reporters sans frontières demande à l'une attention de l' ONU « vague de violations de la liberté de la presse. »

La criminalisation du journalisme doit se terminer. Cela peut commencer par libérer les journalistes de détention de toute urgence.

Depuis le début Covid-19 a émergé au début de cette année, j'ai reçu alarmant des comptes de représailles officielles contre les journalistes sous le couvert de désinformation. Dans mon rapport publié récemment au Conseil des droits de l' homme des Nations Unies , je souligne la façon dont les gouvernements attaquent le messager et les rapports de fin de course plutôt que d' agir sur l'information réactive divulguée.

Je note que le thème de la Journée mondiale de la liberté de la presse de cette année est « le journalisme sans crainte ni faveur. Je demande instamment à tous les États à veiller à ce que les travailleurs des médias puissent faire leur travail sans crainte, en gardant à l' esprit que le journalisme élargit le droit du public de savoir et le droit du public à un gouvernement responsable « .

M. David Kaye, Rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d' expression . En tant que Rapporteur spécial, M. Kaye fait partie de ce qu'on appelle les procédures spéciales du Conseil des droits de l' homme. Procédures spéciales, le plus grand organisme d'experts indépendants dans le système des droits de l' homme de l' ONU, est le nom général des mécanismes indépendants d'enquête et de suivi du Conseil des droits de l' homme que l' adresse soit des situations de pays spécifiques ou des questions thématiques dans toutes les régions du monde. Experts procédures spéciales travaillent , sur une base volontaire; ils ne sont pas du personnel des Nations Unies et ne reçoivent pas de salaire pour leur travail.

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jeudi 30 avril 2020

COVID-19 : Le Conseil des droits de l’homme tient une conversation virtuelle informelle avec les titulaires de mandats au titre des procédures spéciales!

COVID-19 : LE CONSEIL DES DROITS DE L’HOMME TIENT UNE CONVERSATION VIRTUELLE INFORMELLE AVEC LES TITULAIRES DE MANDATS AU TITRE DES PROCÉDURES SPÉCIALES

 

Freddy Mulongo-Cdroits de l'homme XX.jpg, avr. 2020

 

 

Le Conseil des droits de l’homme a tenu cet après-midi une conversation virtuelle informelle avec les titulaires de mandats au titre des procédures spéciales, qui a permis de passer en revue l’action menée par ces derniers dans le contexte de la pandémie de COVID-19 et de rappeler la place centrale que doit conserver le respect des droits de l’homme dans le cadre de la réponse apportée à cette crise.  De nombreuses délégations* ont pris part à la discussion.

 

Depuis la suspension de sa 43ème session, le 13 mars dernier, il s’agit de la deuxième réunion virtuelle informelle que tient le Conseil au sujet de la pandémie de COVID-19, après une première réunion virtuelle tenue le 9 avril dernier en présence de la Haute-Commissaire aux droits de l’homme.

 

Dans sa déclaration liminaire, la Présidente du Conseil des droits de l’homme, Mme Elizabeth Tichy-Fisslberger, a relevé que les sept semaines qu’a déjà duré le verrouillage actuel « nous ont montré que la crise du coronavirus a touché, d'une manière ou d'une autre, pratiquement tous les droits de l'homme ».  Elle a indiqué que les procédures spéciales avaient préparé des outils pour aider les États et les autres parties prenantes dans leur riposte à la COVID-19.

 

La Présidente du Comité de coordination des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme, Mme Anita Ramasastry, a alors précisé la nature de ces outils et largement rendu compte des nombreuses actions menées par les procédures spéciales dans le contexte de la pandémie de COVID-19.  L’idée centrale est que nous avons besoin d'une approche fondée sur les droits de l'homme pour faire face à cette crise, a-t-elle souligné, avant de faire observer qu’un grand nombre de recommandations des titulaires de mandats tournent autour des critères d'examen de la légalité et de la légitimité des mesures d'urgence 

 

Le Rapporteur spécial sur le droit à la santé, M. Dainius Pūras, a pour sa part souligné que l'accès à des informations fiables et précises était de la plus haute importance, les pandémies ne pouvant être gérées efficacement qu'avec des informations véridiques.  Il a ajouté que si les progrès des sciences biomédicales sont déterminants pour réaliser le droit à la santé pendant cette pandémie, le respect des droits de l'homme est tout aussi important. 

 

Quant à la promotion de la santé, elle ne peut se faire qu'avec la participation active des personnes, a souligné M. Pūras ; il a aussi insisté sur le fait que droit à la liberté d'expression s'appliquait à tous et que le droit à la vie privée devait être protégé. 

 

La diffusion sur le web de cette discussion virtuelle informelle est disponible ici, alors que les comptes rendus écrits en anglais et en français de cette séance sont disponibles sur la page Information et Médias du site Internet de l’Office des Nations Unies à Genève, ici.

 

 

Déclarations liminaires

 

MME ELIZABETH TICHY-FISSLBERGER, Présidente du Conseil des droits de l’homme, a rappelé que les procédures spéciales aident le Conseil à suivre la situation des droits de l’homme dans le monde entier.  Elle a relevé que les sept semaines qu’a déjà duré le verrouillage actuel « nous ont montré que la crise du coronavirus a touché, d'une manière ou d'une autre, pratiquement tous les droits de l'homme : droits à la vie, à la santé, à un logement adéquat, à l'eau potable et à l'assainissement, droit à l'alimentation, à l'information, à la liberté de réunion, sans oublier les droits des femmes, les droits des enfants et les droits de tous les groupes vulnérables. »

 

Mme Tichy-Fisslberger a ensuite indiqué que les procédures spéciales avaient préparé des outils pour aider les États et les autres parties prenantes dans leur riposte à la COVID-19.  En outre, plus de 60 titulaires de mandat ont insisté, dans un appel commun, sur le fait que « toute personne a droit à des interventions salvatrices » et ont soumis des recommandations relatives aux ripostes nationales et internationales.

 

Toujours selon les procédures spéciales, « la COVID-19 doit entraîner la revitalisation des principes universels des droits de l'homme qui – avec la confiance accordée aux connaissances scientifiques – doivent prévaloir sur la diffusion de fausses nouvelles, les préjugés, la discrimination, les inégalités et la violence ».  Les procédures spéciales demandent également que les principes de non-discrimination, de participation, d'autonomisation et de responsabilité soient appliqués à toutes les politiques liées à la santé, a encore précisé la Présidente.

 

Mme Tichy-Fisslberger a ensuite relaté quelques exemples de solidarité et de bravoure que la crise a suscités malgré son impact dévastateur.  Elle a notamment cité les moratoires sur les expulsions dues à des arriérés de loyer et d'hypothèque, ainsi que les adaptations de chambres d'hôtel pour accueillir des personnes sans abri.  La Présidente s’est félicitée d’autres mesures prises par des gouvernements pour préserver les emplois, pour assurer des services de garde d'enfants aux personnes travaillant dans des services essentiels, ou encore pour protéger les victimes de violence domestique.  En outre, a-t-elle souligné, plusieurs États ont libéré des personnes détenues en réponse à l'épidémie de COVID-19.

 

La Présidente a espéré que ces progrès constitueraient le premier pas vers la reconstruction d’un monde post-pandémique meilleur et a exprimé l’espoir que la riposte à la COVID-19 serait guidée par le respect des droits de l’homme.

 

MME ANITA RAMASASTRY, Présidente du Comité de coordination des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme, a remercié ses collègues du Comité de coordination : Mme Leigh Toomey et MM. Danius Pūras, Victor Madrigal et Javaid Rahman.  Elle a précisé que le Comité de coordination avait, en particulier, créé une page web dédiée à la COVID-19, et avait répertorié toutes les actions officielles menées par les titulaires de mandats (au titre des procédures spéciales), en les classant par thèmes ; elle a ajouté qu’avaient également été analysées les activités liées aux mandats et préparée une compilation analytique des déclarations et avis publiés.  Le Comité de coordination a ainsi pu faciliter l’identification de préoccupations et de messages communs et essentiels.  Mme Ramasastry s’est donc dite heureuse de pouvoir partager aujourd’hui un document de travail intitulé « Les procédures spéciales et la COVID-19 » qui reflète l’action publique des titulaires de mandats au 28 avril 2020 et qui est disponible sur le site Extranet du Conseil des droits de l’homme.

 

Alors que nous faisons tous face à cette crise sans précédent, les titulaires de mandats ont relevé le défi : leurs déclarations, actions et innovations puissantes permettent de réaffirmer l’idée centrale selon laquelle nous avons besoin d'une approche fondée sur les droits de l'homme pour faire face à cette crise, a souligné Mme Ramasastry.  Elle a précisé que les titulaires de mandats ont notamment, à eux tous, publié un total de 45 déclarations et communiqués de presse, dont 16 collectivement ; publié des dépêches, rappelant notamment la nécessité d’appliquer au droit à la vie les principes de légalité, de nécessité, de proportionnalité et de précaution ; publié des lettres ouvertes et des principes essentiels afin d’aider les Etats à assurer des mesures conformes aux droits de l’homme dans le contexte de cette crise, notamment pour ce qui est du droit au logement, des communautés LGBT ou encore des droits à la liberté de réunion pacifique et d’association. 

 

Collectivement ou individuellement, les procédures spéciales ont continué à examiner des allégations de violations de droits de l’homme par le biais de la procédure de communication et plusieurs titulaires de mandats envisagent de mettre l’accent sur les questions liées à cette pandémie dans les rapports qu’ils soumettront prochainement au Conseil des droits de l’homme ou à l’Assemblée générale. 

Les titulaires de mandats ont souligné la nécessité cruciale d'une approche fondée sur les droits de l'homme pour la COVID-19, a insisté Mme Ramasastry.  Ils ont appelé les États à placer « les droits de l'homme au centre de la riposte à la pandémie » et ont recommandé que les principes de non-discrimination, de participation, d'autonomisation et de responsabilité soient appliqués à toutes les politiques liées à la santé.  Ils ont en outre souligné qu'au fur et à mesure que la COVID-19 se propage, les efforts doivent être axés sur le ralentissement de sa propagation et la garantie que les personnes les plus vulnérables reçoivent la protection et les soins auxquels elles ont droit.  Pour traiter et combattre efficacement la propagation de la COVID-19, les individus doivent avoir accès à des conseils de santé précis et à des soins de santé suffisants sans crainte de discrimination.

 

Les procédures spéciales conseillent aux autorités de traiter rapidement toute preuve de racisme, de xénophobie et de sectarisme pendant la pandémie.  Les titulaires de mandats ont un autre message puissant à transmettre, à savoir que la pandémie met en évidence et exacerbe les inégalités systémiques, a ajouté Mme Ramasastry : il a été observé que de nombreuses réponses des gouvernements à la COVID-19 ont eu des effets dévastateurs sur les personnes vivant dans la pauvreté.  En outre, de nombreuses personnes handicapées dépendent de services suspendus.  Mme Ramasastry a par ailleurs souligné que l'Experte indépendante sur les droits des personnes âgées s'inquiète de ce que les décisions concernant l'attribution de ressources médicales limitées, telles que les ventilateurs dans les unités de soins intensifs, puissent être prises uniquement sur la base de l'âge, privant les personnes âgées de leur droit égal à la santé et à la vie.  L’inégalité dans la distribution des équipements de protection individuelle nécessaires à l’intérieur des États et entre eux est particulièrement préoccupante, a également souligné Mme Ramasastry. 

 

Un grand nombre de recommandations (des titulaires de mandats) tournent autour des critères d'examen de la légalité et de la légitimité des mesures d'urgence : plusieurs titulaires de mandats ont relevé une augmentation des informations faisant état d'un recours excessif à la force, de meurtres par la police, de restrictions imposées aux organisations de la société civile et de cas de violence domestique.  En fait, une grande inquiétude existe dans les cas où les gouvernements ont adopté des lois d'urgence radicales, retardé les élections prévues ou eu tendance à militariser la crise.  Dans bon nombre de ces cas, les mesures semblent viser des objectifs autres que la résolution de la crise sanitaire, notamment l'annulation des voix de l'opposition.

 

Prises ensemble, nos déclarations permettent de conclure que les mesures d'urgence doivent être guidées par le but de sauvegarder la vie en accordant l'attention voulue aux notions de dignité humaine et d'intégrité personnelle, a résumé la Présidente du Comité de coordination des procédures spéciales. 

 

Mme Ramasastry a également souligné que les titulaires de mandats ont averti que des lois apparemment neutres ont eu des effets disproportionnés sur divers groupes et populations.  De nombreuses populations, par exemple, peuvent ne pas avoir accès à de l'eau potable et les conditions pour rester à la maison peuvent ne pas être réalisables si quelqu'un a besoin d’aller chercher un accès aux ressources essentielles.  Il a ainsi été noté que des gouvernements ont fermé des pays entiers sans consentir le moindre effort pour que les gens puissent s'en sortir ; certains gouvernements ont répondu par une violence gratuite et contre-productive aux personnes à faibles revenus contraintes de quitter leur domicile pour survivre.

 

Les titulaires de mandats ont aussi salué les bonnes pratiques des États, a ensuite souligné Mme Ramasastry.  A ainsi été saluée la décision adoptée par certains États d'accorder des droits de séjour temporaire, incluant l'accès aux prestations sociales et sanitaires, aux migrants, y compris aux demandeurs d'asile, dans le cadre de la lutte contre la pandémie.  Les titulaires de mandats se sont également félicités que certains États aient récemment pris des initiatives exemplaires pour réduire le surpeuplement dans les prisons et autres lieux de détention en favorisant la libération anticipée et en réduisant le nombre de détenus, en vue de protéger la santé des détenus et du personnel.

 

M. DAINIUS PŪRAS, Rapporteur spécial sur le droit à la santé, a déclaré que l'accès à des informations fiables et précises était de la plus haute importance, les pandémies ne pouvant être gérées efficacement qu'avec des informations véridiques.  Le Rapporteur spécial a souligné que si les progrès des sciences biomédicales sont déterminants pour réaliser le droit à la santé pendant cette pandémie, le respect des droits de l'homme est tout aussi important.

 

Si les technologies peuvent être utilisées pour suivre la propagation du virus, a poursuivi le Rapporteur spécial, toute utilisation de ces technologies doit respecter les mesures de protection les plus strictes.  Les professionnels de santé ont besoin de tout le soutien possible des États, des entreprises, des médias et du grand public.  En outre, la gestion efficace de la pandémie nécessite une société civile dynamique.  Quant à la promotion de la santé, elle ne peut se faire qu'avec la participation active des personnes, a souligné M. Pūras.  Le Rapporteur spécial a aussi insisté sur le fait que droit à la liberté d'expression s'appliquait à tous et que le droit à la vie privée devait être protégé. 

 

Évoquant les stimulants financiers et autres mesures similaires, « sauver l'économie à tout prix » pourrait être néfaste, a mis en garde le Rapporteur spécial, « car une telle approche s'accompagne souvent d'un manque d'efforts sérieux pour réduire les inégalités ».  Les mesures de relance budgétaire et de protection sociale destinées aux personnes les moins capables de faire face à la crise sont essentielles pour atténuer les conséquences dévastatrices de la pandémie, a-t-il insisté. 

 

M. Pūras a souligné que les réponses apportées à la crise et à la reprise devaient tenir compte des besoins respectifs des deux sexes.  Les femmes sont particulièrement exposées : beaucoup d'entre elles sont en première ligne, fournissent des services médicaux et autres services essentiels et assurent le fonctionnement des communautés.  Le Rapporteur spécial a également insisté sur l’importance de protéger les droits des enfants, des personnes handicapées et des personnes âgées, ces dernières étant particulièrement touchées par la solitude, la pauvreté et la négligence, que ce soit à la maison ou dans les maisons de retraite. 

 

Enfin, M. Pūras a rappelé que les titulaires de mandats sont aussi préoccupés par la situation des minorités, des personnes d'origine africaine, des migrants, des demandeurs d'asile, des réfugiés, des LGBT et des personnes de sexe différent, des personnes qui consomment des drogues, des personnes privées de liberté, des personnes placées en institution : tous risquent de souffrir de manière disproportionnée, notamment d'attitudes discriminatoires, a-t-il mis en garde. 

 

 

Aperçu de la discussion

 

Au cours du débat qui a suivi ces présentations, des intervenants ont demandé s'il y avait eu des cas de représailles contre les titulaires de mandats ou contre les défenseurs des droits de l'homme travaillant sur des questions liées à la COVID-19. 

 

Plusieurs intervenants ont demandé quels défis spécifiques la crise posait aux méthodes de travail des titulaires de mandats.  Certains ont demandé aux titulaires de s’abstenir d'utiliser la pandémie pour faire avancer leur propre agenda.  Des questions ont porté sur les mesures prises par les titulaires de mandats pour assurer la protection des droits des populations vivant sous occupation. 

 

Le Haut-Commissariat aux droits de l'homme a été félicité pour son action consistant à aider les États à adopter, face à la pandémie, des réponses conformes à leurs obligations en matière de droits de l'homme. 

 

Certains orateurs ont souligné que si le virus n’est pas discriminatoire, ses effets le sont certainement, les femmes et les filles étant en effet confrontées à des restrictions excessives dans l'accès aux services de santé.  D’autres groupes marginalisés, notamment les personnes âgées et les détenus, sont particulièrement exposés, ont aussi relevé des délégations. 

 

Certains orateurs ont demandé quelles mesures avaient été prises pour obtenir la levée des mesures coercitives unilatérales frappant certains pays au mépris des droits de l'homme.  L'application de ces mesures illégales constitue une menace pour la santé publique mondiale, a-t-il été souligné.

 

Des informations ont été demandées au sujet des mesures envisagées pour alléger la dette, notamment celle des pays africains, afin d'atténuer l'impact de la crise sur les droits de l'homme. 

 

A par ailleurs été soulignée la nécessité de respecter et de protéger le droit d'accès à des informations exactes, tant en ligne que hors ligne, et de garantir un environnement sûr et favorable aux travailleurs des médias et à la société civile. 

 

D'autres orateurs ont fait remarquer que les pouvoirs d'urgence avaient été utilisés dans certains pays pour promulguer des lois répressives qui risquent de faire taire toute dissidence.  Toutes les mesures de lutte contre la pandémie, a insisté un intervenant, doivent être nécessaires et proportionnées, poursuivre des objectifs légitimes et être conformes aux normes internationales.  Le respect des droits de l'homme est vital, non seulement dans la phase d'intervention d'urgence, mais aussi lors du redressement après la crise, a-t-il été souligné.  En cette période où les rassemblements publics sont limités, il est particulièrement important de maintenir la liberté de réunion pacifique, y compris en ligne, a ajouté un intervenant.

 

Dans le contexte actuel, les procédures spéciales peuvent jouer un rôle utile dans la protection des droits de l’enfant en situation de vulnérabilité.  Pour ce faire, les procédures spéciales devraient trouver de nouveaux moyens – notamment numériques – d’atteindre les enfants, a recommandé une délégation. 

 

D'autres intervenants ont insisté sur l’importance des droits économiques, sociaux et culturels dans le contexte actuel, s’agissant notamment du droit au logement et du droit à l’alimentation, et ont fait observer que la crise actuelle illustre de manière éloquente l'interdépendance de tous les droits de l’homme.  Ils ont salué les pays qui ont pris des mesures pour que l'eau ne soit pas coupée et qui ont différé le paiement des services publics, entre autres mesures.

Enfin, certains orateurs ont attiré l'attention sur la situation des paysans et des personnes vivant dans les zones rurales.  La nécessité de discuter des droits des peuples autochtones dans le cadre de la pandémie a aussi été évoquée.

 

 

*Au cours de la discussion, sont intervenues les délégations suivantes : Australie (au nom d’un groupe de pays), Union européenne, Danemark (au nom d’un groupe de pays), Chili, République de Corée, Venezuela, Belgique, Italie, Indonésie, Chine, Etat de Palestine, Pays-Bas, Royaume-Uni, Slovénie, Egypte, Iran, Tchéquie, Canada, Pakistan, Brésil, Uruguay, Allemagne, Cuba, Syrie, Maldives, Inde, Bangladesh, Israël, France, Suisse, Equateur, Afghanistan, Afrique du Sud, Arménie.

 

Ont également pris la parole les organisations de la société civile ci-après : Amnesty International, Child Rights Connect, Human Rights Watch, FIAN international et Conselho Indigenista Missionário (CIMI). 

 

Remarques de conclusion

 

M. PŪRAS a fait observer que si des leçons restent encore à tirer de cette pandémie, il n’en demeure pas moins que beaucoup peut être appris de crises antérieures ayant touché la santé publique.  L’épidémie de VIH/sida a par exemple montré qu’il était plus efficace d’adopter une approche fondée sur les droits de l’homme.  Il devrait également être relevé que cette crise a révélé les faiblesses des systèmes de santé, y compris dans certains pays développés.  Le Rapporteur spécial a affirmé que bon nombre des rapports qu’il a publiés depuis le début de son mandat étaient tout à fait pertinents dans le contexte de la crise actuelle.  Il est important d’accorder toute l’attention voulue à la question de la santé mentale, a-t-il notamment indiqué, rappelant qu’avait été adoptée en 2016 une résolution sur la santé mentale et les droits de l’homme.

 

MME RAMASASTRY a insisté sur le fait que les procédures spéciales ont pour objectif de combler les lacunes en matière de protection des droits de l’homme.  Même si, actuellement, ces procédures ne peuvent effectuer de visites sur le terrain, elles utilisent les moyens techniques disponibles pour « parler, consulter, convoquer et coordonner », a-t-elle fait observer.  De même, dans le cadre de la procédure de communication, les titulaires de mandats font de leur mieux pour vérifier les faits, même s'ils doivent opérer à distance, a ajouté la Présidente du Comité de coordination.

 

Les titulaires de mandats espèrent pouvoir bientôt rencontrer les États et les autres parties prenantes en face à face, a poursuivi Mme Ramasastry.  Elle a exhorté les États à prendre contact avec les titulaires de mandats pour des discussions approfondies sur des questions spécifiques relatives aux droits de l'homme.

 

En ce qui concerne les représailles, les procédures spéciales se sont inquiétées de l'évolution de la situation dans certains pays et du fait que le personnel de sécurité ne protège plus les défenseurs des droits de l'homme, a indiqué Mme Ramasastry. 

 

Sur les questions concernant le développement, la dette et le long terme, Mme Ramasastry a relevé que les titulaires de mandat n'avaient pas toutes les réponses à l’heure actuelle.  Ils commencent à réfléchir à des solutions à moyen et long termes à la prévention des violations des droits de l’homme, de même qu’aux Objectifs de développement durable et à la manière dont ils fonctionneront à l'avenir en tant que système mondial.

 

La Présidente du Comité de coordination a assuré que les procédures spéciales étaient conscientes des situations d'urgence auxquelles sont confrontés certains pays – s’agissant notamment des difficultés d'accès aux fournitures médicales en raison de sanctions ; c’est pourquoi les titulaires de mandats s’associent à l'appel de la Haute-Commissaire aux droits de l'homme pour que soit autorisée en toutes circonstances l'importation du matériel médical nécessaire. 

 

Les messages-clefs des procédures spéciales portent sur la non-discrimination, sur la nécessité de ne pas profiter des mesures d'urgence pour bafouer les droits de l'homme et sur l’impératif de remédier aux inégalités dans la situation actuelle.  Tous les titulaires de mandats demandent aux États de prendre en compte les droits de l'homme dans leurs décisions et d'appliquer une approche fondée sur les droits de l'homme dans la riposte et lors de la reprise, a conclu Mme Ramasastry.

 

Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a ouvert une page web consacrée à la COVID-19, qui rassemble des documents et conseils. 

 

MME TICHY-FISSLBERGER a remercié les représentants du Comité de coordination.  Elle a fait remarquer que la crise mondiale de COVID-19 touche tout le monde et fournit à a communauté internationale une occasion d'agir de concert.  Face à une crise sanitaire qui est aussi une crise des droits de l'homme, les États ne doivent pas faire de discrimination entre les personnes, ni choisir quels droits de l'homme respecter ou non. 

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jeudi 9 avril 2020

LE CONSEIL DES DROITS DE L’HOMME TIENT UNE CONVERSATION VIRTUELLE SUR L’IMPACT DE LA CRISE DE COVID-19 SUR LES DROITS DE L’HOMME

LE CONSEIL DES DROITS DE L’HOMME TIENT UNE CONVERSATION VIRTUELLE SUR L’IMPACT DE LA CRISE DE COVID-19 SUR LES DROITS DE L’HOMME

 

 Freddy Mulongo, Réveil FM International 


Freddy Mulongo-Cdroits de l'homme.jpg, avr. 2020

 

Le Conseil des droits de l’homme a tenu ce matin une conversation virtuelle inédite avec la Haute-Commissaire aux droits de l’homme, Mme Michelle Bachelet, sur l’impact de la crise de COVID-19 sur les droits de l’homme à travers le monde.  Une quarantaine de délégations ont pris part à la discussion.

 

Dans une déclaration liminaire, la Présidente du Conseil des droits de l’homme, Mme Elisabeth Tichy-Fisslberger, a fait savoir qu’un peu plus tard dans la journée, le Conseil de sécurité des Nations Unies tiendra également une réunion virtuelle sur le sujet, mais que c'est ici, à Genève, qu’il revient d'examiner l'impact de cette crise sur les droits de l'homme, qui se manifeste à bien des égards. 

 

Mme Bachelet a quant à elle souligné que nous ne savons pas comment le virus lui-même pourrait évoluer, ni si les personnes affectées seront immunisées en permanence. Nous ne disposons pas de données complètes sur les personnes infectées et développant les symptômes les plus graves - ou s'il existe des liens avec des facteurs tels que la pollution, a-t-elle ajouté.  Mais nous savons que des mesures vitales doivent être prises pour moderniser les systèmes de santé et sociaux afin d'assurer le plus grand soutien possible aux personnes les plus touchées par l'épidémie. Nous savons également que nous ne pouvons nous permettre de laisser quiconque de côté dans cet effort et nous savons que les confinements ne peuvent pas durer éternellement, a indiqué la Haute-Commissaire.

 

Cette crise montre à quel point nous avons besoin d'une action internationale collective et démontre la valeur de nos organisations multilatérales, a poursuivi Mme Bachelet, avant de relever que la pandémie révèle l'impact néfaste des inégalités dans chaque société et de souligner que non maîtrisée, elle est susceptible de créer des inégalités encore plus grandes.  La Haute-Commissaire a également insisté sur l'impératif du respect des droits civils et politiques pendant cette crise.  Une situation d'urgence n'est pas un chèque en blanc pour ignorer les obligations en matière de droits de l'homme, a-t-elle souligné.  Lorsqu'une menace existentielle pèse sur nous tous, il n'y a pas de place pour le nationalisme ou pour la désignation de boucs émissaires, a-t-elle en outre rappelé.  Par ailleurs, tout obstacle aux efforts médicaux dans un pays augmente le risque pour nous tous, a ajouté Mme Bachelet.

Concernant la sortie de cette crise, la Haute-Commissaire a affirmé que nous devons redoubler d'efforts pour construire des économies plus inclusives et durables et façonner des sociétés plus résilientes face aux chocs. Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 reste notre outil le plus puissant, a-t-elle indiqué.

 

Les délégations suivantes ont ensuite pris la parole : Union européenne, Azerbaïdjan, Chine, République de Corée, Pays-Bas, Fédération de Russie, Iran, Philippines, Brésil, Suède (au nom d’un groupe d’États), Iraq, Inde, Îles Marshall, Syrie, Allemagne, Bulgarie, Venezuela, Autriche (au nom d’un groupe d’États), Géorgie, Malaisie, État de Palestine, Slovénie, Royaume-Uni, Afrique du Sud, Pakistan, Liechtenstein (au nom d’un groupe d’États), Japon, Égypte, Cuba, Indonésie, Népal, Chili, Tunisie, Arménie, Ukraine, Maldives, Bangladesh et Australie.

 

Sont également intervenues les quatre organisations non gouvernementales ci-après : CIVICUS, International Network for the Protection against Elder Abuse, Asian Forum, International Service for Human Rights.

 

La Haute-Commissaire aux droits de l’homme a fait savoir qu’elle ferait des mises à jour régulières sur les travaux entrepris par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme dans le cadre de la COVID-19 à mesure que la situation évoluera.

 

La diffusion sur le web (webcast) de cette discussion virtuelle informelle est disponible ici, alors que les comptes rendus écrits en anglais et en français de cette séance sont disponibles sur la page Information et Médias du site Internet de l’Office des Nations Unies à Genève.

 

Déclaration liminaire de la Présidente du Conseil

 

Dans une déclaration liminaire, la Présidente du Conseil des droits de l’homme, MME ELISABETH TICHY-FISSLBERGER, a déclaré que ce dialogue informel virtuel était une première mondiale. La crise de la COVID-19 est ce que les analystes politiques appellent un « cygne noir », a-t-elle indiqué. Cette crise a jeté de manière inattendue la communauté internationale dans des eaux troubles. Nous assistons à un bouleversement des sociétés et des économies affectant tous les coins du globe, a insisté la Présidente.

 

Un peu plus tard dans la journée, le Conseil de sécurité des Nations Unies tiendra également une réunion virtuelle sur le sujet mais c'est ici, à Genève, qu’il revient d'examiner l'impact de cette crise sur les droits de l'homme, qui se manifeste à bien des égards.  Les procédures spéciales du Conseil insistent depuis le début de la crise sur une augmentation des risques pour les groupes vulnérables: personnes âgées, personnes handicapées, minorités, peuples autochtones, réfugiés, demandeurs d'asile, migrants et personnes déplacées, détenus, sans-abri et personnes vivant dans la pauvreté ou dans les pays qui sont déjà confrontés à une crise humanitaire. Les procédures spéciales ont souligné que les femmes courent un risque disproportionné parce qu'elles sont souvent les principales dispensatrices de soins, parce qu'elles maintiennent la société pendant la crise et parce que la crise accroît encore le risque de violence domestique.

