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mardi 8 février 2022

ONU : LE COMITÉ CONTRE LA DISCRIMINATION À L’ÉGARD DE LA FEMME AUDITIONNE LA SOCIÉTÉ CIVILE SUR L'APPLICATION DE LA CONVENTION DE PANAMA EN OUGANDA ET AU SÉNÉGAL !

Le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes auditionne la société civile s’agissant de l’application de la Convention au Panama, en Ouganda et au Sénégal

50655326-39049860.jpg, fév. 2022

Le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes a auditionné, cet après-midi, les représentants de la société civile s’agissant de l’application de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes au Panama, en Ouganda et au Sénégal – trois des quatre pays dont les rapports doivent être examinés cette semaine [l’autre étant le Gabon].

 

S’agissant du Panama, une organisation non gouvernementale a dénoncé des violences sexuelles et sexistes perpétrées à l'encontre des Haïtiennes et d’autres femmes noires migrant au Panama en passant par la région du Darién, située à la frontière entre ce pays et la Colombie.  À ce propos, l’institution du défenseur du peuple du Panama a fait état de visites conjointes organisées dans cette région avec d’autres institutions nationales de droits de l’homme de pays concernés.

 

Concernant l’Ouganda, plusieurs organisations ont mis en avant les problèmes d’accès des jeunes filles et des femmes ougandaises aux services et informations en matière de santé sexuelle et reproductive ; le problème des mutilations génitales féminines ; les difficultés rencontrées par les femmes musulmanes dans le domaine du mariage ; des formes multiples et croisées de discrimination envers les femmes handicapées ; ou encore l’importance de s'attaquer aux causes profondes de la violence à laquelle les défenseurs des droits humains sont confrontés.

 

Pour ce qui concerne le Sénégal, une ONG a été relevé que le Code de la famille posait plusieurs problèmes, s’agissant notamment du fait que l’autorité parentale est exercée uniquement par le père et que le mariage est autorisé dès l’âge de 16 ans, ce qui nuit au développement des jeunes filles.  En outre, les femmes accèdent toujours difficilement à la terre, alors que rien dans la loi ne s’y oppose théoriquement : il faudrait une « révolution culturelle » pour dépasser la dualité entre le droit et la coutume, a dit l’ONG.

 

En début de séance, la Présidente du Comité, Mme Gladys Acosta Vargas, a rappelé que les organisations non gouvernementales avaient le droit d'accéder sans restriction au Comité et de communiquer avec ses membres.  Les personnes ou groupes de personnes qui, ce faisant, font l'objet d'actes d'intimidation ou de représailles peuvent signaler tout incident présumé d'intimidation ou de représailles au rapporteur sur les représailles et au rapporteur suppléant nommé par le Comité, a indiqué la Présidente. 

 

 

Le Comité examinera le rapport du Gabon (CEDAW/C/GAB/7) demain matin, à partir de 11 heures.

 

 

AUDITION DES ONG

 

S’agissant du Panama

 

Parmi les organisations non gouvernementales (ONG) qui se sont exprimées concernant l’application de la Convention au Panama, la Haitian Bridge Alliance a évoqué les violences subies par les migrantes et les migrants qui traversent l’Amérique centrale et du Sud en direction des États-Unis.  L’organisation a dénoncé, en particulier, « d’horribles violences sexuelles et sexistes perpétrées à l'encontre des Haïtiennes et d’autres femmes noires » qui traversent la région du Darién [à la frontière entre le Panama et la Colombie].  Le Panama, a dit un représentant de l’ONG, reconnaît, au paragraphe 95 de son rapport, que les femmes d'origine africaine au Panama sont particulièrement vulnérables à la violence discriminatoire, et mentionne une commission d'urgence pour assurer la prise en charge des migrants vulnérables ; mais le Panama ne mentionne nulle part cette violence sexuelle et sexiste brutale dans la région de Darién, a regretté le représentant.

 

L’orateur a ensuite estimé que le Panama devrait fournir des données ventilées concernant les violences fondées sur l’identité de genre dans la région de Darién en 2021 ; diligenter une enquête sur ces comportements discriminatoires et violents ; et formuler un plan pour que ces comportements ne se reproduisent pas.

