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mardi 12 octobre 2021

En route pour le milliard, film sur les éclopés de la guerre de 6 jours à Kisangani!

En route pour le milliard, film sur les éclopés de la guerre de 6 jours à Kisangani!

Freddy Mulongo Mukena, Réveil FM International

dieudo-hamadi-3.jpg, oct. 2021

En 2000, deux armées étrangères d'invasion occupation Ougandaise et Rwandaise se sont battues à Kisangani, troisième ville du Congo. Bilan: près de 1 200 morts et 3 000 blessés, selon Amnesty International et plus de 4 000 morts selon les ONG congolaises. L'Ouganda a été condamné par la CJI, de payer 10 milliards $ à la RDC. Tshilombo Tshintuntu a stoppé l'application du jugement.

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Depuis la sortie du film "En route pour le milliard" de Dieudo Hamadi, le gouvernement congolais craignant de se faire  épinglé a remis 150 $ à chaque mutilé pour calmer la situation. Les blessés de guerre: éclopés et mutiles font des vas et vient dans des bureaux gouvernementaux. 

 Et pourtant la Cour Internationale de Justice de La Haye a déjà condamné l'Ouganda de payer 10 milliards $ à la République démocratique du Congo. Et 1 milliard est prévu pour les victimes mutilés.  C'est Tshilombo Tshintuntu qui a stoppé l'application de ce jugement.

Chaque Congolais devrait voir le film En route pour le milliard, une double peine pour des victimes de la guerre de 6 jours entre les deux armées d'invasion-occupation: Ougandaise et Rwandaise. 

Je me suis senti un peu coupable d’avoir oublié cet événement tragique qu’a été la Guerre des Six Jours de Kisangani. Je me suis refusé à cet oubli, d’autant que je pouvais raconter cette histoire, une fois devenu cinéaste. Pour moi, l’oubli était inadmissible, c’est la raison pour laquelle il fallait absolument que je fasse ce film. Dieudo Hamadi, cinéaste

C’est l’histoire d’une guerre oubliée des mémoires, qui en six jours, il y a vingt ans, fit des centaines de morts et de blessés à Kisangani, l’une des grandes villes de la République démocratique du Congo. C’est l’histoire d’un petit groupe d’hommes et de femmes dont les corps portent la trace de l’affrontement, qui furent à la fois les témoins et les victimes de ce conflit, et ont décidé, à plusieurs, de lutter pour faire sortir cette histoire de l’oubli, pour demander justice et réparation pour les préjudices subis. C’est l’histoire d’une croyance dans l’action commune, dans le collectif, et aussi, dans le cinéma.

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Entre le 5 et le 10 juin 2000 eut lieu un conflit méconnu appelé « guerre des six jours », où les armées ougandaises et rwandaises se sont combattues sur un terrain voisin, celui de la République démocratique du Congo alors en pleine guerre civile, et plus précisément dans la ville de Kisangani, qui fut leur point de rencontre. Particulièrement intense et violent, l’affrontement a fait de nombreuses victimes parmi les civils congolais (près de 1 200 morts et 3 000 blessés, selon Amnesty International), qui s’étaient retrouvés sous les tirs d’obus croisés des deux formations étrangères, cibles « collatérales » d’une hostilité qui ne les concernait pas directement. En 2005, la Cour de justice internationale juge l’Ouganda responsable de « crimes de guerre », ouvrant la voie à une réparation qui va pourtant s’enliser dans les méandres des négociations interétatiques.

En 2018, quand Hamadi commence à filmer les membres de l’Association des victimes de la guerre des six jours, femmes et hommes qui en gardent des stigmates physiques sous forme de mutilations, cela fait dix-huit ans qu’ils demandent réparation, treize qu’ils attendent l’indemnisation prévue par le jugement de la Cour internationale (le fameux « milliard »). En attendant, chacun se débrouille comme il peut avec son invalidité et ses prothèses vétustes, les infirmes étant souvent rejetés par la société comme des bouches à nourrir inutiles. L’association offre un refuge où l’on pratique un sport, du théâtre, et surtout un groupe amené à se constituer politiquement. C’est cette constitution qui fait tout l’objet d’En attendant le milliard, prenant la forme d’un long périple : celui que décident d’accomplir les mutilés à travers tout le pays jusqu’à la capitale Kinshasa, pour faire reconnaître leurs droits.

En Route Pour Le Milliard Trailer © Andana Films

D’octobre 2009 à janvier 2010, il est assistant régisseur général sur le dernier opus de Djo Munga, Viva Riva !.
En 2009, Dieudo Hamadi a réalisé Dames en attente , un documentaire autour de la pratique des hôpitaux congolais de littéralement séquestrer les patients ne pouvant régler leurs factures, et notamment les femmes venant d’accoucher, et Tolérance zéro, où il suit à Bukavu une femme major de police à la tête d’un bataillon chargé de lutter contre les violences sexuelles. Dames en attente a été sélectionné en 2010 à la Berlinale (Forum) et au festival Cinéma du réel à Paris. Tolérance zéro a été retenu au Festival de Toronto en 2010. Les deux films ont été retenus aux Rencontres de Carthage (octobre 2010) et à l’IDFA, festival de film documentaire d’Amsterdam (novembre 2010). De juin à août 2010, il est l’un des 15 participants de l’Université d’été 2010 de La Fémis .

Caméra au poing, Dieudo Hamadi  explore avec ténacité le fonctionnement de la société en République Démocratique du Congo. Après avoir suivi des élections municipales pour Atalaku , 2013, la condition d'étudiants mobilisés pour défendre leur place dans Examen d'Etat, 2014, ou l'action exemplaire d'une policière en faveur des femmes avec Maman Colonelle, 2017, le réalisateur poursuit sa démarche documentaire avec Kinshasa Makambo , 2018, qui signifie "Kinshasa casse-tête" (en lingala). Le point de départ, c'est le report répété des élections présidentielles qui auraient dû se tenir en 2016, puis en décembre 2017, prévues désormais en décembre 2018, avec possibilité de report…

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D’un film à l’autre, Dieudo Hamadi, digne héritier de la tradition du cinéma direct, questionne l’histoire contemporaine et les institutions de son pays, la République Démocratique du Congo, où les convoitises pour la captation du pouvoir et des ressources naturelles ont causé plusieurs millions de morts ces 20 dernières années.

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