 

Mme Tichy-Fisslberger a ensuite souligné que les problèmes habituels avec les médias sociaux deviennent encore plus frappants [dans le contexte actuel] : les fausses nouvelles (« fake news ») sont plus fréquentes que jamais, mais cette fois, elles peuvent mettre des vies en danger, par exemple lorsqu'elles permettent de diffuser des informations trompeuses ou des fournitures médicales contrefaites.

 

De nos jours, les sociétés doivent faire des compromis atroces, notamment entre sauver des vies et assurer les moyens de subsistances, entre la santé d'une part et la vie privée, la liberté de mouvement et le droit de réunion pacifique d'autre part.

Il y a donc beaucoup de choses à analyser et à discuter au sein de ce Conseil. C’est pourquoi, le Bureau a estimé qu'il est d'une importance cruciale que le Conseil se réunisse virtuellement afin de faire face aux conséquences de la crise de la COVID-19 sur les droits de l'homme dans le monde, a indiqué Mme Tichy-Fisslberger.

 

Déclaration de la Haute-Commissaire

 

Dans sa déclaration devant le Conseil, la Haute-Commissaire aux droits de l’homme, MME MICHELLE BACHELET, a souligné que cette réunion importante se tient à un moment qu’aucun de nous ne peut oublier.  La pandémie de COVID-19 génère des souffrances et des dégâts dans toutes les régions et constitue une menace de grande envergure pour les droits de l'homme, a-t-elle indiqué.

 

Nous ne savons pas comment le virus lui-même pourrait évoluer, ni si les personnes affectées seront immunisées en permanence. Nous ne disposons pas de données complètes sur les personnes infectées et développant les symptômes les plus graves - ou s'il existe des liens avec des facteurs tels que la pollution, a poursuivi Mme Bachelet. Nous savons que des mesures vitales doivent être prises pour moderniser les systèmes de santé et sociaux afin d'assurer le plus grand soutien possible aux personnes les plus touchées par l'épidémie. Nous savons que nous ne pouvons nous permettre de laisser quiconque de côté dans cet effort et nous savons que les confinements ne peuvent pas durer éternellement, a déclaré la Haute-Commissaire.


Mme Bachelet a dit espérer que cette réunion informelle du Conseil contribuerait à la création d'une approche de la crise plus coopérative, globale et fondée sur les droits de l'homme.  Il est naturel - et nécessaire - que les efforts nationaux soient une priorité forte dans toute crise. Mais il s'agit d'une pandémie mondiale, et seule la solidarité mondiale garantira que nous pourrons la combattre efficacement, a souligné Mme Bachelet. Cette crise montre à quel point nous avons besoin d'une action internationale collective et démontre la valeur de nos organisations multilatérales, a-t-elle insisté. « Je vous exhorte tous à travailler ensemble pour promouvoir une approche forte, multilatérale, coopérative et mondiale », a lancé la Haute-Commissaire, rappelant que l'ONU a été créée pour prévenir, atténuer et traiter plus efficacement les crises internationales.

 

Abordant certaines questions urgentes concernant les droits économiques et sociaux, Mme Bachelet a souligné que la pandémie révèle l'impact néfaste des inégalités dans chaque société.  Non maîtrisée, la pandémie est susceptible de créer des inégalités encore plus grandes, au milieu de souffrances considérables, a-t-elle fait observer.  L'universalité de la menace de ce virus fournit l'argument le plus convaincant qui ait jamais été pour un accès universel et abordable aux soins de santé, a-t-elle déclaré, insistant sur l’urgence d’actions de mise à niveau des soins de santé publique dans tous les pays. L'OMS dirige les efforts pour s'assurer que tous les pays sont équipés pour détecter, tester, localiser, isoler et traiter les personnes infectées par COVID-19 et cet effort devrait être entièrement financé, a-t-elle indiqué. Il faudra un effort régional et mondial important pour éviter l'effondrement du système médical de tout pays, une question qui intéresse d'urgence tout le monde. 

 

De vastes mesures économiques et sociales doivent également être prises, dans chaque pays, pour atténuer les chocs de cette épidémie et minimiser la poursuite de la croissance des inégalités.  De nombreux États de toutes les régions - en particulier en Europe - ont pris des mesures sans précédent pour protéger les droits des travailleurs et minimiser le nombre de ceux qui se sont retrouvés au chômage. Tous les États disposant de ressources suffisantes devraient être encouragés à faire de même. De nombreux pays en développement ont moins de capacité d'absorber et d'atténuer l'impact économique et social de l'épidémie et le Secrétaire général [de l’ONU] a appelé à des mesures comprenant, mais sans s'y limiter, l'allégement de la dette, un accès élargi aux financements par le biais du FMI et des contributions au Fonds humanitaire mondial.  Nous devrons peut-être aussi explorer de nouveaux mécanismes financiers pour financer la solidarité mondiale, a indiqué la Haute-Commissaire.


Je tiens également à souligner l'impératif du respect des droits civils et politiques pendant cette crise, a poursuivi Mme Bachelet.  Une situation d'urgence n'est pas un chèque en blanc pour ignorer les obligations en matière de droits de l'homme, a-t-elle souligné.  « Je suis profondément préoccupée par l'adoption par certains pays de pouvoirs d'urgence illimités et non soumis à révision », a affirmé Mme Bachelet. « Je suis également préoccupée par les mesures prises pour imposer des restrictions à la liberté des médias et à la liberté d'expression », a-t-elle ajouté.

 

Concernant la réponse immédiate, tous les efforts nationaux devraient chercher à atténuer l'impact de l'épidémie sur les femmes et les groupes vulnérables, a poursuivi Mme Bachelet.  À l'heure actuelle, plusieurs groupes à haut risque et vulnérables nécessitent une plus grande attention et des mesures d'atténuation. Il s'agit notamment des personnes placées dans des lieux de détention et d'autres établissements, y compris les établissements psychiatriques et les orphelinats; des personnes handicapées; des peuples autochtones et des minorités; des migrants, des réfugiés et des personnes déplacées internes; des personnes dans les zones de conflit; et, en particulier, des personnes âgées, surtout celles qui vivent seules ou en institution.  Des directives spécifiques sur la plupart de ces domaines ont été publiées ou sont en préparation, a indiqué la Haute-Commissaire, avant de se dire « préoccupée par le fait que certains pays envisagent des peines de prison pour violation des ordonnances de mise à distance physique », ce qui risque d’aggraver l’épidémie.

Lorsqu'une menace existentielle pèse sur nous tous, il n'y a pas de place pour le nationalisme ou pour la désignation de boucs émissaires, a-t-elle en outre rappelé.  Par ailleurs, tout obstacle aux efforts médicaux dans un pays augmente le risque pour nous tous, a rappelé Mme Bachelet, avant d’affirmer que les sanctions sectorielles qui ont un impact négatif sur les soins de santé et les droits de l'homme des personnes vulnérables devraient être levées ou adaptées de toute urgence, avec des exemptions humanitaires efficaces pour garantir l'accès à des fournitures vitales.

 

Concernant la sortie de cette crise, la Haute-Commissaire a affirmé que nous devons redoubler d'efforts pour construire des économies plus inclusives et durables et façonner des sociétés plus résilientes face aux chocs. Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 reste notre outil le plus puissant, a-t-elle indiqué.  Il doit également être clair que la protection de l'environnement est le meilleur moyen de protéger la santé et le bien-être humains, y compris contre les pandémies. Nous ne pouvons tout simplement pas retourner là où nous étions il y a quelques mois à peine, avant la COVID-19, a souligné Mme Bachelet.  « Je vous ferai des mises à jour régulières sur les travaux entrepris par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme dans le cadre de la COVID-19 à mesure que la situation évoluera, a fait savoir la Haute-Commissaire.

 

Aperçu de la discussion

 

Questions et observations des délégations

 

S’agissant du cadre général de la lutte contre la COVID-19, nombre de délégations ont estimé que la riposte à la crise ne devait en aucun cas affaiblir les institutions démocratiques, l'état de droit, ou encore les voix de la société civile et des défenseurs des droits de l'homme. Les mesures d’exception prises dans le sillage de la pandémie doivent être proportionnées et limitées dans le temps, ont précisé plusieurs intervenants. Une délégation a condamné les mesures de confinement qui ciblent spécifiquement les personnes LGBT et les minorités religieuses.

 

Un groupe d’États a mis en avant le rôle très important joué par une presse libre dans la riposte à la pandémie. Une organisation non gouvernementale a mis en garde contre l’application de mesures d’exception destinées à limiter l’accès à des informations essentielles dans la lutte contre la pandémie.

 

Des délégations ont attiré l’attention sur le soutien accordé par la société civile aux populations confrontées à la pandémie. Une ONG a attiré l’attention du Conseil sur le risque de représailles accru que courent les membres de la société civile qui participent à ses sessions virtuelles.

 

De nombreux intervenants ont mis en garde contre la propagation de fausses nouvelles concernant l’origine du coronavirus, qui risquent d’affecter négativement certains groupes vulnérables, en particulier les minorités religieuses, et de favoriser la xénophobie, le racisme, la discrimination et la stigmatisation.

 

Les lignes directrices préparées par le Haut-Commissariat à l’intention des États, relatives au respect des droits de l’homme dans la riposte à la COVID-19, ont été mentionnées à plusieurs reprises. Il a été suggéré que le Haut-Commissariat travaille sur la notion de santé publique mondiale en tant que bien commun de l’humanité.

 

Plusieurs délégations ont demandé la levée immédiate des mesures coercitives unilatérales ou des blocus qui limitent fortement la capacité des pays visés de lutter contre la pandémie. La Haut-Commissaire a été priée de dire si elle avait connaissance des effets concrets de telles mesures sur l’accès aux médicaments et au matériel médical, en particulier.

 

Une délégation a rappelé que plus de soixante titulaires de mandat au titre des procédures spéciales ont, dans une déclaration datée du 26 mars, souligné que toute personne, sans exception, a droit à des interventions vitales ; que la discrimination à l'encontre de certains groupes de patients ou de certains groupes n'est jamais justifiée ; et que l'accès aux traitements vitaux doit être non discriminatoire. La nécessité de respecter les droits des personnes âgées dans cette crise a été soulignée. Une délégation a plaidé pour que tous les travailleurs migrants et les membres de leur famille aient, eux aussi, accès à des services de santé complets.

 

De nombreux intervenants ont mis en garde contre les effets potentiellement dévastateurs de la pandémie sur les pays en voie de développement, s’agissant notamment de la crise alimentaire qui risque de survenir. L’importance de minimiser les répercussions de la COVID-19 sur le développement social et économique, et surtout sur l’emploi, a été mentionnée à plusieurs reprises.

 

Il a été recommandé que les plans d'intervention élaborés par le système des Nations Unies s’efforcent d’atténuer les effets des mesures prises pour contenir la COVID-19, en particulier pour les pays en développement qui souffrent d’un manque de ressources et de capacités ainsi que du lourd fardeau de la dette extérieure.

 

Les mécanismes des Nations Unies, y compris le Haut-Commissariat et le Conseil des droits de l’homme, ont été appelés à appuyer les efforts nationaux dans le cadre de leur mandat. Les États ont quant à eux été priés de poursuivre leur collaboration multilatérale au profit des populations les plus vulnérables.

 

La Haut-Commissaire a été priée de dire quelles mesures le Haut-Commissariat pouvait prendre pour atténuer les effets de la COVID-19 sur les personnes réfugiées et sur les personnes vivant en situation de conflit armé, d'occupation ou de blocus.

 

Une délégation a relevé qu’un grand nombre des missions du Haut-Commissariat consistent à suivre la situation des droits de l'homme dans un pays, une région ou un territoire ; or, introduites en raison de la pandémie de COVID-19 par de nombreux pays, la limitation du droit de réunion ainsi que la restriction imposée aux déplacements ont dû entraver le travail du Haut-Commissariat sur le terrain, a fait observer la délégation.

 

Le Conseil des droits de l’homme a été appelé par une ONG à convoquer, aussitôt que possible, une session extraordinaire sur la COVID-19.

 

L’appel du Secrétaire général des Nations Unies à un cessez-le-feu général pour mieux lutter contre la COVID-19 a été relayé par plusieurs orateurs ce matin.

 

Enfin, un hommage a été rendu aux médecins, aux infirmières et aux autres personnels qui sont en première ligne de la riposte à la pandémie. Une ONG a demandé que ces personnels soient effectivement dotés des équipements de protection individuelle indispensables.

 

Réponses de la Haute-Commissaire

 

MME BACHELET a précisé que la pandémie de COVID-19 limitait effectivement le fonctionnement du Haut-Commissariat, certaines activités ayant en effet dû être repoussées. Mais le Haut-Commissariat mène d’autres activités en ligne et continue de dialoguer avec les États, les organisations de la société civile et les institutions nationales de droits de l’homme, a-t-elle précisé.

 

Le Haut-Commissariat a identifié six domaines prioritaires face à la pandémie, parmi lesquels le soutien aux individus et groupes vulnérables ; les répercussions de la crise sur les droits sociaux et économiques ; et le soutien au système onusien des droits de l'homme, a fait savoir la Haut-Commissaire.

 

Soulignant que certains groupes et individus sont victimes de vulnérabilités multiples et croisées, Mme Bachelet a appelé à un soutien fort aux personnes handicapées ainsi qu’aux migrants, aux réfugiés et aux autres personnes contraintes de fuir.

 

La Haute-Commissaire a ajouté que la fermeture des écoles dans de nombreux pays suscitait des inquiétudes quant à l'aggravation des inégalités en matière d'éducation. Mais cette situation devrait aussi être l’occasion d’agir pour remédier à ces mêmes inégalités et donner accès à l'éducation à tous les enfants, a-t-elle indiqué.

 

Le droit international autorise les États à prendre des mesures d’exception dans le cadre d’une crise, a confirmé Mme Bachelet. Mais ces mesures doivent être proportionnées et limitées dans le temps, a-t-elle rappelé, avant de demander que les systèmes électroniques destinés à faire respecter les mesures de confinement ne soient pas utilisés à d’autres fins.

 

Mme Bachelet a en outre rappelé avoir demandé, le 24 mars, une suspension des sanctions économiques afin de permettre aux États visés de faire face à la crise sanitaire. Les sanctions ne doivent pas porter sur le matériel humanitaire et médical, a-t-elle insisté.

 

La Haute-Commissaire a par ailleurs fait savoir que le Haut-Commissariat était en train d'élaborer un guide sur l'intégration des considérations de genre dans les réponses à la COVID-19. D’autre part, le Haut-Commissariat vient de publier des directives sur la protection des migrants et des réfugiés vivant dans des zones surpeuplées. À cet égard, Mme Bachelet a insisté sur l’aide internationale dont doivent bénéficier les pays hôtes.

 

Le Haut-Commissariat a aussi élaboré des directives pour aider les États à évaluer quelles personnes détenues devraient être libérées pour éviter qu’elles ne soient victimes de la COVID-19.

 

Enfin, eu égard aux mesures de confinement à domicile, la Haute-Commissaire a recommandé que les États prennent des mesures de protection en faveur des femmes et des enfants victimes de violence domestique.

 

Le Haut-Commissariat est en train de finaliser un ensemble d’indicateurs destinés à mesurer les effets de la pandémie sur la jouissance des droits de l’homme, a annoncé Mme Bachelet.

 

Enfin, la Haute-Commissaire a recommandé que les États s’abstiennent de sanctionner celles et ceux qui font connaître la vérité, même si elle peut être difficile à entendre.

 

Remarques de conclusion

 

En conclusion de ce dialogue virtuel, la Présidente du Conseil a souligné que l’organisation de cette réunion avait constitué un véritable défi mais que cela en valait certainement la peine.  Un large éventail de questions très pertinentes a été abordé, dont beaucoup n'ont pas pu être discutées en profondeur ; cela encourage le Bureau à essayer d'organiser d’autres réunions informelles, notamment avec les titulaires de mandats, a indiqué Mme Tichy-Fisslberger.

 

Cette crise est comme une expérience sociale à grande échelle, mais avec d'énormes implications pour les droits de l'homme, a-t-elle poursuivi. Elle a déclaré que ce qui lui donnait espoir, c'est la solidarité entre tous, quelles que soient les positions idéologiques ou politiques habituelles ; car ce qui est en jeu, ce sont les vies humaines et les moyens de subsistance, en particulier ceux des populations les plus vulnérables.

 

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mardi 31 mars 2020

Corinne Momal-Vanian nommée à la tête de la Fondation Kofi Annan!

Corinne Momal-Vanian nommée à la tête de la Fondation Kofi Annan

Stéphane Bussard, le Temps de Genève

Freddy Mulongo-Corinne Momal-Vanian 1.jpg, mar. 2020

Actuellement directrice de la gestion des conférences à l’Office des Nations unies à Genève, la future directrice exécutive prendra ses fonctions en juin. Sa venue devrait coïncider avec l’élaboration d’une nouvelle vision pour l’institution privée genevoise fondée par l’ex-secrétaire général de l’ONU, le défunt Kofi Annan.

Depuis le décès en août 2018 de Kofi Annan, l’ex-secrétaire général des Nations unies qui était établi à Genève, la fondation du même nom qu’il avait créée s’est trouvée un peu en quête de sens et de projets. En nommant Corinne Momal-Vanian au poste de directrice exécutive de la fondation, elle entend se donner un nouveau départ et marquer la fin d’une phase de transition. Un conseil de fondation doit se réunir début avril et avaliser la nouvelle vision de l’institution.

Actuelle directrice de la gestion des conférences à l’Office des Nations unies à Genève, cette Carougeoise d’origine française, qui a travaillé à différents postes au sein de l’ONU, notamment à New York, embrassera sa nouvelle fonction à partir de juin prochain et succédera à Alan Doss. Président du conseil de fondation, Elhadj As Sy se félicite de ce choix: «Sa riche expérience en matière de résolution des conflits, des relations internationales et de la coopération multilatérale lui procure une perspective unique et majeure qui servira bien la fondation.»

Corinne Momal-Vanian se dit honorée par cette nomination: «Ayant travaillé avec Kofi Annan quand il était secrétaire général des Nations unies, je comprends la vision qui l’a animé: un monde où toute personne compte.»

Facilitateur

La Fondation Kofi Annan, fondée en 2007 à Genève, ne se veut pas un instrument de coopération internationale en tant que tel, mais entend faciliter des processus de construction de paix durables et de renforcement des équipes dirigeantes. Elle soutient aussi les processus démocratiques et électoraux. Du 9 au 11 novembre 2018, sous la médiation d’Alan Doss, elle a ainsi été sollicitée pour rassembler les sept leaders de l’opposition de la République démocratique du Congo (RDC) dans l’optique de l’unifier en perspective de l’élection présidentielle de décembre de la même année. Un peu à la surprise générale, les sept leaders se sont entendus pour soutenir la seule candidature de Martin Fayulu pour défier Emmanuel Ramazani Shadary, le prétendant choisi par Joseph Kabila, le président de l’époque. Cette belle entente s’est toutefois fracturée peu avant le scrutin.

L’institution de l’ex-patron de l’ONU a aussi joué les médiatrices dans différents théâtres de conflits, notamment au Burkina Faso, en Colombie, en Iraq, au Kenya, au Myanmar et au Sénégal. Elle contribue à aider les pays à renforcer l’intégrité et la légitimité des processus électoraux afin d’éviter les violences. En termes de politiques en matière de drogues, la fondation a joué un rôle majeur, estime l’ex-conseillère fédérale Ruth Dreifuss dans une tribune publiée sur le site de la fondation: «Kofi Annan a joué un rôle clé pour rompre les tabous autour du sida.»

Leuthard au conseil de fondation

Le conseil de fondation a lui-même été renforcé par la venue de l’ancienne conseillère fédérale Doris Leuthard, l’ex-haut-commissaire aux droits de l’homme Louise Arbour, l’ancienne cheffe de la diplomatie argentine Susana Malcorra ou encore Graça Machel, ex-ministre de l’Education du Mozambique.

Porte-parole de la fondation, Genna Ingold le relève. La fondation mettra un très fort accent à l’avenir sur le numérique. En termes de financement, elle le reconnaît: «Les temps ne sont pas faciles.» La pandémie de Covid-19 n’aide pas. 

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dimanche 15 mars 2020

Message du Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres sur le Coronavirus-Covid 19 !

Message du Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres sur le Coronavirus-Covid 19 !

Freddy Mulongo, Réveil FM International

Freddy Mulongo-Antonio Guterres.jpg, mar. 2020


Chers amis,

Les bouleversements causés par le coronavirus - COVID 19 - sont tout autour de nous.

Je sais que vous êtes nombreux à être anxieux, inquiets, déconcertés.

C’est bien normal.

Nous sommes face à une menace sanitaire sans précédent.

Le virus se propage... le danger grandit... et nos systèmes de santé, nos économies et notre vie quotidienne sont mis à rude épreuve.

Les plus vulnérables sont les plus touchés, en particulier les personnes âgées et celles et ceux qui ont des problèmes de santé préexistants, qui n’ont pas accès à des soins de santé fiables, ou qui vivent dans la pauvreté ou la précarité.

Les retombées sociales et économiques de la pandémie et du ralentissement de l’économie toucheront la plupart d’entre nous pendant plusieurs mois.

Mais la propagation du virus atteindra un pic. Nos économies se relèveront.

D’ici-là, nous devons agir ensemble pour ralentir la propagation du virus et prendre soin les uns des autres.

Soyons prudents mais ne paniquons pas. Laissons parler la science et luttons contre la stigmatisation.

Même si la situation a été qualifiée de pandémie, c’est une situation que nous pouvons (encore) maîtriser.

Nous pouvons ralentir la transmission, prévenir l’infection et sauver des vies.

Mais cela implique plus que jamais d’agir sur le plan personnel, aux niveaux national et international.

Le COVID 19 est notre ennemi commun.

Nous devons déclarer la guerre à ce virus.

les pays doivent passer à la vitesse supérieure, intensifier et élargir leur mobilisation.

En appliquant des stratégies de confinement efficaces.

En activant et en améliorant les systèmes d’intervention d’urgence.

En augmentant considérablement la capacité de dépistage et les soins aux patients.

En préparant les hôpitaux, en veillant à ce qu’ils aient les installations, le matériel et le personnel nécessaire.

Et en mettant au point des interventions médicales qui sauvent des vies.

Chacun et chacune d’entre nous a une responsabilité.

Celle de suivre les conseils médicaux et de prendre les mesures simples et pratiques que recommandent les autorités sanitaires.

En plus d’être à l’origine d’une crise de santé publique, le virus est aussi un fléau pour l’économie mondiale.

Les marchés financiers sont durement touchés par l’incertitude.

Les chaînes d’approvisionnement mondiales sont perturbées.

L’investissement et la demande des consommateurs ont chuté - et le risque de récession mondiale est réel et ne cesse de grandir.

Les économistes des Nations unies estiment que le virus pourrait coûter à l’économie mondiale au moins 1 000 milliards de dollars cette année - et peut-être bien plus.

Aucun pays ne peut faire cavalier seul.

Plus que jamais, les gouvernements doivent coopérer pour revitaliser les économies ... accroître les investissements publics ... stimuler le commerce ... et assurer un soutien ciblé aux personnes et aux communautés les plus touchées par la maladie ou les plus vulnérables aux conséquences économiques néfastes qu’elle entraîne – notamment les femmes, qui assument souvent une part disproportionnée des soins.

Chers amis,

La pandémie met en évidence à quel point tous les êtres humains sont interdépendants.

Toutes et tous, nous partageons la responsabilité de prévenir la propagation du COVID-19.

Le système des Nations unies - y compris l’Organisation mondiale de la Santé - est pleinement mobilisé.

En tant que membres de la famille humaine, nous travaillons 24 heures sur 24 avec les gouvernements, nous communiquons des directives internationales et nous aidons le monde à faire face à cette menace.

Nous sommes tous concernés - et c’est ensemble que nous surmonterons cela.

Merci à toutes et à tous.

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vendredi 13 mars 2020

LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME SUSPEND LES TRAVAUX DE SA QUARANTE-TROISIÈME SESSION EN RAISON DE L’ÉPIDÉMIE DE COVID-19

LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME SUSPEND LES TRAVAUX DE SA QUARANTE-TROISIÈME SESSION EN RAISON DE L’ÉPIDÉMIE DE COVID-19


Freddy Mulongo, Réveil FM International


Freddy Mulongo-Conseil des droits de l'homme 19.jpg, mar. 2020

 

Il tient un débat sur l’examen à mi-parcours de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine ; adopte le document final issu de l’EPU de la Bosnie-Herzégovine ; et décide de reconduire jusqu’à la reprise de session les mandats et activités mandatées qui sinon expireraient 

 

Le Conseil des droits de l’homme a suspendu jusqu’à nouvel ordre, ce midi, les travaux de sa quarante-troisième session (qui devaient initialement s’achever le 20 mars), après avoir tenu un débat sur l’examen à mi-parcours de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine en commémoration de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale. 

 

Auparavant, le Conseil a adopté le document final résultant de l’Examen périodique universel de la Bosnie-Herzégovine, concluant ainsi l’adoption des documents finaux des 14 États qui devaient être examinés à la présente session au titre de l’EPU. 

 

Avant de suspendre cette 43ème session, le Conseil a également adopté une décision (A/HRC/43/L.14) par laquelle il prend note des mesures adoptées par la Suisse, pays hôte, tendant à la prévention de la propagation de la COVID-19, ainsi que de l’évaluation de l’Organisation mondiale de la Santé, de l’Office des Nations Unies à Genève et du Secrétariat du Conseil des droits de l’homme.  Rappelant qu’hier (12 mars 2020), le Conseil avait décidé de suspendre aujourd’hui (13 mars) sa 43ème session, et ce jusqu’à nouvel ordre, et rappelant également que toutes les résolutions et décisions qui ont été soumises avant ce vendredi 13 mars 2020 seront examinées lorsque la session reprendra, le Conseil décide par cette décision de reconduire tous les mandats et activités mandatées qui sinon expireraient, jusqu’à la date à laquelle ils pourront être examinés à la reprise de la quarante-troisième session du Conseil. 

 

À situation exceptionnelle, mesures pratiques exceptionnelles, a commenté la Présidente du Conseil, Mme Elisabeth Tichy-Fillsberger, en référence à l’épidémie de COVID-19.  Avant d’adopter le texte du projet de décision L.14, le Conseil a entendu plusieurs délégations rappeler leur opposition de principe aux mandats par pays.

 

Le Conseil a par ailleurs approuvé la nomination de 19 titulaires de mandats dont la liste figure à la fin du présent communiqué. 

 

S’agissant de l’EPU de la Bosnie-Herzégovine, la Représentante permanente de la Bosnie-Herzégovine auprès des Nations Unies à Genève, Mme Nermina Kapetanovic, a indiqué que sur les 207 recommandations qui lui avaient été adressées, son pays en avait accepté 204, dont 68 sont d’ores et déjà en train d’être mises en œuvre. 

 

Commémorant la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale par un débat sur l’examen à mi-parcours de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine, le Conseil a entendu les déclarations liminaires de la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Mme Michelle Bachelet, et de Mme Tamara Mawhinney (au nom du député de Hull-Aylmer au Canada).  Des exposés ont également été faits par les panélistes suivants : Mme Susana Matute Charún, Directrice des politiques publiques pour la population afro-péruvienne au Ministère de la culture du Pérou ; Mme Monica Ferro, Directrice du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) à Genève ; Mme Elisabeth Kaneza, Présidente de la Kaneza Foundation for Dialogue and Empowerment ; et (par vidéoconférence) de Mme Nadia Adongo Musah, Directrice adjointe du bureau des affaires de la diaspora au sein du Cabinet du Président de la République du Ghana.   

 

De nombreux intervenants* ont pris part au débat qui a suivi ces exposés.  

 

Avant de suspendre la session, la Présidente du Conseil a signalé qu’elle avait été saisie d’allégations de représailles contre des défenseurs des droits de l’homme et a exhorté les États à s’abstenir de tout acte d’intimidation et de représailles. 

 

EXAMEN PÉRIODIQUE UNIVERSEL

 

Examen périodique universel : Bosnie-Herzégovine

 

Le Conseil est saisi du rapport sur l’examen de la Bosnie-Herzégovine (A/HRC/43/17 et A/HR/43/17/Add.1) qui s'est déroulé le 13 novembre 2019.  Les trois rapporteurs chargés de faciliter cet examen étaient l’Afghanistan, l’Angola et la Hongrie. 

 

Présentation

 

MME NERMINA KAPETANOVIC, Représentante permanente de la Bosnie-Herzégovine auprès des Nations Unies à Genève, a indiqué que, sur les 207 recommandations qui lui avaient été adressées, son pays en avait accepté 204, dont 68 sont d’ores et déjà en train d’être mises en œuvre.  La Bosnie-Herzégovine a ratifié 14 conventions internationales qui sont parties intégrantes de la Constitution et est également partie à plusieurs conventions du Conseil de l’Europe, a-t-elle ajouté.  Elle a admis qu’il subsistait encore entres les composantes de la société un certain nombre de discriminations et de disparités, mises en relief dans le troisième cycle de l’Examen périodique universel.  Dans ce cadre, la Bosnie-Herzégovine projette d’amender la Constitution et la législation électorale en appliquant les jugements de la Cour européenne des droits de l’homme. 