 

L’institution du Défenseur du peuple du Panama a décrit ses activités en matière de protection des droits des femmes dans ce pays.  Elle a notamment fait état de la création d’un observatoire des violences faites aux femmes, ainsi que de la réalisation d’études sur les problèmes rencontrés par les femmes détenues et des visites de lieux de détention qu’elle effectue.  Des visites ont aussi été organisées, avec les défenseurs d’autres pays concernés, dans la région de Darién, où ont été signalées des violences et agressions contre des femmes migrantes.

 

S'agissant de l’Ouganda

 

Une représentante du Human Rights Awareness and Promotion Forum (HRAPF) et du Center for Reproductive Rights (CRR) a déclaré que les adolescentes ougandaises n’avaient pas accès aux services et informations en matière de santé sexuelle et reproductive.  Le taux d'utilisation de contraceptifs modernes parmi les adolescentes est assez faible (9,4%), alors que 20% des filles sont mariées avant l'âge de 19 ans et que 62% des filles sont sexuellement actives avant l'âge de 18 ans.  De nombreux obstacles entravent l'accès aux informations et aux services de santé sexuelle et reproductive, parmi lesquels les questions de coût ou encore la criminalisation de l'avortement, a souligné l’oratrice. 

 

L'Ouganda devrait adopter une législation et des programmes visant à garantir la réalisation du meilleur niveau possible de santé sexuelle et reproductive pour les adolescents et les femmes marginalisées, et mettre en place des mesures administratives, sociales et économiques pour garantir que les femmes vivant dans les camps de réfugiés soient protégées contre la violence sexuelle et sexiste, a en outre demandé la représentante.

 

Une représentante de Franciscans International, au nom de plusieurs autres ONG, a attiré l'attention des membres du Comité sur le fait que le poids culturel des mutilations génitales féminines, en tant que rite de passage à l'âge adulte, l'emportait en Ouganda sur la mise en œuvre de la loi de 2010 interdisant les mutilations génitales féminines et ce, en particulier dans l'est du pays.  En outre, la criminalisation des mutilations génitales féminines a entraîné une augmentation des mutilations pratiquées en secret, ce qui met encore plus en danger la santé des filles et des femmes.  À ce jour, l'acceptation sociale dominante de la pratique, mais aussi la corruption, font que de nombreux crimes de mutilation restent impunis, a regretté l’ONG. 

 

Au nom d’IWILAP (initiative des femmes islamiques pour la justice, le droit et la paix) et de Musawah, une intervenante a évoqué les difficultés rencontrées par les femmes musulmanes en Ouganda dans le domaine du mariage au regard du système juridique pluriel auquel elles sont confrontées: outre la Constitution ougandaise, les musulmans sont en effet régis par la loi (de 1906) sur le mariage et le divorce des mahométans.  Les femmes musulmanes sont ainsi confrontées, dans le cadre de leur mariage et de leur vie de famille, à des discriminations intersectionnelles qui découlent d'interprétations patriarcales négatives de la religion.

 

D’autre part, les mariages forcés ou non enregistrés de jeunes filles musulmanes encore mineures sont nombreux, du fait de la prévalence des interprétations patriarcales de l'IslaM.

 

Une représentante de l’Association nationale des femmes handicapées en Ouganda (NUDOWU) a fait état, pour sa part, de formes multiples et croisées de discrimination envers les femmes handicapées en Ouganda, notamment dans l’obtention des services de santé et d’éducation, dans la représentation politique, l’emploi et l’accès à la justice.  D’autre part, environ 70% des filles handicapées subissent des violences sexuelles avant d'atteindre l'âge adulte, a-t-elle ajouté.  Cette situation est aggravée par la stigmatisation, par les stéréotypes à l'encontre des femmes handicapées et par un système judiciaire qui ne prend pas suffisamment en compte les femmes handicapées, en particulier celles souffrant de déficience intellectuelle. 

 

Au nom du réseau SIHA, (Initiative stratégique pour les femmes dans la Corne de l’Afrique), une oratrice a insisté sur le fait que le système juridique complexe de l’Ouganda empêchait les femmes d’accéder à la justice, malgré les garanties constitutionnelles.  La discrimination à l'égard des femmes est justifiée par des motifs religieux et culturels, ce qui rend la contestation plus difficile pour les personnes et les organisations. 

