10 Questions à Maurice-Blondel Bokoko !
Freddy Mulongo Mukena, Réveil FM international

Maurice Blondel Bokoko, journaliste, ancien directeur provincial RTNC-Bandundu, directeur des infos à CCTV-RALIK à Kinshasa, il avait tiré sa révérence à Québec au Canada en 2014. Loin de son Maïndombe natal ! Il était vice-président de 1989-2004, de l'Union de la Presse Zaïroise (UPZA), qui devient l'Union Nationale de la Presse Congolaise (UNPC). En 2008, il avait répondu à nos questions.
Maurice-Blondel BOKOKO, Directeur d'information de CCTV et RALIK à Kinshasa, quelques mois avant de quitter Kinshasa.
Mieux vaut un chien vivant qu'un lion mort nous dit l'Ecclésiaste 9:4. Maurice-Blondel Bokoko est l'alter ego de Stéphane Kitutu O'leontwa. Après avoir été durant 14 son vice-président à l'Union de la Presse zaïroise (UPZA) devenue depuis le congrès du centre Nganda, Union Nationale de la Presse Congolaise (UNPC). Il a été le Directeur de l'information de Canal Congo Télévision (CCTV) et Radio Liberté -kinshasa (RALIK) appartenant à Jean Pierre Bemba. Et Stéphane Kitutu, le Directeur général des médias Bembistes. Maurice-Blondel Bokoko avait quitté la République Démocratique du Congo, avec sa femme et ses enfants. Il ne supportait plus la vie des menaces, intimidations, convocations à l'Agence Nationale de Renseignements (ANR).
Stéphane Kitutu Oléontwa avait pour vice-président Maurice-Blondel Bokoko à l'Union de la Presse Zaïroise (UPZA), qui devient l'Union Presse Congolaise (UPC) de 1989-2004. C'est au congrès de la refondation que l'UPC devint Union nationale de presse congolaise (UNPC), pour la différencier de l'UPC du rebelle, criminel et sanguinaire Thomas Lubanga en Ituri. Avec les vieux Stéphane Kitutu Oléontwa, Maurice Blondel Bokoko, Tshimpumpu wa Tshimpumpu, Donat Mbaya de Jed, moi et d' autres, nous étions membres du comité préparatoire du congrès de la refondation de l'Union Nationale de la presse congolaise qui a eu lieu au Centre Nganda à Kinshasa en 2004, avec 271 participants, du 1er au 5 mars 2004 au Centre Nganda. Le constat était amer:
- les organes institutionnels de la presse sont contestés ;
- l’UNPC manque de tout : plan d’action, moyens financiers, animateurs ;
- le dépassement du mandat des dirigeants en place ;
- la réalité du pluralisme médiatique ;
- l’institutionnalisation de la Haute Autorité des Médias.
Avec le congrès de la refondation de l'UNPC, il y eut :
- nouvelle structuration de la profession ;
- création de l’Observatoire des Médias Congolais (OMEC) ;
- dotation de l’UNPC de nouveaux statuts ;
- adoption du Code de déontologie et de l’Acte d’engagement du journaliste congolais ;
- mise sur pied des trois Commissions
- 1°) de la Carte d’identité du journaliste congolais,
- 2°) de Discipline et d’Ethique Professionnelle (Tribunal des pairs),
- 3°) de la Formation professionnelle et syndicale ;
- élaboration du Code disciplinaire ;
- élection des Comités de l’UNPC et de l’OMEC.
J'ai toujours taquiné le vieux Stéphane Kitutu Oleontwa, grâce au congrès de la refondation, il est sorti par le haut. Je le préfère de loin à "Momo" Modeste Mutinga Mutuishayi, fourbe, roublard et grand requin. Le vieux Kitutu Olentwa n'est jamais conflictuel, il est respecté par des jeunes dans la profession. Son expérience est son trophée.
1. Réveil FM International: En quittant Kinshasa avec votre épouse et vos enfants, n'est-ce pas une façon pour vous de dire Adieu le Congo?
Maurice-Blondel BOKOKO: Ce n'est pas sans regret et peine que moi et ma famille avons quitté la République Démocratique du Congo. On n'est jamais mieux que chez soi, dit-on! Mon départ n'est pas un adieu à Kinshasa encore moins à la République Démocratique du Congo, mon pays. J'y retournerai sans doute lorsque les conditions de vie et de travail se seront améliorées. Pour le moment, j'estime que les conditions de vie et de travail sous le régime de Joseph Kabila et du premier ministre Antoine Gizenga ne sont pas du tout rassurantes. En tout cas pas pour un journaliste qui veut jouer pleinement son rôle d'une façon libre, objective et indépendante.
