Esclaves africains contraints à danser sur le pont d'un navire négrier / début du 19e siècle © The Atlantic Slave Trade and Slave Life in the Americas
Pratiqué dès l'Antiquité l'esclavage donna lieu à trois traites spécifiques en Afrique:
Il est essentiel de distingué trois grandes formes de traite de l'esclavagiste ayant fait de la population noire la source principale, sinon yunique, d'approvisionnement en captifs:
1. La traite dite orientale.
2. La traite intra-africaine.
3. La traite coloniale européenne.
1. La traite Orientale
Elle s'inscrit dans la continuité des pratiques esclavagistes des sociétés de l'Antiquité classique: l'Egypte ancienne, la Mésopotamie, l'Empire romain, notamment ont abondamment eu recours aux esclaves africains pour le travail agricole et la construction des édifices publics et des routes, mais également pour la domesticité. héritier du monde romain, l'Empire byzantin apoursuivi cette pratique jusqu'au coeur du moyen Age. Edifiés en grande partie sur le territoire de l'Empire byzantin, les empires arabes, à partir du VIIe siècle, ont continué ce transfert de populations africaines asservies jusqu'aux centres des nouveaux pouvoirs vers Bagdad et Mossoul par exemple...
le travail agricole était alors la principale activité assurée par ces esclaves, mais ils étaient également affectés aux tà¢ches domestiques et aux harems. les circuits d'approvisionnement de ces empires sont restés presque immuables durant plusieurs millénaires: par voie terrestre à travers le sahara, le désert arabique, la haute vallée du Nil, puis à travers le Sinaï, l'Anatolie, les vallées du Tigre et de l'Euphrate, et encore par l'Asie centrale et les confins de l'Empire russe dès la fin du XVIIe siècle par voie maritime, par la mer Rouge et le golfe Persique à partir des cà´tes orientales de l'Afrique, voire de Madagascar pour la traite arabe.
Cette pratique de très longue durée a survécu aux nombreux changements politiques et bouleversements religieux: introduction de l'islam et du christianisme. l'esclavage des Africains s'est maintenu dans ces sociétés et a été alimenté par un commerce régulier en provenance d'Afrique orientale,de zanzibar à l'Abyssinie, en passant par la région des Grands Lacs. Faute des sources fiables, des tentatives de chiffrage de la traite appelée musulmane ou arabe, ont été effectuées. On estime qu'entre 7 et 12 millions de personnes ont été arrachées au continent du VIIe au XIXe. Mais ces chiffres restent l'objet de vives controverses.
2. La traite infra-africaine
Principalement fondée sur la mise en esclavage des prisonniers de guerre, a existé sur une période plus longue encore,dont il est extrêmement difficile de fixer la durée faute des sources. Sous des formes diverses, l'esclavage et le commerce des humains ont été des pratiques répandues dans la plupart des sociétés africaines bien avant l'arrivée des navigateurs européens et indépendamment des circuits des traites orientales. Alors que la traite orientale privait l'Afrique d'une partie de sa population, la traite intra-africaine maintenait intact le potentiel humain du continent.
3. La traite coloniale européenne
La traite coloniale européenne fut massivement "racialisée": seuls les Noirs d'Afrique en furent les victimes, au point de faire du mot " nègre " un synonyme d'esclave dans la langue française du XVIIIe siècle. Cette racialisation de l'esclavage a abouti au transfert d'une importante population africaine sur le continent américain et aux Antilles.
Il est admis que la traite européenne a prélevé en Afrique entre 12 et 13 millions d'êtres humains, toutes destinations confondues, dont environ un tiers de femmes. la mortalité au cours de la traversée a été trè inégale selon les expéditions, mais le nombre de morts au cours des traversées-soigneusement consignés sur les régistres de bord- s'est élevé à environ 15% du total des captifs embarqués, soit entre 1,6 million et 2 millions de disparus en mer, faisant de l'Atlantique le " plus grand cimetière de l'histoire ".
Autre spécificité de la trite coloniale, sa durée fut beaucoup plus courte que la traite orientale ou intra-africaine: elle s'est déployée de la fin du XVe siècle jusqu'aux années 1860. le XVIIIe siècle représente à lui seul 60% des expéditions, le XIXe siècle- période où la traite était pourtant devenue illégale- en assura près de 33%, alors que les XVIe et XVII e siècles assurèrent à peine 7% du total.
L'intensité maximale de la traite européenne, qui lui donna toute sa spécificité historique, s'est en réalité concentrée sur une période beaucoup plus brève encore puisque 90 % des esclaves africains déportés vers les colonies européennes des Amériques et de l'océan indien l'ont été entre 1740 et 1850, soit à peine plus d'un siècle. C'est bien ce caractère brutal, inscrit en un laps de temps très court, qui a profondément esprits et heurté les consciences de beaucoup de contemporains: entre 1780 et les années 1820, près de 100 000 Afriques furent achetés chaque année, chiffre qu'aucune autre traite négrière n'a jamais atteint ni même approché.
Hiérarchie des puissances négrières
1.Le Portugal a effectuée le transfert aux Amériques de plus de 4,6 millions d'esclaves. Ayant inauguré celle-ci dès le milieu du XVe siècle, il a assumé l'essentiel de la traite illégale au XIX e siècle.
2.La Grande -Bretagne vient en deuxième position, avec plus de 2,6 millions de déportés, dont une partie furent vendus dans les colonies espagnoles, voire françaises malgré l'interdiction légale.
3.L'Espagne, malgré l'immensité de son empire américain, n'arrive qu'en troisième position, surtout en raison de Cuba au XIXe siècle, point de départ de bon nombre de navires de traite clandestine. Une bonne partie des approvisionnements en esclaves des colonies espagnoles fut assurée par les Britanniques.