 

Pour le réseau SIHA, l'absence d'une loi complète sur la famille, de même que les retards dans la promulgation du projet de loi sur le mariage, exposent les femmes à une violence sexiste et à des problèmes de santé génésique.  Quant aux femmes ougandaises vivant dans des mariages et des unions polygames, elles sont confrontées à des inégalités substantielles et manquent de sécurité et de stabilité financières, ce qui les rend vulnérables à la violence domestique.  L’ONG a donc recommandé que l’Ouganda adopte sans tarder le projet de loi sur le mariage et applique un plan de mise en œuvre de la loi qui comprenne un volet de sensibilisation au niveau national et au niveau des quartiers.

 

Le réseau de défense des femmes défenseures des droits humains en Ouganda (WHRDNU) a déclaré que les femmes défenseures des droits humains en Ouganda étaient confrontées à des problèmes bien particuliers, non seulement parce qu'elles transgressent les normes de genre en s'engageant dans le travail de promotion et de protection des droits humains, mais aussi souvent en raison de la nature de leur travail.  Les défenseurs des droits humains qui s'identifient à la communauté LGBTI ou qui travaillent avec elle sont particulièrement exposés, de même que celles et ceux qui travaillent à la promotion et à la protection des droits des travailleurs du sexe, ainsi que les défenseurs des droits humains liés à la terre et à l'environnement. 

 

Le projet de loi sur la protection des défenseurs des droits humains a été déposé en 2020 et se trouve devant le Parlement, a fait observer la représentante du réseau, avant de plaider pour que ce projet de loi et ses plans d’application tiennent pleinement compte de la dimension de genre.

 

La promulgation d'une loi sur la protection des défenseurs des droits humains est une avancée importante, mais insuffisante sans une révision globale de l'environnement législatif dans lequel les défenseurs des droits humains opèrent, a insisté l’oratrice.  Le but doit être de s'attaquer aux causes profondes de la violence et de la discrimination auxquelles les défenseurs des droits humains sont confrontés en Ouganda, a-t-elle souligné.

 

S’agissant du Sénégal

 

Enfin, l’Association des juristes sénégalaises a fait état de progrès réalisés dans le pays depuis l’adoption de la Constitution de 2001, qui introduit un nouveau statut pour la femme ainsi qu’une qualification et une criminalisation spécifiques du viol et de la pédophilie.  L’ONG a insisté sur le caractère endémique du viol au Sénégal – un problème au sujet duquel l’organisation a indiqué qu’elle assure la prise en charge et la réinsertion des victimes.  Mais la loi du silence règne et, pour des raisons culturelles, la dénonciation du viol n’est pas aisée, a ajouté la représentante de l’Association.

 

Le Code de la famille pose plusieurs problèmes, a poursuivi l’oratrice: les droits des femmes y sont lésés, de même que ceux de l’enfant.  L’autorité parentale est en effet exercée uniquement par le père ; en outre, le Code de la famille autorise le mariage dès l’âge de 16 ans, ce qui nuit au développement des jeunes filles. 

 

Enfin, pour des raisons culturelles, les femmes accèdent toujours difficilement à la terre, alors que rien dans la loi ne s’y oppose théoriquement, a souligné l’ONG ; il faudrait une « révolution culturelle » pour dépasser la dualité entre le droit et la coutume, a-t-elle ajouté.

Répondant aux questions d’expertes du Comité, l’Association a précisé que les femmes devaient elles-mêmes être formées et sensibilisées au fait que, contrairement aux croyances, elles ont un droit égal d’accès à la terre – cet accès conditionnant lui-même l’intégration économique des femmes.  Il faut donc convaincre les femmes de se battre pour leurs droits.  Le problème des violences domestiques n’est pas lié à la religion, a ajouté l’ONG : la précarité et la promiscuité sont en cause. 

 

Lien : https://www.ungeneva.org/en/news-media/meeting-summary/2022/02/le-comite-pour-lelimination-de-la-discrimination-legard-des-0

 

 

 

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mercredi 5 août 2020

Sénégal: Lettre ouverte de Cheick Anta Diop à Senghor !