L'insécurité étant totale pour les journalistes congolais dont l'intégrité physique est régulièrement menacée, une lutte de l'extérieur pour que les droits de l'homme soient respectés et pris en considération en République Démocratique du Congo me parait efficace. Mon départ est donc stratégique. Il faut reculer pour mieux sauter! Mieux vaut dans certaines circonstances "être un chien vivant qu'un lion mort".
2. Réveil FM International: En que Directeur d'information de CCTV-RALIK (Canal Congo Télévision-Radio Liberté Kinshasa) appartenant à Jean Pierre Bemba vous avez vécu de l'intérieur le plastification de votre site d'émissions avant les élections de 2006. Le président Stéphane Kitutu O'leontwa, qui est le Directeur général des chaines Bembistes a failli y perdre sa vie, où en es-t-on avec l'enquête promise par les autorités de Kinshasa?
Maurice-Blondel BOKOKO: Le 18 septembre 2006 vers 15 heures, les installations de Canal Congo Télévision (CCTV), de Canal Kin Télévision (CKTV) et de Radio Liberté Kinshasa (RALIK) avaient été littéralement détruites par un grave incendie. Le feu était parti du plateau de CCTV situé au 3e étage de l'immeuble situé au n°6 de l'avenue du Port à Kinshasa- Gombe, notre bâtiment est mitoyen avec le siège de Lignes aériennes congolaises (LAC). L'incendie s,était déclenché pendant que notre ancien collègue Marius BOLEKO recevait le professeur Kasongo NUMBI, un membre de PPRD, parti au pouvoir. Ce dernier était venu apporter un démenti. Il avait en ses mains un ordinateur portatif qu'il utilisait de temps en temps pendant ses interventions. 25 minutes plus tard, une forte détonation se produit au plateau et va détruire en moins de 10 minutes tout l'immeuble.
Dans cette situation confuse, le directeur général Stéphane Kitutu O'leontwa brulé au 2e degré a 25% va être évacué d'urgence à l'hôpital général de Kinshasa et sera pris en charge par une équipe des médecins et infirmiers belges en séjour a Kinshasa. Dans l'entre temps, les enquêtes avaient été diligentées pour déterminer l'origine de cet incendie et éventuellement identifier les auteurs.
A l'époque, on avait parlé tantôt de l'origine criminelle tantôt de mauvaises installations électriques. Tout le monde attendait les résultats des enquêtes pour être fixé. Malheureusement, jusqu'au moment ou j'ai quitté la République Démocratique du Congo le 8 mai dernier, les conclusions sur les différentes enquêtes n'avaient jamais été rendues publiques.Avec le recul du temps on comprend aujourd'hui que l'origine de cet incendie était criminelle et avait pour objectif principal celui de saboter les organes de presse appartenant a Jean Pierre Bemba Gombo, candidat à l'élection présidentielle de 2006 de manière à ce que ce dernier soit privé des moyens médiatiques pour sa campagne électorale.
3. Réveil FM International: La HAM de Modeste Mutinga avait accusé les journalistes notamment de CCTV, Canal Kin et Ralik de promouvoir la Congolité. S'agissait-il d'une fausse accusation?
Maurice-Blondel BOKOKO: Il me parait important,avant de répondre a votre question de préciser une chose: la régulation des médias en soi n'est pas une chose mais à la manière dont cette régulation a fonctionné sous la transition nous avons le droit d'être plus vigilant. Les journalistes et médias congolais avions été cocufié par Modeste Mutinga et la HAM. La volonté de diaboliser les médias notamment ceux appartenant à Jean Pierre Bemba, avait un objectif précis: attirer la commisération de la communauté internationale à l'égard de la HAM, le financer davantage pour justifier la difficulté pour la HAM à remplir sa mission. Les dérives et dérapages de la HAM provenaient du fait qu'elle faisait de la régulation des médias et de l'autorégulation de la profession. Le président de la HAM agissait comme s'il était le président des journalistes et des médias. C'est cette confusion qui a laissé un goût amer à des nombreux professionnels des médias Congolais. La théâtralisation des décisions de la HAM ne pouvaient impressionner que ceux qui ne connaissaient pas Modeste MUTINGA. Où est-il aujourd'hui? Il est le rapporteur au Sénat pour le compte de l'AMP, les accointances de MUTINGA avec le parti au pouvoir ne date pas d'aujourd'hui. Seuls les naïfs ont cru que la HAM pouvait être une institution impartiale, neutre et équitable.