 

Cela montre, a poursuivi Mme Kapetanovic, que le pays a amélioré son cadre juridique en matière de droits de l’homme, notamment par la loi sur l’interdiction de la discrimination – dont les derniers amendements affirment les droits des personnes handicapées, des personnes LGBTI et des personnes âgées.  S’agissant des trois recommandations rejetées par le pays, la Représentante permanente a indiqué que la Cour constitutionnelle avait émis une décision annulant la disposition sur la peine de mort dans la Constitution de la République Sprpska, ce qui est donc en pleine harmonie avec l’une des trois recommandations, laquelle, pour cette raison même, n’a pas été acceptée.   D’autre part, l’accès des minorités nationales à l’éducation a été institué par la législation, ce qui fait que la recommandation à ce sujet a elle aussi été rejetée.  Enfin, la recommandation exhortant à l’harmonisation des lois contre la discrimination à l’endroit des personnes LGBT est effective à travers la loi sur l’égalité de genre et celle sur l’interdiction de la discrimination, qui s’appliquent dans l’ensemble du territoire, a clarifié la Représentant permanente.  Elle a en outre indiqué que de son côté, le processus d’amendement des codes pénaux tendant à l’interdiction de l’incitation à la haine raciale, nationale et religieuse avait été en partie achevé. 

 

Parmi les priorités, a ajouté Mme Kapetanovic, figurent l’adoption de la stratégie révisée sur le traitement des crimes de guerre et de la stratégie de justice transitionnelle ainsi que la finalisation du processus de recherche des personnes disparues, qui contribueraient à la réconciliation et à une meilleure démocratisation.  La Représentante permanente a reconnu que la Bosnie-Herzégovine s’emploie à cela depuis des années, mais qu’un consensus était encore nécessaire avant d’adopter ces stratégies.  Elle a aussi évoqué les défis humanitaires avec l’afflux accru de migrants auxquels les autorités concernées fournissent de la nourriture, des articles d’hygiène, des vêtements et garantissent un traitement humain avec l’assistance systématique des organisations internationales. 

 

Débat

 

Des délégations se sont réjouies des amendements constitutionnels et des efforts gouvernementaux visant l’élimination de la lutte contre la traite des personnes.  Les initiatives visant à éliminer le racisme et la discrimination raciale, ainsi que le renforcement des capacités institutionnelles pour l’égalité hommes-femmes ont également été salués.  S’agissant notamment de la lutte contre la violence à l’égard des femmes, des services supplémentaires d’assistance et d’appui financier font encore défaut, a-t-il été souligné. 

 

A par ailleurs été relevée la persistance des séquelles de la guerre.  Il a en outre été observé qu’en règle générale, les réformes mises en place n’ont pas pleinement pris en compte l’égalité des sexes.  A été recommandée la prise de mesures sexospécifiques visant à répondre aux besoins de femmes, des filles et des enfants réfugiés, pour prévenir également la traite de personnes.  Des lacunes en matière de protection contre les discriminations subsistent, en particulier pour ce qui est de l’accès aux soins de santé génésique et reproductive, a fait observer un intervenant.  Des efforts seraient encore nécessaires pour améliorer les documents stratégiques, en particulier s’agissant des personnes LGBT, a-t-il été ajouté.

 

Les seules entités ayant compétence en matière de protection des droits de l’homme sont centralisées au niveau national, a-t-il en outre été relevé.  

 

Conclusion

 

MME KAPETANOVIC a affirmé que la Bosnie-Herzégovine avait déjà montré qu’elle était disposée à protéger les droits de tous dans le pays.  Les autorités vont contribuer à mettre en œuvre toutes les recommandations issues de cet EPU, avec pour objectif global la mise en œuvre des droits de l’homme conformément aux normes internationales et à celles de l’Union européenne. 

 

La Représentante permanente de la Bosnie-Herzégovine a souligné que le pays s’était engagé à renforcer les droits économiques, sociaux et culturels.  La question des réfugiés est importante pour le pays ; aussi, les autorités se sont-elles engagées à promouvoir et protéger les droits de tous les réfugiés, a-t-elle ajouté.  Elle a par ailleurs déclaré que la Bosnie-Herzégovine s’était engagée à renforcer l’égalité entre les hommes et les femmes et la protection des femmes et des filles contre les violences. 

 

Liste des intervenants : Égypte, Iraq, Libye, Malawi, Pakistan, Serbie, ONU-femmes, Fonds des Nations Unies pour la population, République bolivarienne du Venezuela, Afghanistan, République populaire de Chine, Women’s International League for Peace and FreedomAction Canada for Population and Development et Association lesbienne et gay internationale - Europe

 

 

COMMÉMORATION DE LA JOURNÉE INTERNATIONALE POUR L'ÉLIMINATION DE LA DISCRIMINATION RACIALE ET EXAMEN À MI-PARCOURS DE LA DÉCENNIE INTERNATIONALE DES PERSONNES D'ASCENDANCE AFRICAINE

 

Déclarations liminaires

 

MME MICHELLE BACHELET, Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, a rappelé que le Déclaration et le Plan d'action de Durban avaient reconnu que les personnes d'ascendance africaine étaient toujours victimes de l'héritage de la traite esclavagiste des Africains et du colonialisme.  Et de fait, a constaté la Haute-Commissaire, partout dans le monde, les personnes d'ascendance africaine subissent toujours une discrimination intolérable et constituent les groupes parmi les plus pauvres et marginalisés.

 

Compte tenu de cette situation, l'Assemblée générale a instauré en 2015 la Décennie internationale des personnes d'ascendance africaine, qui doit être l'occasion de mettre l'accent sur la contribution importante des personnes d'ascendance africaine dans chaque société.  Elle défend des mesures concrètes pour mettre un terme à la discrimination et pour favoriser la pleine inclusion des personnes d'ascendance africaine.

 

L'examen à mi-parcours de la Décennie, auquel l'Assemblée générale procédera cette année, permettra aux États d'échanger leurs bonnes pratiques et de décider d'autres mesures pour aller de l'avant.  Mme Bachelet a espéré que les États créeraient bientôt l'instance permanente sur les personnes d'ascendance africaine, attendue depuis longtemps.  Elle a ensuite rendu compte des activités menées par le Haut-Commissariat en tant que coordonnateur de la Décennie.

 

La Haute-Commissaire a recommandé aux États d'appliquer les mesures correctives prévues par le programme d'action associé à la Décennie s'agissant – notamment – de la violence policière excessive contre les personnes d'ascendance africaine, le profilage racial et la discrimination raciale structurelle dans la santé, l'emploi, la formation et le logement.

 

MME TAMARA MAWHINNEY, de la Mission permanente du Canada auprès des Nations Unies à Genève, a donné lecture d’une déclaration de M. GREG FERGUS, Député canadien, dans laquelle ce dernier souligne à quel point les Canadiens d'ascendance africaine ont forgé l'histoire du pays.  On compte aujourd'hui environ un million de personnes d'ascendance africaine au Canada.  Elles contribuent toutes à la croissance, à la diversité et au développement du pays.  Le Canada reconnaît que, pour aller de l'avant, il faut comprendre son passé.  L'histoire « noire » fait partie de l'histoire canadienne.  Une motion vient d'être introduite à la Chambre des communes pour que le 1er août soit reconnu comme journée de l'émancipation et de la connaissance de l'histoire de l'esclavage et de ses conséquences sur les communautés noires aujourd'hui.

 

Le racisme antinoir continue d'exister au Canada.  Le Canada a fait de grands progrès pour promouvoir le multiculturalisme mais le fléau du racisme doit être abordé de manière plus musclée, a estimé le député.  En janvier 2018, le Premier ministre a annoncé que le Canada reconnaissait officiellement la décennie internationale des personnes d'ascendance africaine.  Le Canada a pris des mesures concrètes pour lutter contre les inégalités et pour améliorer la vie de tous les Canadiens, y compris ceux d'ascendance africaine.  Le Canada s'est ainsi engagé à poursuivre les efforts pour créer un pays où un plus grand nombre de Canadiens ont une chance réelle et égale de réussir.  En juin 2019, le Gouvernement canadien a par ailleurs lancé officiellement la Stratégie de lutte contre le racisme qui vise à soutenir la recherche et les consultations avec la société civile partout dans le pays, y compris avec les Noirs canadiens. 

 

Exposés des panélistes

 

MME SUSANA MATUTE CHARÚN, Directrice des politiques publiques pour la population afro-péruvienne au Ministère de la culture du Pérou, a salué ses ancêtres hommes et femmes et ses orishas qui lui ont donné l’opportunité de participer à cette commémoration, laquelle permet de procéder à un examen à mi-parcours de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine, entamée en 2014.  Elle a rappelé qu’il y a 500 ans, l’esclavage avait provoqué l’arrivée de populations africaines au Pérou.  Depuis, le pays s’est efforcé de jeter les bases de l’égalité et de favoriser l’expression de langues et de cultures diverses, de pratiques spirituelles et de techniques et savoirs faire ancestraux.  Les Afro-péruviens subissent encore des discriminations raciales et l’exclusion sociale, qui sont des manifestations d’une discrimination structurelle, a-t-elle affirmé. 

 

En 2009, a poursuivi Mme Matute Charún, le Pérou a exprimé « le pardon historique » au peuple afro-péruvien pour les abus, l’exclusion et la discrimination commis à son encontre à l’ère coloniale.  Ce pardon a également reconnu la participation de ces personnes dans l’affirmation de l’identité nationale. 

 

Après avoir brièvement présenté les plans et politiques d’appui aux Afro-péruviens à travers la politique nationale de transversalisation interculturelle et le Plan national de développement de la population afro-péruvienne (PLANDEPA), Mme Matute Charún a expliqué que ces politiques en étaient au stade de l’évaluation pour œuvrer à la rédaction de la loi sur la promotion et la protection des droits de la population d’ascendance africaine.  Dans cette optique, il est primordial de disposer de chiffres et statistiques précis, a-t-elle souligné.  Le secteur culturel, quant à lui, veille à rendre visible ce pan de la population qui représente 3,6% de la population totale, tandis que dans le domaine éducatif, des bourses et des crédits sont octroyés. 

 

MME MONICA FERRO, Directrice du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) à Genève, a déclaré qu’aujourd’hui, les personnes d’ascendance africaine continuent de se heurter à de multiples discriminations, notamment dans le domaine de la santé, du logement et de l’accès à la justice.  Les jeunes d’ascendance africaine, notamment les filles, subissent ces discriminations de manière disproportionnée.  Il faut que la communauté internationale prenne davantage en compte cette population, a insisté Mme Ferro, avant de souligner que le FNUAP est bien placé pour promouvoir la cause des personnes d’ascendance africaine, notamment les femmes et les filles. 

 

Le Consensus de Montevideo [sur la population et le développement] a conclu deux chapitres (les parties H et I du document) : l’un sur les peuples autochtones et l’autre sur les personnes d’ascendance africaine pour aller de l’avant dans la lutte contre les discriminations à leur encontre.  Le FNUAP est en train de concevoir une stratégie dans ce domaine qui va notamment se concentrer sur le plaidoyer et l’échange des connaissances.  Ce qui n’est pas mesurable n’est pas visible, a insisté Mme Ferro, indiquant que c’est pour cela que le FNUAP veut combler les lacunes dans le domaine de la récole de données. 

 

MME ELIZABETH KANEZA, fondatrice et Présidente de la Fondation Kaneza pour le dialogue et l’autonomisation (Allemagne), a décrit son expérience d’unique députée noire au Parlement allemand, au cours de laquelle elle a pu constater que ni cette institution, ni le Gouvernement n’étaient prêts à admettre l’ampleur du problème de la discrimination raciale subie par les personnes d’ascendance africaine en Allemagne.  Après avoir suivi le programme de sensibilisation organisé par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme, Mme Kaneza a indiqué avoir décidé, en 2016, de promouvoir la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine en Allemagne.  À cette date, les personnes d’ascendance africaine n’étaient pas reconnues en tant que groupe victime par le plan d’action national contre le racisme, a-t-elle souligné.  La visite du Groupe de travail d’experts des Nations Unies sur les personnes d’ascendance africaine, en 2017, fut suivie de la création d’organisations locales pour défendre les droits de ces personnes, a-t-elle expliqué.  Le nouveau plan d’action contre le racisme, adopté après des consultations entre la société civile et les autorités allemandes, contient désormais la reconnaissance officielle de la Décennie en tant que moyen de lutter contre le racisme visant les Allemandes et les Allemands noirs, a précisé Mme Kaneza. 

 

Cette première victoire, a-t-elle poursuivi, a été suivie de l’adoption, par la ville de Berlin, d’un plan d’action s’inscrivant dans le cadre de la Décennie internationale.  Mais, au niveau européen, a regretté Mme Kaneza, la réalité est que la discrimination raciale et la violence sont le lot quotidien des personnes d’ascendance africaine, dans un climat généralement hostile à la diversité.  Mme Kaneza a cité, à cet égard, les attaques racistes à Hanau et à Halle.  Elle a demandé aux États de s’engager ouvertement contre la violence et la haine racistes, partout dans le monde.

 

Intervenant par visioconférence (sans interprétation), MME NADIA ADONGO MUSAH, Directrice adjointe du bureau des affaires de la diaspora au sein du Cabinet du Président de la République du Ghana, a expliqué que son bureau avait été établi dans le cadre de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine.  Depuis, plusieurs festivals ont été organisés pour mobiliser le mouvement de la diaspora en Afrique et dans le monde, a-t-elle indiqué. 

 

Des personnes d’ascendance africaine ont pu bénéficier de l’octroi de la nationalité ghanéenne, a poursuivi la Directrice adjointe du bureau des affaires de la diaspora.  S’agissant des dispositions de la Décennie relatives au logement, elle a pointé les difficultés des Ghanéens de la diaspora lorsqu’ils retournent au pays et a cité les mesures prises pour garantir leur droit à un logement.  Elle a aussi décrit le programme NABCO qui permet aux jeunes étudiants, ou à ceux qui finissent le service militaire, de bénéficier d’un emploi pendant trois mois. 

 

Aperçu du débat

 

Un représentant a demandé de ne pas oublier la réalité historique, même dérangeante, qui a motivé la décision de proclamer la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine, qui durera jusqu’en 2024.  Des délégations ont dit soutenir le Programme d’activités prévues dans le cadre de la Décennie et demandé que les redoublent d’efforts pour l’appliquer pleinement.  Une ONG a demandé au Haut-Commissariat de mieux faire connaître ce document essentiel. 

 

La montée des discours de haine a été dénoncée par de nombreux intervenants, y compris lorsqu’elle se cache derrière la liberté d’expression.  Les États ont été appelés à donner pleinement effet à la Déclaration et au Plan d’action de Durban, adoptés au terme de la Conférence mondiale contre le racisme à Durban, en 2001.

 

Une délégation de plaidé pour que soient restaurés la dignité et les droits des personnes d’ascendance africaine.  Plus de 200 millions de personnes d’ascendance africaine ont contribué au développement des Amériques et d’autres pays, a rappelé cette délégation.  D’autres intervenants ont salué la grande contribution des descendants des victimes de la traite aux arts, à la politique, aux sports et à la science. 

 

Les délégations ont relevé que, malgré les efforts, il demeurait des préjugés persistants envers les personnes d’ascendance africaine, de même qu’un profilage racial par la police.  Elles ont décrit des mesures prises au niveau national pour remédier au racisme structurel et à toutes les formes d’exclusion au détriment des personnes d’ascendance africaine. 

 

L’importance de donner plus de visibilité aux personnes d’ascendance africaine a aussi été soulignée, de même que la nécessité de briser le cycle de la pauvreté et du chômage.

 

Plusieurs intervenants ont mentionné la ratification par leurs pays de la Convention interaméricaine contre le racisme, la discrimination raciale et les formes connexes d’intolérance.  L’élaboration de normes complémentaires à la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale a été demandée.  Des délégations ont appelé de leurs vœux l’adoption d’une déclaration sur les droits des personnes d’ascendance africaine et la création d’une instance permanente des Nations Unies sur le même sujet.

 

Des organisations non gouvernementales ont insisté sur la contribution essentielle de la société civile dans la lutte contre le racisme et dans l’amélioration de la situation des personnes d’ascendance africaine vivant en Europe et aux Amérique.  Des ONG ont dénoncé les violences et spoliations dont les personnes d’ascendance africaine sont victimes en Colombie et au Brésil.  Des actes de racisme et de discrimination ont été dénoncés au Koweït et en Arabie saoudite.

 

Enfin, la poussée de racisme anti-asiatique et la discrimination dans le sillage de la crise actuelle du coronavirus ont, elles aussi, été dénoncées. 

 

Réponses des panélistes

 

MME CHARÚN a rappelé que la Conférence mondiale sur racisme tenue en 2001 à Durban datait d’il y a déjà 20 ans et que pourtant, on n’en était qu’au début pour ce qui est de l’obtention de résultats.  Chacun doit profiter des outils internationaux mis au point, qui répondent aux besoins des personnes d’ascendance africaine, a-t-elle souligné, avant de plaider pour la mise en place d’un fonds mondial pour les personnes d’ascendance africaine. 

 

Le Pérou a dans un premier temps étudié qui étaient les personnes d’ascendance africaine et de quelles formes de discrimination elles étaient victimes, a-t-elle poursuivi, indiquant que l’ensemble des fonctionnaires doivent être informés de ces réalités pour prendre les mesures adéquates.

 

MME FERRO a, quant à elle, expliqué qu’il fallait être conscient que les personnes d’ascendance africaine sont victimes de nombreuses discriminations qui se chevauchent et qu’il faut prendre en compte cette situation pour prendre les mesures adéquates.  Elle a rappelé l’importance des données pour faire exister les personnes d’ascendance africaine dans les politiques publiques, afin que personne ne soit laissée pour compte.  Il faut que les cinq prochaines années de la Décennie soient des années dédiées à l’action, a-t-elle plaidé.

 

MME KANEZA a assuré que les cinq premières années de la Décennie n’avaient pas été une occasion manquée s’agissant de son pays, l’Allemagne.  Aujourd’hui, par exemple, l’Allemagne a mis en œuvre un mécanisme pour reconnaître les victimes de la période coloniale et octroyer des réparations.  Il faut néanmoins promouvoir davantage la sensibilisation des États à la Décennie et renforcer les programmes d’éducation sur l’histoire de l’esclavage et du colonialisme. 

 

*Liste des participants : Pérou (au nom d’un groupe de pays), Union européenne, Haïti (au nom de la CARICOM), Afrique du Sud (au nom du Groupe africain), Azerbaïdjan (au nom du Mouvement des non-alignés), Guyana (au nom des petits États insulaires en développement), Costa Rica, Équateur, Pakistan, Afrique du Sud, Brésil, Namibie, Vanuatu, Venezuela, Indonésie, Qatar, Népal, Chine, Cuba, Fédération de Russie, Sénégal, Angola, Belgique, IMADR, Réseau international des droits de l’homme, Mouvement international de la jeunesse et des étudiants pour les Nations UniesSociedade Maranhense de Direitos HumanosInternational HR Association of American MinoritiesInternational Council Supporting Fair Trial and Human Rights.

 

NOMINATION DE TITULAIRES DE MANDATS

 

Le Conseil a approuvé la nomination des dix-neuf titulaires de mandats ci-après. 

 

En tant que membres du Mécanisme d'experts sur le droit au développement, le Conseil a nommé M. Bonny Ibhawoh (Nigéria) pour les États africains, M. Mihir Kanade (Inde) pour les États d'Asie et du Pacifique, Mme Klentiana Mahmutaj (Albanie) pour les États d'Europe orientale, M. Armando Antonio de Negri Filho (Brésil) pour les États d'Amérique latine et des Caraïbes et M. Koen De Feyter (Belgique) pour les États d'Europe occidentale et autres États.

 

Le Conseil a nommé au Mécanisme d'experts sur les droits des peuples autochtones Mme Laila Susanne Vars (Norvège) en tant que membre de l'Arctique et M. Binota Moy Dhamai (Bangladesh) en tant que membre de l'Asie.

 

Mme Yuefen Li (Chine) a été nommée Experte indépendante chargée d’examiner les effets de la dette extérieure et des obligations financières internationales connexes des États sur le plein exercice de tous les droits de l’homme, particulièrement des droits économiques, sociaux et culturels.  Mme Claudia Mahler (Autriche) a été nommée Experte indépendante chargée de promouvoir l’exercice par les personnes âgées de tous les droits de l’homme.  Mme Isha Dyfan (Sierra Leone) a été nommée Experte indépendante sur la situation des droits de l'homme en Somalie.

 

Le Conseil a également nommé M. Balakrishnan Rajagopal (États-Unis) Rapporteur spécial sur le logement convenable en tant qu'élément du droit à un niveau de vie suffisant ainsi que sur le droit à la non-discrimination à cet égard.  M. Tomoya Obokata (Japon) a été nommé Rapporteur spécial sur les formes contemporaines d'esclavage, y compris leurs causes et leurs conséquences.  M. Olivier de Schutter (Belgique) a été nommé Rapporteur spécial sur l'extrême pauvreté et les droits de l'homme.  Quant à Mme Alena Douhan (Belarus), elle a été nommée Rapporteuse spéciale sur les effets négatifs des mesures coercitives unilatérales sur l’exercice des droits de l’homme.

 

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mercredi 11 mars 2020

LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME DÉBAT DES QUESTIONS RELATIVES AUX MINORITÉS

LE CONSEIL DES DROITS DE L'HOMME DÉBAT DES QUESTIONS RELATIVES AUX MINORITÉS


Freddy Mulongo, Réveil FM International


Freddy Mulongo-Conseil des droits de l'homme 17.jpg, mar. 2020

 

 

Il entend en outre la présentation de plusieurs rapports au titre des organes et mécanismes de promotion des droits de l’homme

 

Le Conseil des droits de l'homme a tenu, cet après-midi, un débat interactif avec le Rapporteur spécial sur les questions relatives aux minorités, M. Fernand de Varennes, avant d’entendre la présentation d’une série de rapports au titre du point de l’ordre du jour consacré aux organes et mécanismes de promotion des droits de l’homme. 

 

En début de séance, le Pakistan, la Géorgie, l’Azerbaïdjan, l’Afrique du Sud, le Bangladesh, la République populaire démocratique de Corée, la Turquie et le Japon ont exercé leur droit de réponse au titre du débat général - clos ce matin - sur les situations relatives aux droits de l'homme qui requièrent son attention. 

 

Présentant son rapport, intitulé « Éducation, langue et droits de l’homme des minorités», M. de Varennes a souligné que pour les minorités linguistiques, rien n’est plus essentiel que leur langue : la clef de toute stratégie pour faire respecter les droits des minorités linguistiques est la perpétuation de leur langue, a-t-il insisté.  Il a ensuite rendu compte de la visite qu'il a effectuée en Espagne.  Après avoir salué les mesures prises par les autorités espagnoles pour refléter la diversité linguistique, religieuse et ethnique du pays, de même que les efforts déployés pour reconnaître les contributions inestimables qu’apportent les différentes composantes de la population, y compris les Roms, le Rapporteur spécial a estimé qu’il restait des améliorations à apporter en Espagne, s’agissant notamment de la situation des migrants et de la montée des discours xénophobes à leur encontre.

 

Suite à cette présentation, l’Espagne, en tant que pays concerné, ainsi que le Défenseur du peuple de l'Espagne se sont exprimés, avant que de nombreuses délégations* ne prennent part au débat, à l'issue duquel la Chine a exercé son droit de réponse. 

 

Au titre des organes et mécanismes de promotion des droits de l'homme, le Conseil a entendu les présentations des rapports du Forum sur les questions relatives aux minorités, dont les travaux de la douzième session portait sur « l’Education, la langue et les droits humains des minorités linguistiques »; du Forum social, qui s’est concentré sur les droits relatifs à la jeunesse; de la 26e Réunion annuelle des titulaires de mandat de procédures spéciales; et de la synthèse des consultations menées sur la contribution du Conseil à la prévention des violations des droits de l’homme

 

Le Conseil poursuivra ses travaux demain matin, à 10 heures, pour examiner et adopter les documents finals résultant de l’Examen périodique universel de l’Italie, d’El Salvador, de la Gambie et de la Bolivie. 

 

Les débats de cette quarante-troisième session et l’ensemble des interventions auxquelles ils ont donné lieu peuvent être suivis et réentendus en consultant le site UN Web TV.

 

 

Débat interactif avec le Rapporteur spécial sur les questions relatives aux minorités

 

Le Conseil est saisi du rapport du rapport du Rapporteur spécial sur les questions relatives aux minorités (A/HRC/43/47), intitulé « Éducation, langue et droits de l’homme des minorités», ainsi que de son rapport de mission en Espagne (A/HRC/43/47/Add.1, à paraître en français, et A/HRC/43/47/Add.2réponses de l’État partie).

 

Présentation du rapport

 

M. FERNAND DE VARENNES, Rapporteur spécial sur les questions relatives aux minorités, a d’abord relaté sa visite en Espagne.  Après avoir salué les mesures prises par les autorités espagnoles pour refléter la diversité linguistique, religieuse et ethnique du pays, de même que les efforts pour reconnaître les contributions inestimables qu’apportent les différentes composantes de la population, y compris les Roms, le Rapporteur spécial a estimé qu’il restait des améliorations à faire en Espagne, notamment s’agissant de la situation des migrants et de la montée des discours xénophobes à leur encontre.

 

M. de Varennes a recommandé que la loi espagnole soit modifiée afin d’autoriser l’utilisationdes langues minoritaires dans les démarches pénales, civiles et administratives, outre le castillan.  Il a également appelé à l'élaboration d'une stratégie nationale d'intégration des Roms.

 

Le Rapporteur spécial a regretté que son dialogue constructif avec le Gouvernement espagnol ait été écourté, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme ne l'ayant pas informé que son projet de rapport devait être traduit en espagnol pour que le Gouvernement puisse y répondre.

 

S’agissant de son rapport thématique, le Rapporteur spécial a rappelé que son mandat était clair : il doit formuler des recommandations relatives à l’application de stratégies destinées à protéger les minorités.  Or, pour les minorités linguistiques, rien n’est plus essentiel que leur langue :la clef de toute stratégie pour faire respecter les droits des minorités linguistiques est la perpétuation de leur langue, a insisté M. de Varennes.

 

En particulier, les enfants doivent recevoir un enseignement dans leur langue maternelle, en plus de la langue officielle.  Cela permet non seulement de réduire l’abandon scolaire, mais aussi d’améliorer les résultats scolaires et les connaissances, a expliqué le Rapporteur spécial.  En particulier, les filles appartenant aux minorités ont de biens meilleurs résultats lorsque l’enseignement se fait dans leur langue, a conclu le Rapporteur spécial.

 

Pays concerné

 

Le représentant de l’Espagne a d’abord réaffirmé l’appui de son pays aux procédures spéciales, auxquelles l’Espagne a adressé une invitation permanente.  Mais l’Espagne est déçue de la méthode du Rapporteur spécial, qui applique mécaniquement, à une réalité complexe, une définition purement quantitative de la notion de minorité.  L’Espagne aurait préféré une analyse du contexte, en particulier de l’histoire, qui explique la richesse linguistique et culturelle du pays, ou encore des structures politiques d’autogouvernement créées pour reconnaître cette diversité. 

 

D’autre part, l’Espagne juge particulièrement inacceptable la mention du fait que l’appartenance à une prétendue minorité catalane aurait influencé la sentence prononcée par le Tribunal suprême espagnol le 14 octobre 2019.  Cette accusation très grave apparaît dans le rapport sans aucune information permettant de la démontrer ni de la justifier, a regretté le représentant espagnol :dans ce procès, on a jugé des faits, pas des idées ni des idéologies, a-t-il affirmé. 

 

Le représentant a tenu à rappeler que, depuis le début de l’étape démocratique actuelle, les forces politiques défendant l’indépendance de territoires espagnols sont représentées dans les deux chambres du Parlement, ainsi qu’au sein des gouvernements, des chambres législatives et des municipalités de leurs communautés autonomes respectives. 

 

Le représentant a aussi jugé inacceptable que la version finale du rapport ait été publiée 24 heures seulement avant la présentation devant le Conseil.  Il a déploré que le rapport n’ait pas été remis aux autorités en langue espagnole, une des six langues officielles de l’ONU.  Le représentant a émis des doutes sur la volonté du Rapporteur spécial d’assister son Gouvernement en matière d’amélioration de la situation des droits de l’homme.

 

Le Défenseur du peuple de l’Espagne s’est déclaré lui aussi en total désaccord avec le concept de minorité utilisé par le Rapporteur spécial.  Dans les termes définis par l’ONU, l’Espagne ne reconnaît le statut de minorité ethnique qu’à la communauté gitane, a précisé le Défenseur. 

 

Le Défenseur a ensuite indiqué qu’il existait une importante minorité musulmane dans les villes autonomes de Ceuta et Melilla, ainsi que des communautés linguistiques en Catalogne, au Pays basque, en Navarre, en Galicie, à Valence et aux Iles Baléares.  Mais aucune d’entre elles ne saurait être considérée comme une « minorité ethnique ».  En outre, elles ne connaissent aucun problème de marginalisation, d’exclusion sociale ni de vulnérabilité, puisqu’elles jouissent de garanties juridiques spécifiques quant au plein exercice de leurs droits et à l’utilisation de leur langue.