Sénégal: Lettre ouverte de Cheick Anta Diop à Senghor !
Freddy Mulongo, Réveil FM international

freddy mulongo-Cheick Senghor.jpg, août 2020
Je ne me lasse pas de cette lettre, et à chaque fois pour une raison différente. Aujourd'hui c'est en pensant à cette nouvelle culture politique africaine qui voudrait que bien faire la politique c'est de ne jamais dire ses 4 vérités à celui est au pouvoir au risque de se fermer les portes. Car pour ceux là, faire de la politique c'est avoir ou garder un poste. Même quand on est brimé, on espère toujours. Les chiens de table dont je parlais récemment, qui reçoivent des coups mais attendent leurs os patiemment. Je me demande bien quand est ce que nous sommes tombés aussi bas. Eh ben quand un intellectuel qui a les idées claires, sait ce qu'il fait en politique, a une vision au delà de sa propre existence, pète les plombs, voilà ce que ça donne. Bon régal.
« Aussi difficile que cela puisse être pour moi, je suis obligé de rétablir la matérialité des faits, sans pour autant, suivre Senghor sur le terrain primaire et scolaire où il se place d’emblée.
D’abord, il dispose des médias pour me dénigrer régulièrement, sans m’accorder le droit de réponse dans les mêmes conditions : cela témoigne d’un manque d’esprit sportif.
Comme d’habitude, toutes ses affirmations me concernant sont radicalement fausses ainsi que cela va apparaître : en premier lieu, contrairement à ce qu’il dit, j’ai obtenu la peau d’âne qu’est le doctorat de Lettres, doctorat d’État, avec la mention honorable, il y a de cela 18 ans, et ce fait s’était estompé dans mon esprit d’adulte comme tant d’autres du même genre. Donc, Senghor a dit sciemment une contrevérité à la télévision, à des fins d’intoxication.
En second lieu, l’ouvrage qu’il cite comme étant ma thèse (‘Antériorité des Civilisation Noires’) et dont il aurait lu la partie linguistique, je ne l’ai écrit qu’en 1967, c’est-à-dire sept ans après ma soutenance, et il ne contient presque pas de partie linguistique, à peine quelques comparaisons entre le Wolof et l’égyptien ancien, mais, qui de ce fait, échappent à la compétence de Senghor. Par conséquent, il s’agissait seulement de prendre une attitude pédante et avantageuse devant les téléspectateurs.
En troisième lieu, mes thèses ne se confondent pas avec celles d’aucun auteur, Rivet, Moret, Breuil, etc. Sinon comment expliquer l’acharnement avec lequel les milieux conservateurs et nationalistes me combattent et me vouent une haine tenace depuis près de trente ans.
Quatrièmement, j’ai déjà dit dans ‘Nations Nègres’, page 138, (1re édition) et 187 (2e édition) et dans ‘Taxaw’ numéro 3, page 6, que mes travaux apportent du nouveau par rapport non seulement aux thèses de Hamburger, mais aussi de M. N. Reich. C’est à cette occasion que j’ai défini la déontologie du chercheur à laquelle Senghor est bien incapable de s’astreindre. Il n’y a pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.
Senghor a dit à la télévision une phrase digne de Maître Aliboron, qu’il ne répétera jamais, ‘mélangeant’ les noms Aurignacien, Moret, Breuil, Rivet, etc. ; que l’on s’est bien gardé de reproduire le lendemain dans la presse et qui montre qu’il prend les téléspectateurs sénégalais pour des ignorants. Nous attendons toujours des traces écrites dans une revue scientifique de ces idées qu’on prétend avoir recueillies dans les cours imaginaires desdits professeurs pendant la période qui va de 1930 à 1954, date de parution de ‘Nations Nègres’ ; j’aurais pu m’arrêter même en 1948, date de mon article intitulé ’Quand pourra-t-on parler d’une véritable renaissance culturelle africaine ?’. Oui en attendant un texte, même antidaté.
Si Senghor a suivi réellement ou même en imagination, les enseignements qu’il cite sur les idées que nous débattons aujourd’hui, pourquoi n’a-t-il pas fait dans ce domaine des travaux qui devraient précéder les miens de plusieurs décennies ? Comment expliquer cette carence ?
Dans le chapitre 2 de ‘Nations Nègres’ et dans le numéro 3 de ‘Taxaw’, page 3, j’ai montré clairement la nocivité pour l’âme africaine de ce que Senghor appelle la ‘négritude’. Que celle-ci triomphe et l’Afrique noire ne sera plus.
Comment donc des idées que j’ai passé toute ma vie à combattre, pour la survie de nos peuples, pourraient-elles m’influencer ?