Concernant la Congolité. Bien avant la campagne électorale en 2006, l'opinion congolaise voulait bien connaitre qui était vraiment Joseph Kabila. A l'époque on ne s'était pas empêché de dire que Joseph Kabila Kabange n'était pas le fils biologique de Laurent Désiré Kabila, le feu président congolais tué le 16 janvier 2001 a Kinshasa. Cette thèse était fortement défendue par un certain Etienne KABILA qui passait pour le fils biologique de Laurent-Désiré Kabila. On disait de Joseph Kabila qu'il était Rwandais et ne devait pas se présenter comme candidat à l'élection présidentielle de 2006. Bien entendu, cette situation ne devait qu'exaspérer les kabilistes qui ont mené une forte campagne contre les allégations mensongères, selon eux, des détracteurs de Joseph Kabila. Malheureusement ces nombreuses campagnes ne sont jamais parvenues à dissiper totalement le doute qui planait dans le chef des congolais sur la nationalité congolaise de Joseph KABILA.
L'occasion faisant le larron, les autres candidats potentiels à l'élection présidentielle de 2006 en ont profité pour se prévaloir tous des congolais authentiques, un peu comme à l'époque de MOBUTU, par des slogans et autres affiches ou annonces publicitaires. Au lendemain du lancement de la campagne électorale, la Commission Électorale Indépendante (CEI) interdira formellement aux candidats de faire allusion, pendant toute la campagne, à tout ce qui se rapportait à la nationalité congolaise, prétextant éviter ainsi les troubles éventuelles, semblables à celles que la Côte d'Ivoire avait connues à la suite de ce qui était appelé la-bas '' IVOIRITÉ ''. Cette décision de la CEI sera relayée par la HAM qui, à son tour, interdira pendant toute la durée de la campagne électorale, la diffusion ou la publication à travers la presse, de tout propos relatif à la nationalité congolaise.
Comme les organes de presse appartenant a Jean Pierre Bemba Gombo avaient repris avec force après l'incendie de septembre 2006, et que cela n'avait pas arrangé le pouvoir, la HAM cherchant à obtenir la fermeture d'un ou de l'autre organe de Bemba, accusera faussement le groupe de presse Bembiste de promouvoir la''Congolité''. La "Congolité" est une invention des animateurs de la HAM.
4. Réveil FM International : Quel est votre regard en rapport de ce qui se passe dans notre pays: les journalistes informent-ils librement les populations congolaises?
Mauricel-Blondel BOKOKO: Il est difficile d'affirmer que les journalistes congolais informent librement les populations de la République Démocratique du Congo. D'abord les journalistes congolais n'ont pas l'accès facile aux sources d'information étant donné que beaucoup de congolais qui ont souvent peur des mesures de représailles qu'ils subissent de la part du pouvoir, ne livrent pas d'informations au journaliste même si celui-ci est sensé ne pas divulguer sa source.Mais dans un pays ou la liberté de presse est bafouée, la protection de la source d'information devient aléatoire. Ensuite, les journalistes qui peuvent avoir l'information craignent de la publier parce que souvent ils sont soit menacés, soit interpellés par des agents de sécurité. Enfin, les journalistes ne sont pas suffisamment protégés et sécurisés dans l'exercice de leur métier. Leur intégrité physique est toujours en danger.