 

De par leurs indices de marginalisation, de chômage, de pauvreté et d’exclusion, les Gitans constituent un groupe vulnérable justifiant une protection spécifique par l’État, a ensuite précisé le Défenseur. 

 

Le Défenseur a regretté que les investissements publics considérables requis pour remédier aux discriminations aient été fortement réduits par les politiques d’ajustement appliquées durant la crise économique.  Pour autant, a-t-il assuré, l’Espagne a accompli dernièrement des progrès majeurs dans le domaine du respect des minorités. 

 

Enfin, le Défenseur a regretté que le Rapporteur spécial ne dise rien, dans son rapport, des personnes d’origine berbère, de langue arabe et de religion musulmane, qui sont traditionnellement l’objet de discriminations dans l’éducation, la santé et le logement.

 

Aperçu du débat

 

La langue est un élément essentiel de la reconnaissance des droits des minorités, ont affirmé de nombreuses délégations à la suite du Rapporteur spécial.  La mise en œuvre des droits des minorités exige aussi bien l’intégration sociale des minorités que la reconnaissance de leur langue et de leur culture, a précisé une délégation.  Les questions linguistiques créent parfois des tensions, voire des conflits, entre les minorités et les autorités, a fait remarquer une délégation.  Renforcer la langue d’État ne doit pas se faire au détriment des langues minoritaires, a plaidé une autre. 

 

Elles ont appelé la communauté internationale à défendre l’usage des langues minoritaires, qui sont de moins en moins utilisées. 

 

Plusieurs délégations se sont dites préoccupées par la situation des minorités musulmanes partout dans le monde, où leur citoyenneté est remise en question.  Elles ont regretté les discours de haine à leur encontre, notamment de la part de gouvernements xénophobes. 

 

Une organisation non gouvernementale et plusieurs pays ont salué l’accent mis par le Rapporteur spécial sur l’enseignement dans les langues maternelles minoritaires, qui permet la perpétuation de ces langues à travers les générations. 

 

Certaines délégations ont décrit les mesures adoptées par leur pays pour assurer la reconnaissance des langues minoritaires, comme les programmes scolaires bilingues et les programmes d’enseignement linguistique spécialement destinés aux migrants.  Une délégation a expliqué que son Parlement avait adopté une loi spécifique sur les minorités, assortie d’un processus de consultation exhaustif avec les acteurs concernés.  Plusieurs pays ont aussi indiqué avoir pris des mesures pour reconnaître la langue des signes. 

 

Des organisations non gouvernementales se sont réjouies de la tenue et des conclusions du Forum des minorités, en octobre 2019.  Une délégation a néanmoins regretté les représailles et les actes d’intimidation à l’encontre de représentants de la société civile qui ont participé aux Forums régionaux, notamment en Asie. 

 

Remarques et conclusion du Rapporteur spécial

 

M. DE VARENNES a relevé que certains pays avaient accueilli de nombreux migrants et intégré leurs langues à leur propre société.  Il serait utile de faire connaître leurs « bonnes pratiques » aux nouveaux pays qui accueillent des migrants, a relevé le Rapporteur spécial.  Vu la complexité du sujet, il faudrait élaborer un guide pratique dans ce domaine, a-t-il suggéré. 

 

Le Rapporteur spécial a ensuite annoncé que l’un des thèmes du prochain Forum sur les questions relatives aux minorités serait « les discours de haine en ligne », dans un contexte où la plupart des victimes des discours de haine appartiennent à des minorités. 

 

Le Rapporteur spécial a insisté sur le fait que les conflits dans le monde d’aujourd’hui sont, de fait, des conflits ethniques qui touchent d’abord des minorités.  Les minorités ne doivent pas se sentir exclues et doivent pouvoir faire part de leurs griefs.  La paix et la stabilité dépendent de la justice ; et la justice exige une pleine protection des droits des minorités, a insisté M. de Varennes. 

 

S’agissant de sa visite en Espagne, M. de Varennes a une regretté une nouvelle fois les retards dans la procédure pour des raisons liées à la traduction de son rapport.  En réponse à la déclaration de l’Espagne, il a déclaré qu’il fallait réfléchir davantage à ce que l’on entend par « minorité ».  Le mandat concerne toutes les minorités et pas uniquement les minorités ethniques ou religieuses, a conclu M. de Varennes. 

 

 

*Liste des intervenants : Pakistan (au nom de l’Organisation de la coopération islamique), Union européenne, Pakistan, Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), Estonie, Serbie, Iraq, Slovénie, Hongrie, Inde, Équateur, Croatie, Irlande, Monténégro, Myanmar, Azerbaïdjan, Fédération de Russie, Venezuela, Autriche, Malaisie, Thaïlande, Indonésie, Albanie, Paraguay, Chine, Népal, Roumanie, Guyana, Cameroun, Arménie, Philippines, Îles Marshall, Ukraine, Bangladesh, Afghanistan, Géorgie, International Movement Against All Forms of Discrimination and Racism, Minority Rights Group, Congrès juif mondialOrganisation internationale pour le droit à l'éducation et à la liberté d'enseignement, Helsinki Foundation for Human Rights, Réseau européen pour l’égalité des langues, International Council Supporting Fair Trial and Human Rights, Sokh Human Rights Group, Right Livelihood Award Foundation, et Maat for Peace, Development and Human Rights Association.

 

 

Présentations de rapports au titre des organes et mécanismes des droits de l'homme

 

Le Conseil est saisi du rapport du Rapport du Rapporteur spécial sur les questions relatives aux minorités (A/HRC/43/62) qui contient les recommandations formulées par le Forum sur les questions relatives aux minorités à sa douzième session, consacrée au thème « L’éducation, la langue et les droits de l’homme des minorités». 

 

Présentant ce rapport, M. FERNAND DE VARENNES, Rapporteur spécial sur les questions relatives aux minorités, a expliqué que la douzième session du Forum sur les questions relatives aux minorités s’était tenue les 28 et 29 novembre 2019 et avait porté sur le thème de « l’éducation, la langue et les droits de l'homme des minorité linguistiques ». 

 

Pour la première fois, les recommandations qui sont présentées dans ce rapport s’appuient sur les contributions issues de ce Forum et des trois forums régionaux tenus à Bruxelles (pour l’Europe), à Bangkok (pour l’Asie et la Pacifique) et à Tunis (pour l’Afrique et le Moyen-Orient), a expliqué le Rapporteur spécial. 

 

Le 12e Forum a porté sur quatre thèmes principaux, a précisé M. de Varennes : les droits de l’homme et l’éducation dans la langue minoritaire ; les politiques publiques en faveur de l’éducation et de l’enseignement dans les langues minoritaires ; les pratiques effectives pour l’enseignement dans les langues minoritaires ; et la langue, l’éducation et le renforcement des femmes et des filles. 

 

Parmi les recommandations du Forum, M. Varennes a mis en relief quelques recommandations clé, comme celle invitant les États à prévoir l’accès à l’enseignement en langue minoritaire afin d’assurer un traitement égal pour les gens de différents groupes linguistiques, ou celle invitant les États à créer un environnement favorable pour que les minorités puissent enseigner, apprendre et utiliser leurs langues, et que les langues minoritaires se retrouvent dans un environnement institutionnel favorable à la diversité linguistique et culturelle, exempt de discrimination, de stigmatisation ou de discours haineux envers les minorités.  Le Rapporteur spécial a enfin souligné que les recommandations et les discussions du Forum, ainsi que celles des trois forums régionaux, ne suggèrent pas que l’enseignement dans les langues minoritaires s’exerce afin de mettre les minorités à l’écart du reste de la société; les participants ont souvent exprimé et reconnu qu’il importait d’assurer l’apprentissage de la langue nationale ou officielle et l'apprentissage d’autres langues. 

 

Le Conseil est également saisi du rapport du Forum social qui s’est déroulé les 1er et 2 octobre 2019 à Genève (A/HRC/43/63)

 

Présentant ce rapport, MME KADRA AHMED HASSAN, Présidente-Rapporteuse du Forum social, a indiqué que le Forum social d'octobre dernier avait eu pour thème la promotion et la protection des droits des enfants et des jeunes par l’éducation et avait bénéficié de la participation de 650 personnes, représentants de gouvernements, des Nations Unies, d’organes intergouvernementaux, de membres de la société civile, du monde académique et de la jeunesse; plus de 50 personnes ont pu prendre la parole, sans compter les messages vidéo envoyés par des enfants à travers le monde.  En plus des séances plénières, des événements parallèles ont été organisés.  

 

Le Forum a commencé par une table ronde de haut niveau sur le pouvoir de transformation de l’éducation pour les jeunes.  La discussion entre la Haute-Commissaire adjointe aux droits de l’homme et deux représentants de la jeunesse a porté sur la manière dont on peut améliorer l’éducation et sur les efforts nécessaires à l’autonomisation des enfants et des jeunes.  Il a également été discuté de la manière dont on peut s’engager avec eux dans le cadre des mécanismes et processus des Nations Unies. 

 

A la fin de ces deux jours, les participants ont fait une série de recommandations, notamment celle visant à ce que les Etats respectent et protègent tous les droits relatifs à la jeunesse, en particulier le droit à l’éducation dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Les participants ont également appelé les Etats à investir dans l’éducation et à prendre des mesures pour atteindre les laissés pour compte, notamment en accordant la priorité aux besoins spécifiques des plus vulnérables. 

 

Les Etats devraient en outre lever toutes les barrières financières directes et indirectes à l’éducation et pleinement mettre en œuvre la Déclaration sur la sécurité dans les écoles et les lignes directrices pour la protection des écoles et des universités contre l’utilisation militaire durant les conflits armés.  Ils devaient aussi veiller à ce que les jeunes filles enceintes et les jeunes mères aient accès à l’éducation, y compris par des mesures de scolarisation à temps partiel.  Les Etats, les agences des Nations Unies, la société civile et les autres partenaires devraient par ailleurs construire des partenariats au niveau local dans le but de changer les normes sociétales autour de l’éducation, entre autres recommandations issues de ce Forum social. 

 

Le Conseil est aussi saisi du rapport de la 26e Réunion annuelle des titulaires de mandat au titre des procédures spéciales du Conseil (A/HRC/43/64, à paraître), qui s’est tenue du 17 au 21 juin 2019. 

 

Présentant ce rapport au nom de Mme Anita Ramasasty, Présidente du Comité de coordination des procédures spéciales, M. JAVAID REHMAN, membre du Comité de coordination des procédures spéciales, a indiqué que ledit rapport contenait des informations sur les efforts déployés par les procédures spéciales pour mieux communiquer - de façon individuelle ou en tant que système - sur les buts de leurs mandats.  Il présente également des informations sur la manière dont ces mécanismes contribuent, dans leur ensemble, à la concrétisation du pilier droits de l’homme des Nations Unies. 

 

Le rapport indique également que 2019 a marqué une étape positive pour les procédures spéciales: la coopération des Etats n’a cessé de croître, alors que, dans le même temps, le nombre de pays n’ayant jamais reçu visite de titulaires de mandat décroissait.  Le rapport montre cependant que le niveau de coopération varie d’un Etat à l'autre: certains ont reçu plusieurs visites, d’autres aucune; certains répondent aux communications, d’autres non.  Le rapport souligne par ailleurs que les procédures spéciales se sont très activement engagées avec d’autres entités des Nations Unies et ont traité de nouvelles questions thématiques et perspectives. 

 

Dans le même temps, 2019 a aussi été une année difficile, a ajouté M. Rehman.  Est en effet apparu un rétrécissement du respect des obligations internationales; plusieurs titulaires de mandat ont subi des attaques directes, alors qu’ils ne cherchaient qu’à mettre en œuvre leur mandat; les personnes coopérant avec eux ont également fait l’objet de représailles; et le manque de coopération de certains Etats, ainsi que les contraintes financières qui frappent le système des Nations Unies ont constitué un frein à leur travail.  Mais en ce qui les concerne, les titulaires de mandat souhaitent continuer de mettre en œuvre leur mandat, a conclu M. Rehman.

 

Le Conseil est enfin saisi du rapport sur la synthèse des consultations menées sur la contribution du Conseil des droits de l’homme à la prévention des violations des droits de l’homme, sur la mise en œuvre de la résolution 38/18 (A/HRC/43/37).

 

Présentant ce rapport, MME YVETTE STEVENS, Présidente-Rapporteuse sur la mise en œuvre de la résolution 38/18 concernant la contribution du Conseil des droits de l’homme à la prévention des violations des droits de l’homme, a déclaré que la prévention est au cœur du mandat et des activités du Conseil.  Elle a expliqué que, pour cette raison, avec ses collègues rapporteurs MM. Pablo de Greiff et Nils Muiznieks, elle avait axé le rapport sur les mesures susceptibles de prévenir la commission de violations, soulignant à cet égard que la prévention est pertinente avant et après les conflits.  Le Conseil et ses mécanismes contribuent à ces deux types de prévention puisqu’ils sont aussi à même d’identifier les lacunes structurelles des Etats et de fournir des conseils et des recommandations aux gouvernements, contribuant ainsi à une prévention à long terme, a souligné Mme Stevens.  Elle a rappelé à cet égard que quelques mois avant la tragédie de 1994 au Rwanda, le Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires de l’époque avait tiré la sonnette d’alarme sur le risque de commission d’un génocide.  De la Syrie à Sri Lanka, en passant par le Myanmar et la République centrafricaine, les grandes crises des droits de l’homme ont régulièrement été précédées de mise en garde des mécanismes des droits de l’homme, a rappelé Mme Stevens. 

 

Mme Stevens a jugé qu’il était critique que les mécanismes du Conseil réexaminent leur mode opératoire et mènent une réflexion sur leur impact afin d'évaluer les mesures qu'il convient de répéter et ce qui pourrait être amélioré.  Elle a également conseillé que ces mêmes mécanismes adoptent une approche de la prévention à long terme.  Le Conseil, quant à lui, pourrait inclure une dimension « prévention » dans les mandats de tous les nouveaux mécanismes qu’il établit. 

 

A l’heure actuelle, a poursuivi Mme Stevens, le travail de prévention souffre d’un manque de coordination et se fait en vase clos; d’où la nécessité pour le Conseil d’améliorer l’impact préventif par des synergies plus systématiques avec les efforts visant au maintien de la paix et à la réalisation des Objectifs de développement durable.  Il faut notamment identifier les rapports qu'il convient de partager avec le Secrétaire général, le Conseil de sécurité et la Commission de consolidation de la paix, entre autres.  Tous ces organes pourraient également être invités à prendre la parole devant le Conseil.  La Présidente-Rapporteuse a également encouragé à accorder davantage d’intérêt à la capacité du Conseil de répondre efficacement aux urgences liées aux droits de l’homme en utilisant, par exemple, les procédures confidentielles de plaintes, et en fournissant à ses groupes de travail les moyens d’effectuer des visites de pays et de tenir des audiences avec les victimes et les représentants des Etats concernés.  Elle a placé ses recommandations dans le cadre de l’Appel à l'action en faveur des droits de l'homme lancé par le Secrétaire général au début de la présente session du Conseil.  « Mieux vaut prévenir que guérir », a conclu Mme Stevens. 

 

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LE CONSEIL POURSUIT SON DÉBAT GÉNÉRAL AU TITRE DES SITUATIONS RELATIVES AUX DROITS DE L’HOMME QUI REQUIÈRENT SON ATTENTION

LE CONSEIL POURSUIT SON DÉBAT GÉNÉRAL AU TITRE DES SITUATIONS RELATIVES AUX DROITS DE L’HOMME QUI REQUIÈRENT SON ATTENTION

 

Freddy Mulongo, Réveil FM International 

 

Freddy Mulongo-Conseil des droits de l'homme 16.jpg, mar. 2020


Le Conseil des droits de l'homme a poursuivi, cet après-midi, son débat général au titre des situations relatives aux droits de l’homme qui requièrent son attention et a entendu dans ce cadre les déclarations d’une centaine d’intervenants*.

 

Ont maintes fois été évoquées les situations qui prévalent au Proche et Moyen-Orient (Syrie, Turquie, Arabie saoudite et Iran), ainsi que dans le sous-continent indien (Pakistan, Inde, Bangladesh, Sri Lanka) et, pour le reste de l’Asie, au Myanmar, en Chine (y compris la Région administrative spéciale de Hongkong), en République populaire démocratique de Corée et aux Philippines.  La situation en Fédération de Russie et dans les territoires occupés en Ukraine a aussi été évoquée à de nombreuses reprises.  L’attention a également été attirée sur les situations dans plusieurs pays d’Amérique et d’Afrique, et plus particulièrement au Nicaragua, au Venezuela, au Mexique, au Brésil, au Burundi, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, en Égypte ou encore en Libye. 

 

Au nombre des violations des droits de l'homme souvent observées dans ces diverses situations, figurent les détentions arbitraires, les exécutions extrajudiciaires, les actes de torture, les violences sexuelles, les mutilations génitales féminines, les violences policières, les représailles, ou encore les restrictions de la liberté d’expression et du droit de manifestation pacifique.  De manière générale, de nombreuses délégations ont dénoncé la restriction de l’espace accordé à la société civile et aux médias partout dans le monde. 

 

Parmi les principales victimes de ces violations, ont été mentionnés les défenseurs des droits de l’homme, les journalistes, les prisonniers politiques, les femmes et les filles, ainsi que les minorités ethniques et religieuses.

 

La propagation des discours de haine et xénophobe et l’utilisation de fausses informations (« fake news ») à travers le monde ont également été dénoncées.

 

Une délégation a souligné que l’épidémie de Covid-19 allait avoir des conséquences importantes sur les relations multilatérales durant les prochains moins, mais qu’il ne fallait pas que cette situation occulte les questions liées aux graves violations des droits de l’homme et au changement climatique.

 

Plusieurs délégations ont pour leur part dénoncé la politisation du Conseil qui, selon elles, adopte de manière sélective des résolutions sur les situations spécifiques de certains pays.  Montrer du doigt un pays n’apporte aucune solution et seule la coopération dans le domaine des droits de l’homme est bénéfique, a-t-il alors été affirmé. 

 

 

Le Conseil achèvera demain matin, à partir de 10 heures, son débat général au titre du point 4 de l’ordre du jour, avant d’entamer un dialogue interactif avec le Rapporteur spécial sur les questions relatives aux minorités.

 

Les débats de cette quarante-troisième session et l’ensemble des interventions auxquelles ils ont donné lieu peuvent être suivis et réentendus en consultant le site UN Web TV.

 

 

*Liste des intervenants : Azerbaïdjan (au nom du Mouvement des non-alignés), Allemagne, Pakistan, République tchèque, Brésil, Australie, Libye, Japon, Philippines, Pays-Bas, Danemark, Uruguay, République de Corée, Espagne, Venezuela, Indonésie, Cameroun, Ukraine, Pérou, Soudan, Érythrée, Suisse, Iraq, Slovénie, Finlande, Équateur, Viet Nam, Cuba, France, Nouvelle-Zélande, Chypre, Myanmar, Azerbaïdjan, Fédération de Russie, Iran, Canada, République populaire démocratique de Corée, Suède, Albanie, Colombie, Chine, Norvège, Géorgie, Organisation des Etats américains, Belgique, Royaume-Uni, Islande, Nicaragua, Cambodge, Irlande, Burundi, Syrie, Luxembourg, Dominicains pour justice et paix - Ordre des frères prêcheurs au nom de plusieurs organisations non gouvernementales1, Congregation of Our Lady of Charity of the Good Shepherd au nom de plusieurs organisations non gouvernementales2 Fédération internationale des ligues des droits de l’homme, au nom également de CIVICUS: Alliance mondiale pour la participation des citoyens; Commission internationale de juristes; Service international pour les droits de l'homme; Conselho Indigenista Missionario, au nom également de Centro de Estudios Legales y Sociales (CELS) Asociación Civil; Right Livelihood Award Foundation, Compagnie des filles de la charité de Saint-Vincent-de-Paul au nom également de Congregation of Our Lady of Charity of the Good Shepherd; Edmund Rice International Limited et Associazione Comunita Papa Giovanni XXIII, East and Horn of Africa Human Rights Defenders project, Coordination des associations et des particuliers pour la liberté de conscience, Minority Rights Group, Baha’i International Community, European Union of Jewish Students, Presse Emblème Campagne, Fundacion para la Mejora de la Vida, la Cultura y la Sociedad, Association lesbienne et gay internationale - Europe, Human Rights Watch, British Humanist Association, Imam Ali’s Popular Students Relief Society, European Humanist Federation, European Union of Public Relations, « Coup de pousse » Chaîne de l’espoir Nord-Sud, Victorious Youths Movement, Canners International Permanent Committee, Association of Youths with Vision, Conectas Direitos Humanos, France Libertés : Fondation Danielle Mitterrand, Franciscans International également au nom de Genève pour les droits de l’homme : formation internationale , Ensemble contre la peine de mort, Global Institute for Water, Environment and Health, World Evangelical Alliance, Sikh Human Rights Group, Société pour les peuples menacés, Amnesty International, Commission internationale de juristes également au nom deService international pour les droits de l'homme et CIVICUS: Alliance mondiale pour la participation des citoyens, International Council Supporting Fair Trial and Human Rights, Forum asiatique pour les droits de l'homme et le développementInstitut international pour les droits et le développement, B’nai B’rith, Prahar, Center for Environmental and Management Studies, Comité de coordination d'organisations juives, International-Lawyers.org, United Nations Watch, Iran Human Rights Documentation Center, Action internationale pour la paix et le développement dans la région des Grands Lacs, Commission to Study the Organization of Peace, Iraqi Development Organization, et Association for the Advancement of Agricultural Trade Unions. 

 

 

1Déclaration conjointe : Dominicains pour justice et paix - Ordre des frères prêcheurs; Caritas Internationalis (International Confederation of Catholic Charities)Global Initiative for Economic, Social and Cultural RightsFranciscans International; Edmund Rice International LimitedSoka Gakkai International; Brahma Kumaris World Spiritual UniversityCongregation of Our Lady of Charity of the Good Shepherd et The Lutheran World Federation;

 

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mardi 10 mars 2020

RDC : le Rapport Mapping a déjà été discuté à l’Assemblée nationale française !

RDC : le Rapport Mapping a déjà été discuté à l’Assemblée nationale française !

Freddy Mulongo, Réveil FM International

Freddy Mulongo-Denis Mukwege Z.jpg, mar. 2020

Sous le support du député Français Vincent Bru, le séminaire intitulé : "Rapport Mapping, un instrument pour la fin de l'impunité" a eu lieu dans la salle Colbert de l'Assemblée nationale, qui paraissait étroite au regard de l'affluence.  Voici le discours de Dr. Denis Mukwege, prix Nobel de la paix, prononcé par Jean-Jacques Lumumba, à l'Assemblée nationale française, le lundi 2 décembre 2019. Le Dr. Denis Mukwege ayant perdu sa mère s'était absenté.  

Mr Le Président de l’Assemblée Nationale, Mesdames et Messieurs les députés, Mr Le Président de l’Institut Francophone pour la Justice et la Démocratie, Distingués invités, Mesdames, Messieurs,
Il nous a été demandé d’évoquer avec vous « Quelles sont nos attentes suite au rapport Mapping » ?
Elles sont grandes et nombreuses, car nous sommes convaincus qu’il n’y aura pas de paix sans la justice en RDC et dans la région des Grands Lacs.
Je tiens d’abord à remercier l’IFJD et tous ceux qui vont apporter leurs expériences et leur expertise durant ce colloque qui a vocation à faire sortir de son placard le rapport Mapping, et à faire sortir les autorités congolaises et la communauté internationale de leur procrastination face à la nécessité d’exploiter tous les outils de la justice transitionnelle en RDC : l’heure n’est plus à l’attente mais à l’action.
A l’occasion des 20 ans du massacre commis à Lemera, en octobre 2016, j’étais retourné sur place, à l’hôpital où j’ai commencé ma profession de gynécologue obstétricien, et où 30 de mes patients et membres de mon personnel soignant ont été sauvagement assassinés le 6 octobre 1996.

Cette date restera pour toujours gravée dans ma mémoire et marque le début des atrocités de masse commises au Congo. Les troupes de l’AFDL, qui se présentaient comme des « libérateurs », dirigés par Laurent Désiré Kabila et soutenues par le Rwanda, commencèrent leur marche à travers le pays pour chasser les Hutus et mettre fin à l’ère du Maréchal Mobutu.
20 ans plus tard, j’étais de retour à l’hôpital de Lemera avec Sonia Rolley, journaliste à RFI. Nous cherchions à nous entretenir avec des survivants, des témoins de ce crime de guerre.
Aucune plaque commémorative n’a été érigée, pas même une simple croix pour signaler la fosse commune où les restes humains de mes patients et de mes collègues reposent – probablement pas en paix – sur le flanc de l’Hôpital.
Lors de ce voyage à Lemera, j’étais accompagné de la fille d’une victime. C’était la première fois qu’elle retournait sur les lieux du crime où ses parents ont perdu la vie, et son seul souhait était de déposer des gerbes de fleurs sur leur sépulture. Sa déception fut grande de constater qu’aucune trace n’évoquait la vie de ceux qui lui étaient si chers.
Elle m’avait expliqué son incapacité à faire son travail de deuil et confié que dans ses rêves, elle nourrissait toujours l’espoir que ses parents reviendraient…
Mesdames, Messieurs,
L’ambiance est lourde dans ce village, où l’on sent directement le poids d’un traumatisme individuel et collectif, mais aussi de la peur. Personne ne semblait vouloir s’exprimer.

Alors que nous étions en passe de reprendre la route pour rejoindre Bukavu, un infirmier s’approcha, et nous dit : « Docteur, on ne peut pas parler, le Commandant de l’armée en poste ici, était l’un des auteurs du massacre à l’Hôpital il y a 20 ans. Si nous parlons, il nous tuera ».
Vingt ans après, la population est profondément terrorisée, l’absence de la libération de la parole et de la vérité empêche toute possibilité de guérison et de renouer avec le fil d’une vie normale.
Mesdames, Messieurs,
On ne construira pas la paix avec des bourreaux en uniforme qui intimident chaque jour les victimes.
Parmi les mesures les plus urgentes préconisées par le rapport Mapping, il y a donc l’assainissement de nos institutions.
Après 20 ans de présence de la plus grande mission de maintien de la paix des Nations Unies, si la stabilité n’est toujours pas assurée, si les initiatives de paix sont bloquées, si les massacres continuent dans l’impunité en Ituri, dans les Kivus, ou au Mamiema, c’est tout simplement parce que les criminels sont protégés au plus haut niveau de l’Etat et au plus haut niveau de la hiérarchie de nos forces de sécurité et de défense.
Une profonde réforme du secteur de la sécurité s’impose en priorité, et constitue un prérequis indispensable à toute effort visant à apporter la paix et la stabilité.
Cette réforme devra inclure non seulement la police, l’armée et les services de renseignements mais aussi le secteur de la justice.

Cet assainissement est indispensable pour assurer la protection des personnes, des biens et du territoire, et la sécurité tant physique que juridique.
Toutes les tentatives de la communauté internationale visant à réformer le secteur de la sécurité ont échoué car les autorités congolaises ont systématiquement fait preuve de mauvaise foi pour maintenir le chaos organisé et leurs privilèges.
L’Union Européenne a déployé deux missions d’appui à la réforme du secteur de la sécurité, EUSEC et EUPOL, respectivement pour réformer l’armée et la police. Malgré des moyens conséquents et du personnel qualifié, le manque de volonté politique des autorités de la RDC a voué ces missions à l’échec, pour la simple raison que leurs partenaires au niveau des forces de sécurité et de défense et de leurs Ministères de tutelle étaient eux-mêmes impliqués dans des crimes internationaux.
Après des années de formation, de monitorat, de conseils et de projets couteux, toujours pas de loi de programmation pour l’armée congolaise, toujours pas de formation d’un corps d’armée. Les forces de sécurité et de défense sont donc toujours constituées pour protéger les intérêts du régime et de ses protégés, et non la protection de la population, de la loi ou de l’intégrité du territoire.
La dernière tentative de la communauté internationale pour instaurer la paix en RDC et dans la région des Grands Lacs, l’Accord Cadre d’Addis Abeba pour la Paix, la Sécurité et la Coopération de 2013 – qui bénéficiait du soutien de la résolution 2098 du Conseil de la Sécurité autorisant le déploiement d’une Brigade d’Intervention, prévoyait aussi des dispositions visant à appuyer la réforme du secteur de la sécurité et les efforts de lutte contre l’impunité pour mettre fin à la violence et à l’instabilité.
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Quelle a été la réaction du régime ? Placer des Généraux sous le régime des sanctions des Nations Unies au commandement des FARDC pour empêcher la Brigade d’Intervention de mener à bien son mandat, car la politique de diligence voulue des Nations Unies en matière de droits de l’homme empêche bien évidemment les Casques Bleus de venir en appui à des auteurs présumés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.
Mesdames, Messieurs,
Depuis 20 ans, la justice a été sacrifiée sur l’autel d’une paix qui n’est toujours pas arrivée.
Les processus de Désarmement, Démobilisation, Réinsertion (DDR) et de brassage/mixage ont intégré l’indiscipline dans les forces de sécurité et de défense et jusqu’au plus haut sommet de l’Etat. Le niveau de cruauté a servi de tremplin à des promotions. Les criminels bénéficiant de l’impunité poursuivent donc leurs activités criminelles sans gêne.
Ceux qui sont censés protéger la population et le territoire – l’armée, la police, les services de renseignement, constituent en réalité une source de menace pour la population et pour le pays, et sont des acteurs du chaos organisé pour piller les ressources minières et naturelles de l’Est de la RDC.
Il faut non seulement désarmer les milices mais aussi leurs esprits.
Les recherches en neurosciences ont démontré que les enfants soldats entraînés à violer, à piller et à tuer après un lavage de cerveau gardent une mémoire traumatique qui peut se réveiller à tout moment et qui peut donc les pousser à commettre des actes d’une violence extrême.