Revenant à ma soutenance, je rappelle que plus d’un demi-millier de personnes y avaient assisté à la Sorbonne, elle dura sept heures et fut un vrai combat intellectuel sans concession, sous les yeux de toute la jeunesse estudiantine africaine présente à Paris. À la fin, ce fut un sentiment général de fierté très communicative qui anima toute l’assistance africaine car personne ne s’était trompé sur la profonde signification et l’importance de l’évènement : la culture africaine non folklorique venait de forcer les portes de la vieille Sorbonne. Les Africains commençaient à perdre leur complexe pour de bon.
D’autres Africains, aujourd’hui présents à Dakar, seraient mieux placés que moi pour décrire le contexte général de ces faits.
Les choses s’étaient passées ainsi parce que j’avais refusé, comme on le sait, toutes les solutions de facilité habituelle, qui auraient hypothéqué ma liberté de pensée. Il est de tradition à l’Université que tous ceux qui prennent pareils risques le paient. C’est le cas des meilleurs penseurs français à l’heure actuelle, surtout quand ils sont progressistes et c’est à leur honneur : Roger Garaudy, Henri Lefebres, Gilbert Murry, Michel Butor, Louis Althusser… celui-là même dont Senghor faisait l’éloge à la Télévision.
Dans le journal Le Monde du 16 juin 1976 page 19, le professeur Olivier Reboul de l’Université de Strasbourg écrit : «Depuis le Vatican II, on se demandait ce qu’était devenu le Saint Office. Il semble bien qu’il fonctionne toujours sinon à Rome, du moins en France au sein de l’Université, sous le titre anodin de Comité Consultatif.»
Dans Le Monde de l’éducation, de février 1976, on lisait que le Comité consultatif des Universités avait refusé d’inscrire Michel Butor sur la liste d’aptitude aux fonctions de Maître de conférence, moyennant quoi l’Université de Genève a pu recruter Michel Butor. On apprend maintenant que le philosophe Louis Althusser vient d’essuyer le même refus. Cela signifie que des professeurs mondialement connus ayant enseigné quinze ans à l’étranger- je puis attester que Louis Althusser est un des très rares philosophes français dont on parle- ne peuvent avoir rang de professeur ou mieux de Maître de conférence chez nous. On rédige des thèses sur eux, mais eux n’ont pas le droit de diriger des thèses… Althusser est un de ces penseurs grâce auxquels on ne peut plus penser tout à fait comme avant.
Je ne suis pas fier d’être professeur dans une Université qui dénie ce titre à Butor et à Althusser.
Un agrégé de Lettres est un professeur de lycée qui doit travailler encore une dizaine d’années pour devenir Docteur d’État, afin de posséder ainsi le grade le plus élevé que l’université délivre dans sa branche. Senghor traîne le complexe de la thèse de Docteur d’État, cette peau d’âne qu’il n’a jamais pu posséder. Aussi ne sait-il pas qu’en Doctorat de Lettres, les mentions Bien et Très Bien, dont il a parlé d’un air docte à la télévision, n’existent pas. C’est ce complexe qui l’amène à collectionner les titres bidons, sans valeur, de docteur honoris causa glanés dans toutes les universités du monde, pour en vain tenter de remplir le vide qu’aurait occupé le vrai doctorat. Ce qui ridiculise le peuple sénégalais aux yeux du monde cultivé.
Demain, afin d’utiliser les moyens de l’État à des fins de promotion personnelle, il faudra faire voter une loi rendant incompatible la fonction de président de la République du Sénégal avec la quête ou l’obtention de distinctions sans rapport avec le développement du pays. Un jour on créera une commission chargée d’étudier les incidences budgétaires des complexes intellectuels de Senghor.
À propos de la question du plagiat, je renvoie à ‘Taxaw’ numéro 3, je ne suis que la énième victime avec Hamani Diori (Détérioration des termes de l’échange); le Président Bourguiba (Francophonie); la Pira (Civilisation de l’universel); Camus (Politique politicienne); Ousmane Socé (Métissage culturel); Césaire (Négritude); André Blanchet (Balkanisation); Gaston Deferre (Horizon 80, devenu horizon 2000 ou 2001).
On ne doit être fier que de ces travaux. Rien n’est plus triste qu’un chercheur qui ne trouve rien. Si l’on se bornait à réciter le savoir acquis à l’école, sans rien y ajouter par nos propres découvertes, l’humanité en serait à l’âge primitif. Ce qui fait donc la valeur de l’intellectuel, c’est sa contribution réelle au progrès des connaissances de son temps.
Donc, dans le cas précis de mise au point, il faut que chacun indique de façon explicite son apport; il suffit de se reporter à mes travaux pour constater qu’en sciences humaines ils ont fait progresser les connaissances dans les disciplines suivantes : archéologie, préhistoire, anthropologie, physique, histoire, égyptologie, linguistique, histoire de la philosophie, sociologie, ethnologie, etc.