5. Réveil FM International: Que vous reprochent -ils?
Maurice-Blondel BOKOKO: Les reproches faites a la presse congolaise sont liées essentiellement a la déontologie et a l'éthique professionnelle.Je pense que les critiques sont fondées et les journalistes congolais ne devraient pas se voiler la face.Les journalistes congolais devraient faire un effort pour redorer l'image de la presse congolaise.Mais la mission n'est pas aussi facile qu'on le pense.Cette mission est rendue difficile a cause du développement rapide de la presse en RDC tangible ces derniers temps.Avec cette évolution rapide de la presse en RDC, le nombre des journalistes s’accroît chaque jour davantage si bien que l'encadrement de ces derniers sur le plan de la pratique professionnelle pose problème. Les salles de rédaction sont pour le travail et non pour l'apprentissage ou pour une quelconque formation,même si pendant les conseils de rédaction,on est appelé a encadrer les journalistes. Maintenant que les jeunes journalistes prennent la relève des anciens, il est impérieux que les établissements d'enseignement de journalisme ou les centres de formation en journalisme mettent un accent particulier sur la place prépondérante que devraient occuper l'éthique et la déontologie professionnelle dans l.exercice du métier de journaliste d'une part.D'autre part, il est également impérieux que les syndicats de presse, les instances de régulation et d'auto-régulation se dotent des moyens financiers et logistiques adéquats pour l'encadrement des journalistes dans l'exercice de leur noble métier.Cela, avec la bonne volonté du gouvernement qui doit s'acquitter de ses droits vis-a-vis de la presse.
6. Réveil FM International : Comment voyez-vous l'avenir de la presse dans notre pays?
Maurice-Blondel BOKOKO: Une question difficile a répondre, j'avoue.Mais je ne voudrais pas, sur base du principe selon lequel les hommes passent les institutions restent, juger l'avenir de la presse en République Démocratique Congo en fonction de la situation actuelle et des hommes actuellement au pouvoir.Mais je pense que l'avenir de la presse dépend de ce que les journalistes congolais veulent que la presse de leur pays soit.Je crois que les journalistes congolais devraient s'assumer en prenant en mains leur destin,leur avenir et leur devenir.
L'exercice de la profession aujourd'hui devrait les aider a préparer l'avenir de la presse de demain.Et pour cela il faut me semble-t-il répondre a quelques questions qui se posent aujourd'hui telles que: -les entreprises de presse existent-elles en République Démocratique du Congo? Comment fonctionnent-elles? Les journalistes ont-ils un salaire qui les mettent à l'abri de la corruption et de la mendicité? L'avenir de la presse en République Démocratique du Congo, c'est également le sérieux du journaliste, son comportement vis-a-vis de la communauté. L'avenir de la presse en République Démocratique du Congo, c'est enfin la maîtrise par les journalistes des instruments tant nationaux qu' internationaux relatifs a la profession.Je pense qu'a ce stade, les journalistes congolais ne semblent pas y accorder de l'attention et de l'importance . Par expérience de mes 15 ans au comité directeur de l'Union de la Presse du Zaire-Congo de 1989 à 2004, je sais que la plupart des journalistes n'avaient jamais lu ni les statuts de l'Union de la Presse Zaïroise (UPZA), ni les ordonnances relatives aux statuts des journalistes congolais.
Aujourd'hui, j'observe la même situation quand je vois certains membres du Comité directeur de l'Union Nationale de la Presse Congolaise et de certains organes de celle-ci agir sans tenir compte des dispositions statutaires ou réglementaires de l'Union, je m'inquiète quant à l'avenir de la presse en République Démocratique du Congo. La presse en République Démocratique du Congo existera tant qu'existera le monde. Mais je pense que son avenir radieux ou sombre dépend essentiellement du journaliste congolais qui devra se mettre au centre de toutes les préoccupations de sa profession en privilégiant également les intérêts du public. Et je pense que ce type de journaliste existe en République Démocratique du Congo. Il suffit qu'il prenne conscience de son existence et qu'il agisse.
7. Réveil FM International: Une année après les élections dites libres, démocratiques et transparentes, quelles les évolutions constatées sur le terrain?
Maurice-Blondel BOKOKO: Après les élections, il y a installation de différentes institutions du pays tant au niveau national qu'au niveau des provinces. Mais la vie des congolais n'a pas pour autant connu un changement significatif.On déplore le statu quo dans presque tous les secteurs de la vie nationale en dépit de l'existence des institutions. A Kinshasa comme à l'intérieur du pays, le transport est un casse-tête pour les populations.Les routes sont impraticables et ne permettent pas la circulation des personnes et des biens.
Le pouvoir d'achat est toujours insignifiant si bien que la population a de la peine pour nouer les 2 bouts du mois. L'insécurité est toujours au rendez-vous tant a Kinshasa que dans des provinces.Mais surtout a l'est du pays malgré la tenue à Goma de la conférence sur la paix et le développement. Les grèves incessantes a la Fonction Publique démontrent que le secteur social est le cadet des soucis du pouvoir actuel en République Démocratique du Congo.