Ces enfants, qui sont à la fois des bourreaux et des victimes, devaient bénéficier d’une prise en charge psycho-traumatique et sociale pour gérer leur trauma et les rendre moins nuisible pour la société. Leur place n’est pas dans l’armée.
Dans le même registre, comment le débat national actuel autour de la question de l’amnistie de membres du M23 peut-il même exister ?
D’abord l’amnistie est interdite par le droit international pour les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité ; ensuite comment est ce que nos responsables ne sont pas capables de retenir les erreurs du passé et veulent encore intégrer des criminels et des personnes souffrant de troubles psychologiques dans nos forces de sécurité ?

Mesdames, Messieurs,
Un Ministre du gouvernement central, candidat au gouvernorat de la Province du Sud Kivu, s’est publiquement vanté de pouvoir ramener la paix dans la Province avec le concours de sa milice.
Comment est ce possible que de tels propos puissent être exprimés par un soi disant responsable politique sans que la justice ne mène une enquête sur l’existence et la capacité de nuisance d’un tel groupe armé non étatique ?
C’est dans ce contexte d’impunité que des Ministres et des Généraux, mais aussi des dirigeants de la région, continuent d’être les instigateurs des crimes commis par les nombreux groupes armés qui terrorisent l’Est du pays.
Et c’est dans ce contexte qu’il y a encore eu plus de 100 morts en moins d’un mois à Beni, sans que la chaîne de commandement ne puisse être clairement établie.

Nous le disons haut et fort : c’est assez ! La paix maintenant !
Mesdames, Messieurs,
Le temps est venu de briser le cycle de l’impunité qui gangrène tous les efforts de consolidation de la paix et de la société.
Il faut d’abord et avant tout assainir nos institutions et mettre à l’écart de leur position de pouvoir tous les agents de l’Etat, en particulier ceux de l’armée, des services de sécurité, de la police, des services de renseignements et du corps judiciaire, qui ont été impliqués personnellement dans des violations graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire, mais aussi impliqués dans des activités de corruption à grande échelle.
Cet assainissement est un préalable indispensable à tout effort visant à instaurer la paix et l’état de droit en RDC, et contribuera à prévenir la répétition des violations des droits de l’homme. Ensuite, il faut poursuivre et juger les auteurs des crimes les plus graves. Ils sont listés dans le rapport Mapping mais la liste des auteurs présumés a été expurgée du rapport à la demande et sous la pression de certains Etats impliqués dans ces crimes.
Parmi les 617 crimes répertoriés par les Nations Unies qui, rappelons-le, sont imprescriptibles, il y a des femmes qui ont été enterrées vivantes après avoir été empalées, des croyants qui cherchaient refuge dans des Eglises et qui ont été calcinés, et des malades assassinés sur leur lit d’hôpital. Ces crimes ne peuvent être ni oubliés ni rester impunis.
En l’absence de volonté et de capacité de la justice congolaise, le rapport préconise l’établissement d’un Tribunal Pénal International Pénal pour le Congo et/ou de Chambres spécialisées mixtes.

Nous appelons de nos vœux la mise en œuvre de cette recommandation et pensons que la compétence d’une telle juridiction ne devra pas se limiter aux crimes commis de 1993 à 2003 mais devrait s’étendre jusqu’à aujourd’hui.
En parallèle, nous appelons la RDC et les Etats de la région des grands Lacs à poursuivre et à renforcer leur collaboration avec la Cour Pénale Internationale pour les crimes commis après l’entrée en vigueur du Statut de Rome, et nous exhortons les Chefs d’Etats du monde entier à arrêter d’accueillir des criminels sur des tapis rouges, et à mettre en œuvre des lois de compétence universelle, afin de juger ou d’extrader tous les auteurs de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de crimes de génocide.

Mesdames, Messieurs,
Face aux exactions massives commises en RDC, il faudra aussi affronter notre passé, dire la vérité et établir les responsabilités des acteurs étatiques et non étatiques pour éviter la répétition de nouveaux conflits et contribuer à la réconciliation, au sein du pays et dans la région.
Vu la dimension régionale du conflit et la multitude d’acteurs impliqués, qui constituent autant de défis à l’administration de la justice en l’absence d’une franche coopération des Etats et des acteurs concernés, nous appelons donc à l’instauration d’un mécanisme non judiciaire d’établissement des faits, sous la forme d’une Commission de la Vérité, pour déterminer les responsabilités institutionnelles, politiques, militaires de tous les acteurs impliqués dans la commission des crimes de masse en RDC depuis 25 ans, y compris les multinationales.
Mesdames, Messieurs,

Dans un pays où chaque famille a été endeuillée, où chacun a été confronté directement ou indirectement à des actes d’une violence extrême, le nombre de victimes est énorme et pose la question des réparations.
Ainsi nous appelons les autorités congolaises à mobiliser des ressources et une réelle volonté politique pour initier des programmes et des projets de réparation, individuels et collectifs, matériels et symboliques, en vue de contribuer à la réhabilitation des communautés affectées par la violence, faciliter leur réinsertion dans la société et promouvoir la réconciliation.
Le gouvernement actuel à Kinshasa doit se forger une légitimité et prouver qu’il peut apporter le changement. Nous l‘invitons donc à gagner cette légitimité en accompagnant le pays et les générations futures sur le chemin de la paix ; ce chemin existe et il passera par la justice, la vérité, des réparations et des réformes ambitieuses et profondes.
Mesdames, Messieurs,
J’espère que pour les commémorations des 25 ans du massacre commis à Lemera, je retrouverai sur place une communauté apaisée, dont la souffrance aura été reconnue, dont les morts bénéficieront d’une sépulture digne, et dont les bourreaux auront enfin été jugés pour leurs crimes.

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LE CONSEIL DÉBAT DE LA SITUATION DES DROITS DE L’HOMME AU MYANMAR ET ENTEND LES MISES À JOUR DE LA HAUTE-COMMISSAIRE SUR LA RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE ET SUR LE VENEZUELA

LE CONSEIL DÉBAT DE LA SITUATION DES DROITS DE L’HOMME AU MYANMAR ET ENTEND LES MISES À JOUR DE LA HAUTE-COMMISSAIRE SUR LA RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE ET SUR LE VENEZUELA


Freddy Mulongo, Réveil FM International


Freddy Mulongo-Conseil des droits de l'homme 15.jpg, mar. 2020

 

 

Il conclut son débat interactif avec la Commission internationale indépendante d’enquête sur la République arabe syrienne

  

Le Conseil des droits de l'homme – qui, dans le cadre des mesures de précaution relatives à la COVID-19, a décidé qu’il se réunirait désormais, pour le reste de la session, dans la Salle des Assemblées – a achevé ce matin son débat interactif avec la Commission internationale indépendante d’enquête sur la République arabe syrienne en entendant les déclarations de nombreux intervenants*. 

 

Le Conseil a par ailleurs tenu un débat interactif avec la Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme au Myanmar, Mme Yanghee Lee – un débat auquel ont participé de nombreuses délégations**, y compris celle du Myanmar à titre de pays concerné.  Il a en outre entendu les mises à jour orales de la Haut-Commissariat aux droits de l'homme, Mme Michelle Bachelet, concernant la République populaire démocratique de Corée et la République bolivarienne du Venezuela, après quoi le Venezuela est intervenu à titre de pays concerné.

 

Le Conseil a également entamé son débat général au titre des situations des droits de l'homme qui requièrent son attention en entendant les déclarations de plusieurs intervenants***.

 

La Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l'homme au Myanmar a rappelé qu’elle avait adressé au Gouvernement plusieurs demandes de visite qui lui ont été refusées.  Elle a expliqué qu’elle aurait souhaité que la communauté internationale exerce davantage d'influence face à un flagrant mépris pour les droits de l'homme, alors que les persécutions se poursuivent, que les Rohingya ont pris des risques énormes pour fuir et qu’ils ont été pourchassés sans merci.  Les libertés fondamentales comme la liberté d'expression et de réunion sont bafouées, ce qui laisse augurer du pire pour les prochaines élections, a ajouté Mme Lee.  La Rapporteuse spéciale a en outre recommandé la saisine de la Cour pénale internationale. 

Dans sa mise à jour sur la République populaire démocratique de Corée, la Haute-Commissaire aux droits de l'homme a indiqué que la surveillance de la situation dans le pays mise en place par le Haut-Commissariat montre que des violations systématiques des droits de l’homme continuent d’y être commises, notamment dans les centres de détention.  Parmi elles, a-t-elle précisé, figurent des violences sexuelles à l’encontre de femmes et de filles.  Il semble par ailleurs que ces crimes soient commis sous l’autorité directe de deux ministères et impliqueraient de hautes autorités, a affirmé la Haute-Commissaire.  Ces crimes, qui relèvent de crimes contre l’humanité, pourraient de fait engager la responsabilité pénale individuelle de ces hauts officiels, a insisté Mme Bachelet, ajoutant que le Haut-Commissariat cherche à identifier ces personnes. 

S’agissant du Venezuela, Mme Bachelet a déclaré que depuis sa dernière mise à jour, les tensions politiques et les actes de violence des forces de sécurité et des partisans du Gouvernement se poursuivent contre les parlementaires de l’opposition.  Le Haut-Commissariat continue d’être saisi d’allégations de traitements cruels, inhumains ou dégradants [infligés] au siège de la Direction générale du renseignement militaire à Caracas, a-t-elle indiqué.  la Haute-Commissaire s’est en outre inquiétée de l’imposition de nouvelles sanctions économiques, notamment à l’encontre de la compagnie aérienne CONVIASA et de l’industrie pétrolière, ce qui diminue les ressources du Gouvernement pouvant être allouées aux dépenses sociales.  Selon la Plate-forme régionale des Nations Unies, 4,8 millions de Vénézuéliens auraient quitté le pays ; dans ce contexte, Mme Bachelet a salué l’énorme effort des pays de la région et a déploré les déclarations des autorités de certains pays susceptibles de justifier ou d’inciter à la xénophobie et à la violence contre des personnes migrantes et réfugiées. 

 

Cet après-midi à 15 heures, le Conseil se réunira donc dans la Salle des Assemblées pour poursuivre son débat général sur les situations relatives aux droits de l’homme qui requièrent son attention. 

 

Les débats de cette quarante-troisième session et l’ensemble des interventions auxquelles ils ont donné lieu peuvent être suivis et réentendus en consultant le site UN Web TV.

 

 

Décision du Bureau du Conseil

 

MME ELISABETH TICHY-FISSLBERGER, Présidente du Conseil des droits de l'homme, a proposé au Conseil — suite à une réunion du Bureau avec les coordonnateurs régionaux du Conseil, l'Office des Nations Unies à Genève et des représentants de la Suisse, pays hôte, sur la situation s'agissant  de la COVID-19, et tenant compte du fait que ni le canton de Genève, ni l'ONUG n'estime nécessaire d'annuler la présente session du Conseil à condition de prendre certaines mesures — de poursuive sa présente session en prenant des mesures de précaution supplémentaires consistant en particulier à tenir désormais les séances plénières dans la Salle des Assemblées, qui est plus grande et permettra d'assurer un espace suffisant entre les délégués.  En outre, chaque délégation sera priée d'assister aux débats avec un maximum de deux délégués et de laisser libres les sièges entre les délégations.  Des dispositions seront prises pour la diffusion sur le web.  Les réunions officieuses organisées dans le cadre des travaux du Conseil seront également déplacées dans des salles plus grandes.  L'ONUG a aussi décidé de prier les délégués de se conformer à certaines précautions sanitaires préconisées par les autorités suisses.  Les délégués ayant des symptômes de toux et de fièvre devraient rester chez eux. 

 

Le Conseil a décidé, sans objection, d'approuver les mesures proposées qui seront en vigueur à compter de 15 heures aujourd'hui, 10 mars.

 

La Présidente a souligné que la mise en œuvre de ces mesures ne seront pas faciles mais qu'elles ont été prises dans l'intérêt de tous.

 

Examen de la situation des droits de l'homme au Myanmar

 

Le Conseil est saisi du rapport de la Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l'homme au Myanmar (A/HRC/43/59, à paraître – une version préliminaire est disponible en anglais)

 

Présentation de la Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l'homme au Myanmar

Intervenant depuis Séoul par visioconférence, MME YANGHEE LEE, Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l'homme au Myanmar, a rappelé qu'elle s'acquittait de ce mandat depuis 2014, soulignant qu'elle avait adressé au gouvernement plusieurs demandes de visite qui lui ont été refusées.  Elle a souligné qu'au début, les changements prometteurs dans le pays avaient suscité un grand espoir.  Mais la situation a aujourd'hui changé, notamment avec la flambée de violence en dans le nord de l'État de Rakhine le 25 août 2017 : près d'un million de personnes ont été chassées du Myanmar dans des conditions terribles.  Elle a fait état de la coupure des services internet qui affecte un million de personnes, et des exactions perpétrées par les forces armées (Tatmadaw).

 

La Rapporteuse spéciale aurait souhaité que la communauté internationale exerce davantage d'influence face à un flagrant mépris pour les droits de l'homme : les persécutions se poursuivent, les Rohingya ont pris des risques énormes pour fuir et ont été pourchassés sans merci.  Les libertés fondamentales comme la liberté d'expression et de réunion sont bafouées.  Mme Lee a notamment attiré l'attention sur l'emprisonnement de défenseurs des droits de l'homme pour avoir participé à des manifestations pacifiques.  La libre expression est muselée, ce qui laisse augurer du pire pour les prochaines élections, a estimé Mme Lee.  Elle a aussi mentionné la situation d'un défenseur des droits de l'homme brutalisé et arrêté pour avoir organisé une prière pour sensibiliser aux dangers de la pollution des activités d'extraction minière.

 

La Rapporteuse spéciale a proposé que le Myanmar engage un dialogue national pour s'acheminer vers une société pluraliste et la démocratie.  Le pays doit engager des réformes en profondeur, en particulier de ses institutions.  Cela concerne toutes les instances et autorités sous le contrôle du Gouvernement civil.  Mme Lee a aussi appelé à mettre fin à l'impunité, seule voie du succès au Myanmar; le gouvernement doit répondre de ses politiques et agissements.  À cet égard, elle a recommandé la saisine de la Cour pénale internationale.  Elle a aussi jugé essentiel de promulguer une législation dans le pays érigeant en crime pénal les violations des droits de l'homme, dont le génocide.  Il s'agit en outre de promulguer un code pénal dans ce sens et d'établir un tribunal pénal pour juger les crimes atroces qui ont été commis.  Mme Lee a aussi plaidé pour la participation des minorités ethniques et religieuses au processus électoral.   

 

Pays concerné

 

Le Myanmar a déclaré que la paix durable est la voie qui mènera à la démocratie.  Le pays fait partie des pays les moins avancés et le gouvernement s'efforce, malgré les obstacles, à suivre sa feuille de route pour la paix et la démocratisation.  Il a regretté que l'on choisisse de « lire un seul chapitre » de l'histoire du Myanmar.  Le gouvernement tente aussi de respecter les droits de l'homme dans le cadre des investissements dans le développement du pays et discute avec beaucoup d'intérêt les amendements proposés à la Constitution de 2008.  Le représentant a mis l'accent sur les élections générales qui se dérouleront à la fin de cette année et sur la lutte contre les fausses nouvelles diffusées en ligne et hors ligne.  Il a par ailleurs précisé qu'il n'y avait pas eu de « rapatriement officiel » mais quelque 300 personnes sont retournées volontairement dans le pays.  Il a lancé un appel au Bangladesh pour qu'il respecte strictement l'accord bilatéral sur le processus de rapatriement.  Il a appelé les rapporteurs spéciaux à faire preuve de plus d'impartialité dans la présentation de la situation des droits de l'homme.  Les mauvaises intentions sont des obstacles qui conduisent à la défiance dans le pays, a-t-il prévenu. 

 

Aperçu du débat

 

Plusieurs délégations ont fait part de leurs inquiétudes face aux nombreuses violations des droits de l’homme qui continuent d’être perpétrées au Myanmar, notamment par les forces de sécurité et plus particulièrement dans l’État Rakhine.  Ont été dénoncées les persécutions dont sont victimes les minorités, notamment les Rohingya, ainsi que les défenseurs des droits qui critiquent le pouvoir en place.  Les discours de haine visant les Rohingya sont de plus en plus fréquents et ces discours attisent la haine et la violence, a-t-il été souligné. 

 

L’attention a en outre été attirée sur les conséquences disproportionnées qu’ont les violences sur les femmes et les filles ; il ne peut y avoir de paix durable sans mettre fin aux violence sexuelles, a-t-il été déclaré. 

 

Le Myanmar a été prié de garantir à la Rapporteuse spéciale un accès sans entraves dans le pays et de coopérer avec tous les mécanismes des droits de l’homme des Nations Unies.  Il faut créer un climat propice afin que toutes les communautés du pays puissent vivre dans un pays pacifié, a-t-il été souligné : le Myanmar doit promouvoir l’harmonie et la coexistence pacifique entre les différentes communautés.  Le pays doit par ailleurs lever les restrictions superflues, notamment celles visant les journalistes, et doit rouvrir l’accès à Internet dans l’État Rakhine. 

 

Le Myanmar doit par ailleurs mettre en œuvre les mesures conservatoires demandées par la Cour internationale de justice dans l’affaire déposée par la Gambie et doit en outre accepter la compétence de la Cour pénale internationale, ont plaidé plusieurs organisations.  Tous les auteurs des violations des droits de l’homme doivent être traduits en justice, a-t-il été répété.  Les autorités du Myanmar ont été priées de réformer le système judiciaire afin de le rendre indépendant. 

 

Des réformes juridiques sont essentielles pour assurer des élections pacifiques, crédibles, libres et équitables, a souligné une délégation, plusieurs intervenants plaidant en outre pour que toutes les minorités, y compris les Rohingya, puissent voter aux prochaines élections. 

 

Certaines délégations ont dénoncé une politisation du Conseil et rejeté le principe de l’examen de la situation des droits de l’homme dans certains pays spécifiques qui – selon elles – va à l’encontre du principe de non-ingérence dans les affaires internes des pays.

 

Remarques et conclusion de la Rapporteuse spéciale

 

MME LEE a expliqué que le Conseil de sécurité devait transmettre le rapport sur le Myanmar à la Cour pénale internationale.  S’agissant des mesures conservatoires de la Cour internationale de justice, le Conseil doit contacter le Conseil de sécurité de manière à ce que celui-ci fasse pression sur le Myanmar pour qu’il les mette en œuvre.

 

Mme Lee a ensuite expliqué qu’elle continuait à recevoir des rapports et des photos relatifs aux persécutions à l’encontre des minorités, notamment à l’encontre des Rohingya dans l’État Rakhine.  La Rapporteuse spéciale a par ailleurs relevé que 647 personnes ont été arrêtées dans le pays en raison de leurs activités politiques, un nombre en forte augmentation depuis l’arrivée au pouvoir du Gouvernement civil, a-t-elle souligné. 

 

La Rapporteuse spéciale s’est en outre dite inquiète de l’augmentation des discours xénophobes et de haine à l’approche des élections.

 

Mme Lee a expliqué que le nombre très important de mines terrestres empêchait le bon retour dans leurs foyers des personnes déplacées ; de plus, ces personnes ont perdu leurs moyens de subsistance, y compris leur maison ou l’accès à la pêche.  La Rapporteuse spéciale a affirmé que la cause principale du conflit n’était pas la pauvreté mais les inégalités existant dans le pays, notamment en termes d’accès à la terre. 

 

La Commission nationale des droits de l’homme du Myanmar ne respecte pas les Principes de Paris : tous ses membres ont ou ont eu des liens avec les militaires, a d’autre part fait observer Mme Lee.  Il n’y a pas de transparence dans le processus de désignation des membres de cette Commission, dont la composition ne reflète pas l’ensemble de la population du Myanmar, a-t-elle insisté.

 

Mme Lee a ensuite expliqué qu’il fallait que le Myanmar abroge les lois restrictives qui étouffent la liberté d’expression. 

 

Pour ce qui est des élections de novembre prochain, le Conseil devrait demander des informations au sujet de leur organisation, a poursuivi la Rapporteuse spéciale, plaidant en outre pour que le Myanmar donne tout l’accès requis aux journalistes internationaux et aux observateurs indépendants à l’occasion de ces élections.  Selon certaines informations, s’est inquiétée Mme Lee, les personnes se trouvant dans les zones de conflit ne pourront pas participer au scrutin. 

 

Le monde ne peut pas fermer les yeux sur les crimes du passé au Myanmar, a conclu la Rapporteuse spéciale, ajoutant que le pays a encore beaucoup à faire dans ce domaine. 

 

**Liste des intervenants : Pakistan (au nom de l’Organisation de coopération islamique), Union européenne, Viet Nam (au nom de l’ANASE), République tchèque, Canada, Bangladesh, Estonie, Australie, Afghanistan, Liechtenstein, Arabie saoudite, Pakistan, France, Philippines, Luxembourg, Sierra Leone, Costa Rica, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Danemark, Croatie, République démocratique populaire lao, Grèce, République de Corée, Iran, République populaire démocratique de Corée, Turquie, Venezuela, Thaïlande, Suède, Indonésie, Albanie, Maldives, Chine, Népal, Belgique, Royaume-Uni, Islande, Norvège, Malaisie, Cambodge, Îles Marshall, Irlande, Viet Nam, Suisse, Espagne, Bélarus, Forum asiatique pour les droits de l'homme et le développement, Physicians for Human Rights, Fédération internationale des ligues des droits de l'homme, Commission internationale de juristes, Alliance internationale d'aide à l'enfanceOrganisation néerlandaise pour la coopération internationale au développement, Association pour la communication progressive, Amnesty InternationalChristian Solidarity Worldwide, et CIVICUS: Alliance mondiale pour la participation des citoyens.

 

Fin du débat interactif sur la situation des droits de l’homme en Syrie

 

Aperçu du débat

 

Il n’y a pas de solution militaire au conflit en Syrie ; seule une solution politique et un dialogue inclusif peuvent parvenir à solutionner ce conflit et, pour cela, il faut que cessent non seulement les hostilités, mais aussi l’ingérence des armées étrangères, a-t-il été souligné.

 

Toutes les parties doivent respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Syrie et lutter contre le terrorisme, a-t-il également été affirmé.  Il faut aussi que la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité soit respectée.  À cet égard, des délégations se sont réjouies des progrès du Comité constitutionnel syrien [chargé de rédiger une nouvelle constitution], qui se réunit ici à Genève. 

 

La situation humanitaire « critique » voire « catastrophique » qui prévaut à Idleb a également été évoquée par plusieurs délégations.  Avec des déplacements de populations, des civils « tués en masse », les établissements médicaux ciblés ou encore l’utilisation d’armes chimiques, la situation à Idleb est la « pire » crise humanitaire dans le monde, a-t-il été affirmé, nombre d’intervenants appelant les parties à respecter le droit international humanitaire et à permettre un accès sans entraves aux acteurs indépendants de l’aide humanitaire. 

 

Des délégations ont critiqué le rapport, présenté hier après-midi, de la Commission d’enquête internationale indépendante sur la République arabe syrienne, lui reprochant de ne pas refléter la réalité du terrain, d’avoir été rédigé à distance sur la base de sources ni fiables, ni crédibles, et de contenir de fausses informations en omettant de mentionner la responsabilité des États qui interviennent en Syrie.  

 

Quelques délégations ont souligné la nécessité de rendre responsables de leurs actes les auteurs de graves violations des droits de l’homme, mais aussi les États complices qui transfèrent des armes au Gouvernement et aux organisations terroristes. 

 

Remarques et conclusion de membres de la Commission d’enquête

 

M. HANNY MEGALLY, membre de la Commission d’enquête internationale indépendante sur la République arabe syrienne, a indiqué qu’il y avait en Syrie deux millions d’enfants sans éducation (non scolarisés), à cause des bombardements quotidiens qui frappent jusqu’aux écoles.  M. Megally a par ailleurs estimé que les organisations humanitaires devraient avoir accès aux centres de détention afin d’y évaluer la situation et a rappelé qu’en ce qui la concerne, la Commission dont il est membre a demandé la libération de prisonniers.  La situation reste également préoccupante dans certaines zones libérées par le Gouvernement syrien, qui semble avoir confié la gestion de ces zones à des groupes armés qui lui sont fidèles, a ajouté M. Megally.  Concernant la situation à Idleb, il a espéré que le cessez-le-feu conclu entre la Turquie et la Fédération de Russie permettrait un allègement des souffrances des populations. 

 

MME KAREN KONING ABUZAYD, également membre de la Commission d’enquête, a indiqué que la Commission ne connaissait pas le nombre exact des victimes du conflit ; elle n’a d’ailleurs même pas pu accéder au pays.  Mais en attendant, cette Commission n’en continue pas moins d’enquêter sur les violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire, notamment celles commises à Idleb, a souligné Mme AbuZayd.  Pour ce faire, a-t-elle précisé, la Commission demande à toutes les parties de transmettre les informations en leur possession, y compris s’agissant des crimes commis par les forces de la coalition.

 

*Liste des intervenants : Iraq, Bélarus, Bahreïn, Japon, Luxembourg, Koweït, Pays-Bas, Chili, Nouvelle-Zélande, Émirats arabes unis, Croatie, Chypre, Irlande, Égypte, Grèce, Fédération de Russie, Uruguay, République islamique d’Iran, Turquie, République populaire démocratique de Corée, Venezuela, Indonésie, Albanie, Maldives, Malte, Chine, Géorgie, Belgique, Royaume-Uni, Roumanie, Iles Marshall, l’Australie, Équateur, Italie, France, Arménie, Espagne, Women’s International League for Peace and FreedomPhysician for Human Rights, Reporters sans frontières international, International Council Supporting Fair Trial and Human Rights, Union des juristes arabes, Cairo Institute for HR StudiesAmnesty International, The Palestinian Return Centre, World Evangelical Alliance, Khiam Rehabilitation Center for Victims of Torture. 

 

Mises à jour orales de la Haute-Commissaire sur la République populaire démocratique de Corée et sur le Venezueal

 

MME MICHELLE BACHELET, Haute-Commissaire aux droits de l’homme, a indiqué que conformément aux résolutions 34/24 et 40/20, le Haut-Commissariat a renforcé sa surveillance de la situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée.  Il a également renforcé sa documentation et mis en place un recueil d’informations et de preuves.  Il explore en outre actuellement des stratégies pour une future reddition de comptes, a-t-elle ajouté. 

 

La surveillance mise en place montre que des violations systématiques des droits de l’homme continuent d’être commises, notamment dans les centres de détention, a poursuivi Mme Bachelet.  Parmi elles, a-t-elle précisé, figurent des violences sexuelles à l’encontre de femmes et de filles.  Il semble par ailleurs que ces crimes soient commis sous l’autorité directe de deux ministères et impliqueraient de hautes autorités, a affirmé la Haute-Commissaire.  Ces crimes, qui relèvent de crimes contre l’humanité, pourraient de fait engager la responsabilité pénale individuelle de ces hauts officiels, a souligné Mme Bachelet, ajoutant que le Haut-Commissariat cherche à identifier ces personnes. 

 

Le Haut-Commissariat examine également la question des enlèvements d’étrangers, notamment de ressortissants du Japon et de la République de Corée, a indiqué la Haute-Commissaire.  Il travaille sur cette question avec les États, la société civile et tous les autres partenaires qui cherchent un moyen de promouvoir l’obligation redditionnelle, y compris par le biais de la juridiction universelle. 

 

Insistant sur la complexité de la tâche qui incombe au Haut-Commissariat aux droits de l'homme et sur les énormes implications financières de cette tâche, Mme Bachelet a souligné que le Haut-Commissariat la mène avec une équipe « squelettique » et un budget limité.

 

S’agissant de la République bolivarienne du Venezuela, MME BACHELET a déclaré que depuis sa dernière mise à jour, les tensions politiques et les actes de violence des forces de sécurité et des partisans du Gouvernement se poursuivent contre les parlementaires de l’opposition.  Depuis le 5 janvier dernier, les forces de sécurité ont entravé l’accès des députés au siège de l’Assemblée nationale, a indiqué la Haute-Commissaire.  Elle a par ailleurs déploré la détention, fin 2019, du député Gilber Caro et de son assistant, M. Victor Ugas.  Ce député est encore privé de liberté sans que soit officiellement reconnu le lieu où il est détenu, a-t-elle précisé, ajoutant que M. Ismael Leon, un autre député, avait été détenu et se trouve actuellement assigné à domicile. 

 

Le Haut-Commissariat a également vérifié des agressions contre des opposants politiques, des manifestants et des journalistes, a poursuivi Mme Bachelet, précisant notamment que le 11 février dernier, 12 journalistes couvrant l’arrivée de M. Juan Guaido à Caracas [après une tournée internationale] avaient été agressés, tandis que le 29 du même mois, des membres présumés de collectifs armés avaient agressé des manifestants et journalistes rassemblés pour une réunion publique dans l’État de Lara.  Des actes d’occupation du quartier général d’un parti politique ainsi que de bureaux de médias ou d’organisations non gouvernementales ont également été signalés.  En outre, les agressions s’accompagnent systématiquement d’une rhétorique qui stigmatise, expose et discrédite les victimes et justifie la violence, a expliqué Mme Bachelet. 