En sciences exactes, nous avons introduit au Sénégal, dans le cadre du transfert des technologies, un ensemble de techniques nucléaires d’avant-garde ; nous contribuons régulièrement au progrès des sciences de la terre, même dans le cadre de programmes internationaux, etc.
En quoi Senghor, qui n’a jamais contribué au progrès d’aucune science, fût-elle linguistique, se sentirait-il qualifié pour porter un jugement sur mes travaux ?
Enfin, sur un plan plus général, nous avons donné à la culture africaine ses lettres de noblesse, en la réconciliant avec l’histoire et en créant pour la première fois les bases scientifiques d’une linguistique diachronique africaine.
Les linguistes africains ne tarderont à s’apercevoir que notre ouvrage intitulé : Parenté génétique entre l’Égyptien pharaonique et les langues négro-africaines inaugure l’ère de la révolution linguistique africaine. Aussi j’espère que cet ouvrage, ainsi que Antiquité Africaine par l’image et Physique nucléaire et Chronologie absolue seront diffusés correctement sans délai au Sénégal, sinon je serai bien obligé de prendre des mesures.
Aujourd’hui presque toutes les idées que j’ai défendues dans le temps sont tombées dans le domaine commun. Mais que ceux qui étaient alors restés sur la touche veuillent bien me les resservir avec désinvolture.
Aimé Césaire, le vrai père de la négritude, l’inventeur de ce concept, dit de notre ouvrage Nations nègres et culture dans Discours sur le colonialisme qu’il est le ‘livre le plus audacieux qu’un nègre ait jamais écrit’, témoignant, par ce jugement de la nouveauté des idées contenues dans Nations Nègres par rapport même à la négritude et des difficultés que les intellectuels africains éprouvaient alors, à croire ces thèses qui leur paraissaient trop belles pour être vraies.
Nous avons décidé d’éliminer Senghor de la vie sénégalaise.
L’antagonisme qui oppose l’égyptologue Cheikh Anta Diop au chef de l’Etat Léopold Sédar Senghor est révélateur des tensions qui traversent la société sénégalaise lors des premières années d’indépendance.
Le 9 janvier 1960, l’égyptologue Cheikh Anta Diop soutient à la Sorbonne une thèse dans laquelle il compare les systèmes politiques et sociaux de l’Europe et de l’Afrique, de l’Antiquité à la formation des États modernes. Le jury lui attribue la mention honorable. En clair, cela signifie qu’il ne sera jamais professeur à l’université. Et il rentre au Sénégal où Léopold Sédar Senghor, son ennemi intime, est président.
"Destruction de la vraie culture africaine"
Tout oppose les deux hommes. Senghor parle de négritude alors que Diop prône la renaissance africaine à partir de l’héritage de l’Égypte pharaonique et la promotion des langues négro-africaines. Il traite Senghor et ses amis d’« écrivains africains de langue étrangère ». Et doute que leurs écrits soient la « base d’une culture africaine ».
Quand Senghor affirme que « l’émotion est nègre, la raison hellène », Diop dénonce « l’aliénation » de « nègres d’une haute intellectualité […] qui cherchent à codifier ces idées nazies d’une prétendue dualité du Nègre sensible et émotif, créateur d’art, et du Blanc fait surtout de rationalité ». Selon lui, Senghor se sert de la négritude « pour procéder à la destruction de la vraie culture africaine ». Et il s’assigne une mission : « Combattre l’inculture qu’entraîne la désinformation servie dans un pédantisme nourri et entretenu par le chef même de l’exécutif, un certain Léopold Sédar Senghor. »
Attaques politiques et… syntaxiques!
Senghor, qui qualifie cet antagonisme d’« opposition crypto-personnelle », le lui rend bien. Il lui ferme les portes de l’université et le confine à un poste de chercheur au sein d’un laboratoire de l’Institut fondamental de l’Afrique noire (Ifan). Sur le plan politique, il recrute les militants du Bloc des masses sénégalaises (BMS), le premier parti de Cheikh Anta Diop, qui se désintègre, et dissout également son deuxième parti, le Front national sénégalais (FNS).
Lorsque l’égyptologue fonde le Rassemblement national démocratique (RND), il ne reçoit pas l’agrément parce que « sans aucune identification aux courants politiques autorisés ». Senghor attaque Diop sur le plan syntaxique en suspendant la parution du journal Siggi, créé par ce dernier. Il affirme que le mot wolof siggi s’écrit avec un seul « g » et exige la correction de la faute. Mais Diop préfère changer de titre. Il en sera ainsi jusqu’au départ de Senghor du pouvoir, en 1980.