8. Réveil FM International: Quelles sont les failles dans le fonctionnement actuel de notre pays, qui empêchent l'éclosion d'une vraie démocratie?
Maurice-Blondel BOKOKO: Je ne saurai évoquer les failles qui existent a l'intérieur du pays.Je vais me contenter de ne parler que des failles au niveau de Kinshasa.Je pense qu'a partir de ce qui fait a la capitale, on peut bien se faire une idée sur ce qui pratique a travers tout le pays. Parmi les failles qui empêchent le fonctionnement de la démocratie, il y a entre autres les violations incessantes des droits de l'homme. Il faut aussi signaler l'intolérance.Si la corruption reste la faille la plus importante,il faut mentionner également l'obsession à s'accrocher au pouvoir;ce qui combat forcément l'alternance politique.
9. Réveil FM International: Vous dites-vous comme certains compatriotes: "j'ai sauvé ma peau les problèmes de la République Démocratique du Congo ne me concernent plus" ou plutôt l'expérience acquise vous allez le mettre au service de la diaspora au Quebec?
Maurice-Blondel BOKOKO: Puisque je vis actuellement au Canada, à Québec spécialement, je pense que les congolais du Québec seront naturellement les les premiers bénéficiaires de ma modeste expérience acquise sur la RDC.Mais je pense que la situation dramatique actuelle que connaissent les congolais de la RDC ne devrait pas etre la seule affaire de la diaspora congolaise au Québec,au Canada.
Les Congolais disséminés à travers le monde doivent s'intéresser à la situation malheureuse de la RDC et s'associer à leurs frères et sœurs restés au pays pour se mobiliser comme un seul homme afin de sauver le Congo démocratique qui se meurt d'une belle et réelle mort.Et cette mort se situe à 3 niveaux:
-premièrement,le pouvoir en place est incapable de maîtriser les guerres de l'Est du pays et pourtant Kabila avait pendant la campagne électorale, assuré la population de l'Est, qu'il mettrait fin à ces guerres s'il était élu président de la République.Son incapacité à mettre fin à ces guerres est tellement tangible que même les résultats de la conférence sur la paix et le développement tenue à Goma et dont il était l'initiateur, ne sont ni visibles ni palpables nulle part à l'Est Toujours à ce registre,nous assistons maintenant à la déstabilisation de notre pays au niveau des frontières. A ce jour, les congolais ne savent pas toujours à quel stade se trouvent les discussions qui ont opposé la RDC à certains de ses voisins. La situation en veilleuse aujourd'hui ne serait pas rassurante.
-La mort de la RDC, c'est aussi au niveau de sa jeunesse. La jeunesse, c'est l'avenir de demain, dit-on! Mais quelle jeunesse qui assurera l'avenir de la RDC? Une jeunesse corrompue, mal instruite et mal formée à cause de la démotivation des enseignants? Qu'il soit du primaire, du secondaire ou de l'université, l'enseignant congolais est clochardisé et incite à la pitié tant son salaire modique le rend ridicule aux yeux, non seulement de la société en général, mais et surtout aux yeux de ceux qu'il enseigne. A ce niveau, il faut regretter que la plupart des jeunes congolais n'ont plus envie d'étudier et se disent à quoi servent les études, car Kabila qui préside aujourd'hui à la destinée de la RDC, a un cursus universitaire nébuleux. Par manque de modèle à suivre, à imiter, la jeunesse congolaise n'a plus d'émulation. C'est donc grave pour l'avenir d'un jeune pays comme la RDC. Il n'est donc pas étonnant que les vautours venant d'ailleurs viennent imposer leurs lois chez nous.
-Enfin la mort de la RDC, c'est la liquidation systématique des acquis qui ont fait la fierté de notre pays sous Mobutu Sese Seko. Il s'agit de l'unité du peuple congolais et de la cohésion nationale. L'attention trop focalisée à l'Est tant par le pouvoir local que par la communauté internationale, me parait une mauvaise stratégie politique, car cela fait qu'à l'Est ou se déroule pourtant la guerre, le niveau de vie est de loin meilleur à celui de l'Ouest ou il n'y a pas de guerre. Cet état des choses est mal perçu à l'Ouest et pourrait, à la longue, pousser les habitants de ce coin (Ouest) à se désolidariser de leurs frères et sœurs de l'Est qu'ils croient être choyés en dépit des guerres. La lutte de BDK, la déclaration du gouverneur José Makila de l'Equateur à l'issue de la visite qu'il avait rendue au musicien Evoloko à la prison centrale de Makala, sont des signes annonciateurs de cet esprit qui bouillonne. Les choses pourraient se précipiter avec l'arrestation, l'on ne peut plus injuste, du grand leader Jean Pierre Bemba Gombo.