 

La Haute-Commissaire a exprimé sa préoccupation suite à l’annonce de l’adoption prochaine d’une législation visant à pénaliser les organisations des droits de l’homme recevant un financement étranger et à signaler publiquement ces organisations.  D’autre part, des responsables universitaires subissent des actes de harcèlement et la liberté syndicale est restreinte, a ajouté Mme Bachelet, dénonçant notamment la détention arbitraire de dirigeants syndicaux.  Elle a toutefois jugé positive la décision du Tribunal suprême de justice de suspendre la mesure de précaution d’août 2019 qui menaçait l’autonomie universitaire.   

 

Par ailleurs, le Haut-Commissariat continue d’être saisi d’allégations de traitements cruels, inhumains ou dégradants [infligés] au siège de la Direction générale du renseignement militaire à Caracas. 

 

Au sujet des droits économiques et sociaux, Mme Bachelet s’est principalement inquiétée de l’imposition de nouvelles sanctions économiques, notamment à l’encontre de la compagnie aérienne CONVIASA et de l’industrie pétrolière, ce qui diminue les ressources du Gouvernement pouvant être allouées aux dépenses sociales.  En dépit des exceptions établies pour permettre les importations de médicaments, de nourriture et d’articles relevant de l’assistance humanitaire, les services publics et la population en général pâtissent de l’impact de la surveillance serrée du secteur financier, a en outre déclaré la Haute-Commissaire. 

 

Une enquête récente du Programme alimentaire mondial (PAM) a révélé que 2,3 millions de personnes souffraient d’insécurité alimentaire sévère au Venezuela et que 7 millions de personnes y souffraient d’insécurité alimentaire modérée, a poursuivi la Haute-Commissaire.  De plus, selon la Plate-forme régionale des Nations Unies, 4,8 millions de Vénézuéliens auraient quitté le pays.  Dans ce contexte, Mme Bachelet a salué l’énorme effort des pays de la région et a déploré les déclarations des autorités de certains pays susceptibles de justifier ou d’inciter à la xénophobie et à la violence contre des personnes migrantes et réfugiées. 

 

La Haute-Commissaire a enfin exprimé l’espoir que pourraient être conclus les accords politiques nécessaires pour le renouvellement du Conseil national électoral, afin de garantir des élections inclusives, transparentes et crédibles.  En conclusion, Mme Bachelet a lancé un appel à toutes les parties pour qu’elles agissent de manière à éviter une escalade de la confrontation politique qui risquerait de se traduire par des actes de violence.      

 

Pays concerné

 

La République bolivarienne du Venezuela a pris note des préoccupations exprimées par la Haute-Commissaire, auxquelles – a indiqué la délégation vénézuélienne – le pays apportera des réponses en temps voulu.  La délégation a déploré le manque d’équilibre de la présentation de la Haute-Commissaire, relevant notamment des lacunes d’ordre méthodologique et des informations biaisées susceptibles d’alimenter la campagne médiatique à l’encontre du Venezuela.  La résolution 42/25 (du Conseil des droits de l'homme) concernant le Venezuela est une initiative qui vise des fins politiques en prétendant imposer un mécanisme de surveillance dont la mise en œuvre coûte plus de deux millions de dollars pour l’élaboration d’un rapport truffé de mensonges, a déclaré la délégation.  C’est là un gaspillage des maigres ressources dont dispose le système universel des droits de l’homme, a-t-elle insisté. 

 

La délégation vénézuélienne a préconisé d’examiner plutôt les violations massives des droits de l’homme des pays ayant parrainé la résolution visant le Venezuela, comme par exemple la Colombie, le Brésil, le Pérou et le Canada – lesquels devraient également condamner le coup d’État brutal contre le Président bolivien, M. Evo Morales. 

 

Le Venezuela souhaite préserver la coopération et le dialogue entre le Gouvernement et le Haut-Commissariat, qui donne des résultats.  L’équipe du Haut-Commissariat qui se trouve au Venezuela jouit du plein appui de tous les organes compétents de l’État, a souligné la délégation.  Elle a salué à cet égard l’esprit de la résolution 42/4 (relative au renforcement de la coopération et de l’assistance technique en matière des droits de l’homme), qui est fondée sur le dialogue constructif et la coopération et qui porte ses fruits, alors que la résolution 42/25 a – elle – été catégoriquement rejetée par le Venezuela à cause de l’ingérence qu’elle implique.  La délégation a réitéré l’invitation adressée par le pays aux procédures spéciales sur les effets négatifs des mesures coercitives unilatérales et sur le droit au développement et a attiré l’attention sur la coopération du Venezuela avec toutes les agences des Nations Unies opérant sur son territoire ; c’est d’ailleurs dans ce contexte que le récent Plan de réponse humanitaire, élaboré par ces agences, jouit du plein appui du Gouvernement vénézuélien.

 

La délégation vénézuélienne a ensuite fustigé la réactivation de la doctrine Monroe par l’Administration américaine, qui applique une politique de blocus total contre le Venezuela et menace de l’envahir militairement ou encore d’appliquer le Traité interaméricain d’assistance réciproque [ou Pacte de Rio de 1947].  Les mesures coercitives imposées depuis 2014 au Venezuela par les Etats-Unis constituent des crimes contre l’humanité, avec pas moins de 300 mesures visant à perturber le fonctionnement de l’économie et à entraver les droits de l’homme du peuple vénézuélien.  Cela revient à une usurpation de l’ordre de 116 milliards de dollars, représentant six ans du budget national.  Le 13 février dernier, a rappelé la délégation, le Venezuela a déposé une plainte devant la Cour pénale internationale en vue d’une enquête sur ces crimes contre l’humanité, de l’identification des responsables et de leur comparution devant la justice.   

 

Débat général au titre des questions relatives aux droits de l'homme qui requièrent l’attention du Conseil

 

Des délégations ont demandé que soient éliminées la politisation et l’approche empreinte de « deux poids, deux mesures » au sein du Conseil.  Elles ont dénoncé l’adoption de résolutions sélectives ciblant certains pays – résolutions qui, selon elles, violent le principe d’objectivité et de non-sélectivité du Conseil.  A alors été défendu le mécanisme de l’Examen périodique universel comme constituant le seul mécanisme légitime pour examiner la situation des droits de l’homme dans les pays de manière inclusive et coopérative.

 

Plusieurs délégations ont appelé à la levée de l’ensemble des restrictions pesant sur l’espace accordé à la société civile dans le monde. 

 

Certains se sont inquiétés de la montée de la xénophobie et des discours de haine visant les minorités musulmanes dans le monde, une délégation faisant observer que les violations de ce type sont souvent instiguées par des dirigeants politiques de la droite extrême. 

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LE CONSEIL POURSUIT SON DÉBAT GÉNÉRAL AU TITRE DES SITUATIONS RELATIVES AUX DROITS DE L’HOMME QUI REQUIÈRENT SON ATTENTION

LE CONSEIL POURSUIT SON DÉBAT GÉNÉRAL AU TITRE DES SITUATIONS RELATIVES AUX DROITS DE L’HOMME QUI REQUIÈRENT SON ATTENTION

 

Freddy Mulongo, Réveil FM International


 Freddy Mulongo-Conseil des droits de l'homme 14.jpg, mar. 2020

 

Le Conseil des droits de l'homme a poursuivi, cet après-midi, son débat général au titre des situations relatives aux droits de l’homme qui requièrent son attention et a entendu dans ce cadre les déclarations d’une centaine d’intervenants*.

 

Ont maintes fois été évoquées les situations qui prévalent au Proche et Moyen-Orient (Syrie, Turquie, Arabie saoudite et Iran), ainsi que dans le sous-continent indien (Pakistan, Inde, Bangladesh, Sri Lanka) et, pour le reste de l’Asie, au Myanmar, en Chine (y compris la Région administrative spéciale de Hongkong), en République populaire démocratique de Corée et aux Philippines.  La situation en Fédération de Russie et dans les territoires occupés en Ukraine a aussi été évoquée à de nombreuses reprises.  L’attention a également été attirée sur les situations dans plusieurs pays d’Amérique et d’Afrique, et plus particulièrement au Nicaragua, au Venezuela, au Mexique, au Brésil, au Burundi, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, en Égypte ou encore en Libye. 

 

Au nombre des violations des droits de l'homme souvent observées dans ces diverses situations, figurent les détentions arbitraires, les exécutions extrajudiciaires, les actes de torture, les violences sexuelles, les mutilations génitales féminines, les violences policières, les représailles, ou encore les restrictions de la liberté d’expression et du droit de manifestation pacifique.  De manière générale, de nombreuses délégations ont dénoncé la restriction de l’espace accordé à la société civile et aux médias partout dans le monde. 

 

Parmi les principales victimes de ces violations, ont été mentionnés les défenseurs des droits de l’homme, les journalistes, les prisonniers politiques, les femmes et les filles, ainsi que les minorités ethniques et religieuses.

 

La propagation des discours de haine et xénophobe et l’utilisation de fausses informations (« fake news ») à travers le monde ont également été dénoncées.

 

Une délégation a souligné que l’épidémie de Covid-19 allait avoir des conséquences importantes sur les relations multilatérales durant les prochains moins, mais qu’il ne fallait pas que cette situation occulte les questions liées aux graves violations des droits de l’homme et au changement climatique.

 

Plusieurs délégations ont pour leur part dénoncé la politisation du Conseil qui, selon elles, adopte de manière sélective des résolutions sur les situations spécifiques de certains pays.  Montrer du doigt un pays n’apporte aucune solution et seule la coopération dans le domaine des droits de l’homme est bénéfique, a-t-il alors été affirmé. 

 

 

Le Conseil achèvera demain matin, à partir de 10 heures, son débat général au titre du point 4 de l’ordre du jour, avant d’entamer un dialogue interactif avec le Rapporteur spécial sur les questions relatives aux minorités.

 

Les débats de cette quarante-troisième session et l’ensemble des interventions auxquelles ils ont donné lieu peuvent être suivis et réentendus en consultant le site UN Web TV.

 

 

*Liste des intervenants : Azerbaïdjan (au nom du Mouvement des non-alignés), Allemagne, Pakistan, République tchèque, Brésil, Australie, Libye, Japon, Philippines, Pays-Bas, Danemark, Uruguay, République de Corée, Espagne, Venezuela, Indonésie, Cameroun, Ukraine, Pérou, Soudan, Érythrée, Suisse, Iraq, Slovénie, Finlande, Équateur, Viet Nam, Cuba, France, Nouvelle-Zélande, Chypre, Myanmar, Azerbaïdjan, Fédération de Russie, Iran, Canada, République populaire démocratique de Corée, Suède, Albanie, Colombie, Chine, Norvège, Géorgie, Organisation des Etats américains, Belgique, Royaume-Uni, Islande, Nicaragua, Cambodge, Irlande, Burundi, Syrie, Luxembourg, Dominicains pour justice et paix - Ordre des frères prêcheurs au nom de plusieurs organisations non gouvernementales1, Congregation of Our Lady of Charity of the Good Shepherd au nom de plusieurs organisations non gouvernementales2 Fédération internationale des ligues des droits de l’homme, au nom également de CIVICUS: Alliance mondiale pour la participation des citoyens; Commission internationale de juristes; Service international pour les droits de l'homme; Conselho Indigenista Missionario, au nom également de Centro de Estudios Legales y Sociales (CELS) Asociación Civil; Right Livelihood Award Foundation, Compagnie des filles de la charité de Saint-Vincent-de-Paul au nom également de Congregation of Our Lady of Charity of the Good Shepherd; Edmund Rice International Limited et Associazione Comunita Papa Giovanni XXIII, East and Horn of Africa Human Rights Defenders project, Coordination des associations et des particuliers pour la liberté de conscience, Minority Rights Group, Baha’i International Community, European Union of Jewish Students, Presse Emblème Campagne, Fundacion para la Mejora de la Vida, la Cultura y la Sociedad, Association lesbienne et gay internationale - Europe, Human Rights Watch, British Humanist Association, Imam Ali’s Popular Students Relief Society, European Humanist Federation, European Union of Public Relations, « Coup de pousse » Chaîne de l’espoir Nord-Sud, Victorious Youths Movement, Canners International Permanent Committee, Association of Youths with Vision, Conectas Direitos Humanos, France Libertés : Fondation Danielle Mitterrand, Franciscans International également au nom de Genève pour les droits de l’homme : formation internationale , Ensemble contre la peine de mort, Global Institute for Water, Environment and Health, World Evangelical Alliance, Sikh Human Rights Group, Société pour les peuples menacés, Amnesty International, Commission internationale de juristes également au nom deService international pour les droits de l'homme et CIVICUS: Alliance mondiale pour la participation des citoyens, International Council Supporting Fair Trial and Human Rights, Forum asiatique pour les droits de l'homme et le développementInstitut international pour les droits et le développement, B’nai B’rith, Prahar, Center for Environmental and Management Studies, Comité de coordination d'organisations juives, International-Lawyers.org, United Nations Watch, Iran Human Rights Documentation Center, Action internationale pour la paix et le développement dans la région des Grands Lacs, Commission to Study the Organization of Peace, Iraqi Development Organization, et Association for the Advancement of Agricultural Trade Unions. 

 

 

1Déclaration conjointe : Dominicains pour justice et paix - Ordre des frères prêcheurs; Caritas Internationalis (International Confederation of Catholic Charities)Global Initiative for Economic, Social and Cultural RightsFranciscans International; Edmund Rice International LimitedSoka Gakkai International; Brahma Kumaris World Spiritual UniversityCongregation of Our Lady of Charity of the Good Shepherd et The Lutheran World Federation;

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LE CONSEIL DES DROITS DE L’HOMME DIALOGUE AVEC LES COMMISSIONS D’ENQUÊTE SUR LA SYRIE ET SUR LE BURUNDI

LE CONSEIL DES DROITS DE L’HOMME DIALOGUE AVEC LES COMMISSIONS D’ENQUÊTE SUR LA SYRIE ET SUR LE BURUNDI


Freddy Mulongo, Réveil FM International


Freddy Mulongo-Conseil des droits de l'homme 13.jpg, mar. 2020

 

 

Il achève par ailleurs sont débat interactif avec le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en Iran

 

 

 

Le Conseil des droits de l’homme a tenu, cet après-midi, un débat interactif avec la Commission d’enquête sur le Burundi, avant d’engager son débat interactif avec la Commission d’enquête internationale indépendante sur la République arabe syrienne.  Auparavant, le Conseil a achevé son débat interactif, entamé ce matin, avec le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en République islamique d’Iran, en entendant les interventions de plusieurs intervenants*. 

 

Dans sa mise à jour orale, le Président de la Commission d’enquête sur le Burundi, M. Doudou Diène, a déclaré que les enquêtes de la Commission, cette année, se concentrent sur les violations des droits civils, politiques, économiques et sociaux s’inscrivant dans un contexte électoral sensible pour les droits de l’homme.  Malgré les déclarations officielles des autorités burundaises selon lesquelles la paix et la sécurité règnent au Burundi, plusieurs incidents graves récents attestent du caractère volatil de la situation, ce dont témoignent les nombreux cas d’affrontements armés dans le pays.  Quant à la situation humanitaire, elle est alarmante, puisque 336 000 réfugiés sont toujours répartis dans les pays limitrophes, a constaté la Commission.  En outre, des défenseurs des droits de l’homme restent détenus de manière arbitraire. 

 

Suite à cette présentation, le Burundi a fait une déclaration en tant que pays concerné, avant que de nombreuses délégations** ne prennent part au débat. 

 

Le Président de la Commission d’enquête internationale indépendante sur la République arabe syrienne, M. Paulo Sergio Pinheiro, a évoqué la situation d’Idleb en rappelant que depuis décembre dernier, près d’un million de personnes ont été déplacées.  Le groupe terroriste Hayat Tahrir Al-Sham (HTS) a mené des attaques contre des zones civiles peuplées sous contrôle du Gouvernement et a ainsi tué des dizaines de personnes, terrorisé la population civile et poussé un grand nombre de personnes à fuir, a poursuivi M. Pinheiro.  De leur côté, les forces pro-gouvernementales ont eu une réaction démesurée : des centaines de Syriens ont en effet été tués lors de bombardements presque constants durant la période concernée, a souligné le Président de la Commission, selon lequel ces attaques avaient pour objectif de terroriser les civils aux fins de dépeupler des quartiers d’Idleb pour accélérer la prise de la ville. 

 

De la même façon, a poursuivi le Président de la Commission d’enquête, la situation dans le camp Al-Hol demeure désespérée.  Un an après la défaite territoriale de l’État islamique, les femmes et les enfants ayant un lien de parenté avec les combattants terroristes sont encore internés dans le camp et se heurtent à un vide juridique.  M. Pinheiro a recommandé de considérer les enfants avant tout comme des victimes et a réitéré l’obligation faite aux États Membres de respecter le principe de l’intérêt supérieur de l’enfant et de rapatrier d’urgence les filles et les garçons. 

 

Suite à la présentation de ce rapport, la République arabe syrienne a fait une déclaration en tant que pays concerné, avant d’entendre les interventions de plusieurs délégations***. 

 

En fin de séance, l’Iran, le Myanmar et le Bangladesh ont exercé leur droit de réponse. 

 

 

Demain matin, à 9 heures, le Conseil tiendra son débat interactif avec le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme au Myanmar avant d’achever son débat interactif avec la Commission d’enquête sur la République arabe syrienne.

 

Les débats de cette quarante-troisième session et l’ensemble des interventions auxquelles ils ont donné lieu peuvent être suivis et réentendus en consultant le site UN Web TV.

 

 

Fin du débat interactif avec le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme en Iran

 

Aperçu du débat

 

Plusieurs voix se sont élevées contre la réaction du Gouvernement iranien aux manifestations pacifiques liées à l’augmentation du prix de l’essence en novembre 2019.  L’usage excessif de la force dans ce contexte a été jugé inacceptable.  Les autorités iraniennes ont été appelées par plusieurs délégations à diligenter des enquêtes sur les circonstances de la mort de centaines de manifestants, sur leur nombre exact, sur le nombre de manifestants arrêtés ainsi que sur le nombre de blessés.  Un intervenant a demandé au Rapporteur spécial quelles mesures urgentes étaient envisageables pour permettre l’ouverture d’enquêtes indépendantes sur l’usage excessif de la force. 

 

Les autorités iraniennes ont, d’autre part, été exhortées à décréter immédiatement un moratoire officiel sur l’application de la peine de mort et à abolir cette sentence et son exécution s’agissant de mineurs.  L’Iran doit respecter les dispositions des instruments internationaux auxquels il a souscrit, ont souligné des délégations.

 

Les droits à la vie et à la liberté de culte des minorités ethniques et religieuses en Iran ont été défendus par plusieurs délégations.  Les détentions arbitraires, l’obtention d’aveux sous la torture et les mauvais traitements en Iran ont aussi fait l’objet de critiques.  En outre, les conditions extrêmement difficiles dans les centres de détention iraniens, leur insalubrité ainsi que le recours à la torture, à l’isolement et au déni de traitement médical, ont été dénoncés.

 

Il a été demandé à l’Iran de mettre fin au harcèlement des journalistes et des membres de leurs familles, ainsi que des défenseurs des droits de l’homme et d’autres représentants de la société civile, des femmes en particulier. 

 

Par ailleurs, les effets néfastes des sanctions imposées à l’Iran ont été mises en évidence, notamment leur répercussion sur l’exercice des droits économiques, sociaux et culturels du peuple iranien.  C’est ainsi que les sanctions frappant le secteur bancaire ont engendré d’énormes problèmes pour l’approvisionnement en médicaments et équipements médicaux, entre autres. 

 

Plusieurs intervenants ont demandé que ces sanctions soient levées sans condition, estimant qu’elles ne sont rien d’autre qu’une ingérence dans les affaires intérieures de l’État iranien.  La pratique des rapports de pays a été critiquée pour la même raison.  Enfin, la plus grande coopération de l’Iran avec le Haut-Commissariat a été louée. 

 

Commentaires et conclusion du Rapporteur spécial

 

M. Javaid RehmanRapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme en République islamique d'Iran, a rappelé que le jus cogens [règle reconnue par la communauté internationale comme une norme à laquelle aucune dérogation n'est permise] interdisait l’exécution de mineurs délinquants.  Il est important de travailler de manière ciblée sur l’interdiction immédiate et ciblée de cette pratique, a-t-il insisté.  À titre de priorité immédiate, le Rapporteur spécial a souligné que l’Iran devait arrêter la pratique de la peine de mort pour des crimes qui ne sont pas reconnus comme graves par la jurisprudence internationale. 

 

Le Rapporteur spécial a également expliqué avoir demandé la remise en liberté de toutes les personnes détenues en raison de leur participation à des manifestations pacifiques en Iran.  Il a aussi invité à la libération de tous les ressortissants étrangers ainsi que des Iraniens binationaux.  M. Rahman a, par ailleurs, estimé que la communauté internationale devait rester attentive aux conditions de détention et d’hygiène dans les prisons iraniennes, notamment dans le contexte du COVID-19. 

 

Le Rapporteur spécial a recommandé qu’une enquête transparente soit réalisée sur l’accident de l’avion ukrainien.  Il a appelé les autorités à cesser le harcèlement des familles des victimes et à envisager des indemnisations.  M. Rehman a en outre demandé l’arrêt immédiat de l’exécution de mineurs délinquants ; et appelé l’État à indemniser les proches des victimes des manifestations pacifiques de novembre 2019

 

M. Rehman a fait part de ses vives préoccupations quant aux nombreuses formes de discrimination dont sont victimes les minorités en Iran. 

 

D’autre part, le Rapporteur spécial a mis en garde contre l’effet des sanctions imposées à l’Iran, estimant qu’elles sont contraires au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels.  Il a invité la communauté internationale à œuvrer de concert aux fins d’alléger les souffrances de la population affectée et à enquêter sur l’impact de ces sanctions, en particulier sur les fournitures médicales.

 

M. Rehman a précisé que son mandat avait pour unique objet les droits de l’homme, sans considérations politiques.  Il a enfin indiqué avoir rencontré des représentants iraniens à New-York et à Genève mais n’être pas autorisé à entrer sur le territoire d’Iran, ce qui l’empêche d’accomplir son mandat. 

 

*Liste des intervenants : Union européenne, Allemagne, Suisse, Liechtenstein, Iraq, Cuba, Arabie saoudite, Fédération de Russie, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Danemark, Irlande, France, Syrie, Espagne, Canada, République populaire démocratique de Corée, Venezuela, Suède, Albanie, République populaire de Chine, Norvège, Belgique, Royaume-Uni, Islande, Macédoine du Nord, Australie, Tchéquie, Arménie, Bélarus, Baha’i International CommunityRahbord Peimayesh Research and Education Services CooperativeOrganization for Defending Victims of ViolenceFamily Health Association of Iran, Ensemble contre la peine de mortFédération internationale des journalistes, CIVICUS, Article 19, Center for Inquiry et Amnesty International.

 

Examen du compte rendu de la Commission d’enquête sur le Burundi

 

Compte rendu oral

 

M. DOUDOU DIÈNE, Président de la Commission d’enquête sur le Burundi, a expliqué que les enquêtes de la Commission, cette année, se concentrent sur les violations des droits civils, politiques, économiques et sociaux s’inscrivant dans un contexte électoral sensible pour les droits de l’homme. 

 

Il a rappelé que, dans son rapport de septembre 2019, la Commission avait conclu que les huit facteurs de risque communs aux atrocités criminelles étaient présents dans le contexte du Burundi. 

 

La Commission continue à constater une dégradation concernant le facteur de risque relatif à un environnement politique, économique et sécuritaire instable.  Malgré les déclarations officielles des autorités burundaises selon lesquelles la paix et la sécurité règnent au Burundi, plusieurs incidents graves récents attestent du caractère volatil de la situation, ce dont témoignent les nombreux cas d’affrontements armés dans le pays. 

 

M. Diène a ensuite relevé que la situation économique s’était encore dégradée.  La population continue d’être forcée par des Imbonerakure et les autorités locales à apporter des contributions pour soutenir le parti au pouvoir.  Quant à la situation humanitaire, elle est alarmante, puisque 336 000 réfugiés sont toujours répartis dans les pays limitrophes, a constaté la Commission. 

 

Les deuxième et troisième facteurs de risque, qui sont relatifs au climat général d’impunité pour les violations graves des droits de l’homme récentes et plus anciennes et à la faiblesse des structures étatiques, sont toujours présents, a regretté M. Diène, avant de constater que les Imbonerakure continuent de bénéficier d’une impunité totale. 

 

Le Président de la Commission a expliqué que la Commission vérité et réconciliation ne semblait s’intéresser qu’aux seules victimes de 1972, majoritairement de l’ethnie hutue, ce qui n’est pas anodin à quelques mois d’importantes échéances électorales, toute critique envers le Gouvernement du Burundi étant assimilée à un soutien aux auteurs des massacres de 1972. 

 

M. Diène a par ailleurs expliqué que l’espace accordé à la société et aux médias libres, diversifiés et indépendants s’était réduit au Burundi.  Il a indiqué que le Gouvernement avait intensifié la censure des médias en leur imposant, sans concertation préalable, un « Code de bonne conduite des médias et des journalistes en période électorale 2020 ».  D’autre part, le Gouvernement continue à instrumentaliser le système judiciaire afin de museler la société civile et les médias, a regretté le Président de la Commission.  Des défenseurs des droits de l’homme restent détenus de manière arbitraire. 

 

M. Diène a en outre regretté l’indifférence ou la réticence de certains États membres de l’ONU à agir alors que le Burundi n’assume manifestement pas sa responsabilité de protéger sa population contre les risques d’atrocités criminelles. 

 

Il a relevé que la Commission était très préoccupée de voir les discours de haine avec une dimension politique et ethnique se multiplier et circuler sans restriction sur des réseaux sociaux, ainsi que du silence des autorités burundaises à cet égard. 

 

De manière générale, M. Diène a expliqué que les actes d’intimidation, de harcèlement, d’extorsion de Burundais rapatriés de Tanzanie ont continué. 

 

Pays concerné

 

Le Burundi a déclaré d’emblée qu’il participait au dialogue interactif avec la Commission d’enquête non pas par souci de collaborer avec elle, mais par respect envers le Conseil et par devoir de coopérer avec lui.  Cette coopération, a-t-il dit, s’entend dans le sens du strict respect des principes de neutralité, d’objectivité, de non-politisation et de non-sélectivité qui doivent caractériser cet organe.  Le Burundi a rappelé que cette Commission en est à son quatrième rapport imposé et que son mandat avait régulièrement changé de nature et d’étendue, situation qui offre des motifs raisonnables de croire que la Commission a plutôt le mandat d’un lobby suffisamment convaincu de sa capacité d’imposer son diktat pour ses propres intérêts. 

 

Le Burundi a ensuite dénoncé une violation flagrante du code de conduite assigné aux titulaires de mandats.  Il a estimé que, depuis sa création en 2016, la Commission avait produit des rapports mensongers et diffamatoires.  Le Burundi a condamné la lecture négative et politicienne de la Commission. 

 

Le Burundi a aussi répondu que l’espace politique est libre et apaisé, la participation de tous les acteurs politiques étant plus que jamais observée : la Commission électorale nationale indépendante a reçu le dépôt de dix dossiers de candidats présidentiels, soit sept de l’opposition, deux indépendants et un candidat du parti au pouvoir.  Lors de son congrès national du 26 janvier dernier, le CNDD-FDD a élu son propre candidat aux prochaines présidentielles de mai prochain

 

Le Burundi a exhorté les pays hôtes à faciliter le retour volontaire des Burundais exilés, au lieu de les prendre en otage sous quelque prétexte que ce soit.  Le Burundi a, en conclusion, demandé au Conseil d’accepter la lecture positive des Nations Unies de la situation plutôt que de se laisser aveugler par une Commission récupérée et instrumentalisée par des lobbies géopolitiques sous le couvert de la protection des droits de l’homme. 

 

Aperçu des débats

 

De nombreuses délégations ont dénoncé les graves violations des droits de l’homme à travers tout le pays, notamment des exécutions extrajudiciaires ou encore des arrestations arbitraires.  Plusieurs délégations ont estimé que les événements récents étaient particulièrement graves, évoquant notamment les représailles à l’encontre de la société civile et des journalistes.  La responsabilité des Imbonerakure dans les graves violations des droits de l’homme et l’impunité dont ils bénéficient ont tout particulièrement été dénoncées.  Plusieurs délégations ont appelé à ce que tous les auteurs de violations des droits de l’homme au Burundi soient traduits en justice.

 

Même s’ils ont salué l’alternance au pouvoir avec le retrait du Président actuel, plusieurs intervenants ont fait part de leur inquiétude quant au climat d’insécurité qui entoure la période électorale.  De nombreuses délégations ont appelé à l’organisation d’élections libres, transparentes, crédibles et inclusives, surveillées par la communauté internationale. 

 

Plusieurs intervenants ont appelé à la libération des prisonniers politiques et des journalistes et à l’ouverture de l’espace accordé à la société civile. 

 

Il faut que les autorités acceptent de collaborer avec le Haut-Commissariat aux droits de l’homme et avec la Commission, ont plaidé plusieurs orateurs. 