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lundi 24 février 2020

Hommage à Hervé Bourges, Français, Francophone et Francophile !

Hommage à Hervé Bourges, Français, Francophone et Francophile !

Freddy Mulongo, Réveil FM International

Freddy Mulongo-Herve Bourges 2.jpg, fév. 2020

C'est mon kiosquier constatant mes habitudes de l'achat du Canard Enchaîné tous les mercredis matins, qui m'avait glissé qu'Hervé Bourges habitait dans le coin, non de loin de la Bibliothèque Centre Pompidou "Beaubourg" en plein centre de Paris. Il y a deux ans, nous nous croisions dans ce quartier où l'on ne dort jamais, il était un peu fatigué.

Freddy Mulongo-Herve Bourges1.jpg, fév. 2020

Hervé Bourges était un Français, apôtre de la Francophonie et un Francophile engagé. Décédé le dimanche 23 février à l'âge de 86 ans, Il était une figure majeure des médias en France. Hervé Bourges, ancien président de France 2, France 3, TF1 et RFI, puis dirigeant du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA).

freddy Mulongo-Herve Bourges.jpg, fév. 2020

Lors du 14è sommet de la Francophonie, Hervé Bourges était le représentant personnel, d'Abdou Diouf, à l'époque secrétaire général de l'OIF, aux assises de l'Union International de la presse Francophone. Avec Bongos Roger, le 21 novembre 2014, au soir, nous l'avions interviewé à la résidence de l'ambassadeur de France à Dakar. Le lendemain, au village de la Francophonie, il était tout content de nous voir: "Vous êtes terribles, tout paris sait que je suis à Dakar, à cause vous ! " Son interview a été relayée par plusieurs médias, la même nuit.

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Souvent rallié par des confrères lorsqu'il était président du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel, Hervé Bourges est un familier de l'Afrique, où il a fondé l'école de journalisme de Yaoundé, avant de rentrer en France et de diriger successivement RFI, TF1 et France Télévisions.

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vendredi 21 février 2020

Affaire Jacques Matand: BBC Afrique à Dakar, chien couchant du gouvernement rwandais, RSF dénonce le licenciement du journaliste !

Affaire Jacques Matand: BBC Afrique à Dakar, chien couchant du gouvernement rwandais, RSF dénonce le licenciement du journaliste !

Freddy Mulongo, Réveil FM International

freddy-mulongo-jacques-matand-2.jpg, fév. 2020

Devenu premier producteur du Coltan minerai qui ne se trouve pas dans son sol mais dont 85 % de la production se trouve en République démocratique du Congo, l'arrogance du Rwanda pillard et receleur des ressources du Congo devient insupportable.

Singapour de l'Afrique ? La Suisse de l'Afrique... des qualificatifs pompeux sont abusivements donnés au Rwanda, un pays dont le boum économique provient des rapines et des crimes contre l'humanité, crimes de sang et crimes de génocide au Congo.

Paul Kagame, Hitler Noir et bourreau du peuple congolais se croit tout permis. Son gouvernement mono-ethnique vient de faire virer le journaliste congolais Jacques Matand Diyambi de la BBC Afrique à cause de l'interview accordée à Charles Onana auteur de :"Rwanda, la vérité de l'opération Turquoise"!