10. Réveil FM International: Vous revenez au Canada après y avoir passé une partie de votre vie. C'est au Canada que sont nées les radios communautaires, c'est dans ce pays que vous avez connu l'importance des médias du tiers secteur, proximité, démocratie participative...Que pensez-vous de l'implication des radios associatives et communautaires dans notre pays?
Maurice-Blondel BOKOKO: Les médias communautaires tels que nous les connaissons aujourd'hui et dont l'importance n'a plus à démontrer, ont fait leur première apparition en Amérique du nord, au Canada, précisément. Ils avaient un rôle primordial, celui de sensibiliser le plus grand nombre de personnes pour la lutte qu'il fallait mener contre le sous-développement, surtout dans la province de Québec. Après le Canada, l'expérience a été tentée en Amérique latine. En Afrique, l'apparition des médias communautaires date d'il y a quelques décennies. En République Démocratique du Congo, le mouvement est né en 1990, mais le secteur ne sera réellement libéralisé qu'en 1996 avec la loi n0 96-002 du 22 juin 1996 qui fixe les modalités sur l'exercice de la liberté de la presse en RDC. Alors que le secteur est libéralisé, alors que le pays disposerait aujourd'hui de près de 200 radios communautaires, pourquoi la RDC ne se développe-t-elle pas? elle qui regorge d'un nombre impressionnant des médias communautaires?
La réponse est claire. Le secteur de l'audiovisuel congolais, bien que libéralisé, reste nébuleux et mérite une thérapeutique sans complaisance ni atermoiement. Pour que ce secteur joue pleinement son rôle, il faut, premièrement que le statut auquel appartient une radio ou une télévision implantée dans un site, soit bien connu: s'agit-il d'une radio privée commerciale, publique ou communautaire? Deuxièmement, il faut voir si, en fonction de leurs statuts respectifs, les médias travaillent sur base des missions leur assignées au moment de leur implantation.
A noter que les statuts et les missions sont en rapport avec les lois du pays relatives soit à l'exercice du commerce, soit aux asbl et aux Établissements d'utilité publique. Ainsi, une radio ou une télévision publique est, selon l'AMARC, Association Mondiale des Raiodiffuseurs Communautaires, désigne un service de radio ou de télévision fourni par un organe de droit public, habituellement financé par l'Etat mais de propriété publique. Toujours selon l'AMARC, une radio ou tv commerciale est un service privé dont l'objectif est de réaliser des bénéfices et qui est contrôlé par des groupes commerciaux indépendants ou des individus du secteur privé. Tandis que l'audiovisuel communautaire est un service à but non lucratif. Il est contrà´lé par une communauté précise qui en est le propriétaire, laquelle communauté est définie en vertu des critères géographiques et/ou d'intérêts communs. Mais il faut souligner que souvent, ce terme "communautaire" sert de terme générique pour désigner un audiovisuel associatif, coopératif, confessionnel, communautaire, etc selon que le média en question, se conformant au décret 002 du 2 avril 2002 portant dispositions générales et applicables aux absl et aux établissements d'utilité publique,appartient à une association,à une coopérative,à une confession religieuse,`a une communauté.
l'Etat Congolais ne devrait pas empêcher les radios communautaires de s'améliorer ou d'améliorer la qualité de leurs produits en leur interdisant de ne pas faire de la publicité, par exemple. Par ailleurs, il faut souligner et rappeler les efforts combien louables réalisés par l'ARCO, Association des radios associatives et communautaires du Congo au début de 2001 à 2007, pour son travail précurseur dans notre pays, lesquels efforts ont consisté à l'encouragement, la défense et l'implantation presqu'à travers tout le pays, des radios communautaires. En dépit du fait que souvent, le ministère de l'information ne cessait de combattre l'ARCO , celle-ci a fini par s'imposer et grâce à elle les radios communautaires sont aujourd'hui présentes en RDC. On n'oubliera pas non plus l'apport très appréciable des radios communautaires pendant le règne de 1+4. Il faut donc regretter que l'association ait été combattue par certains partenaires qui cherchaient plus à assouvir leurs propres intérêts que ceux des radios.