 

Certains ont appelé la communauté internationale à préserver la souveraineté du pays, notamment à l’occasion de l’organisation des élections.  Ont par ailleurs été dénoncés l’examen de pays particuliers au sein du Conseil et l’ingérence dans les affaires intérieures des pays : le mécanisme de l’Examen périodique universel pour examiner la situation des droits de l’homme dans le monde reste la méthode adéquate. 

 

Remarques et conclusion de membres de la Commission d’enquête

 

MME FRANÇOISE HAMPSON, membre de la Commission d’enquête, a expliqué qu’afin que les élections de 2020 puissent être organisées dans un climat apaisé, des recommandations, qui restent aujourd’hui valides, ont été faites au Gouvernement burundais en septembre 2019.

 

M. DIÈNE a quant à lui expliqué que le message principal que souhaite transmettre la Commission est que la crise burundaise dure depuis de nombreuses années et que le pays entre dans une période sensible liée au contexte électoral.  Le Président de la Commission d’enquête a insisté sur le constat qu’au Burundi, les élections ont toujours été accompagnées de graves violations des droits de l’homme.  C’est pourquoi, il faut que la communauté internationale soit vigilante sur cette situation, a-t-il conclu. 

 

**Liste des intervenants: Union européenne, Australie, Suisse, France, Luxembourg, Pays-Bas, Irlande, Myanmar, Fédération de Russie, Venezuela, Chine, Belgique, Royaume-Uni, Tanzanie, Centre pour les droits civils et politiques, East and Horn of Africa Human Rights Defenders Project, Reporters sans frontières international, Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme, Amnesty InternationalUnited Nations WatchCIVICUS- Alliance mondiale pour la participation des citoyens et Organisation internationale pour l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale. 

 

Débat interactif avec la Commission d’enquête internationale indépendante sur la Syrie

 

Présentation du rapport

 

Le Conseil est saisi du rapport de la Commission internationale indépendante sur la République arabe syrienne (A/HRC/43/57)

 

M. PAULO SERGIO PINHEIRO, Président de la Commission d’enquête internationale indépendante sur la République arabe syrienne, qui intervenait pour la 27e fois devant le Conseil depuis l’établissement du mandat, a déclaré que les images d’Idleb parlent d’elles-mêmes : les écoles, les hôpitaux, les boulangeries, les marchés et les maisons ont été anéantis.  Les civils fuient vers le nord, à pied ou entassés dans des camions ; les familles brûlent leurs vêtements et autres biens qui leur restent encore pour éviter que leurs enfants meurent de froid.  Depuis décembre dernier, près d’un million de personnes ont été déplacées, coincées dans une enclave, dont 80% sont des femmes et des enfants qui payent le plus lourd tribut. 

 

Le groupe terroriste Hayat Tahrir Al-Sham (HTS) a mené des attaques contre des zones civiles peuplées sous contrôle du Gouvernement et a ainsi tué des dizaines de femmes, d’hommes et d’enfants, terrorisé la population civile et poussé un grand nombre de personnes à fuir, a poursuivi M. Pinheiro.  Ce groupe détient aussi des militants, des journalistes et d’autres individus critiques à son égard, a-t-il ajouté.  De leur côté, les forces pro-gouvernementales ont eu une réaction démesurée : des centaines de Syriens ont en effet été tués lors de bombardements presque constants durant la période concernée.  Les raids aériens et au sol ont conduit à un déplacement de populations sans précédent et se caractérisent par une absence de respect des obligations juridiques d’interdiction de cibler directement des populations civiles.  Selon M. Pinheiro, ces attaques avaient pour objectif de terroriser les civils aux fins de dépeupler des quartiers d’Idleb pour accélérer la prise de la ville. 

 

Le Président de la Commission d’enquête a souligné que plus de 3 millions de personnes sont encore prises au piège dans le nord d’Idleb, la quasi-absence de l’assistance humanitaire donnant lieu à de graves pénuries en termes de nourriture et de satisfaction des besoins élémentaires.  Des enfants sont ainsi morts de froid faute d’abri et des femmes enceintes sont abandonnées sans nourriture ni attention médicale, a précisé M. Pinheiro. 

 

De la même façon, a poursuivi le Président de la Commission d’enquête, la situation dans le camp Al-Hol demeure désespérée.  Un an après la défaite territoriale de l’État islamique, les femmes et les enfants ayant un lien de parenté avec les combattants terroristes sont encore internés dans le camp et se heurtent à un vide juridique.  M. Pinheiro a recommandé de considérer les enfants comme des victimes, d’abord et avant tout ; il a réitéré l’obligation faite aux États Membres de respecter le principe de l’intérêt supérieur de l’enfant et de rapatrier d’urgence les filles et les garçons. 

 

Le Président de la Commission d’enquête a fait état de la poursuite de violations perpétrées par toutes les parties sur l’ensemble du territoire concerné. 

 

D’autre part, le lancement de l’opération « Printemps de paix » dans le nord-est de la Syrie a également provoqué une autre vague de déplacements, avec la fuite de plus de 100 000 civils en 24 heures, entre le 10 et le 11 octobre dernier, a ajouté M. Pinheiro.  Dans les zones affectées par cette opération, de même qu’à Afrin, les groupes armés instillent une peur de la violence parmi les femmes kurdes et yézidies, les forçant en conséquence à rester confinées chez elles et obligeant d’autres femmes à renoncer à leur emploi. 

 

Le cessez-le-feu dans le nord-ouest annoncé par les Présidents Poutine et Erdogan devrait soulager la population civile et ouvrir la voie à une assistance humanitaire dont les civils ont désespérément besoin, a enfin souligné M. Pinheiro.  Il a encouragé à suivre cette voie en vue d’une cessation permanente des hostilités, d’un accès sans entrave de l’assistance humanitaire et d’une meilleure protection des droits de l’homme de tous.    

 

Pays concerné

 

La République arabe syrienne a regretté qu’un certain nombre de pays continuent à exploiter le Conseil à des fins politiques.  Les droits de l’homme doivent être abordés de manière coopérative, sans ingérence dans les affaires internes des pays.  Le cas de la Syrie est l’exemple le plus frappant de la politisation des débats relatifs aux droits de l'homme au sein du Conseil, a estimé la délégation syrienne. 

 

La Commission d’enquête sert les intérêts de ceux qui veulent porter atteinte au Gouvernement syrien, sans même prendre en compte les interventions des Etats-Unis et de la Turquie, ni les activités terroristes sur le territoire syrien, a ajouté la délégation.  Le Gouvernement syrien, pour sa part, est déterminé à protéger sa population contre les attaques de la Turquie et des Etats-Unis, ainsi que contre les attaques terroristes, a-t-elle poursuivi. 

 

Les opérations militaires des autorités syriennes à Idleb et partout en Syrie procèdent de l’engagement international desdites autorités de protéger la population et de maintenir l’intégrité du territoire : des milliers de citoyens ont ainsi été libérés de la terreur, a affirmé la délégation.  Des couloirs humanitaires ont été ouverts et la population a été invitée à les emprunter, a-t-elle ajouté.  Contrairement aux allégations de la Commission d’enquête, une assistance médicale a été assurée et fournie en coordination entre le Gouvernement syrien et les Nations Unies, a assuré la délégation.  La Syrie refuse que le mandat de la Commission d’enquête soit renouvelé et rejette ses conclusions, a-t-elle conclu. 

 

Aperçu du débat

 

Toutes les parties au conflit en Syrie font intentionnellement fi du droit international relatif au droit de l’homme et du droit humanitaire international, a-t-il notamment été dénoncé.  Partant, il est urgent de faire toute la lumière sur toutes les violations des droits de l’homme et sur les disparitions forcées – autant de situations qui pourraient être assimilées à des crimes de guerre et contre l’humanité dont il conviendrait de saisir la Cour pénale internationale, a-t-il été souligné.  La situation à Idleb a été qualifiée de « pire horreur humanitaire du XXIème siècle », ce qui – a-t-il été souligné – impose à la communauté internationale de tout faire pour garantir des enquêtes afin que tous les auteurs des violations soient jugés. 

 

Le rôle et les efforts de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, M. Geir Pedersen, ont été appuyés. 

 

L’accent a par ailleurs été mis sur la nécessité de fournir des services aux survivants des violences sexistes et sexuelles.  Le sort des enfants dans le conflit syrien a été jugé particulièrement intolérable, s’agissant notamment du fait que des enfants soient recrutés de force, violentés, y compris sexuellement, et privés de leur droit à l’éducation et d’autres besoins de base. 

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lundi 9 mars 2020

LE CONSEIL DES DROITS DE L’HOMME SE PENCHE SUR LES SITUATIONS DES DROITS DE L’HOMME EN RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE COREE, AU SOUDAN DU SUD ET EN IRAN

LE CONSEIL DES DROITS DE L’HOMME SE PENCHE SUR LES SITUATIONS DES DROITS DE L’HOMME EN RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE COREE, AU SOUDAN DU SUD ET EN IRAN


Freddy Mulongo, Réveil FM International 


Freddy Mulongo-Conseil des droits de l'homme 12.jpg, mar. 2020

 

 

Le Sous-Secrétaire général adjoint à la coordination stratégique fait une mise à jour sur le rapport Rosenthal concernant les opérations de l’ONU au Myanmar

 

 

 

Au titre des situations relatives aux droits de l’homme qui requièrent son attention, le Conseil des droits de l’homme a tenu, ce matin, des débats interactifs avec le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée, M. Tomás Ojea Quintana; avec la Présidente de la Commission sur les droits de l’homme au Soudant du Sud, Mme Yasmin Sooka; et avec le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme en République islamique d'Iran, M. Javaid Rehman. 

 

Le Conseil a également entendu le Sous-Secrétaire général adjoint à la coordination stratégique, au sein du Cabinet du Secrétaire général, M. Volker Türk, faire une mise à jour orale sur la mise en œuvre des recommandations formulées par M. Gert Rosenthal, qui avait été chargé par le Secrétaire général, en décembre 2018, de mener une enquête complète et indépendante sur l'implication des Nations Unies au Myanmar depuis 2010, ce rapport ayant été partagé avec les États Membres en mai 2019. 

 

Le Myanmar est intervenu en tant que pays concerné et de nombreuses délégations** ont fait des déclarations dans le cadre de la discussion qui a suivi la mise à jour de M. Türk.

 

Présentant son rapport, M. Ojea Quintana a indiqué que ce rapport était consacré en grande partie à la situation des femmes nord-coréennes, qui représentent la majorité des personnes qui s’enfuient du pays et qui, lorsqu’elles émigrent, sont souvent soumises à la torture et aux mauvais traitements en chemin.  Les valeurs patriarcales sont encore en vigueur République populaire démocratique de Corée et les femmes y sont sous les ordres des hommes, a ajouté le Rapporteur spécial.  Plus généralement, le Rapporteur spécial a mis en garde contre une nouvelle détérioration de la situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée en raison de plusieurs facteurs : la faible production agricole en 2019; le resserrement du contrôle aux frontières; la surveillance incessante et les interdictions qui frappent les échanges commerciaux; la menace du COVID-19; ainsi que les répercussions des sanctions imposées au pays.  De nombreuses délégations* sont intervenues dans le cadre du dialogue qui a suivi cette présentation.

 

Présentant son rapport, Mme Sooka a, quant à elle, notamment affirmé que depuis le dernier rapport de la Commission, plus de la moitié de la population sud-soudanaise avait été « délibérément affamée », tandis que les dirigeants pillaient les richesses du pays en commettant des crimes économiques.  La corruption a rendu de nombreux officiels extrêmement riches aux dépens de millions de leurs concitoyens affamés, a-t-elle insisté.  Ce sont ces mêmes officiels qui se sont battus pour l’indépendance qui, aujourd’hui, transforment ce rêve de libération en cauchemar, a-t-elle déclaré.

 

Le Soudan du Sud est intervenu en tant que pays concerné et de nombreux orateurs*** ont pris la parole dans le cadre du débat qui a suivi.

 

Le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme en République islamique d'Iran a, pour sa part, souligné que la situation en Iran était marquée par les importantes difficultés économiques que connaît le pays actuellement, aggravées par les sanctions qui lui sont imposées.  M. Rehman a appelé les auteurs de ces sanctions et la communauté internationale à prendre des mesures pour atténuer leurs conséquences sur la population.  Il a ensuite exprimé ses préoccupations s’agissant de la situation des défenseurs des droits de l'homme, militants et avocats iraniens et s’est inquiété que selon les lois iraniennes, les enfants soient passibles de la peine de mort.  Évoquant les manifestations populaires de novembre 2019, le Rapporteur spécial a affirmé que les autorités avaient eu recours de manière excessive à la force et a chiffré à 300 le nombre de personnes tuées, dont 20 enfants.  Par ailleurs, 7000 personnes arrêtées dans ce contexte seraient encore détenues, a-t-il ajouté. 

 

La République islamique d'Iran a fait une déclaration en tant que pays concerné.

 

À la requête du Représentant permanent de l’Iran auprès des Nations Unies à Genève, le Conseil a observé une minute de silence à la mémoire des personnes et du personnel médical décédés des suites du COVID-19.

 

L’Inde, le Brésil, Cuba, la République populaire de Chine, l’Iraq, la République démocratique populaire lao, la Mauritanie, les Philippines et le Pakistan ont exercé le droit de réponse au titre du débat général sur la promotion et la protection de tous les droits de l’homme achevé vendredi dernier.

 

 

Cet après-midi, à 15 heures, le Conseil achèvera son débat interactif avec le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en République islamique d’Iran avant d’entendre une mise à jour de la Commission d’enquête au Burundi. 

 

Les débats de cette quarante-troisième session et l’ensemble des interventions auxquelles ils ont donné lieu peuvent être suivis et réentendus en consultant le site UN Web TV.

 

 

Débat interactif avec le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme en République populaire démocratique de Corée

 

Le Conseil est saisi du rapport du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée  (A/HRC/43/58, version préliminaire en anglais).

 

Présentation du rapport

 

M. TOMÁS OJEA QUINTANA, Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée, a déclaré que son rapport était consacré en grande partie à la situation des femmes nord-coréennes, qui représentent la majorité des personnes qui s’enfuient du pays.  Rappelant que le monde a célébré hier la Journée internationale des femmes, le Rapporteur spécial a cité le témoignage d’une Nord-Coréenne contrainte de quitter son pays l’été dernier car, en dépit de ses efforts, sa famille n’arrivait pas à joindre les deux bouts.  Les Coréennes qui émigrent, a dit le Rapporteur spécial, sont souvent soumises à la torture et aux mauvais traitements en chemin.  À ce propos, le Rapporteur spécial a rappelé aux États qu’ils ne doivent pas renvoyer de personnes dans leur pays d’origine s’ils savent que ces personnes y subiront des mauvais traitements. 

 

Le rapport décrit aussi la vie quotidienne des Nord-Coréennes qui, en raison des graves difficultés économiques, occupent le secteur informel de l’économie, de plus en plus large mais opérant toujours dans une sorte de zone grise.  Poussées dans le marché informel (jangmadang), les femmes errent d’une ville à l’autre, sans protection, harcelées par les autorités ou victimes de harcèlement sexuel. 

 

Les valeurs patriarcales sont encore en vigueur République populaire démocratique de Corée et les femmes y sont sous les ordres des hommes, a poursuivi le Rapporteur spécial.  Il a relevé la faible présence de femmes dans l’enseignement universitaire : 9,9% seulement.  Le Rapporteur spécial a recommandé que le Gouvernement encourage une authentique participation des femmes à la vie publique, comme il s’y était engagé lors de l’examen périodique universel (EPU). 

 

M. Ojea Quintana a aussi fait observer que près de la moitié de la population rurale de la République populaire démocratique de Corée n’a pas d’accès à une eau salubre.

 

Plus généralement, le Rapporteur spécial a mis en garde contre une nouvelle détérioration de la situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée en raison de plusieurs facteurs : la faible production agricole en 2019; le resserrement du contrôle aux frontières; la surveillance incessante et les interdictions qui frappent les échanges commerciaux; la menace du COVID-19; ainsi que les répercussions des sanctions imposées au pays. 

 

Les populations craignent toujours les arrestations et les internements dans des camps politiques où règne l’arbitraire, tandis que le système du songbun perdure, a signalé M. Ojea Quintana, avant d’appeler à la libération des personnes détenues et dont la santé est à risque. 

 

Le Rapporteur spécial a cependant salué les efforts du Gouvernement dans le cadre de la prévention et du traitement du COVID-19, ajoutant que toutes activités dans ce sens doivent être menées dans le plein respect des droits de l’homme.  Il a recommandé que le Gouvernement de la République populaire démocratique de Corée autorise un accès complet et sans entrave aux experts médicaux et acteurs humanitaires internationaux et qu’il assouplisse les restrictions à l’accès à l’information. 

 

M. Ojea Quintana a demandé au Conseil de se pencher sur l’impact des sanctions sur les droits économiques et culturels de la population nord-coréenne.  Il a suggéré que la Haute-Commissaire aux droits de l’homme envisage une visite en République populaire démocratique de Corée.  Enfin, le Rapporteur spécial a recommandé une reprise des discussions avec la République de Corée sur la question des familles séparées. 

 

Aperçu du débat

 

De nombreuses délégations se sont montrées inquiètes des violations des droits de l’homme commises en République populaire démocratique de Corée, notamment les arrestations arbitraires et les exécutions extrajudiciaires qui pourraient – selon certains intervenants – s’apparenter à des crimes contre l’humanité.  Des délégations ont appelé à ce que les crimes commis en République populaire démocratique de Corée soient traduits devant la Cour pénale internationale.

 

Plusieurs délégations et organisations non gouvernementales se sont réjouies que le Rapporteur spécial se soit focalisé, dans son rapport, sur les femmes.  Les intervenants se sont dits inquiets des violences sexuelles subies par les femmes nord-coréennes.

 

Une délégation a dénoncé le manque d’information sur le sort et le lieu où se trouvent de nombreux étrangers victimes d’enlèvement par la République populaire démocratique de Corée. 

 

Quelques délégations ont regretté que la République populaire démocratique de Corée donne la priorité au développement de son arsenal nucléaire au détriment du bien-être de sa population et des droits de l’homme. 

 

Plusieurs pays se sont dits inquiets que le coronavirus puisse s’étendre dans le pays en raison de son système de soins de santé défaillant. 

 

Plusieurs délégations ont appelé à ce que la République populaire démocratique de Corée autorise la venue du Rapporteur spécial et coopère avec lui.  Une organisation non gouvernementale a souhaité qu’à l’avenir, les Rapporteurs spéciaux de pays aient pour mandat d’enquêter sur les violations des droits de l’homme et de transmettre leurs dossiers à la justice internationale.

 

Mais d’autres délégations ont dénoncé la création, par le Conseil, de mandats sélectifs qui répondent à des intérêts politiques : elles ont cité le mandat du Rapporteur spécial en exemple.  Le débat de ce matin, ont-elles estimé, est une preuve de la discrimination qui continue à prévaloir au sein du Conseil.  La coopération et la dialogue sont la voie la plus efficace pour la promotion et la protection des droits de l’homme pour tous, a-t-il été soutenu.  Une délégation a déclaré que la situation en République populaire démocratique de Corée était principalement due aux sanctions internationales, qui ont des répercussions dans le domaine de l’accès à la santé, en particulier.

 

Remarques et conclusion du Rapporteur spécial

 

M. OJEA QUINTANA a déclaré que, pour la République populaire démocratique de Corée, le moment était venu de s’ouvrir aux mécanismes des Nations Unies.  Il a regretté que la délégation du pays ne soit pas dans la salle : sa participation serait importante et son point de vue pourrait figurer dans le rapport, a insisté le Rapporteur spécial.  Il a recommandé d’aider le Gouvernement de la République populaire démocratique de Corée à s’ouvrir au monde extérieur. 

 

Quant aux parties qui participent aux négociations, elles doivent mettre les droits de l’homme au cœur des discussions, a insisté M. Ojea Quintana.  Le Rapporteur spécial a demandé, par ailleurs, que les auteurs de violations massives des droits de l’homme soient tenus de rendre des comptes, en relevant que le Haut-Commissariat aux droits de l’homme avait un rôle très important à jouer dans ce domaine. 

 

*Liste des intervenants : Union européenne, Pays-Bas, Suisse, Australie, Cuba, Japon, France, République tchèque, Irlande, Myanmar, République populaire démocratique Lao, Grèce, Fédération de Russie, Syrie, République de Corée, Iran, Espagne, Venezuela, Chine, Norvège, Royaume-Uni, Islande, Belarus, Cambodge, Viet Nam, Arménie, Îles Marshall, Ingénieurs du monde, Human Rights WatchChristian Solidarity WorldwideUnited Nations WatchInternational Society for Human Rights, et Center for Global Nonkilling

 

Examen du compte rendu du Secrétaire général sur l'examen des opérations de l'ONU au Myanmar entre 2010 et 2018

 

Compte rendu oral

 

M. VOLKER TÜRK, Sous-Secrétaire général adjoint à la coordination stratégique, au sein du Cabinet du Secrétaire général, a rappelé que la mise à jour orale qu'il fait aujourd'hui porte sur la mise en œuvre des recommandations formulées par M. Gert Rosenthal, qui avait été chargé par le Secrétaire général, en décembre 2018, de mener une enquête complète et indépendante sur l'implication des Nations Unies au Myanmar depuis 2010.  Ce rapport avait été partagé avec les États Membres en mai 2019. 

 

Alors que ce rapport examine particulièrement le cas du Myanmar, ses analyses portent aussi sur les défis structurels et systémiques des Nations Unies en tant que système.  Elles visent à contribuer à une plus grande cohérence dans l'action des Nations Unies.  Elles montrent aussi le besoin d'un plus grand engagement des Nations Unies avec les États Membres dans des situations critiques, tout en soulignant la nécessité d'une meilleure coordination dans les structures internes de prise de décision. 

 

Les recommandations de M. Rosenthal ont été traduites en de nombreuses mesures concrètes visant à renforcer le système des Nations Unies.  Ces mesures ont reçu un élan supplémentaire avec l'Appel à l'action en faveur des droits de l'homme lancé à Genève il y a deux semaines par le Secrétaire général lui-même.  Ces deux processus -- le rapport Rosenthal et l'appel du Secrétaire général -- se complètent et visent le même objectif, à savoir mettre la dignité humaine au centre des efforts des Nations Unies.  Ils reconnaissent aussi que partout où une action est requise, il faut qu'elle soit cohérente, coordonnée et axée sur les droits de l'homme, avec pour but de protéger les individus et les communautés. 

 

De ce fait, la mise en œuvre des recommandations fait partie intégrante de l'Appel à l'action pour les droits de l'homme.  Elle inclut des mesures qui favorisent un engagement effectif avec le Conseil de sécurité, la mise en place de programmes de protection des individus et communautés.  La mise en œuvre des recommandations de M. Rosenthal vise aussi à développer des mécanismes pour tenir informés tous les titulaires de mandats des Nations Unies de tout risque visant les droits de l'homme.  La prévention des crises devient ainsi une stratégie à part entière qui mobilise tout le système des Nations Unies, a résumé M. Türk. 

 

Pays concerné

 

Le Myanmar a pris note de la mise à jour sur l'implication des Nations Unies au Myanmar.  Soulignant que les rapports de l'ONU devraient être factuels, impartiaux et équilibrés, le Myanmar insiste pour qu'il repose sur des sources multiples, y compris en provenance du pays concerné.  Il a ainsi relevé qu'au paragraphe 9, le rapport indique que 3 postes de police des frontières ont été attaqués par l'ARSA, alors que ce sont au total 30 postes et un quartier général d'un bataillon militaire qui ont été attaqués.  Cette information est largement mise à la disposition du public et le Myanmar souligne que des données incorrectes peuvent avoir un impact sur les attaques terroristes.  Il a en outre déploré de ne voir dans le rapport présenté aucune information publique communiquée par le Myanmar.

 

D'autre part, le Myanmar souligne que le rôle principal des équipes et institutions opérant dans un pays consiste à mener des activités appuyant le développement de ce pays, conformément aux objectifs et aux priorités nationales du gouvernement concerné, et à sa demande.  Partant, l'approche adoptée doit répondre aux demandes du pays, en consultation avec celui-ci et avec le consentement du gouvernement.  Le Myanmar estime en outre que le coordonnateur-résident doit agir en toute impartialité et superviser le travail des représentants de l'ONU sur place.  Le Myanmar rappelle l'importance de la confiance mutuelle qui ne saurait exister sans une bonne coordination et coopération, loin de toute approche de confrontation, et appelé à la transparence et à l'ouverture.  Il déplore par ailleurs le «blocage» auquel s'est heurté le gouvernement lorsqu'il a cherché à mettre en place, avec une organisation non gouvernementale, un système d'alerte précoce sur la situation dans l'État Rakhine.  Le Myanmar rappelle enfin le principe selon lequel l'assistance doit être «axée sur les besoins et non sur les bailleurs de fonds».

 

Aperçu du débat

 

Plusieurs délégations ont salué le rapport du Secrétaire général et, d’une manière générale, le rôle des bureaux du Haut-Commissariat dans les pays.  D’autres délégations ont demandé la mise en œuvre intégrale et immédiate des recommandations figurant dans le rapport. 

 

Ont été dénoncées les violations flagrantes des droits de l’homme au Myanmar, notamment à l’encontre des Rohingya, un intervenant disant constater l’échec du système des Nations Unies à soutenir cette population.  Plusieurs délégations de pays et représentants d’organisations non gouvernementales ont regretté que les Nations Unies ne soient pas parvenues à prévenir le génocide des Rohingya malgré les nombreux signaux d’alerte. 

 

L’impunité alimente ces violations des droits de l'homme, a-t-il été souligné, une délégation déplorant que les auteurs des violations soient toujours protégés par les autorités du Myanmar.

 

Il faut promouvoir un dialogue direct entre le Myanmar et le Bangladesh s’agissant de la question du retour des personnes déplacées, ont plaidé plusieurs délégations.  Cette question sera résolue grâce à l’implication des organisations régionales, notamment de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), a-t-il été affirmé. 

 

Une délégation a relevé que le Myanmar avait maintenant un Gouvernement civil, ce qui – a-t-elle affirmé – a permis une amélioration des droits de l’homme dans le pays.  La communauté internationale doit adopter une approche impartiale de la question des droits de l’homme au Myanmar afin de trouver une solution au lieu d’envenimer la situation, a-t-il également été déclaré. 

 

Remarques et conclusion du Sous-Secrétaire général adjoint

 

M. TÜRK a mis l’accent sur l’Appel à l’action lancé en faveur des droits de l'homme par le Secrétaire général à l’ouverture de la présente session du Conseil.  Il a ensuite mentionné les trois séries de recommandations du rapport Rosenthal pour voir dans quelle mesure les efforts de réforme du Secrétaire général correspondent auxdites recommandations. 

 

S’agissant de la prise de décisions, il a expliqué que les procédures ne sont pas les mêmes d’un pays à l’autre et qu’il convient, dès lors, de s’attacher à une analyse intégrée de la situation de chaque pays, avec une planification en vue d’une amélioration au niveau des équipes de pays sur le terrain. 

 

La perspective relative aux droits de l’homme devrait aussi être intégrée aux questions de développement, a souligné M. Türk, expliquant ensuite que le Secrétaire général a souhaité un changement de mentalité à l’échelle du système onusien afin de mieux intégrer les droits de l’homme, notamment au niveau du recrutement.  Ces questions sont du reste énoncées dans le rapport Rosenthal. 

 

L’Appel à l’action du Secrétaire général est une vision intégrée et globale des droits de l’homme, a insisté le Sous-Secrétaire général adjoint.  Une stratégie impliquant les coordonnateurs et le personnel sur le terrain est en passe d’être transmise à tous les bureaux sur le terrain. 

 

**Liste des intervenants: Union européenne, Suède (au nom d’un groupe de pays), Pakistan (au nom de l’Organisation de la coopération islamique), Pays-Bas, Fédération de Russie, Venezuela, Chine, Royaume-Uni, Bangladesh, Malaisie, Arménie, Philippines, Forum asiatique pour les droits de l'homme et le développement, Human Rights Watch, Commission internationale de juristes, Amnesty International, et Organisation internationale pour l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale. 

 

Débat interactif avec la Commission sur les droits de l’homme au Soudan du Sud établie par le Conseil des droits de l’homme

 

Présentation du rapport

 

Le Conseil est saisi du quatrième rapport de la Commission sur les droits de l’homme au Soudan du Sud (A/HRC/43/56)

 

MME YASMIN SOOKA, Présidente de la Commission sur les droits de l’homme au Soudant du Sud, a affirmé que depuis le dernier rapport de la Commission, plus de la moitié de la population sud-soudanaise avait été « délibérément affamée », tandis que les dirigeants pillaient les richesses du pays en commettant des crimes économiques.  La corruption a rendu de nombreux officiels extrêmement riches aux dépens de millions de leurs concitoyens affamés, a-t-elle insisté.  Ce sont ces mêmes officiels qui se sont battus pour l’indépendance qui, aujourd’hui, transforment ce rêve de libération en cauchemar, a-t-elle déclaré, ajoutant qu’alors que la communauté internationale est contrainte d’apporter une aide humanitaire au Soudan du Sud, plusieurs dirigeants ont volé des dizaines de millions de dollars des réserves du Gouvernement alors que ces sommes auraient pu servir à nourrir leur propre population.  Ce sont-là des arguments dont devraient se saisir la communauté internationale et les organisations régionales pour demander des comptes au pénal aux dirigeants, a estimé Mme Sooka. 