Paul Kagame, dictateur Rwandais décide qui BBC Afrique peut interview ou non ! Lui le criminel sanguinaire se donne tous les pouvoirs et permet tout. Mais au nom de quoi peut-il interdite à un journaliste d'interviewé un autre journaliste qui de surcroît est un enquêteur et écrivain ? Depuis deux décennies la dictature rwandaise outrepasse ses tentacules. Il invective, assassine, tue, muselé, bâillonne en toute impunité hors de ses frontières, toutes les personnes qui dénoncent ce qui ne va pas. Pris la main dans le sac, avec le tollé que cela a occasionné, le gouvernement de Kigali dément qu'il n'a jamais fait pression sur BBC Afrique. A moins d'être naïf ! Quelle personne sensée peut-elle croire le régime sanguinaire rwandais ?

Voici le communiqué de RSF :

Licenciement d’un journaliste de BBC Afrique : RSF dénonce une décision disproportionnée et dangereuse

Un journaliste de la BBC Afrique a été licencié, pour une interview sur le génocide rwandais qui n’aurait pas plu au gouvernement du Rwanda. Reporters sans frontières (RSF) dénonce une sanction disproportionnée qui va contribuer à intimider les journalistes travaillant sur ce sujet sensible, y compris en dehors du Rwanda. Le journaliste congolais Jacques Matand Diyambi en service à BBC Afrique, à Dakar au Sénégal, a été licencié pour “faute grave”, suite à une interview réalisée en novembre 2019, avec l’écrivain franco-camerounais Charles Onana, qui venait de publier un livre sur le génocide rwandais : "Rwanda, la vérité sur l'opération Turquoise".

Dans la lettre de licenciement consultée par RSF, la direction de la BBC Afrique explique avoir reçu une “plainte” du gouvernement rwandais résultant de la diffusion de cette interview. Ce dernier aurait accusé la radio internationale d’avoir été “injuste, biaisée et inexacte” et indiqué qu’il se réservait le droit de “prendre des sanctions” contre la BBC.

Contacté par RSF, le secrétaire d’Etat au ministère rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe a déclaré que Kigali ‘’ne s’est jamais formellement plaint” de cette interview auprès de la BBC. “C’est un problème interne du groupe de presse britannique’’ a-t-il ajouté. Interrogé sur le contenu et l’existence de cette plainte, le service de presse de la BBC a répondu à RSF qu’il “ne commentait pas les questions liées à son personnel” et indiqué que tous ses journalistes devaient “se conformer au respect des standards éditoriaux rigoureux de la chaîne”.

‘’Cette décision est à la fois regrettable et disproportionnée, estime le directeur du bureau Afrique de l’ouest de RSF,Assane Diagne. Si la BBC estime que son journaliste a manqué à son devoir d’équilibre, il y avait bien d’autres façons de pouvoir lui signifier ou de faire entendre d’autres voix sans prendre une sanction aussi lourde.”

“Il est étonnant et dangereux qu’un média international réputé pour son indépendance cède aussi facilement aux pressions qu’auraient exercées le gouvernement rwandais, et ce d’autant plus que la BBC a elle même été victime de la censure à grande échelle de la part des autorités rwandaises contre celles et ceux qui s’écartent du discours officiel, estime pour sa part le responsable du bureau Afrique de RSF, Arnaud Froger. Cette décision contribue à terroriser les journalistes qui travaillent sur ce sujet sensible. Elle traduit aussi une dangereuse exportation de la politique de répression et d'intimidation contre le journalisme indépendant menée par les autorités rwandaises”.

Le licenciement a suscité une vague d’indignations. Au Sénégal, le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication sociale (SYNPICS) dont Jacques Matand dirige la section BBC est monté au créneau pour dénoncer ‘’une fuite en avant de la rédactrice en chef, qui n’assume pas son rôle, de premier responsable de la diffusion de tout sujet ».

En République démocratique du Congo, pays d’origine du journaliste, le président de l’Union nationale de la presse du Congo (UNPC), Boucard Kasonga Tshilunde, a menacé d’inviter ‘’tous les Congolais à ne plus suivre’’ la BBC et les médias qui prennent le relais de ne plus le faire’’.

Les très populaires programmes de la BBC en kinyarwanda sont suspendus depuis 2014 au Rwanda à la suite de la diffusion d’un documentaire sur le génocide de 1994 qualifié de “négationniste” par les autorités rwandaise. L'enquête du média britannique soulevait notamment la thèse controversée d’une possible implication du président Paul Kagamé dans l’assassinat de son prédécesseur Juvénal Habyarimana, événement ayant déclenché le génocide qui a fait plus de 800 000 morts dans le pays.

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