 

La Présidente de la Commission a ensuite rappelé que l’économie du Soudan du Sud repose essentiellement sur le pétrole, qui fournit à lui seul 73% des revenus du pays.  De plus, le détournement de fonds est rendu facile par la prédominance des liquidités dans l’économie, couplée au népotisme dans la nomination des hauts fonctionnaires et autres officiels.  Les élites militaires et administratives accaparent l’essentiel des dépenses avec très peu de transparence, a insisté Mme Sooka.  La Commission a pu ainsi dévoiler de nombreux cas de détournements - y compris concernant les budgets alloués aux programmes de santé-, ainsi que des cas de corruption et de blanchiment d’argent.  Plusieurs de ces cas impliquent aussi des entreprises qui sont aujourd’hui visées par des sanctions de la part des Etats-Unis. 

 

La Commission a par exemple obtenu des documents qui montrent qu’alors que 98% des revenus du pétrole sont censés être versés aux caisses de l’État, en septembre 2019, seuls 42% y ont été déposés, a poursuivi Mme Sooka; et en octobre et novembre suivants, seulement 20% des revenus non pétroliers étaient versés dans les caisses de l’État.  Depuis lors, les autorités ont annoncé qu’elles ne publieraient plus de telles données concernant les revenus du pays, rendant de fait toute reddition de comptes impossible, a déploré Mme Sooka. 

 

La Présidente de la Commission a ensuite souligné que les retards pris dans la mise en œuvre de l’Accord revitalisé sur la résolution du conflit avaient permis la poursuite des violations des droits de l’homme, notamment le recrutement forcé d’enfants.  En juillet 2019, l’UNICEF a estimé qu’il y avait encore 19 000 enfants dans les rangs de l’armée nationale et des groupes de l’opposition armée.  Quant à la violence sexuelle, elle se poursuit également.  La Commission a documenté qu’en novembre 2018, à Bentiu, dans le nord de l’État d’Unité, plus de 170 femmes ont été violées à plusieurs reprises par des hommes en groupe, alors qu’elles allaient à la distribution mensuelle de l’aide alimentaire.  On trouvait parmi les victimes des filles de moins de 12 ans.  La Commission a également été informée qu’à Yambio, dans l’État de l’Équateur occidental, un groupe de filles et de femmes était illégalement détenu par l’Armée populaire de libération du Soudan-Unifiée (opposition); la Commission détient des témoignages d’esclavage sexuel, de viols ou encore de mariages forcés, a précisé Mme Sooka. 

 

Pour toute ces raisons, et pour d’autres – y compris les violences à l’encontre des journalistes et de la société civile en général –, la Commission estime qu’il n’y pas de raisons de justifier davantage l’établissement de la cour hybride.  Elle appelle donc l’Union africaine et les nouvelles autorités à mettre en place au plus vite cette cour, qui sert de mécanisme de justice transitionnelle.  Pour les crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis dans le pays, elle appelle également d’autres États, et en particulier les parties aux instruments internationaux relatifs à la torture, à la disparition forcée et à la sécurité des personnels des Nations Unies, à recourir à la juridiction universelle pour juger les auteurs de ces crimes, a conclu la Présidente. 

 

Pays concerné

 

Le Soudan du Sud a déclaré que son Gouvernement avait pris note du rapport de la Commission et a assuré qu’il avait tout fait pour permettre l’accès à l’aide humanitaire dans les zones du pays touchées.  Il n’y a pas eu d’entraves de la part des autorités, a insisté la délégation sud-soudanaise.

 

Le Gouvernement ne censure pas les médias, ni la liberté d’expression : il y a plus de 150 médias enregistrés dans le pays et aucun journaliste n’est détenu, a poursuivi la délégation. 

 

Le Gouvernement a adopté un plan d’action national sur la violence à caractère sexiste et des tribunaux spéciaux pour les crimes de genre et les crimes contre les enfants ont été créés dans ce cadre, a en outre fait valoir la délégation.  Des mesures ont été aussi été prises pour lutter contre l’enrôlement d’enfants dans les forces armées et les enfants concernés par ces pratiques ont été maintenant libérés et remis à leur famille, a ajouté la délégation. 

 

Le Gouvernement a également pris des mesures pour restaurer l’autorité administrative sur l’ensemble du territoire et il est en train de redoubler d’efforts pour finaliser un accord de paix inclusif et durable dans tout le pays, a expliqué la délégation. 

 

Aperçu du débat

 

Les violences sexuelles et sexistes massives, la violence endémique, le recrutement forcé d'enfants y compris par les forces gouvernementales, le silence imposé à la société civile, ainsi que la reprise des conflits localisés ont été parmi les questions les plus préoccupantes mentionnées au cours du débat interactif.  Les progrès dans la formation d'un gouvernement d'union nationale de transition ont été salués, avec toutefois des appels aux groupes d'opposition qui n'ont pas rejoint les négociations de le faire, afin que l'Accord de paix revitalisé puisse être appliqué, y compris son chapitre V sur les mécanismes de justice transitionnelle et l'établissement d'un tribunal hybride, en lien avec l'Union africaine, en vue d'établir les responsabilités.  Le rôle premier des organisations régionales pour trouver des « solutions africaines aux problèmes africains » a également été souligné.  Il n'y aura pas de paix durable sans justice, a-t-il encore été souligné.  À cet égard, les intervenants ont salué l'appel du Président Salva Kiir Mayardit au pardon et à la réconciliation nationale, comme a été soulignée la nécessité d'une réelle volonté politique pour jeter de véritables bases pour une paix et une stabilité durables.

 

Plus de la moitié de la population se trouvant dans une situation d'insécurité alimentaire, les intervenants ont vivement condamné les agissements de certains groupes armés, qui affament intentionnellement les civils.  Il a été demandé à toutes les parties de s'abstenir d'utiliser la faim comme arme de guerre.

 

La situation humanitaire de 1,4 million de personnes déplacées, principalement des femmes et des enfants, a également été présentée comme un motif d'inquiétude.  La corruption dans la gestion des deniers publics, qui conduit à un manque de services sociaux et économiques de base, a été aussi signalé comme faisant partie des terreaux d'un nouveau cycle de violence et de violations des droits. 

 

Plusieurs membres du Conseil ont proposé le renouvellement du mandat de la Commission sur les droits de l’homme au Soudan du Sud.

 

Les organisations non gouvernementales ont pour leur part exhorté le Conseil à suivre de près la situation au Soudan du Sud car les échauffourées se poursuivent.  Le gouvernement et les factions ont tous commis des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité, d'où l'importance de la lutte contre l'impunité.  La peur et l'autocensure règnent au Soudan du Sud, a-t-il aussi été souligné.

 

Les ONG ont également dénoncé le fait que les dispositions de l'Accord de paix n'avaient pas été appliquées.  Le Conseil a été invité à transmettre un message clair dans le cadre de la résolution qu'il doit adopter sur cette situation.  Il a été rappelé que dix journalistes ont été tués au Soudan du Sud sans qu'aucune enquête ne soit menée.  Le meurtre, le 26 août 2017, de Christopher Allen, qui travaillait pour le compte des Nations Unies au Soudan du Sud, a été évoqué à plusieurs reprises.      

 

Remarques et conclusion des membres de la Commission

 

M. BARNEY BAFAKO, membre de la Commission sur les droits de l'homme au Soudant du Suda salué le fait qu'il y avait une tentative au Soudan du Sud de mettre en place un gouvernement d'unité qui pourra mettre en œuvre des mécanismes de réparation aux victimes.  Le mandat de la Commission met l'accent sur la prévention et son rapport se concentre ainsi sur un ensemble de domaines, comme par exemple les crimes économiques, qui exacerbent le conflit.  Il faut que les dirigeants du pays veillent à ce que les responsables de violations des droits de l'homme rendent des comptes, a-t-il insisté.

 

M. ANDREW CLAPHAM, également membre de la Commission, a déclaré qu'il fallait établir un calendrier pour les tribunaux hybrides ainsi que pour l'instance qui chargée des réparations.  La Commission a suggéré qu'1% des revenus du pétrole servent aux réparations pour les victimes, a rappelé M. Clapham. 

 

MME SOOKA, Présidente de la Commission, a déclaré que le Soudan du Sud était aujourd'hui en capacité d'assurer une paix durable dans le pays.  Le gouvernement doit respecter le calendrier pour mettre en œuvre la législation nécessaire afin d'assurer que les responsables soient poursuivis.  Il faut aussi que les journalistes puissent travailler à l'abri de toute pression.  Au Soudan du Sud, il s'agit, plus qu'une question d'assistance technique, d'une question de volonté politique, a estimé la Présidente de la Commission sur les droits de l’homme au Soudan du Sud.

 

***Liste des intervenants : Union européenne, Allemagne, Australie, Suisse, Liechtenstein, France, Sierra Leone, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Soudan,  Irlande, Fédération de Russie, Espagne, Albanie, République populaire de Chine, Belgique, Royaume-Uni, Ethiopie, Norvège (au nom d'un groupe de pays), East and Horn of Africa Human Rights Defenders Project, Reporters Sans Frontières, Fédération internationale des journalistes, Amnesty InternationalHuman Rights Watch, Commission internationale des juristes, et Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme.

 

 

Débat interactif avec le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme en République islamique d'Iran

 

Le Conseil est saisi du rapport du Rapporteur sur la situation des droits de l'homme en République islamique d'Iran (A/HRC/43/61), soumis en application de la résolution 74/167 de l'Assemblée générale. 

 

Présentation du rapport

 

M. JAVAID REHMAN, Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme en République islamique d'Iran, a commencé par remercier le Gouvernement et la délégation de la République islamique d'Iran pour leur coopération.  Il a aussi remercié les victimes et les personnes qui lui ont fourni les témoignages et les informations nécessaires à la rédaction de son rapport.

 

Le Rapporteur spécial a ensuite souligné que la situation en Iran était marquée par les importantes difficultés économiques que connaît le pays actuellement, aggravées par les sanctions qui lui sont imposées.  Cette situation a des conséquences majeures sur les droits économiques et sociaux, rendant notamment difficile l'approvisionnement en médicaments et équipements médicaux, encourageant l'inflation et donc la corruption, a dit le Rapporteur spécial.  À cet égard, M. Rehman a appelé les auteurs de ces sanctions et la communauté internationale dans son ensemble à prendre des mesures pour atténuer leurs conséquences sur la population.

 

M. Rehman a également exprimé ses préoccupations en ce qui concerne la situation des défenseurs des droits de l'homme, militants et avocats iraniens, qui sont arrêtés et privés de soins, selon les informations reçues par le Rapporteur spécial. 

 

Le Rapporteur spécial s'est également dit préoccupé par le fait que, selon les lois iraniennes, les enfants peuvent être passibles de la peine de mort en Iran.  Selon les informations, 17 garçons ont été exécutés en avril 2019 et plus de 100 autres se trouveraient dans les couloirs de la mort.  Il prend cependant note que le nombre d'exécutions dans le pays est sensiblement moindre qu'en 2017 en raison des amendements apportées à la loi sur le trafic de drogue, appelant toutefois les autorités à commuer les peines et à introduire un moratoire sur la peine de mort. 

 

Le Rapporteur spécial continue de recevoir des informations concernant la détention arbitraire de personnes ayant une double nationalité.  Ainsi une personne détenant les nationalités iranienne, américaine et britannique, M. Morad Tahbaz a été condamné à 10 ans de prison, en dépit du manque de preuve sur les activités d'espionnage dont il est accusé.  Le Rapporteur spécial reçoit aussi régulièrement des informations sur la situation des minorités ethniques et religieuses, alors qu'un projet de loi prévoit de criminaliser l'appartenance à certains groupes ethniques et religieux.

 

Le rapport de M. Rehman porte en outre sur les conditions de détention et le droit à un procès équitable en Iran.  Ces questions revêtent une importance particulière suite aux arrestations qui ont accompagné les manifestations populaires de novembre 2019.  Les autorités ont eu un recours excessif à la force, a-t-il dit, chiffrant à 300 le nombre de personnes tuées, dont 20 enfants.  Par ailleurs, 7000 personnes arrêtées dans ce contexte seraient encore détenues, a-t-il encore chiffré, appelant les autorités iraniennes à ouvrir des enquêtes sur ces événements. 

 

Pays concerné

 

La République islamique d'Iran, après avoir demandé une minute de silence pour les victimes du coronavirus, a souligné qu'alors même que le Gouvernement iranien déploie tous ses efforts pour lutter contre la COVID-19 dans le pays, les États-Unis continuent à imposer des sanctions qui ont des répercussions sur les droits de l'homme de la population. 

 

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vendredi 6 mars 2020

LE CONSEIL DES DROITS DE L’HOMME TIENT SA RÉUNION ANNUELLE SUR LES DROITS DES PERSONNES HANDICAPÉES

LE CONSEIL DES DROITS DE L’HOMME TIENT SA RÉUNION ANNUELLE SUR LES DROITS DES PERSONNES HANDICAPÉES

 

 

Freddy Mulongo, Réveil FM International


Freddy Mulongo-Conseil des droits de l'homme 100.jpg, mar. 2020

Il achève son débat général au titre de la promotion et de la protection de tous les droits de l’homme

 

 

 

Après avoir achevé son débat général au titre de la promotion et de la protection de tous les droits de l'homme en entendant les déclarations de plusieurs intervenants*, le Conseil des droits de l’homme a tenu, cet après-midi, sa réunion annuelle sur les droits des personnes handicapées.

 

Axée cette année sur l’article 8 de la Convention relative aux droits des personnes handicapées, qui traite de la sensibilisation, cette réunion a bénéficié de la participation de quatre panélistes : Mme Catalina Devandas Aguilar, Rapporteuse spéciale sur les droits des personnes handicapées, Mme Risnawati Utami, membre du Comité des droits des personnes handicapées, M. Ishumael Zhou, Président de l’Union africaine des aveugles et membre de International Disability Alliance (IDA), et M. Andy Stevenson, Producteur à Channel 4 et à Whisper.

 

De nombreuses délégations** ont pris part au débat qui a suivi les présentations de ces panélistes.

 

Dans une déclaration liminaire, la Haute-Commissaire aux droits de l'homme, Mme Michelle Bachelet, a attiré l’attention sur le lancement de la Stratégie de l’ONU pour l’inclusion du handicap, qui réaffirme l’engagement de l’Organisation en faveur de la jouissance par les personnes handicapées de leurs droits fondamentaux.  Mme Bachelet s’est réjouie que le Haut-Commissariat ait été un partenaire clef de l’élaboration de la Stratégie, qui favorisera l’intégration de cette thématique dans l’ensemble du système onusien; elle a encouragé tous les États et les agences de l’ONU à en appuyer la mise en œuvre. 

 

Mme Bachelet a en outre rappelé qu’en juin dernier, son Bureau avait appuyé les États membres dans l’adoption de la résolution 2475 (2019) du Conseil de sécurité, qui appelle pour la première fois les gouvernements et les belligérants à protéger les personnes handicapées prises dans les conflits armés.  D’autre part, en juillet dernier, le Conseil des droits de l’homme a posé un jalon inédit en adoptant sa première résolution sur les droits des personnes handicapées dans le contexte du changement climatique, s’est félicitée Mme Bachelet, rappelant que ce texte prie le Haut-Commissariat de conduire une étude analytique sur les moyens de mieux protéger ces droits. 

 

Le Haut-Commissariat a également appuyé l’élaboration de directives sur l’inclusion des personnes handicapées dans l’action humanitaire, finalement adoptées en novembre dernier par le Comité permanent interorganisations de l’ONU, a ajouté Mme Bachelet. 

 

La Haute-Commissaire a appelé les États à s’attaquer aux comportements et stéréotypes désobligeants qui sont profondément ancrés au sein des sociétés.  « Le changement de comportement est impératif pour réaliser les droits des personnes handicapées », a-t-elle insisté.

 

Le Conseil reprendra ses travaux lundi 9 mars, à partir de 9 heures.  Il entendra les délégations souhaitant exercer leur droit de réponse au titre du débat général conclu en début d’après-midi aujourd’hui, avant d’engager son débat interactif avec le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée. 

 

Fin du débat général sur la promotion et protection des droits de l’homme

 

Les délégations ont attiré l’attention du Conseil sur des violations des droits de l’homme commises sur les populations civiles, des journalistes, la société civile et des membres de minorités nationales, ethniques et religieuses au Yémen, en Inde, au Pakistan, dans la République démocratique populaire lao, au Myanmar, en Iraq, en Syrie, en Turquie, au Maroc, à Sri Lanka, en Bolivie, aux Philippines, en Colombie, en Iran, à Hawaï, en Alaska et en Chine. 

 

*Liste des intervenants : Commission africaine des promoteurs de la santé et des droits de l’homme, International Council Supporting Fair Trial and Human Rights, Associazione Comunita Papa Giovanni XXIIICommission to Study the Organization of Peace, International Educationnal Development Inc, Zéro Pauvre A, Association Ma’onah for Human Rights and Immigration, Association culturelle es Tamouls en France, Association Thendral, Association Adala-Justice, Action pour la protection des droits de l’homme en Mauritanie, Association des étudiants tamoules de France, Stichting Ezidis, Libération, World Peace CouncilVIVAT International (déclaration conjointe), Edmund Rice International LimitedAsia Pacific Forum on Women, Law and DevelopmentPeivande Gole Narges organizationNon Violent Radical PartyTransnational and TranspartyHuman Rights Advocates IncInternational Career Support AssociationAsian-Eurasian Human Rights ForumColombian Commission of JuristsInternational Committee for the indigenous Peoples of the AmericasAssociation of Youths with Vision, Association mauritanienne pour la promotion du droit. 

 

 

Débat annuel sur les droits des personnes handicapées

 

Déclaration liminaire

 

MME MICHELLE BACHELET, Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a remercié les États membres pour leurs contributions au rapport sur l’Article 8 de la Convention sur les droits des personnes handicapées, article consacré à la question cruciale de la sensibilisation. 

 

Mais avant de se pencher sur cette question, notamment sur les moyens de lutter contre la discrimination et de changer les comportements négatifs, Mme Bachelet a évoqué le lancement de la Stratégie de l’ONU pour l’inclusion du handicap, laquelle réaffirme l’engagement de l’Organisation en faveur de la jouissance par les personnes handicapées de leurs droits fondamentaux.  Mme Bachelet s’est réjouie que le Haut-Commissariat ait été un partenaire clef de l’élaboration de la Stratégie, qui favorisera l’intégration de cette thématique dans l’ensemble du système onusien.   La Haute-Commissaire a encouragé tous les États et les agences de l’ONU à en appuyer la mise en œuvre. 

 

Mme Bachelet a ensuite rappelé qu’en juin dernier, son Bureau avait appuyé les États membres dans l’adoption de la résolution 2475 (2019) du Conseil de sécurité, qui appelle pour la première fois les gouvernements et les belligérants à protéger les personnes handicapées prises dans les conflits armés. 

 

D’autre part, en juillet dernier, le Conseil des droits de l’homme a posé un jalon inédit en adoptant sa première résolution sur les droits des personnes handicapées dans le contexte du changement climatique, s’est félicitée Mme Bachelet.  Aux termes de ce texte, le Conseil a prié le Haut-Commissariat de conduire une étude analytique sur les moyens de mieux protéger ces droits, tout en appelant les gouvernements à adopter une approche de l’action climatique incluant le handicap. 

 

Mme Bachelet a précisé que, vu les exigences futures relatives à l’adaptation au changement climatique et à la réduction des risques de catastrophe, le Haut-Commissariat a également appuyé l’élaboration de directives sur l’inclusion des personnes handicapées dans l’action humanitaire.  Adoptées en novembre dernier par le Comité permanent interorganisations de l’ONU, ces directives garantissent la prise en compte de la dimension des droits de l’homme dans les situations d’urgence. 

 

Dans un panorama de la situation des personnes handicapées, la Haute-Commissaire a indiqué que, selon les estimations, celles-ci représentent 15% de la population mondiale mais restent largement invisibles en tant que problématique des droits de l’homme.  La Haute-Commissaire a attribué cette lacune aux attitudes et stéréotypes négatifs qui, pendant trop longtemps, ont influencé les lois et politiques, perpétuant ainsi la discrimination contre les personnes handicapées. 

 

La Haute-Commissaire a appelé les États à s’attaquer aux comportements et stéréotypes désobligeants qui sont profondément ancrés au sein des sociétés.  « Le changement de comportement est impératif pour réaliser les droits des personnes handicapées », a insisté la Haute-Commissaire.  Elle a recommandé d’appliquer pour cela des stratégies de communications efficaces et de lancer des campagnes de sensibilisation, de formation et de renforcement des capacités, au profit en particulier des personnes handicapées.

 

La Stratégie pour l’inclusion du handicap Mme Bachelet, contient des cibles spécifiques en matière de communication pour améliorer la performance de l’ONU.  La Stratégie est donc une occasion unique pour l’ONU d’épauler les États membres en vue d’un changement de discours et d’attitudes, a conclu Mme Bachelet.

 

Exposés des panélistes

 

MME CATALINA DEVANDAS AGUILAR, Rapporteuse spéciale sur les droits des personnes handicapées, a rappelé que son dernier rapport thématique, présenté plus tôt cette semaine, portait sur le capacitisme, autrement dit le fait de considérer que certaines caractéristiques du corps et de l’esprit conditionnent la capacité de vivre une vie digne et pleine, ce qui fait que le handicap est perçu comme une tragédie à éviter ou à réparer. 

 

Ainsi, le capacitisme sert à justifier l’institutionnalisation d’enfants et d’adultes handicapés.  Il défend également le retrait de capacité juridique en raison de « capacités mentales insuffisantes »; ou encore justifie la stérilisation de femmes et filles handicapées.  La Rapporteuse spéciale a comparé ce comportement au racisme et au sexisme, avant de rappeler que la Convention sur les droits des personnes handicapées avait pour principe de base le respect de la différence et l’acceptation des personnes handicapées en tant que partie intégrante de la diversité humaine et de l’humanité. 

 

D’où l’importance de l’Article 8 de la Convention relative aux droits des personnes handicapées et du rapport du Haut-Commissariat, a poursuivi la Rapporteuse spéciale, ajoutant que la sensibilisation implique un réveil, un « moment eurêka ».  Mme Devandas Aguilar a cité plusieurs stratégies efficaces pour lutter contre la stigmatisation et les préjugés, notamment les campagnes éducatives, le contact direct avec les personnes handicapées, l’autonomisation des personnes handicapées ainsi que l’appui entre pairs – très utile pour remédier à la discrimination, au rejet et à l’isolement.    

 

Évoquant sa propre expérience, la Rapporteuse spéciale a déclaré qu’elle n’avait jamais voulu ne pas être handicapée et qu’elle en tirait même un certain orgueil.  Au bout du compte, le capacitisme est, dans une large mesure, conséquence de l’incapacité des sociétés à tendre l’oreille à ce que les personnes handicapées ont à dire : le moment est venu de les écouter, a conclu Mme Devandas Aguilar.

 

MME RISNAWATI UTAMI, membre du Comité des droits des personnes handicapées, a insisté sur les recommandations formulées par le Comité aux États sur la base de l’article 8 de la Convention relative aux droits des personnes handicapées, qui porte sur la sensibilisation.  Elle a rappelé que dans son observation générale n°2, le Comité a rappelé aux États l’importance de la sensibilisation, laquelle doit être menée en coopération avec les organisations des personnes handicapées et leurs représentants. 

 

Le Comité recommande que toutes les mesures prises par les gouvernements adoptent une approche axée sur les droits de l’homme, dans le but de faire des personnes handicapées des personnes titulaires de droits, a en outre rappelé Mme Utami.  Il recommande aussi aux États de faire en sorte que les médias participent à cette sensibilisation et montrent une image positive des personnes handicapées.  L’observation générale demande aussi aux États d’impliquer le système éducatif dans les programmes de sensibilisation, toujours avec la participation des organisations de personnes handicapées et de leurs représentants, a-t-elle résumé.  

 

M. ISHUMAEL ZHOU, Président de l’Union africaine des aveugles et membre de International Disability Alliance (IDA), a déclaré que c’est en luttant contre les stéréotypes que l’on peut parvenir à mieux promouvoir les droits des personnes handicapées et a souligné que l’article 8 de la Convention insiste bel et en sur cette question de la sensibilisation – ce qui sous-entend que tous les articles ne pourront mis en œuvre sans ce travail de sensibilisation, a-t-il insisté. 

 

Selon le panéliste, le vrai pouvoir aujourd’hui réside dans l’information.  Il faut donc la mettre en les mains du plus grand nombre, afin de lutter contre les discriminations et autres stigmatisations dont sont victimes les personnes handicapées.  Un travail de sensibilisation complet tel qu’inscrit à l’article 8 de la Convention détient toutes les clefs en vue de la participation des personnes handicapées dans tous les aspects de la vie, a-t-il affirmé. 

 

M. Zhou a indiqué que son organisation préconise, entre autres, que les États revoient leur législation pour garantir qu'aucune disposition ne perpétue la stigmatisation ou la discrimination visant les personnes handicapées et qu’ils promulguent des mesures juridiques sanctionnant les crimes et discours de haine et les pratiques préjudiciables visant ces personnes.  Il est également recommandé aux États de promouvoir les perceptions et messages positifs, en mettant l'accent sur la dignité, les capacités et les contributions des personnes handicapées à la société. 

 

M. ANDY STEVENSON, Producteur à Channel 4 et à Whisper, s’est présenté comme un producteur de séries télévisées pour ces deux chaînes.  Il a indiqué travailler sur les Jeux paralympiques qui se dérouleront cette année à Tokyo, après avoir successivement travaillé sur les Jeux paralympiques de Londres en 2012 et de Rio de Janeiro en 2016.  M. Stevenson a expliqué qu’il est lui-même une personne handicapée née sans « un complément complet de membres » : avec des bras courts, sans mains et avec une jambe gauche qui descend jusqu'à la hauteur des genoux.  Il porte également une jambe artificielle.

 

Insistant ensuite sur le « travail fantastique » réalisé par Channel 4 dans l’emploi des personnes handicapées derrière la caméra et dans leur représentation à l’écran, M. Stevenson a souligné que cette chaîne a promu à l’écran la visibilité de présentateurs handicapés qui ont pu montrer leurs talents.  Un sondage réalisée cette année-là a montré que 83% des personnes interrogées estimaient que la chaîne donnait une image plus fidèle de la société.  Par ailleurs, une étude dévoile que les entreprises ayant une diversité dans leur personnel, y compris parmi leurs dirigeants, ont une meilleure image et une meilleure rentabilité.  Sur cette base, le panéliste a estimé que ce modèle est celui à suivre. 

 

Débat interactif

 

La promotion de l’égalité et son institutionnalisation dans tous les aspects de la vie, la prévention de la violence sous toutes ses formes et la lutte contre la discrimination à l’égard des personnes handicapées ont été mises en exergue s’agissant des mesures à prendre pour favoriser leur autonomisation et leur pleine intégration au sein des sociétés en tant qu’acteurs et agents de changement.  Plusieurs délégations ont reconnu la nécessité de lutter contre les stéréotypes visant les personnes handicapées pour atteindre l’objectif d’autonomisation de ces personnes et se sont enquis des pratiques optimales pour ce faire.

 

Dans un souci d’élimination des inégalités et des discriminations persistantes, ont été mentionnées nombre d’initiatives prises tant au niveau national qu’au niveau régional, parmi lesquelles la nomination de commissaires spécifiquement consacrés à l’égalité, l’adoption de législations sur l’accessibilité et l’aménagement raisonnable, l’octroi de cartes de handicap fournissant un accès gratuit aux services (transport, tourisme, culture), la proclamation d’une journée ou d’une année du handicap et la divulgation et la traduction de la Convention relative aux droits des personnes handicapées et du Protocole facultatif s’y rapportant – Protocole qui reconnaît au Comité des droits des personnes handicapées la compétence de recevoir et examiner les plaintes présentées par des particuliers ou groupes de particuliers

 

Cependant, les mesures ciblant les personnes handicapées demeurent largement sous-financées et les statistiques ventilées font encore défaut, a-t-il été relevé.     

 

La mise en œuvre de la Convention sur les mines antipersonnel a été défendue comme étant l’un des meilleurs moyens de contribuer à la réduction du nombre de personnes handicapées à travers le monde. 

 

Certains ont insisté sur la nécessité d’assurer aux personnes handicapées la jouissance de leurs droits en matière de santé génésique et reproductive. 

 

L’attention du Conseil a aussi été attirée sur la situation des personnes handicapées détenues. 

 

Remarques de conclusion

 

MME DEVANDAS AGUILAR a expliqué, qu’enfant et déjà handicapée, elle ne voulait pas être associée aux campagnes de levée de fonds pour les personnes handicapées (Téléthon), car elle avait l’impression que l’on donnait une mauvaise image d’elle et des personnes handicapées en général.  Mais aujourd’hui, heureusement des progrès ont été faits, a-t-elle poursuivi, car l’image des personnes handicapées a été améliorée dans les médias.  « Nous devons tous changer notre manière de voir les choses », a-t-elle insisté, plaidant pour une éducation des mentalités afin de bâtir une image plus positive des personnes handicapées. 

 

M. ZHOU a souligné que le handicap est une question transversale qui concerne tous les domaines de la vie.  De ce fait, les personnes handicapées doivent être intégrées dans tous les programmes relatifs au logement, à la santé génésique, à la finance ou encore à l’emploi. 

 

M. STEVENSON a déclaré qu’un accent particulier doit être mis sur les enfants, car aucun d’entre eux ne naît avec des préjugés.  Il faut également se concentrer sur la représentation des personnes handicapées dans les médias et le cinéma, a-t-il affirmé. 

 

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